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CHAPITRE 6. EVALUATION AGRONOMIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE DE LA PRATIQUE DE

6.5. DISCUSSION SUR LA RENTABILITE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA MAÏSICULTURE

Les résultats des parcelles d’expérimentation ont mis en évidence l’importance de l’irrigation de complément pour la production du maïs pendant la campagne agricole d’hivernage. En effet, la pratique de l’irrigation permet d’accroître les rendements de maïs quel que soit le type de campagne agricole. L’augmentation des rendements grains de la PE par rapport à PT a été de 0,75 T/ha (43,47%) au cours de la campagne 2012-2013, 1,45 T/ha (166,32%) en 2013- 2014 et 0,98 T/ha (55,21%) en 2014-2015. La pratique de l’ICBI peut ainsi d’accroître le rendement moyen de maïs de 1,08 T/ha (moyenne des rendements des trois campagnes agricoles), soit 88,34%. Ces résultats peuvent être comparés à ceux des études antérieures sur d’autres cultures dans plusieurs pays. Par exemple, en Chine la pratique de l’irrigation de complément a permis d’accroître les rendements de la patate de 58% (15 à 22,5t/ha), du coton de 25,40% (2953 à 3703 kg/ha) et du blé de 24,68% (2431 à 3031kg/ha) (Yuan et al., 2003). Trois années plus tard, ces résultats ont été confirmés par les travaux de Kar et al. (2006). Au Maroc, Merabeta et Boutiba (2005) ont montré que la culture pluviale de blé avec cette technique permet d’obtenir des rendements en grain compris entre 5,4 et 5,9 T/ha contre des faibles rendements oscillants entre 1,5 et 3 T/ha pour le témoin. Cette augmentation (plus de 100%) des rendements a d’ailleurs conduit les gouvernements de la Tunisie et du Maroc à envisager des aménagements respectifs de plus de 23 000 et 30 000 ha en irrigation de complément (Alaoui, 2007). Au Burkina Faso en particulier, Somé (1989) a montré que l’irrigation de complément du sorgho permettait un accroissement des rendements de 10 à 85% selon les campagnes agricoles. Toutefois, il convient de relativiser l’effet positif toujours de l’irrigation de complément de complément sur la productivité agricole. Les résultats des travaux de Barron et Okwach (2005) au Kenya ont souvent révélé une absence de différence significative entre les rendements de maïs sous irrigation de complément et sans irrigation lorsque la pluviométrie est assez régulièrement repartie au cours de la campagne agricole. Ces

résultats suggèrent que l’importance de l’irrigation de complément dépend des types de campagnes agricoles.

Le gain de rendement du maïs de la campagne agricole 2013-2014 est plus élevé que celui de 2012-2013 et 2014-2015. Cet accroissement montre que les poches de sécheresse de la campagne 2013-2014 ont été plus fréquentes et longues comparativement à celles de 2013- 2014. Par conséquent, les eaux de ruissellement stockées dans les bassins pendant les campagnes 2012-2013 et 2014-2015 ont été insuffisantes pour irriguer le maïs afin d’éviter le stress hydrique par rapport à celle de 2013-2014. Cette insuffisance est liée à l’infiltration des bassins conjuguée à un faible ruissellement des eaux de pluie sur les terres cultivées (Mounirou et al., 2012). De ce qui précède, l’amélioration des rendements du maïs sous l’irrigation de complément dépend du ruissellement des eaux de pluie. Ces résultats confirment les conclusions de Fox et al. (2005) qui argumentent que l’irrigation de complément est rentable sous certaines conditions d’opportunité.

Avec l’augmentation des rendements du maïs, la pratique de l’irrigation de complément contribue à satisfaire le besoin céréalier des ménages agricoles. Elle permet de combler la demande mensuelle en céréale d’au moins 17 personnes pouvant être ou non membres des ménages. C’est pour cette raison que plusieurs pays ont adopté des politiques de vulgarisation de la pratique de l’irrigation de complément dans les exploitations afin de réduire les effets des séquences sèches sur la production agricole (Oweis et al., 1999 ; He et al., 2007). Dans ces pays, l’irrigation de complément constitue une stratégie d’adaptation des agriculteurs au changement climatique dans la mesure où elle permet d’augmenter la production agricole en vue de satisfaire les besoins alimentaires des populations pendant les années sèches. Mais dans les pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest, cette pratique est restée quasi-inexistante dans les exploitations familiales. Les travaux de recherche sur la pratique de l’irrigation de complément des cultures pluviales sont restés pendant longtemps au stade expérimental dans les stations des institutions de recherche (Dembélé et al., 1999; Fox et Rockström, 2000; Some et Ouattara, 2009).

Par ailleurs, la construction des petits bassins de collecte des eaux de ruissellement pour l’irrigation de complément est rentable sous certaines conditions. En effet, cette rentabilité économique dépend des types de sols. Les bassins construits sur des sols argileux ou

latéritiques et argilo-limoneux sont rentables sur une période de 15 années, c’est-à-dire 15 campagnes agricoles. Panigrahi et al. (2007) trouvent que ce délai de rentabilité est acceptable pour ce type d’infrastructure hydraulique. En effet, ces auteurs ont montré que les bassins de collecte des eaux de ruissellement étaient économiquement rentables en 16 campagnes agricoles. Les bassins construits sur des sols argileux ou latéritiques et argileux-limoneux ne nécessitent pas des coûts élevés d’investissement pour l’imperméabilisation. Par contre, les bassins construits sur des sols sableux-limoneux engendre d’important investissement pour limiter l’infiltration afin de retenir l’eau pour l’irrigation. Ces investissements concernent l’achat du ciment et de la bâche pour imperméabiliser les parois et le fond. Pour faciliter l’adoption de l’irrigation de complément, il est nécessaire d’élaborer et mettre en œuvre une politique de subvention ou de crédit pour la construction des bassins. Cette politique devra s’intégrer dans la politique nationale de développement de l’agriculture irriguée (MAHRH, 2004).

6.6. CONCLUSION PARTIELLE

L’évaluation agronomique des PE et PT a montré que la pratique de l’irrigation de complément permet d’accroître la productivité du maïs. L’écart de rendement entre les PE et PT est ainsi évalué à 0,75 T/ha au cours de la campagne 2012-2013, 1,45 T/ha en 2013-2014 et 0,98 T/ha en 2014-2015. Evalué en moyenne à 1,08 T/ha pour les trois campagnes agricoles, cet écart met en exergue l’impact positif de la pratique l’irrigation de complément sur la maïsiculture dans la mesure où elle a contribué à accroître les rendements. Le surplus de production de maïs obtenu avec cette pratique peut de combler les besoins céréaliers mensuels d’au moins 17 personnes et dégager une MB supplémentaire de 178 483 F CFA comparativement à la situation sans irrigation. L’estimation de la VAN, du TIR et du DRI montre que la rentabilité de la pratique de l’irrigation de complément en 15 campagnes agricoles dépend du type de bassin construit. En somme, l’impact de la pratique de l’irrigation de complément sur les rendements du maïs et sa rentabilité sont connus. Il est nécessaire d’élaborer et mettre œuvre une politique de subvention ou de crédit pour la construction des bassins afin de faciliter l’adoption de l’irrigation de complément dans les exploitations agricoles du Burkina Faso. Cependant, les stratégies d’irrigation pour optimiser le revenu

agricole demeure un champ de recherche à explorer. Le chapitre 9 est consacré à cette problématique.

CHAPITRE 7. PERCEPTION ET EVALUATION ECONOMIQUE DE