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Research and Development (R+D/GDP, %)

ET LA FORMATION CONTINUE Julio Fernandez (Canada)

5) Evaluation des résultats des travaux du comité

Le rapport final d'évaluation a pour objet de brosser un tableau d'ensemble de la situation de l'entreprise et de faire ressortir les résul­

tats obtenus par le comité. Il doit comprendre un rappel de la situation de l'entreprise et de la constitution du comité, la synthèse du rapport diagnostique et du plan de redressement (s'il y a lieu), les recomman­

dations et les résultats obtenus.

DEBAT

La présentation ci-dessus permet de faire une analogie avec le do­

maine médical, puisqu'aussi bien les termes de diagnostic et de pré­

vention y sont utilisés. Quand on se préoccupe de santé communau­

taire, on doit parler autant de maladie que de conditions sanitaires;

quand on parle du chômage, on doit parler autant du marché du travail que du marché de l'emploi. Cette analogie avec la médecine est éga­

lement valable parce que le problème du chômage n'est pas exclusi­

vement un problème des individus, la prévention visant tous les tra­

vailleurs.

Le projet d'adaptation de la main d'oeuvre semble être un cas très fa­

vorable puisque l'entreprise elle-même est demandeur d'une adapta­

tion, les salariés eux-mêmes sont demandeurs d'une protection de leur emploi, et la formation est complètement intégrée à la vie même de l'entreprise. Il faut préciser toutefois que les formations sur mesure sont fonction de l'entreprise dans laquelle elles se déroulent. On va donc trouver des réponses de formation qui varient selon les entre­

prises. On aura parfois recours à des formations stéréotypées, qui font appel à certains types de connaissances que tout le monde reconnaît comme indispensables. Comme il faut posséder un bon niveau de lan­

gage, on va organiser des cours de français; comme il faut connaître les éléments de calcul, on va faire des cours de mathématique. Si le rapport du Comité d'adaptation dit qu'il faut un cours de français pour les travailleurs, souvent on va voir arriver dans l'entreprise les profes­

seurs de français de l'école. Ce qui produit des effets pervers, l'enseignement du français dans les écoles primaires du coin ne cor­

respondant pas à celui dont ont besoin les gens dans l'entreprise.

C'est une première difficulté.

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Par ailleurs, on a pu constater à maintes reprises que le niveau d'exigence en embauche est largement supérieur au niveau des com­

pétences effectivement utilisées au travail.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que les Comités d'adaptation de la main d'oeuvre ne peuvent entrer en action que dans le cas d'une en­

treprise viable, il n'est pas pensable de mettre sur pied une telle orga­

nisation pour "embaumer" une entreprise. Car finalement, au Canada comme ailleurs, il ne s'agit pas de faire un travail de missionnaire, mais bien de faire des affaires.

Et cet aspect de la question permet de reposer, une fois de plus, la lancinante question de la définition du chômage, du chômage de longue durée et de la mise en place du traitement de ces problèmes. Il semble que les choix qui ont été faits globalement en Europe sont de maintenir dans le système économique et de ne pas renvoyer à l'assistance publique les personnes qui sont depuis longtemps exclues du marché du travail. Il semble qu'il se dégage aujourd'hui en Europe un consensus entre partenaires sociaux, y compris les pouvoirs pu­

blics, pour considérer que les exclus du marché de l'emploi pourront réintégrer leur place dans la vie économique et sociale. Le rôle de l'Etat n'est d'ailleurs pas des moindres dans cette démarche. Et même si certains pays d'Europe souffrent d'une certaine déficience du partena­

riat social - en particulier les syndicats des salariés de moins en moins fréquentés - nous ne pouvons pas distinguer le rôle de l'Etat de celui des autres partenaires sociaux; la politique se doit dorénavant d'être tripartite.

Le pari qu'il faut actuellement relever, en tant qu'éducateurs, et en tant que Conseil de l'Europe, c'est celui de la participation des individus, chez qui il est nécessaire de développer - et en particulier chez ceux qui sont le plus en difficulté - les compétences nécessaires qui leur permettront de mieux s'intégrer dans la société en tant que travailleurs, mais aussi en tant que citoyens actifs.

De ce point de vue, le consensus social donne à penser que c'est parce qu'ils ont été mal formés que ces individus ont été marginalisés, et que ce n'est pas de leur faute.

Cependant, il faut nuancer cette proposition; la pratique démontre que ce n'est pas si évident. Quand une entreprise met à pied un grand nombre de travailleurs dans une région donnée, parce qu'elle déplace sa ligne de production, elle fabrique des chômeurs - qui risquent de rester longtemps sans travail. Or on ne peut pas dire que ces gens-là ne trouvent pas d'emploi parce qu'ils étaient mal formés.

Par ailleurs, quand on parle de rareté de main d'oeuvre qualifiée, n'utilise-t-on pas là un double discours ? S'il est vrai que l'industrie ne trouve pas toujours la main d'oeuvre qualifiée, il est également vrai qu'elle ne trouve pas la main d'oeuvre qualifiée prête à travailler pour le salaire d'une personne non qualifiée.

Le chômage, c'est donc aussi un produit social.

FORMATION DE FORMATEURS ET PUBLICS FAIBLEMENT SCOLARISES

Johnny Stroumza

La formation des publics faiblement scolarisés demande un fort degré de professionnalisation de ses formateurs, tant en raison des résis­

tances de ce public particulier vis-à-vis de la formation en général que des conditions institutionnelles difficiles dans lesquelles se déroule la plupart de ces formations.

