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Les relations entre les femmes allemandes et les prisonniers de guerre français n’ont jamais fait l’objet d’études approfondies en tant que telles. Ce sujet n’est certes pas totalement absent de l’historiographie. En particulier, le délit de Verbotener Umgang auquel ces relations sont soumises, a suscité de nombreux travaux menés principalement en Allemagne. La recherche française l’évoque en revanche avec parcimonie, y compris lorsque l’analyse porte sur les prisonniers de guerre. L’un des intérêts de notre travail est donc de combler cette lacune de ce côté-ci du Rhin. Il en recèle un autre pour l’Allemagne, nous semble-t-il, qui est de compléter les travaux déjà engagés sur cette question du délit de Verbotener Umgang, qu’ils concernent la recherche sur le travail forcé ou sur la justice allemande au temps du national- socialisme. Un constat s’impose donc à partir de l’état de l’art esquissé ici : la bibliographie que nous mobilisons au sujet du Verbotener Umgang est principalement germanophone et germanique.

Ulrich Herbert, qui a été pionnier dans la recherche sur le travail forcé en Allemagne52 qualifie dès les années 1980 le « "Verbotener Umgang" comme un délit de masse »53. A l’aide d’un échantillon d’environ 400 dossiers disponibles aux archives régionales de la Hesse à Darmstadt (Hessisches Staatsarchiv Darmstadt), Ulrich Herbert constate que ce délit concerne principalement les prisonniers de guerre français. L’explication qu’il avance est que les prisonniers originaires des pays de l’Europe occidentale en général disposent d’une plus grande liberté de mouvement. Deux autres enseignements se dégagent de son étude. Il met l’accent sur

alphabétique, Archives Nationales à Pierrefitte-sur-Seine (AN Pierrefitte) : F/9/2562 – 2566 et F/9/2795 – 2798.

52 U. Herbert, Fremdarbeiter, Ed. 1985, op. cit. ; Ulrich Herbert, Geschichte der Ausländerbeschäftigung in Deutschland 1880 bis 1980. Saisonarbeiter, Zwangsarbeiter, Gastarbeiter, Bonn, J.H.W. Dietz, 1986 ; Ulrich

Herbert, Europa und der « Reichseinsatz » Ausländische Zivilarbeiter, Kriegsgefangene und KZ-Hätlinge in

Deutschland 1938-1945, Essen, Klartext, 1991.

53 « "Verbotener Umgang" als Massendelikt » cité dans : U. Herbert, Fremdarbeiter, Ed. 1985, op. cit. p. 122. Voir

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les peines très variées infligées aux femmes allemandes, basées principalement sur « l’impression générale » (Gesamteindruck) que laisse l’accusée aux juges, ainsi que sur l’utilisation de ce délit comme un acte de dénonciation. Il souligne également le « traitement spécial » (Sonderbehandlung) réservé aux travailleurs de l’Est en cas de relations intimes avec des femmes allemandes.

A la suite de cette analyse pionnière, la recherche sur le travail forcé explose dans les années 1990 et 2000, dans un contexte de mobilisation autour des réparations. Après la synthèse d’Ulrich Herbert, les études qui se multiplient se font surtout à l’échelle locale ou régionale et englobent tous les groupes de travailleurs forcés. Dans certaines d’entre elles, quelques pages sont consacrées au délit de Verbotener Umgang54. Néanmoins, ces travaux sont principalement orientés vers les travailleurs de l’Est, et se contentent d’évoquer brièvement le sort des prisonniers de guerre français.

En parallèle, des travaux sur la justice allemande au temps du national-socialisme se développent dès les années 199055. Les historiens s’intéressent plus particulièrement aux Sondergerichte, les « tribunaux d’exceptions », que le régime national-socialiste s’approprie en 1933, ce qui lui permet d’avoir la mainmise sur certains délits56, dont le Verbotener Umgang fera partie. Très précieux pour notre propre analyse, ces travaux s’inscrivent toutefois dans une perspective d’histoire juridique et se rapportent avant tout au droit, au fonctionnement des Sondergerichte plutôt qu’aux procès à proprement parler.

