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l'émergence des SEML: entre planification étatique et influence dominante de la Caisse des Dépôts et

I- 1-8- L'ERE DES GRANDS ENSEMBLES

En cette période tout à la fois de crise et d'entrée dans la "modernité", ces facteurs convergents servent de cadre à l'implication croissante des Offices d'HLM et des Sociétés d'Economie Mixte Locales dans la politique de logement et d'aménagement de la France sous l'égide de l'Etat, la CDC accompagnant ce dispositif par ses financements et par l'appui technique des ses filiales telles la SCIC et la SCET avec:

- une volonté politique de l'Etat dans un cadre de planification nationale - une convergence d'intérêts entre les "élites " de l'administration en

osmose avec ceux de la CDC, la SCIC, la SCET, les Offices d'HLM… issues du corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées, les architectes " grands prix de Rome" et les grands groupes du bâtiment.

- des "hommes – humanistes sociaux " tels que François BLOCH- LAINE, mus par un sens aigu de l'intérêt général et sachant communiquer leur passion dans une volonté d'efficacité en dépassant les frontières des cadres juridiques existants, en inventant des formes nouvelles d'intervention "d'administration de mission"275 pour engager l'ensemble des Collectivités Locales dans ce mouvement de refondation nationale. Les lois et règlements viendront accompagner ce mouvement dont l'origine repose bien sur des piliers internes à la société et à ses membres:

- des projets stratégiques à mettre en œuvre.

- une volonté politique clairement exprimée, affichée et partagée par les différentes composantes de la société.

- et des hommes "en marche" pour travailler ensemble à ces missions communes d'intérêt général.

Cette trilogie caractérise la nature des SEML, son essence même, bien plus que toutes références juridiques et dépasse par son caractère intemporel la simplification caricaturale de l'association des SEML (et de la SCET) à l'ère des "grands ensembles".

274

les français découvrent le logement confortable: salle de bain, chauffage central, WC, ascenseur, vide ordures, réfrigérateur"frigidaire" puis télévision et téléphone (avec quelques lenteurs dans sa généralisation).

275

de nombreux anciens de la SCET interviewés par Abdoul SOW (Maîtrise d'ouvrage et métiers de la maîtrise d'ouvrage. CDC, 2007) se sont qualifiés volontiers de "moines soldats en mission ".

Tel que le rappelle Hervé Veillard – Baron 276, " le vocable de "grand ensemble" est apparu pour la première fois en juin 1935 sous la plume de l'urbaniste Maurice Rotival, dans le titre d'un article publié par la revue l'Architecture d'aujourd'hui et consacré aux HBM collectifs construits par les Offices publics en vue de "moderniser la banlieue", avec l'objectif de lutter contre la "lèpre pavillonnaire". Aussi étonnant que cela puisse paraître le grand ensemble n'a pas de définition juridique 277 et il ne s'inscrira jamais dans une catégorie prédéfinie du ministère de la Construction. L'expression ne désigne pas un mode d'édification mais plutôt une forme et un paysage caractérisé par un ensemble de barres et de tours…

A Villeurbanne, dans la banlieue industrielle de l'est lyonnais, l'ensemble dénommé les Gratte ciel, situé au centre de la commune…annonce ce que seront les dispositifs qui présideront à la construction des grands ensembles de l'après guerre. Cette œuvre spectaculaire, construite par Môrice Leroux, un ingénieur ayant travaillé aux Etats-Unis et en Afrique du Nord, souligne les intentions sociales de la municipalité en 1933. Le maire SFIO, Lazare Goujon voulait, disait – il, " changer la ville pour changer la vie". 278 Pour mener à bien son projet, celui-ci crée la Société Villeurbannaise d'Urbanisme : elle préfigure les futures sociétés d'économie mixte….

Les grands ensembles, sur le plan architectural et la forme résultent pour une part du dialogue qui s'est instauré entre les architectes américains et européens dés la fin du 19eme siècle. Si l'influence des Etats-Unis est en effet lisible dans l'ambition moderniste de certains ensembles collectifs, dans la séparation des circulations et le souci de la rationalisation, les recherches européennes n'en ont pas moins nourri la pensée architecturale américaine….

