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Les estimations du travail dissimulé sur le champ des services à la personne et de l’emploi à

4. Les champs pour lesquels l'information reste encore très insuffisante

4.1.   Les particuliers employeurs

4.1.2.   Les estimations du travail dissimulé sur le champ des services à la personne et de l’emploi à

4.1.2.1. L’estimation de la Dares par rapprochement de sources (approche indirecte)

La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du Ministère du  Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social propose une estimation du  travail non déclaré dans le secteur des services à la personne à partir de deux enquêtes : l’enquête  Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) qui permet d’identifier les ménages qui déclarent à l’administration  fiscale des dépenses pour l’emploi d’une personne à domicile69 et l’enquête Budget de famille (BdF),  qui renseigne sur les dépenses au titre de l’emploi d’un salarié à domicile, que l’emploi soit déclaré  ou non. Le rapprochement des deux sources permet une estimation du travail non déclaré.  

Cette estimation a ses limites, liées d’une part aux différentes périodes de référence des deux  enquêtes (1 an pour ERFS et 2 mois pour BdF), et d’autre part, au comportement déclaratif des  ménages : d’un côté, les personnes interrogées dans l’enquête BdF ne renseignent probablement pas  toutes les dépenses associées au travail non déclaré ; d’un autre côté, toutes les dépenses ne sont  pas déclarées dans ERFS, notamment lorsque le foyer ne remplit pas les conditions permettant de  bénéficier de la réduction ou du crédit d’impôt (cas par exemple des inactifs non imposables). 

En conséquence, mesurer le travail non déclaré à partir de l’écart entre les deux sources n’est pas  entièrement satisfaisant. En revanche, ces enquêtes permettent d’estimer l’évolution du travail non  déclaré en comparant l’évolution du taux de recours aux services à la personne en supposant les biais  constants (cf. Annexe 6.2). 

Ainsi, sous l’hypothèse que les biais sous‐jacents à chacune des sources sont constants dans le temps  et que l’évolution du taux de recours sur deux mois est le même que sur un an, on observe une  progression importante du nombre de ménages utilisateurs de SAP entre 2005 et 2011, plus  importante dans ERFS (+ 42 %) que dans l’enquête BdF (+ 36 %), ce qui suggère une légère hausse de  la proportion du travail déclaré. 

      

69 Y compris les ménages qui recourent à un prestataire pour un emploi à domicile. 

Figure 14 : Part de l’emploi non déclaré dans l’emploi total des ménages   en tant que producteur de services domestiques 

 

Source : Insee

Selon cette méthode, on peut estimer (calcul à considérer avec précaution) la part du travail non  déclaré est estimée à 28 % en 2005 et à 25 % en 2011. L’estimation pour 1996 est quant à elle de  50 %. 

Il est à noter que l’enquête BdF est réalisée tous les 5 ans. Ainsi, les dernières estimations ne  tiennent pas compte des mesures récentes, telles que les suppressions de l’abattement 15 points de  cotisations sociales pour les particuliers employeurs non fragiles en 2011 et de la déclaration au  forfait en 2013, et la création d’une réduction forfaitaire par heure de travail, qui, en modifiant le  coût de l’emploi, ont pu avoir une incidence sur le volume d’heures déclarées. L’impact de ces  mesures sur l’évolution du travail dissimulé devrait ressortir de l’exploitation des résultats de  l’enquête 2016, qui ne sont pas encore disponibles.   

4.1.2.2. L’estimation macroéconomique de l’Insee (approche indirecte)

L’estimation macroéconomique de l’activité dissimulée en comptabilité nationale (voir section 3.8.4)  couvre l’activité dissimulée des ménages en tant qu’employeurs70. Pour estimer la fraude des  ménages employeurs, les comptables nationaux effectuent une correction au titre de cette activité. Il  s’agit d’une estimation fragile (dire d’expert) qui évalue la dissimulation des activités des ménages  employeurs à une valeur ajoutée de 2,2 milliards d’euros en 2010. Cette correction est appliquée à la  masse salariale et à l’emploi salarié en ETP. En conséquence, on estime que le travail dissimulé de ces  activités représente environ 180 000 ETP non déclarés. 

La  correction  est  modulée  chaque  année,  à  dire  d’expert,  en  fonction  de  l’évolution  de  la  réglementation. Ainsi, la suppression, en 2013, de la possibilité de déclarer les salariés à domicile au  forfait (toutefois complétée de la mise en place d’un abattement forfaitaire de cotisations), s’est  accompagnée d’une baisse importante du nombre d’heures déclarées par les particuliers employeurs   et a amené les comptables nationaux à relever la correction, en faisant l'hypothèse qu'une partie des  heures en question n’était désormais plus déclarée. En conséquence, la part de l’emploi non déclaré  dans l’emploi total des ménages en tant que producteur des services domestiques est estimé à  environ 52 % en 2013, contre environ 50,5 % en 2012 (Figure 14).  

