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EXEMPLES DE GISEMENTS DE GAZ ET DE PETROLE EN ARCTIQUE

- Plateforme pétrolière Prirazlomnaïa dans la mer de Petchora (Russie). Rosneft. Production débute en décembre 2013. 2,6 millions de tonnes de pétrole extraits en 2017.

- Plateforme pétrolière Goliat dans la mer de Barents (Norvège). ENI 65 % et Statoil 35 %. Débute la production en mars 2016. Le gisement contiendrait 180 millions de barils de pétrole. La capacité de production de Goliat serait de 100 000 barils de pétrole par jour.

- Gisement de gaz naturel liquéfié Snøhvit dans la mer de Norvège (Norvège). Statoil 36,79 %, Petoro 30 %, Total 18,4 %, Engie 12 %, Hess 3,26 % et RWE Dea 2,81 %. Estimations de 210 milliards mètres cubes de gaz, 113 millions de barils et 5,1 millions tonnes de GNL.

- Gisement de gaz naturel liquéfié de Yamal dans la presqu’île de Yamal (Russie). Novatek 51 %, Total 20 %, CNPC 20 % et Silk Road Fund 9,9 %. Début de la production en décembre 2017. Production annuelle de 16,5 millions de tonnes de LNG. Le projet LNG-2 sur la côte de Gydan doit avoir une plus grande capacité de production que Yamal LNG. Intérêt de Novatek, Total et CNCP. - Gisement pétrolier de Novy Port en Iamalie (Russie). Gazprom Neft. Estimation à 250 millions de

tonnes de pétrole. Début de la production en 2016. Production possible de plus de 8 millions de tonnes annuellement. Réserve de gaz estimée à 380 milliards de mètres cubes. Lancement prévu pour 2023.

- Gisement de gaz de Bovanenko dans la péninsule de Yamal (Russie). Gazprom. Début de l’exploitation en octobre 2012. D’ici 2020, les projections de la production sont à 115 milliards de m3.

- Gisement pétrolier de Johan Castberg dans la mer de Barents (Norvège). Statoil. Lancement prévu pour 2022. Inclut les structures de Skrugard, Havis et Drivis. Entre 450 et 650 millions d’équivalent pétrole estimés.

- Gisement de Johan Sverdrup dans la mer du Nord (Norvège). Statoil 40 %, Petoro 30 %, Det Norske Oljeselskap 20 % et Lundin 10 %. 1 761 millions de barils d’équivalents pétrole estimés.

- Gisement de Chtokman dans la mer de Barents (Russie). Gazprom, Total et Statoil. Estimation de 110 billions de mètres cubes de gaz 31 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié.

- Gisement pétrolier de Prudhoe Bay (Etats-Unis). ExxonMobil 36 %, ConocoPhillips Alaska 36 %, BP 26 %, Chevron Texaco 1,16 %, et Forest Oil 0,02 %. Production depuis 1977. 25 milliards de barils de pétrole estimés.

- Gisement pétrolier d’Alta dans la mer de Barents (Norvège). Lundin. Estimation à 85 à 310 millions de barils de pétrole.

Tout comme dans le cas de la Russie, l’exploitation des ressources arctiques en Norvège est vitale. Elle y débute dans les années 1970 et les gisements les plus anciens s’épuisent. Cette situation oblige les autorités à promouvoir l’exploration de nouvelles licences dans la mer de Barents. La répartition des blocks d’exploration sur le plateau continental norvégien suit les règles de la libre concurrence, avec de nombreuses compagnies impliquées comme Statoil, ENI, Shell, Total, ConocoPhillips ou même une compagnie polonaise (PGNiG). En juin 2017, sur

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les 102 licences réparties, 96 se situent dans la mer de Barents.509 Début 2018, de nouvelles licences sont attribuées en Norvège dans les zones prédéfinies. Sur les 74 nouvelles licences, 8 se situent dans la mer de Barents.

La situation des Etats arctiques est très différente. Au Canada et aux Etats-Unis, les hydrocarbures ne représentent qu’une part de l’économie, ce qui n’est pas le cas de la Norvège et de la Russie. Pour le Groenland, la question des ressources naturelles est liée à une possible indépendance financière par rapport au Danemark. Dans la gestion même des ressources, les cas des Etats arctiques évoluent. Au Canada et aux Etats-Unis, la relation entre l’Etat ou la province concerné et le gouvernement fédéral est essentielle, alors que la prise de décision est beaucoup plus centralisée en Norvège ou en Russie.510 Ces deux derniers Etats se voient dans l’obligation d’investir des sommes conséquentes dans le développement de leurs ressources en

offshore, où la tradition norvégienne est beaucoup plus ancienne, la Russie se basant pour le