Mais alors que les gratte ciel sont le produit d'une vision novatrice et anti conformiste, les grands ensembles construits en série dans les années 1960 -1970, se révèlent bien vite d'une conformité radicale, n'hésitant pas à aligner des dizaines de barres puis des tours identiques au rythme du chemin de grue. Sous prétexte de répondre à l'urgence du logement pour le plus grand nombre, la plupart des architectes français semblent paradoxalement stimulés par le jeu de la répétition….

Le géographe Philippe Pinchemel , dans un article destiné aux Comités interprofessionnels du logement , en propose une définition en 1959: " Le terme de grand ensemble est appliqué à des réalisations de grande envergure

276

VEILLARD- BARON, Hervé. Sur l'origine des grands ensembles In Le monde des grands ensembles. Créaphis, 2004. p. 45, 51 et 52.

277

Pierre Merlin dans le Dictionnaire de l'Urbanisme et de l'Aménagement (PUF, 2005) précise p.415 que "le terme de Grand ensemble est apparu dès 1935, dans un article de Maurice Rotival dans la revue l'Architecture d'Aujourd'hui, comme un des éléments structurants de l'urbanisme moderne, en rupture avec la tradition urbaine, axé sur l'hygiène, l'espace et le soleil. Cet article prônait une théorie empreinte de moralisme social, de l'implantation des cités à bon marché, aux fonctions et à l'organisation spatiale clairement définies et de leurs principes de construction à partir de l'ensemble d'HBM entre les deux guerres. A partir des années 1950 ce terme s'est répandu pour désigner des groupes de grandes dimensions 'immeubles

collectifs. En fait, il s'agissait de programmes d'urgence, dans le cadre d'une politique officielle de construction visant à réduire la crise du logement apparue après la guerre. Ces premiers grands ensembles ont été réalisés en dehors de toute doctrine officielle, de tout texte réglementaire, le terme même employé pour les désigner traduisant le vide conceptuel et juridique."

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comportant plusieurs milliers de logements et qui se veulent des unités résidentielles équilibrées et complètes."

Du point de vue quantitatif, tantôt c'est le seuil des 1000 logements , tantôt c'est celui des 500 logements qui est retenu dans la mesure où il correspond au seuil minimal nécessaire pour la programmation d'une ZUP ( Zone à Urbaniser en Priorité279 ) après 1958. "

Le "grand ensemble " n'est pas une spécificité française.

Issues du foisonnement des idées des années 1920 – 1940 tant en Europe qu'aux Etats-Unis d'Amérique, les principes de l'architecture s'avèrent internationaux.

En Europe, les grands ensembles des années 1950 se retrouvent tant dans les pays démocratiques comme la France ou l'Italie que dans les démocraties populaires de l'Union Soviétique comme la Russie, la Pologne, l'Allemagne de l'Est de même qu'en Corée du Sud ou en Iran.

Tel que le signale Annie Fourcaut 280dans son essai de comparatisme du monde des grands ensembles, il apparaît d'ailleurs que :

"le système politique importe peu, à condition qu'une autorité de type public régule les politiques urbaines.

Les grands ensembles ne sont pas des produits du libéralisme économique…

…." .ce dernier produisait les bidonvilles" 281 tel que le rappelle Jean Marie Delarue dans son rapport sur les "banlieues en difficulté.

La France des quatrième et cinquième républiques offre un modèle original d'économie planifiée et administrée, où l'intervention de l'Etat joue un rôle considérable. L'Italie des débuts du miracle économique hérite de l'interventionnisme fasciste en matière d'urbanisme. Le capitalisme coréen contrôle le prix des logements neufs et encadre l'accession à la propriété. L'Etat issu de la révolution islamique en Iran nationalise les friches urbaines et crée des conditions bancaires favorables pour les coopératives de logement. Ainsi, le grand ensemble n'est jamais le produit du marché immobilier libre; des organismes publics ou parapublics- municipalités, coopératives, organismes de logement social, maîtrise d'ouvrage financée par des crédits publics- expliquent son édification.