Toujours en lien avec ces travaux sur la justice, les historiens commencent dans les années 1990 à s’intéresser au décret lui-même. De courts articles ou chapitres d’ouvrages lui sont consacrés en prenant pour terrain d’observation l’échelle locale57. Au-delà de l’aspect

54 Uwe Mai, Kriegsgefangenen in Brandenburg. Stalag III A Luckenwalde 1939-1945, Berlin, Metropol, 1999.

Voir p. 121 – 130 ; Mark Spoerer, Zwangsarbeit unter dem Hakenkreuz : ausländische Zivilarbeiter,

Kriegsgefangene und Häftlinge im Deutschen Reich und im besetzten Europa 1939 - 1945, Stuttgart, Deutsche

Verlags-Anstalt, 2001. Ici p. 190 – 205 ; Uwe Danker et al., Zwangsarbeit im Kreis Nordfriesland 1939 bis

1945, Bielefeld, Verlag für Regionalgeschichte, 2004. Voir p. 201 – 219 ; Joachim Woock, Zwangsarbeit ausländischer Arbeitskräfte im Regionalbereich Verden/Aller (1939-1945), Thèse de doctorat, Universität

Hannover, Hanovre, 2004. Ici p. 217 – 242.

55 Bernd Schimmler, Recht ohne Gerechtigkeit : Zur Tätigkeit der Berliner Sondergerichte im Nationalsozialismus,

Berlin, WAV, 1984. Voir p. 85 - 91 ; Hans Michelberger, Berichte aus der Justiz des Dritten Reiches. Die

Lageberichte der Oberlandesgerichtspräsidenten von 1940-1945 unter vergleichender Heranziehung der Lageberichte der Generalstaatsanwälte, Pfaffenweiler, Centaurus-Verlag, 1989. Ici p. 392 – 393 ; Hans

Wüllenweber, Sondergerichte im Dritten Reich, Francfort-sur-le-Main, Luchterhand Literaturvlg., 1990. Voir p. 193 – 198 ; Hans Wrobel, Henning Maul-Backer et Ilka Renken, Strafjustiz im totalen Krieg. Aus den Akten

des Sondergerichts Bremen 1940 bis 1945, Brême, Steintor, 1994. Voir p. 262 – 268. ; Wolf-Dieter Mechler, Kriegsalltag an der « Heimatfront ». Das Sondergericht Hannover im Einsatz gegen « Rundfunkverbrecher », « Schwarzlachter », « Volksschädlinge » und andere « Straftäter » 1939 bis 1945, Hanovre, Hahnsche, 1997.

Ici p. 227 – 250 ; Karl-Heinz Keldungs, Das Duisburger Sondergericht 1942-1945, Baden-Baden, Nomos Verlag, 1998. Voir p. 67 – 75.

56 Cf chapitre 3, 3.1, c).

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juridique, ces études explorent la question de la mise en pratique de ce délit en renvoyant aux procès directement et en s’intéressant de plus près aux relations intimes. Cependant, ce sont surtout les travaux de Birthe Kundrus qui viennent approfondir les recherches sur le Verbotener Umgang envisagé au prisme de l’histoire du genre et du rôle des femmes pendant la guerre. Dans son ouvrage sur les femmes en temps de guerre58, Birthe Kundrus évoque la « double morale » national-socialiste, qui laisse la liberté aux soldats allemands de disposer de leur sexualité tandis que celle des femmes fait l’objet d’un sévère contrôle, à la fois moral, sociétal et politique. Dans cette perspective, Birthe Kundrus s’intéresse explicitement aux relations entre femmes allemandes et étrangers, ainsi qu’au délit de Verbotener Umgang qui engage les prisonniers de guerre59. Dans les années 2000, d’autres travaux se consacrent également au délit de Verbotener Umgang privilégiant différentes approches. Certaines sont centrées sur la persécution des femmes allemandes60, d’autres sur leur sexualité61, ou encore sur la justice