moment encore en grande partie sur une production onshore en Sibérie. Pour assurer une exploration et une exploitation performantes de leur plateau continental arctique, la Norvège et la Russie s’appuient sur des compagnies étatiques avec Statoil et Rosneft par exemple. Ils développent de nombreuses aides financières comme des abattements fiscaux. 78 % des coûts d’exploration sur le plateau norvégien sont déduits des taxes. La Russie fournit des aides pour l’utilisation de technologies russes. Une différence majeure réside dans la libéralisation des distributions de licences. En Norvège, elle suit une logique libérale. En 2008, la Russie adopte des lois qui donnent des droits exclusifs sur les nouvelles licences offshore aux compagnies dans lesquelles l’Etat est actionnaire majoritaire, à savoir Gazprom et Rosneft. Cependant, au vu des difficultés économiques, des besoins de développement et des pressions effectuées par Lukoil, une certaine libéralisation a lieu.511 Pour assurer l’exploration des licences déjà distribuées, un moratoire est introduit sur de nouvelles licences de pétrole et de gaz dès 2016, sur recommandation du ministère russe des Ressources naturelles. Il doit être maintenu jusqu’en 2020 au moins.512 Sur l’exemple du Canada, du Groenland et de la Norvège, Cécile Pelaudeix

509 Kevin MCGWIN. « Continental divide ». The Arctic Journal. 14 mars 2017. http://arcticjournal.com/oil-minerals/2996/continental-divide. [Consulté le 14 mars 2017]. ; Atle STAALESEN. « Norway proposes massive opening of Arctic shelf to oil drilling ». Eye on the Arctic. 13 mars 2017. http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2017/03/13/norway-proposes-massive-opening-of-arctic-shelf-to-oil-drilling/. [Consulté le 14 mars 2017].

510 CLAES, Dag Harald, MOE, Arild. Op. cit., p. 97-120.

511 Voir la section L’impact mitigé des sanctions internationales en Arctique suite à la crise ukrainienne, p. 531-538.

512 Sur les hydrocarbures arctiques voir également : Eurasia Group. Opportunities and challenges for Arctic oil and gas development. The Wilson Center, Washington, 2013, 29 p. Disponible sur : https://www.wilsoncenter.org/sites/default/files/Artic%20Report_F2.pdf. ; ESCHARD, Rémi, VIALLY, Roland, BENARD, Francine. « Les hydrocarbures dans le domaine arctique : perspectives économiques et enjeux

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observe l’existence d’une corrélation entre la politique énergétique et la régulation de l’exploitation des ressources offshore.513

3.1.2. La variété des ressources minérales

Si les hydrocarbures concentrent la plus grande attention en Arctique, le potentiel en ressources minérales est beaucoup plus étendu. La région concentrerait 40 % du palladium du monde, 20 % des diamants, 15 % des platinoïdes, 11 % du cobalt, 10 % du nickel, 9 % du tungstène et 8 % du zinc. Des réserves notables en aluminium, apatite, argent, bauxite, chrome, cuivre, étain, fer, fluorine, manganèse, mercure, niobium, nodules polymétalliques, or, phosphore, plomb, titane ou vanadium y sont également présentes.514

Le meilleur exemple de cette richesse de ressources est la Russie. Sur les 20 000 dépôts de minéraux trouvés, seuls 30 % en sont exploités avec des mines. En 2005, l’export de métaux et de pierres précieuses représente 37,7 milliards de dollars, ce qui en fait la deuxième valeur après les hydrocarbures, qui ont rapporté 141 milliards de dollars.515 Ces ressources sont réparties dans toutes les régions arctiques russes. La présence mondiale de ces minéraux est symbolisée par Norilsk Nickel, plus grand producteur de nickel dans le monde. L’Arctique constitue plus de 90 % des ressources russes d’apatite, 85 % de nickel, près de 60 % du cuivre, plus de 50 % du tungstène, plus de 95 % des terres rares, plus de 98 % des platinoïdes, plus de 75 % des réserves prospectées d’étain, de mercure, d’or, près de 90 % des réserves d’argent et plus de 99 % des diamants.516

environnementaux. » Annales des Mines - Responsabilité et environnement. 2011, n° 64, p. 24-32. ; HOUGH, Peter. « Worth the Energy? The Geopolitics of Arctic oil and gas. » CEJISS. 2012, vol. 6, n° 1, p. 75-90. ; LASSERRE, Frédéric. « Géopolitiques arctiques : pétrole et routes maritimes au cœur des rivalités régionales ? » Critique internationale. 2010, n° 49, p. 131-156. ; SIMONET, Loïc. Op. cit., p. 73-98.

513 PELAUDEIX, Cécile. « Governance of offshore hydrocarbon activities in the Arctic and energy policies. A comparative approach between Norway, Canada and Greenland/Denmark. » in PELAUDEIX, Cécile, BASSE, Ellen Margrethe (eds.). Governance of Arctic Offshore Oil and Gas. Londres/New York : Routledge, 2018, p. 108-126. Sur la gestion des ressources offshore dans les différentes parties de l’Arctique voir : PELAUDEIX, Cécile, BASSE, Ellen Margrethe (eds.). Governance of Arctic Offshore Oil and Gas. Londres/New York : Routledge, 2018, 300 p.