Les pays anglo-saxon sont d'ailleurs absents de notre exploration; les tours d'habitat populaire construites dans les villes américaines et anglaises, souvent d'ailleurs à la suite de la grande crise économique mondiale et des politiques de New Deal, font figure d'exception et ont souvent été précocement détruites. L'Afrique du Sud, de culture urbaine anglo-saxonne et hollandaise à la fois, parque ses exclus dans des camps pavillonnaires.

279

Les ZUP ont été crées par le décret du 31 décembre 1958, complété par la loi du 26 juillet 1962.

280

FOURCAUT, Annie. Le cas français à l'épreuve du comparatisme In Le monde des grands ensembles. Créaphis, 2004. p. 17 et 18.

281

ce que signale également Jean Marie DELARUE : Banlieues en difficultés- la relégation. Syros, 1991.

p.30 : " On pourrait indiquer que, des modalités de financement aux normes de confort, des procédés de construction au choix des terrains, le rôle de joué par les collectivités publiques et, singulièrement l'Etat, a été écrasant. …..Là réside un des traits les plus frappants de la majorité des quartiers : ce sont les enfants des politiques publiques. Ici, pourrait on dire, tout a joué, sauf le marché. Ce dernier produisait des bidonvilles."

Dans l'aire occidentale, les grands ensembles sont issus des choix faits au milieu des années 1950 et une étonnante similitude chronologique relie le plan "Courant" de 1953 aux décisions prises à l'Est.

Des contextes voisins de pénurie de logement, malgré la fin des constructions d'après guerre, expliquent le climat d'urgence. Des populations sont massivement déplacées par les effets de la guerre et des redécoupages territoriaux; l'exode rural dû à la collectivisation des campagnes, à la modernisation libérale ou aux effets de la colonisation, crée des millions de nouveaux urbains; la géographie de l'industrie change, et la solution des villes nouvelles industrielles engendre le grand collectif, de Mourenx aux combinats socialistes. Ce contexte de crise permet de rendre inéluctable la solution des grands ensembles: l'horreur des taudis, des bidonvilles et des logements surpeuplés justifie les chois formels faits sans doute plus par les architectes que par les politiques. Conçus et réalisés comme une architecture de la pénurie, les nouveaux bâtiments logent partout les jeunes ménages chargés d'enfants de l'après – guerre, dont les parents sont nés pendant la crise et furent élevés pendant la guerre."

En France il y eut d'ailleurs des antécédents avant Sarcelles et avant la seconde guerre mondiale, avec Villeurbanne, déjà cité, Drancy282 et ses "premiers gratte ciel de la région parisienne construits par l'architecte Marcel Lods"283 qui servira pendant la guerre de camp de sinistre mémoire lors des déportations de juifs français, le Champ des Oiseaux à Bagneux et surtout les cités construites dans le cadre des concours lancés pour l'industrialisation du logement dont la cité Rotterdam à Strasbourg 284 .

Il revient aux historiens de faire l'histoire des grands ensembles; Frédéric Dufaux, Annie Fourcaut, Rémy Skoutelsky et bien d'autres s'y emploient avec le recul nécessaire à cette discipline sachant que:

" La "cité" 285 est devenue aujourd'hui synonyme de crise sociale, d'erreur urbanistique et d'insécurité.

Ces espaces aujourd'hui vilipendés et craints ont été présentés comme des éléments essentiels de la reconstruction et de la modernisation du pays, de la libération à la 5eme république gaullienne. Sur ce point les collectivités locales partageaient l'enthousiasme des décideurs et les satisfactions des nouveaux

282

Cité de l'architecture- Paris: " Demeurée tristement connue pour avoir servi de zone de transit vers les camps de la mort durant la seconde guerre mondiale, la cité de la Muette (1931-1932) tient une place particulière dans l'histoire de l'architecture. Afin de réaliser de manière économique ces 1200 logements, la préfabrication en série d'éléments standardisés et une organisation scientifique du travail sont expérimentés pour la 1er fois à grande échelle….Cette expérience servira de modèle pour les grands ensembles industrialisés de l'après guerre.

283

FOURCAUT, Annie. La ville divisée. Creaphis, 1996. p. 20.