Bergisch Gladbach, Bastei Lübbe, 1984 ; Bernd Boll, « “Das gesunde Volksempfinden auf das Gröbste verletzt”: Die Offenburger Strafjustiz und der “verbotene Umgang mit Kriegsgefangenen” während des Zweiten Weltkrieges », Die Ortenau : Zeitschrift des Historischen Vereins für Mittelbaden, 1991, no 71, p.

645‑678 ; Antje Zühl, « Zum Verhältnis der deutschen Landbevölkerung gegenüber Zwangsarbeitern und Kriegsgefangenen » dans Faschismus und Rassismus, Kontroversen um Ideologie und Opfer, Berlin, Akademie Verlag, 1992, p. 342‑352 ; Andrea Heusler, « “Straftatbestand” Liebe. Verbotene Kontakte zwischen Münchnerinnen und ausländischen Kriegsgefangenen » dans Münchner Frauen in Krieg und Frieden 1900 -

1950, Munich, Buchdorfer Verlag, 1995, p. 324‑341 ; Eckhard Colmorgen et Klaus-Detlev Godau-Schüttke,

« Verbotener Umgang mit Kriegsgefangenen Frauen vor dem Schleswig-Holsteinischen Sondergericht (1940- 1945) », Demokratische Geschichte, 1995, no 9, p. 125‑150 ; Iris Siemssen, « Das Sondergericht und die Nähe :

Die Rechtsprechung bei “verbotenem Umgang mit Kriegsgefangenen” am Beispiel von Fällen aus dem Kreis Plön » dans Das Sondergericht Altona/Kiel 1932–1945, Hambourg, Ergebnisse-Verlag, 1998, p. 233‑262.

58 Birthe Kundrus, Kriegerfrauen : Familienpolitik und Geschlechterverhältnisse im Ersten und Zweiten Weltkrieg,

Hambourg, Christians, 1995. Ici p. 375 – 384.

59 Birthe Kundrus, « Die Unmoral deutscher Soldatenfrauen. Diskurs, Alltagsverhalten und Ahndungspraxis 1939-

1945 » dans Zwischen Karriere und Verfolgung. Handlungsräume von Frauen im nationalsozialistischen

Deutschland, Francfort-sur-le-Main, Campus-Verlag, 1997, p. 96‑110 ; Birthe Kundrus, « “Verbotener

Umgang”. Liebesbeziehungen zwischen Ausländern und Deutschen 1939-1945 » dans Nationalsozialismus

und Zwangsarbeit in der Region Oldenburg, Oldenbourg, BIS-Verlag, 1999, p. 149‑170 ; Birthe Kundrus,

« Forbidden Company : Romantic Relationships between Germans and Foreigners, 1939 to 1945 », Journal of

the History of Sexuality, 2002, vol. 11, p. 201‑222.

60 Eginhard Scharf, « Die Verfolgung pfälzischer Frauen wegen “verbotenen Umgangs” mit Ausländern » dans Die Zeit des Nationalsozialismus in Rheinland-Pfalz. Tome 3 : « Unser Ziel – die Ewigkeit Deutschlands »,

Mayence, Hermann Schmidt Verlag, 2001, p. 71‑88 ; Robert Gellately, Hingeschaut und weggesehen. Hitler

und sein Volk, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 2002 ; Thomas Roth, « “Gestrauchelte Frauen” und

“unverbesserliche Weibspersonen”. Zum Stellenwert der Kategorie Geschlecht in der nationalsozialistischen Strafrechtspflege » dans Nationalsozialismus und Geschlecht. Zur Politisierung und Ästhetisierung von

Körper, « Rasse » und Sexualität im « Dritten Reich » und nach 1945, Bielefeld, Bielefeld transcript, 2009, p.

