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- Rencontrée le 17 décembre sur son lieu de travail

Alors nous, Bibliocité, on n’est pas que sur le réseau parisien On va être l’année prochaine aussi sur le réseau… du moins sur la ville de Puteaux. On va organiser leur festival de bande dessinée. Au mois de mai… 2019, voilà. Donc là aussi y a des auteurs.

Alors on peut commencer… par évoquer votre parcours professionnel…

Oh là ! Rien à voir. Aucun… Rien à voir, moi j’ai pas du tout… On a pas du tout le profil de bibliothécaires ici, on est une structure privée donc on a toutes des profils différents. Euh… moi j’émane… de la formation, hein, j’ai fait de la formation avant, plutôt professionnelle, plutôt… pas du tout dans la littérature et pas du tout dans la bibliothéconomie. Euh… plutôt de la formation… autour de l’électricité, la radioactivité, des choses comme ça, et avant, j’émanais… j’travaillais dans le luxe, voilà, j’ai travaillé dans les grandes maisons type Cartier et Chanel. Voilà, rien à voir… En tant que assistante de direction. Donc rien à voir du tout. Donc c’est… c’est un parcours qui m’a amenée ici complètement différent, donc, euh… j’ai fait un revirement de situation professionnelle, je suis arrivée… dans cette structure, qui est une structure privée. Donc à la base on était que cinq, maintenant on est une dizaine, et on a poussé l’action culturelle dans les bibliothèques y a une vingtaine d’années. La structure elle existe depuis 80. 85, plus précisément. Et elle a eu plusieurs noms : l’Agence culturelle de Paris,

Paris bibliothèques, et Bibliocité. Y a quelques années. Donc voilà sur mon parcours donc pas du tout…

Il n’existait pas d’études comme vous en fait hein, euh… sur la… les bibliothèques, l’action culturelle… C’est assez récent, ça a une dizaine d’années, ce type de cursus. À la Sorbonne, tout ça. Donc moi j’me suis formée sur le tas dans cette structure, quand cette structure s’est développée. Mais il y avait une directrice, qui était donc Michèle Murger, qui était avant… qui émanait de l’éducation populaire. Voilà, donc on est un peu sur ce courant, on était sur ce courant au début de… en début de… voilà, en début de… de travail de cette structure, quoi.

Donc, euh… vous êtes arrivée ici un peu par hasard en fait ?

Non pas par hasard. Non non j’ai répondu à une annonce, non non j’ai répondu à une annonce, euh… voilà, « on cherche quelqu’un sur à la fois épauler la directrice et puis sur l’action culturelle », donc voilà j’ai postulé et ça a bien… ça a bien collé, avec la directrice. On travaille ensemble… Mais c’est surtout qu’il n’existait pas de service action culturelle, quand j’suis rentrée, et l’action cult… Ce service s’est développé quand… l’action culturelle s’est aussi développée dans les bibliothèques parisiennes.

Donc votre métier a évolué finalement ?

Tout à fait ! Complètement. Puis il a évolué aussi au sein de… cette structure mais aussi au sein… du travail des bibliothécaires puisque… l’action culturelle était pas très innée au départ chez les… dans les sections adulte, mais plutôt dans les sections jeunesse, euh… donc nous on a dû pousser, euh… l’action

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culturelle dans les sections… adulte. Pour vous dire, y a… une quinzaine d’années, y avait quoi une trentaine de bibliothèques qui faisaient de l’action culturelle en adulte, et maintenant y en a 60. Donc

vous voyez comment ça s’est développé. Et donc l’action culturelle était quand même plus littéraire que ce qu’elle n’est aujourd’hui. C’était vraiment du littéraire au départ, euh… on recevait… on faisait

beaucoup plus de rencontres avec des auteurs que… que maintenant. Voilà pour mon parcours rapide

hein, j’vous fais court parce que…

Et actuellement quelle serait votre représentation du métier de bibliothécaire ?

Alors la représentation, euh… bah un métier qui a énormément évolué hein ! Un métier qui était que sur du montage de collections et de prêt, et maintenant qui s’est complètement… développé, l’action culturelle fait partie intégrante de… de votre métier, euh… le numérique est rentré dans votre métier, et, euh… la… le… Comment on va dire ça ? C’qu’on appelle le tiers lieu, qui est… quand même assez récent aussi mais qui vous a fait aussi bouger dans vos… dans vos retranchements, dans vos codes de travail quoi, donc… Accueillir un autre public qui était différent que celui qui était : venir chercher ou juste emprunter ou juste étudier, bon, donc… Un lieu qui est beaucoup plus ouvert… Donc votre métier a vraiment changé en… j’sais pas, une dizaine d’années. Donc de fait nous aussi hein, on a dû nous aussi à Bibliocité… ben suivre ce changement, évoluer. Puis les lieux aussi ont énormément changé.

Nous à Paris on avait encore des bibliothèques dans les mairies, des petites bibliothèques qui étaient du

début du siècle, de l’autre siècle, euh… et maintenant on a des lieux qui sont ouverts, transversaux, où on peut… s’allonger sur des poufs, s’allonger par terre, bouquiner par terre… Y a des salles silencieuses, y a des salles bruyantes, ce qui n’existait pas forcément avant.

Ils essayent de diversifier…

Ouais. À la fois dans les bâtiments et dans… dans le cœur de votre métier. Alors après y a des petites… C’est dommage parce qu’à l’Enssib, y a de moins en moins de formations sur la… la littérature jeunesse, sur les sections jeunesse, c’est… c’est vu rapidement donc ça c’est dommage, parce que c’était une spécificité qui était… assez importante j’trouve… Y avait… ce découpage entre les adultes et la jeunesse qui est très bien.