284

Agnès Bertrand –Berthon dans sa thèse "La démolition des ensembles de logements sociaux. Bordeaux 3, 2004" précise p. 37 et 38 que "passée la période de la réponse à la pénurie par les différents types de logements d'urgence qui ont mis au travail architectes, industriels et administrations de l'Etat et qui voit l'émergence des plans type issus de normes technico – financières, le premier "grand ensemble" est édifié à Strasbourg. Il s'agit de la cité Rotterdam , un ensemble de 800 logements conçu par l'architecte Eugène Beaudoin et qui deviendra à partir de 1953 le modèle architectural le plus copié."

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la "cité" parait redevenu le terme utilisé pour désigner les grands ensembles avec une connotation péjorative alors qu'elle était initialement significative de vie communautaire ; à cet effet Roger Lagrange, maire socialiste de Chalon sur Saône avait donné à la ZUP des Prés Saint Jean la qualification de cité des Prés Saint Jean, avec une connotation positive.

locataires éclatent dans les premiers reportages télévisés de l'ORTF comme dans les premières enquêtes sociologiques….

Dés leur naissance, les grands ensembles sont associés à l'urbanisme de plan régional, au logement social et à la modernité architecturale opposée à la "lèpre pavillonnaire" qui les entoure…

Visitant "l'unité de voisinage de Beaulieu" à Saint Etienne, Adrien Spinetta, directeur de la Construction au ministère de la Reconstruction et du Logement donne en 1954 la version officielle du phénomène nouveau:

" La rue traditionnelle fait place à un aménagement d'unités largement ouvertes sur des espaces libres où la nature fournira le cadre nécessaire au développement de la personne humaine. Les espaces verts représenteront à eux seuls 72% de la surface utilisée. La voie d'accès y pénétrera pour s'y intégrer et non pour y matérialiser, comme autrefois, l'alignement des immeubles. Dans cet ensemble baigné de lumière et où la liberté de vie reste entière, la densité d'occupation sera plus forte que dans certaines de nos villes et cependant la famille y trouvera le cadre naturel propice à son épanouissement. Tels sont les signes tangibles d'un humanisme moderne…" (Adrien Spinetta : Beaulieu, un ensemble pensé pour l'homme In Les annales de l'Institut Technique du BTP n° 78, juin 1954. p. 542)." 286

Les grands ensembles sont donc antérieurs à la constitution du groupe de la CDC et de ses filiales techniques SCIC et SCET et de l'émergence du mouvement des SEML qui s'opérera à partir de 1955.

Cependant, nées dans cet esprit dominant et avec des dirigeants issus des mêmes corps professionnels que les élites administratives et politiques de l'époque, la SCIC et la SCET intégreront ces concepts référents de "l'humanisme moderne".

Le groupe de la CDC et le monde des SEML servira ainsi de facilitateur en sa qualité d'administration de mission pour être l'opérateur efficace permettant d'accompagner cette volonté affichée de la politique de l'Etat. Au-delà de ce qui fut souvent présenté comme la "duplication d'un modèle" il s'agissait de faire œuvre d'innovation, d'expérimentations car une tache de cette ampleur n'avait jamais été engagée sur l'ensemble du territoire français. Dans sa thèse relative à la SCET, une des rares thèses sur ce sujet, François d'Arcy analysant les modes de conception de l'urbanisme de l'époque rappelle " qu'il faut reconnaître qu'il s'agit là d'un urbanisme expérimental et que la SCET et la SCIC, étroitement liées ensemble, sont actuellement les plus gros expérimentateurs.

L'apport est qualitatif dans la mise en place et le perfectionnement des procédures. La SCET a été le principal interlocuteur de l'administration pour l'élaboration des différents textes: statuts et cahiers des charges type, décret de 1958 sur les ZUP, documents comptables…En liaison avec le ministère de l'Equipement, elle tente de rationaliser la conduite des opérations par l'introduction d'une méthode spécifique d'organisation, la méthode PERT…" 287

286

FOURCAUT, Annie. Faire l'histoire des grands ensembles. Société- Espaces- Temps, 2003. p.8, 10 et 11.