109‑140 ; Gisela Schwarze, Es war wie Hexenjagd… Die vergessene Verfolgung ganz normaler Frauen im

Zweiten Weltkrieg, Munich, Ardey-Verlag, 2009.

61 Patricia Szobar, « Telling Sexual Stories in the Nazi Courts of Law : Race Defilement in Germany, 1933

to1945 », Journal of the History of Sexuality, 2002, vol. 11, no 1/2, p. 3‑21 ; Gabriella Hauch, « “... Das gesunde

Volksempfinden gröblich verletzt”. Verbotener Geschlechtsverkehr mit “anderen” während des Nationalsozialismus » dans Frauen im Reichsgau Oberdonau : geschlechtsspezifische Bruchlinien im

Nationalsozialismus, Linz, Oberösterreichischen Landesarchiv, 2006, p. 245‑270 ; Gabriella Hauch, « “GV-

Verbrechen”. Verbotene Liebe und Sexualität mit “Anderen” während des Nationalsozialismus am Beispiel Oberdonau. », Bericht über den 23. Österreichischen Historikertag in Salzburg, 2003, p. 247‑256 ; Birgit Beck,

42 pénale62.

On doit à Silke Schneider la première synthèse sur le délit de Verbotener Umgang en 201063. Inscrite dans le champ des sciences politiques et sociales, sa démarche permet d’analyser et de déconstruire les relations interdites entre femmes allemandes et travailleurs étrangers sous le Troisième Reich. S’appuyant sur une analyse du discours juridique national- socialiste, Silke Schneider montre que ces relations reposent sur des mécanismes imbriquant une dimension genrée, morale, mais aussi raciale. Le travailleur étranger devient à ce titre un « double ennemi64 » : un ennemi du point de vue militaire, mais aussi un ennemi racial. Silke Schneider évoque le « charisme érotique65 » des prisonniers de guerre français, aspect sur lequel on reviendra. Néanmoins, son étude porte principalement sur les groupes des prisonniers de guerre et travailleurs de l’Est, pour lesquels la stigmatisation de type racial a été la plus importante. Elle s’intéresse ainsi à la répression raciale et arbitraire qui menaçait les travailleurs de l’Est, ces derniers n’étant par ailleurs pas concernés par le délit de Verbotener Umgang, réservé aux prisonniers de guerre proprement dit.

Dans le cadre de son étude sur le Stalag XI A Altengrabow66, Paul Kannmann consacre toute une partie aux relations entre les prisonniers de ce Stalag et la population locale. Cette analyse régionale s’appuie sur un échantillon de procès conduits pour Verbotener Umgang issus des fonds dépouillés aux Landesarchiv Sachsen-Anhalt. A l’aide de données quantitatives, mais aussi qualitatives en s’appuyant sur des études de cas, Paul Kannmann exploite ces sources en allant au-delà de l’aspect juridique ou judiciaire. Il procède à une analyse du délit, du processus menant au procès. Il s’intéresse aux détails contenus dans les archives, qui délivrent des informations sur le quotidien des prisonniers de guerre, objet de son étude. Sa démarche a été pour nous une source d’inspiration. Nous nous positionnons également dans cette perspective, en partant des procès judiciaires pour reconstruire le quotidien des prisonniers de guerre

Schöningh, 2004 ; Dagmar Herzog, « Hubris and Hypocrisy, Incitement and Disavowal : Sexuality and German Fascism », Journal of the History of Sexuality, 2002, vol. 11, no 1/2, p. 3‑21.