 

      

70 Les services domestiques et l’action sociale (garde d’enfants, aide aux personnes âgées dépendantes). 

4.1.2.3. L’estimation de la DNLF et de la DGE (approche directe)

La délégation nationale à la lutte contre la fraude (DNLF) et la Direction générale des entreprises  (DGE) ont conduit la première enquête nationale pilote auprès des ménages en France sur la fraude  et la perception des risques. Cette enquête a été réalisée en juin 2015 par le CREDOC auprès d’un  échantillon de 2004 ménages (cf. section 3.9). 

Le volet « services à la personne » de cette enquête donne des premiers résultats intéressants sur la  fraude dans le champ, qui restent néanmoins fragiles au vu de la taille de l’échantillon.  

27% des travailleurs non déclarés exercent une activité dans les services à la personne (ménage,  garde d’enfants à domicile, assistance aux personnes âgés…). 

14,3% des personnes interrogées ont indiqué avoir employé une personne à domicile le mois dernier  dans des activités de ménage, de garde d’enfants, ou d’aide à domicile. 20% ont admis avoir fraudé,  soit en dissimulant une partie des heures effectuées, soit en dissimulant une partie des sommes  versées. 

Ce  taux  est  proche  de  l’estimation  obtenue  par  la  Dares  via  une  approche  indirecte  de  rapprochement de sources (cf. supra) : 25% des ménages utilisateurs auraient eu recours à des  emplois non déclarés en 2011.  

38% des personnes ayant fraudé entre 2012 et 2015 indiquent l’avoir fait moins souvent que par le  passé contre seulement 19% affirmant le faire plus souvent. Ce recul de la fraude dans le secteur,  conjugué au recul des heures déclarées, irait plutôt dans le sens d’un effet pro‐cyclique du recours au  travail dissimulé. 

Le volume d’heures dissimulées représente au total 15,6 % des heures rémunérées : 3% ont été  réalisées en complément d’heures déclarées, 12,6% se rapportent à un travail entièrement dissimulé. 

La sous‐déclaration concerne la garde d’enfants à domicile (42%) davantage que l’aide à domicile  (9%) ou le ménage (13%) mais cette répartition par domaine est à prendre avec précaution étant  donné le faible nombre de répondants concerné. 

Figure 15 : La part de fraudeurs parmi les employeurs de SAP (en %)  Champ : a eu recours à au moins une personne au cours du mois dernier (199 obs) 

 

Source : DNLF-DGE-CREDOC, enquête « Conditions de vie et aspirations », juin 2015

S’agissant de la déclaration des heures rémunérées de services à la personne, il convient de noter  que près de 16% des personnes interrogées refusent de répondre ; 3% ne déclarent qu’une partie  des heures rémunérées et près de 13% rémunèrent l’intégralité des heures sans les déclarer (Figure  16). 

Figure 16 : La répartition des heures payées de services à la personne  selon qu’elles sont ou non déclarées 

A déclaré  toutes les  heures 68,8%

A payé la  totalité au noir

12,6%

A déclaré  seulement une 

partie des  heures

3,0%

Refus de  répondre 15,6%

15,6%

 

Source : DNLF-DGE-CREDOC, enquête « Conditions de vie et aspirations », juin 2015

Par rapport aux approches indirectes appliquées par la Dares et par l’Insee, l’approche directe a  l’avantage de fournir un éclairage sur le profil des particuliers ne déclarant pas leurs employés et les  facteurs motivant la fraude.  

Sur l’ensemble des services à la personne, deux profils d’utilisateurs se distinguent : d’un côté, les  retraités qui déclarent principalement du ménage, du jardinage et de l’aide à domicile ; de l’autre des  personnes actives de plus de 40 ans ayant recours à la garde d’enfants, et dans une moindre mesure  au ménage et au bricolage. La fraude est plutôt le fait des classes moyennes supérieures (31% des  fraudeurs), ce qui correspond au profil des utilisateurs de SAP. 

Les motivations de la non‐déclaration sont en première ligne « rendre service à sa famille et/ou ses  amis » (31 %) et la praticité (« moins de papiers ») pour 23 %. Seulement 14 % des personnes qui  recourent aux services à domicile indiquent avoir reçu une aide publique et 16 % avoir bénéficié d’un  avantage fiscal. Se pose donc la question de la connaissance du cadre socio‐fiscal. 

4.1.3. Le cadre socio‐fiscal et l’impact sur le travail non déclaré et sur les