287

d'ARCY, François. Structures administratives et urbanisation: la SCET. Berger Levrault, 1968. p.53.

La SCET et la SCIC sont ainsi étroitement liées à ce qui constituera les bases de la conception des "grands ensembles" notamment au sein des commissions qui seront mises en place par Pierre Sudreau " dont les préoccupations humanistes se doublent d'une solide croyance dans la valeur de réponses rationnelles en permettant la traduction spatiale. Contrairement à un discours souhaitant "subordonner la technique à l'humain", c'est une véritable doctrine programmatique qui est dégagée "définissant ce qui doit être réalisé pour un équilibre social et économique, une vie heureuse individuelle et collective" 288 dont la "grille du bonheur " de Gérard Dupont devient le mode d'emploi. "289

La " grille Dupont" est un instrument qui fut critiqué mais demeurait pertinent dans son principe, les difficultés rencontrées n'étant pas dans son usage mais plutôt dans le retard de financement des équipements publics qu'elle prévoyait. Tel que le rapporte Jacques Jullien qui dirigea la SEM d'Argenteuil (SEMARG) " la méthode était certes rigide (encore qu'étaient prises en compte les réalités locales); mais cette procédure a eu le réel mérite de coordonner, en programmation, construction de logements et mise en place des équipements d'accompagnement. Ce faisant , elle a joué un rôle de garde fou sans lequel certaines opérations auraient sans doute été lancées dans une imprévoyance un peu euphorique , sans que tout ait été prévu à cet égard.

Avec du recul, on doit même considérer qu'avec toutes les difficultés rencontrées (principalement financières) lorsqu'il fallait mettre ces programmes en œuvre, le résultat a été positif …..

En matière d'équipements totalement publics, lors de la création des nouveaux sites urbains, le besoin auquel il était impératif de répondre en urgence, compte tenu de l'afflux important et rapide de population, était celui des établissements scolaires. Durant de nombreuses années bien que des efforts très sérieux aient été faits pour essayer d'adapter dans le temps les réalisations aux nécessités, de réels décalages ont été constatés. Il avaient pour origine les difficultés concernant le financement qui tenaient ,d'une part , à un retard constant dans la mise en place des subventions d'Etat….Ces équipements ont dans la plupart des ensembles,été réalisés conformément à leur programmation , mais avec généralement un retard sensible par rapport au calendrier prévu…

La démarche a été moins volontariste en ce qui concerne les autres équipements….notamment les services administratifs, leur implantation sur les sites, lorsqu'elle a eu lieu, a été faite au fur et à mesure de l'installation des habitants et la confirmation de la nécessité d'un traitement sur place des problèmes en résultant. C'est ainsi qu'ont été créées des mairies annexes, des halte garderies, ou encore des centres de protection maternelle et infantiles, équipements indispensables dans ces nouvelles communautés humaines transplantées , souvent constituées de ménages jeunes n'ayant pas encore trouvé leurs repères et dont les deux conjoints travaillaient souvent à l'extérieur. Dans le domaine des services habituellement classés sous l'appellation de socio culturel (centres sociaux, centres de loisirs a prévalu un certain empirisme, plutôt "bon enfant", mais qui raffermissait les liens sociaux. Dans les premières années des grands ensembles, en ce qui concerne l'accueil des activités correspondantes, faute de disposer de locaux construits ou aménagés

288

Urbanisme n° 62- 63 de 1959. " Equipement des grands ensembles", introduction de Pierre Sudreau. p. 3.

289

BERLAND- BERTHON, Agnès. La démolition des ensembles de logements sociaux. Thèse Université Bordeaux 3, 2004. p. 42.

spécifiquement, des logements ont été affectés à la fonction et le sont restés pendant de longues années. Souvent débordées par la multitude des problèmes à régler et confrontées à l'obligation de donner priorité au scolaire et au sportif, les communes se sont déchargées sur les aménageurs du soin , d'une part , de réaliser les locaux des autres activités, d'autre part d'en assurer le fonctionnement…Mais la conséquence en a été que le transfert des bâtiments abritant des activités socio- culturelles ou de caractère familial à partir du patrimoine de l'aménageur à celui de la collectivité, justifié par le