62 Anders Freia, Strafjustiz im Sudetengau 1938-1945, Munich, Oldenbourg, 2008. Voir p. 412 – 417 ; Karl Ulrich

Scheib, Strafjustiz im Nationalsozialismus bei der Staatsanwaltschaft Ulm und den Gerichten im

Landgerichtsbezirk Ulm., Thèse de droit, Universität Marburg, Marbourg, 2012. Ici p. 94 – 138 ; Michael

Löffelsender, Strafjustiz an der Heimatfront : die strafrechtliche Verfolgung von Frauen und Jugendlichen im

Oberlandesgerichtsbezirk Köln ; 1939 - 1945, Tübingen, Mohr Siebeck, 2012. Voir p. 296 – 308. Voir

également : Dagmar Weitz, « Verbotener Umgang mit Kriegsgefangenen » vor dem Sondergericht Wien, Mémoire de master, Université de Vienne, Vienne, 2006.

63 Silke Schneider, Verbotener Umgang - Ausländer und Deutsche im Nationalsozialismus : Diskurse um Sexualität, Moral, Wissen und Strafe, Baden-Baden, Nomos-Verl., 2010.

64 Ibid. p. 191.

65 « erotische Ausstrahlung » cité dans : Ibid. p. 184.

66 Paul Kannmann, Das Stalag XI A Altengrabow 1939 - 1945, Halle (Saale), Mitteldt. Verl., 2015. En l’occurrence

43 français et des femmes allemandes.

Comme souvent pour ce type de sujet, les questionnements induits par le Verbotener Umgang ont dépassé les sphères scientifiques et sont devenus objet de recherche et de mémoire, trouvant un écho notamment dans les institutions culturelles. C’est le cas, entre autres67, du projet porté par le mémorial ROTER OCHSE à Halle (Saale) à la fin des années 201068. Les fonds concernant les dossiers de Verbotener Umgang du Sondergericht de Halle et ceux du Landgericht d’Halberstadt ont été dépouillés, analysés et les résultats publiés sous forme de brochures69. L’exposition itinérante inaugurée en 2009 sur la justice sous le national-socialisme en Saxe-Anhalt inclut de même un panel au sujet du Verbotener Umgang70. Cette thématique est donc présente dans des expositions71, mais a connu aussi une médiatisation, à la radio72 ou sous forme de documentaires73.

Enfin, c’est à partir de 2016 que le Verbotener Umgang prend de l’ampleur en tant qu’objet de recherche autonome, et non plus au travers d’un autre objet, comme ce fut le cas pour le travail forcé ou l’étude des Sondergerichte. En 2016 en effet, un premier colloque portant sur les contacts entre la population allemande et les prisonniers de guerre et travailleurs forcés sous le national-socialisme est organisé au Mémorial national de Ravensbrück74. Le but de ce colloque est de mettre en lumière des groupes dont la détention a été oubliée. Les pratiques

67 Voir également le projet mené par Gabriele Teumer au sein de l’association d’histoire locale : Oschatzer

Geschichts- und Heimatverein e.V. à Oschatz depuis 2005 ; Michael Wolfgang et Gabriele Teumer, Oschatzer

Geschichte(n), Oschatz im Krieg 1939-1945, Oschatz, Oschatzer Geschichts- und Heimatverein e. V, 2014. 68 Gedenkstätte ROTER OCHSE Halle (Saale)

69 Gedenkstätte Roter Ochse Halle (Saale), « ... Das gesunde Volksempfinden gröblich verletzt ». « Verbotener Umgang mit Kriegsgefangenen » im Sondergerichtsbezirk Halle (Saale), Halle (Saale), Heinrich-Böll-Stiftung

Sachsen-Anhalt, 2010 ; Gedenkstätte Roter Ochse Halle (Saale), « Verbotener Umgang mit

Kriegsgefangenen » : Verfahren am Landgericht Halberstadt (1940 - 1945), Halle (Saale), Heinrich-Böll-

Stiftung Sachsen-Anhalt, 2012.

70 Wanderausstellung “Justiz im Nationalsozialismus : Über Verbrechen im Namen des Deutschen Volks”, en

coopération avec le Ministerium für Justiz und Gleichstellung des Landes Sachsen-Anhalt. L’exposition itinérante a navigué dans 35 endroits différents entre 2009 et 2020.