Or, pour des raisons qui tiennent avant tout au statut social de ces formations et de ce public, leurs formateurs sont, en Suisse en tout cas, faiblement professionnalisés. Ils sont souvent bénévoles, forma­

teurs à temps partiel, mal payés, mais aussi fortement motivés.

Dans ce contexte, et pour remédier à cet état de fait, la subdivision Education des Adultes de l'Université de Genève et tout particulière­

ment l'un de ses groupes de recherche, le GREOP (Groupe Recherche et Education Permanente), a mené plusieurs actions :

- introduction de cours spécifiques à ce problème, dans les pro­

grammes d'éducation des adultes, (licence et post-licence) de la Section des Sciences de l'Education, qui touche prioritairement un public de formation continue;

- recherches-actions conduites dans des institutions confrontées à ce public, telle que l'UOG, présente dans ce séminaire;

·- plus récemment deux nouvelles formations de formateurs ont été créées.

Ce sont ces dernières formations que nous voudrions présenter ici.

La première est une formation qui, dès cet automne, sera dénommée Formation de Base FSEA (Fédération suisse de l'éducation des adultHs). Jusqu'à présent supervisée par un organisme cantonal

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-vois, elle sera désormais placée sous la supervision de cette fédéra­

tion.

La seconde, le CEFA (Certificat de formation continue pour formateurs d'adultes), est directement liée à l'Université de Genève, elle existe de­

puis 1 989.

Ces deux formations sont principalement animées par des formateurs du Département de l'Education des Adultes de l'Université de Genève.

La mise en place et l'articulation de ces deux formations, la première pouvant donner accès à la deuxième, correspond au souhait de professionnalisation dont nous parlions au début.

La Formation de Base

- La Formation de Base s'adresse à des formateurs bénévoles ou en début de professionnalisation et touche environ 60 personnes par an.

- Elle est organisée selon une structure modulaire capitalisable. Les modules s'étendent sur 36 heures soit regroupées et diurnes, soit ré­

parties en soirées, pour toucher un maximum de personnes. Elle est donnée dans différents lieux de Suisse romande.

- Subventionnée, elle est financièrement très accessible .

- Gérée par un groupe universitaire, le GREOP, elle est placée sous la supervision d'une commission de la FSEA comprenant des repré­

sentants des utilisateurs de cette formation.

- Un premier module traite, à partir d'une stratégie de l'étude de cas, de l'ensemble des problèmes qui se posent au formateur, d'autres mo­

dules traitent de problèmes ou techniques spécifiques (alphabétisation, enseignement assisté par ordinateur, ... ).

- Elle débouche sur une attestation ou une certification.

Le CEFA

- Le CEFA s'adresse à des formateurs professionnalisés issus de tous les secteurs de la formation continue. Fondé sur une conception de polyvalence pour le formateur, il s'adresse tant aux "enseignants"

d'adultes qu'aux organisateurs ou responsables de programme. Les formateurs travaillant avec des publics défavorisés y côtoient les for­

mateurs en entreprises ou en institutions de formation profession­

nelle.

Si l'on prétend professionnaliser les formateurs, il y a deux voies : l'une consiste à multiplier les métiers de la formation et à créer des professionnels de la formation différents, spécialisés par secteur ou type d'activité. La seconde, celles que nous avons résolument choi­

sie, est de créer un seul type de formateur, de haut niveau et relati­

vement polyvalent.

Ce choix est fondamental, il prétend faire face à la complexité du mé­

tier. Nous souhaitons également permettre une mobilité du formateur sur les différents terrains. s'étend sur deux ans. Cet horaire fort commode pour les habitants de la région rend difficile la participation de formateurs issus de régions éloignées.

- Actuellement quasi gratuite , elle sera à terme d'accès "Intermédiaire"

(probablement de 4 à 5000.- FS. pour l'ensemble de la formation).

- La stratégie de formation variable selon les séquences donne une large part au travail individuel et en groupe. Le rapport au terrain professionnel de chacun est clairement aménagé. L'évaluation porte.

essentiellement sur l'analyse par chacun de son propre terrain pro­

fessionnel.

- Sa gestion, bien qu'interne à l'Université, est placée sous la responsabilité d'un comité de 7 personnes, dont trois représentent les milieux de la formation continue externes à l'Université.

- Si les formateurs universitaires sont présents en permanence, un fort contingent d'intervenants extérieurs, praticiens spécialisés, est mobi­

lisé.

-Ce programme débouche normalement sur un Certificat universitaire, mais peut donner lieu à des attestations.

-Il SA déroule à Genève et touche 20 personnes venant de toute la Suisse romande et de la région frontalière. Cette faible capacité

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-d'accueil ne suffit pas, tant s'en faut, à satisfaire les besoins régio­

naux.

Des démarches sont actuellement en cours pour permettre une coordination régionale (Rhône-Alpes/Romandie) des formations de formateurs de ce type.

Elles ont pour but de rassembler les ressources humaines et finan­

cières, nécessaires d'une part pour couvrir les besoins en formation, important dans cette région, mais aussi pour en assurer la qualité.

La finalité recherchée est de mettre à la disposition des formateurs de la région, et tout particulièrement aux formateurs de publics faiblement qualifiés, souvent considérés comme des formateurs de seconde caté­

gorie (formation à deux vitesses), un système de formation leur per­

mettant perfectionnement et mobilité professionnelle.

Un programme européen d'échange et la constitution d'un réseau européen sur ce thème serait, à mon sens, bienvenu.

UNE FORMATION DE BASE