514 « Shipping, resources, economic trends and alternative means of transport. » in OSTRENG, Willy, EGER, Karl Magnus, FLOISTAD, Brit, JORGENSEN-DAHL, Arnfinn, LOTHE, Lars, MEJLAENDER-LARSEN, Morten, WERGELAND, Tor. Shipping in Arctic Waters. A Comparison of the Northeast, Northwest and Trans Polar Passages. Heidelberg : Springer-Praxis, 2013, p. 83-145. ; COHEN, Ariel. Op. cit., p. 1-42. ; PERRY, Charles M., ANDERSEN, Bobby. Op. cit., 190 p.

515 « Shipping, resources, economic trends and alternative means of transport. » in OSTRENG, Willy, EGER, Karl Magnus, FLOISTAD, Brit, JORGENSEN-DAHL, Arnfinn, LOTHE, Lars, MEJLAENDER-LARSEN, Morten, WERGELAND, Tor. Op. cit., p. 83-145.

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La richesse des ressources minérales se retrouve aussi dans les autres Etats arctiques. En 2007, la Norvège extrait 80 millions de tonnes de ressources minérales, d’une valeur d’1,5 milliards de dollars. L’olivine norvégienne représente 66 % de la production mondiale. L’export rapporte 871 millions de dollars. Pour les Etats-Unis, la valeur totale de la production de minerais est estimée à 66,5 milliards de dollars, dont 2,9 milliards en Alaska, surtout riche en métaux. La mine de Red Dog est la mine la plus riche en zinc dans le monde. L’Alaska a plus de 150 dépôts possibles de terres rares. Le Canada se présente aussi comme un des plus grands producteurs miniers au monde. En 2007, ce secteur représente 3,4 % du PIB, dont environ 5 % correspondent aux territoires arctiques.517 En 2017, la mine de fer Mary River extrait 4,1 millions de tonnes de ce minerai, un record pour la mine.518

Une autre ressource dont l’Arctique est très riche correspond aux forêts. Les zones forestières couvrent en effet 20 % du territoire en Russie, 10 % au Canada, plus de 7 % aux Etats-Unis. 20 % uniquement de ces zones se situe en Arctique, dont 90 % du volume en Russie arctique et 5 % en Alaska.519

3.2. Un marché réservé aux plus grandes multinationales mondiales 3.2.1. Le rôle leader des entreprises arctiques

Les réserves d’hydrocarbures en Arctique présentent un gain potentiel considérable, mais leur exploration est très coûteuse et n’est pas synonyme de résultats assurés. Même en trouvant des réserves, la qualité des hydrocarbures peut être trop faible pour envisager une exploitation. Dans la production de gaz et de pétrole, l’exploitation des deux ressources d’un même gisement est impossible. En exploitant le gaz par exemple, une partie du pétrole présent n’est plus exploitable. Dans l’exploitation, l’environnement et le transport font considérablement varier les coûts d’un gisement à l’autre.520 Des études complexes sont réalisées pour identifier les réserves et leur potentiel. Les études préliminaires sont accompagnées de nombreuses variables qui les rendent incertaines. Les études sismiques en 2D et en 3D doivent être accompagnées de forages d’exploration. Les études sismiques en 2D sont très difficiles à réaliser et coûteuses,

517 « Shipping, resources, economic trends and alternative means of transport. » in OSTRENG, Willy, EGER, Karl Magnus, FLOISTAD, Brit, JORGENSEN-DAHL, Arnfinn, LOTHE, Lars, MEJLAENDER-LARSEN, Morten, WERGELAND, Tor. Op. cit., p. 83-145.

518 Levon SEVUNTS. « Baffinland mine ships record amount of iron ore in 2017 ». Eye on the Arctic. 20 octobre 2017. http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2017/10/20/baffinland-mine-ships-record-amount-of-iron-ore-in-2017/. [Consulté le 21 octobre 2017].

519 « Shipping, resources, economic trends and alternative means of transport. » in OSTRENG, Willy, EGER, Karl Magnus, FLOISTAD, Brit, JORGENSEN-DAHL, Arnfinn, LOTHE, Lars, MEJLAENDER-LARSEN, Morten, WERGELAND, Tor. Op. cit., p. 83-145.

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même avec une couverture de glace modérée. En ce qui concerne l’étude en 3D, elle est quasiment impossible avec une couche de glace, même si celle-ci est très fine. Un puit de forage en Arctique est un investissement d’environ 500 millions de dollars. ExxonMobil investit par exemple 600 millions de dollars dans le forage de Pobeda, situé dans la mer de Kara, au 74e parallèle Nord. Les compagnies investissent aussi des sommes considérables dans le développement technologique, qui permet de mieux explorer les régions avec des réserves potentielles d’hydrocarbures.521

ENCADRE N° 3 : EXEMPLES DE L'ACTIVITE DANS LE SECTEUR DES