71 Exposition internationale itinérante : « Zwangsarbeit. Die Deutschen, die Zwangsarbeiter und der Krieg »

organisée par la fondation du mémorial de Buchenwald et de Mittelbau-Dora, qui a circulé entre 2011 et 2016 ; Exposition itinérante : « Gegen das Vergessen, Zwangsarbeiterlager Arnoldsweiler » organisée par la DGB- Region NRW Süd-West et le IGBCE Ortsgruppe Düren, inaugurée en novembre 2019. Des cas de Verbotener

Umgang sont également exposés dans l’exposition permanente du Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit

à Berlin-Schöneweide.

72 « Verbotener Umgang. Geschichte der Zwangsarbeit während der NS-Herrschaft » dans l’émission « Aus Kultur

und Wissenschaften », Deutschlandfunk, le 21.11.2019.

73 Documentaire : Erika Fehse, « Für eine Liebe so bestraft » Deutsche Frauen und Zwangsarbeiter », WDR, 2000,

45’. Voir les travaux du journaliste Thomas Muggenthaler : Documentaire, Verbrechen Liebe, Von polnischen

Zwangsarbeitern und Deutschen Frauen, BR Fernsehen, 2014, 45’. Livre sur le même sujet : Thomas

Muggenthaler, Verbrechen Liebe. Von polnischen Männern und deutschen Frauen: Hinrichtungen und

Verfolgung in Niederbayern und der Oberpfalz während der NS-Zeit, Viechtach, Lichtung Verlag, 2010. Ainsi

que le documentaire : « 39-45 Amours interdites dans la guerre », Claire Denavarre, Famiglia Production, 2020 pour RMC découverte.

74 En collaboration avec les mémoriaux suivants : Gedenkstätte Breitenau, Gedenkstätte SS-Sonderlager/KZ

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de persécution dont ils sont victimes, mais aussi la stigmatisation des couples illégitimes sont abordées, ainsi que les conditions de détention dans les différents établissements pénitentiaires75. Cette première édition a été suivie en 2019 d’un deuxième colloque organisé au mémorial SS-Sonderlager/KZ Hinzert près de Trêves. L’intérêt croissant de la recherche pour ce sujet a poussé les organisatrices76 à approfondir ces thématiques. Cette deuxième édition veut élargir la perspective socio-historique du champ de recherche, notamment grâce à des études de cas biographiques, mais aussi en élargissant la période chronologique et en s’intéressant notamment aux conséquences à long terme de ces relations, à leurs aspects mémoriels ainsi qu’aux enfants nés de ces relations77. Une publication des actes de ce colloque est prévue. A cette publication à venir, s’ajoutent également, deux autres projets en préparation78.

L’intérêt pour cette thématique est donc croissant et a passablement évolué depuis les années 1990. Un constat se dégage néanmoins de ces travaux qui traitent du Verbotener Umgang : prenant en compte les différentes nationalités des captifs dans leur ensemble, ils se concentrent majoritairement sur les cas des prisonniers de guerre issus des pays de l’Est, pour qui la répression a été la plus rude. De plus, certains d’entre eux englobent sous l’appellation « Verbotener Umgang » les relations interdites entre femmes allemandes et tout étranger, au sens large. Ce choix implique de s’intéresser à d’autres modèles de répression, qui ne passent pas uniquement par le délit de Verbotener Umgang, qui est, rappelons-le, réservé aux prisonniers de guerre. Ces autres modèles mettent en jeu d’autres infractions, telles que le délit

75 Colloque « "Verkehr mit Fremdvölkischen". Geschichte und Nachgeschichte des « Umgangsverbots » mit

Kriegsgefangenen und Zwangsarbeitern im Nationalsozialismus », 13-15/10/2016 au Mahn- und Gedenkstätte Ravensbrück, à Fürstenberg/Havel. Voir également : Insa Eschebach, « “Verkehr mit Fremdvölkischen”. Die Gruppe der wegen “verbotenen Umgangs” im KZ Ravensbrück inhaftierten Frauen » dans Das

Frauenkonzentrationslager Ravens-brück. Neue Beiträge zur Geschichte und Nachgeschichte, Berlin, Stiftung

Brandenburgische Gedenkstätten, 2014, p. 154‑173.