À propos des publics encore. Quel rapport avez-vous au public ? Quelle connaissance en avez- vous ?

Alors on… on l’a moins que les bibliothécaires hein bien sûr puisque c’est les bibliothécaires, euh… Oui oui on essaye de travailler surtout sur Paris hein. Euh… y a quand même à ce jour plus de 70 bibliothèques, avec des arrondissements complètement différents, des territoires complètement différents, des bâtiments complètement différents, donc… on essaye de… d’appréhender ce public avec les… les informations des bibliothécaires, des gens du terrain, c’est vraiment les bibliothécaires qui sont quand même des gens du terrain. Et nous on essaye de… au maximum d’aller sur le terrain hein, voilà. Dès qu’on monte une animation avec une bibliothèque, on essaye d’aller sur le terrain. Voilà. Donc après… on appréhende le public avec les années quoi, parce qu’il y a des bibliothèques avec qui on travaille depuis plus de vingt ans, donc… on connait assez bien leurs… leurs problématiques. Et puis on travaille quand même aussi avec des directions de la ville de Paris comme « Politique de la ville » … Donc là

aussi on donne les codes et les clefs de tous ces publics. Vous parlez du « public » au pluriel.

Au pluriel ! Parce que y a un public adulte, un public jeunesse, un public transgénérationnel… un public

handicapé, on a quand même des pôles, euh… pour les sourds, les malentendants, des pôles pour les

mal voyants, les aveugles… Voilà, donc on a différents publics. Des actions menées en jeunesse ne sont pas forcément les mêmes que celles qui sont menées en adulte ou en publics familiaux, familial…

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Tout à fait ! Ouais ouais, des lieux et puis des publics, ouais ouais des lieux et des publics… Y a des

choses qu’on va faire dans le 5ème arrondissement qu’on pourra pas faire dans le 18ème, le 19ème… Voilà,

on aurait pas forcément le public, le lieu s’y prêterait pas forcément… voilà.

À cause de l’origine sociale des publics ?

Pas forcément ! Mais, euh… oui, puis des envies, j’crois y a des envies plus particulières dans certains…

quartiers que d’autres quoi. Et puis y a des bibliothèques qui ont des fonds spécifiques hein, comme…

je sais pas, là Duras se développe sur le numérique, d’autres ont des fonds Afrique et Maghreb, d’autres ont… dans le 16ème arrondissement le tourisme et le voyage… Donc voilà, on essaye de… de faire en

sorte que les… ces fonds vivent aussi et donc y a un public, si ces fonds existent c’est qu’y a un public dans cette bibliothèque et dans ce quartier quoi.

Et puis à Paris il y a aussi un public très… très cultivé…

Oui très cultivé et très gâté surtout. Voilà, par rapport… Ouais, voilà. Il est gâté… ah bah oui, par rapport à… si vous allez en région, alors je parle pas de la région parisienne parce que quand même c’est proche de Paris, mais quand vous allez en région, euh… l’équipement cul… les équipements culturels, ça va être le théâtre, le conservatoire… et la bibliothèque ! Quand y a un théâtre, mais sinon… ça peut être que le con… la bibliothèque ou le conservatoire ! À Paris, euh… vous avez une bibliothèque tous les 800 mètres ou… un kilomètre, donc déjà c’est pas mal, euh… des théâtres à foison, des musées… à ne plus quoi savoir en faire… des lieux culturels du type le CentQuatre, des lieux un peu

hybrides, euh… Donc oui, le Parisien est assez gâté. Il peut aller à la Fnac pour rencontrer des auteurs,

dans des librairies, en bibliothèque… Y a pas forcément tout ça en… en province, en région. Et même en… ouais, même en lointaine banlieue, en grande banlieue, ça peut être… plus compliqué.

Et dans cet environnement qu’on peut qualifier de concurrentiel, les bibliothèques ont-elles assez de visibilité ?

Non j’pense pas, pas assez. Non… pas assez. Vous y travaillez ?

Bah nous… oui nous on travaille là-dessus, parce qu’on a fait… depuis quelques années on a un

programme, hein, voilà, le En vue, qui est quand même tiré entre 32 000 et 35 000 exemplaires, il est pas que diffusé dans les bibliothèques, il est diffusé dans des mairies, dans des lieux culturels… type musées, librairies… théâtre, euh… Donc déjà avec cet outil on essaye de… de rendre visible, euh…

avec des campagnes de communication qui sont faites aussi par la ville de Paris, vous savez ces panneaux… qu’on appelle des panneaux Decaux, ‘fin qui vont plus s’appeler panneaux Decaux, mais… voilà, donc des flyers, un site, on essaye de rendre visible… Mais c’est vrai que… ce réseau, euh… je pense pas que tous les Parisiens savent que ce réseau existe, qu’il y a 74 lieux, qu’ils peuvent aller dans les 74 lieux, que… c’est gratuit… pour l’emprunt de livre, tout le monde le sait pas, j’pense pas, pas encore, pas assez. Donc voilà… la ville essaye de remédier à ça, il y a eu des campagnes de communication sur ce réseau, mais voilà c’est… Par rapport à certains théâtres ou certains musées… les budgets déjà sont moins… moins importants aussi.

Cette communication pourrait donc être améliorée ? Afin de toucher des publics…

Ben… surtout des publics qui ne vont pas forcément… qui poussent pas la porte des bibliothèques et estiment que c’est pas fait pour eux. Mais… c’est bien le contraire, c’est fait pour tous les publics, c’est vraiment… Si y a bien un lieu qui est fait pour tous les publics, euh… les bibliothèques, c’est bien le lieu pour.

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