76 En collaboration avec les mémoriaux suivants : Mahn- und Gedenkstätte Ravensbrück, Stiftung Gedenkstätte

Buchenwald und Mittelbau Dora, Stiftung Gedenkstätte Lindenstraße, Dokumentationszentrum NS- Zwangsarbeit.

77 Colloque « "Verbotener Umgang" : Zur Bedeutungsgeschichte eines NS-Straftatbestandes », 15-16/11/2019

Gedenkstätte SS-Sonderlager/KZ Hinzert, à Hinzert-Pölert. Colloque au sein duquel l’auteure est intervenue : Gwendoline Cicottini, « Verbotener Umgang, vergessene Kinder : Beziehungen deutscher Frauen zu französischen Kriegsgefangenen im Zweiten Weltkrieg ». Voir également ce mémoire de master, dont les résultats ont été en partie également présentés pendant ce colloque : Madlin Gabe, « Verbotener Umgang » mit

Zwangsarbeitern : Die Verfolgungs-praxis gegenüber deutschen Frauen zwischen 1940 und 1945 im NS-Gau Thüringen, Mémoire de master, Friedrich-Schiller-Universität Jena, Jena, 2017.

78 Publications à paraître : Raffael Scheck, Love between Enemies. Western Prisoners of War and German Women in World War II, Cambridge, Cambridge University Press, à paraître, 2020 ; Vandana Joshi, The Intimate Enemy : Forbidden Romantic Relations between German Women and POWs during WWII, Londres, Palgrave

Macmillan, A paraître. Voir à ce sujet : Raffael Scheck, « Collaboration of the Heart : The Forbidden Love Affairs of French Prisoners of War and German Women in Nazi Germany », Jounal of Modern History, 2018, vol. 90, no 2, p. 351‑392 ; Cornelie Usborne, « Female Sexual Desire and Male Honor : German Women’s Illicit

Love Affairs with Prisoners of War during the Second World War », Journal of the History of Sexuality, 2017, vol. 26, no 3, p. 454.

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de Rassenschande (honte raciale) ou d’autres formes d’arrestations arbitraires et déportation dans des camps de concentration79. Enfin, aucune étude ne se concentre sur les cas de Verbotener Umgang impliquant des prisonniers de guerre français, à l’exception de Raffael Scheck, dont les travaux s’intéressant au groupe des prisonniers de guerre de l’Ouest, impliquant entre autres, les prisonniers de guerre français80.

Du côté de la recherche française, la littérature au sujet des relations interdites est quasi- inexistante. La littérature sur les prisonniers de guerre français mentionne brièvement les cas de Verbotener Umgang sans s’y attarder, ni faire d’étude systématique81. Néanmoins, quelques articles y font référence. On compte entre autres82, un article de Fabien Théofilakis abordant cette question autour de la sexualité du prisonnier de guerre, en comparant à la fois les deux guerres mondiales, mais aussi la captivité de part et d’autre du Rhin83. Fabien Théofilakis montre l’importance de l’étude de la sexualité du prisonnier de guerre, trop peu abordée, mais aussi l’importance des croisements de la recherche franco-allemande en ce domaine. Il appelle de ses vœux des études s’intéressant aussi bien à la sexualité des prisonniers de guerre français qu’allemands.

79 Sur le Rassenschande consulter, entre autres : Cornelia Essner, Die « Nürnberger Gesetze » oder die Verwaltung des Rassenwahns : 1933 - 1945, Paderborn, Schöningh, 2002 ; Lothar Gruchmann, « “Blutschutzgesetz” und