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Efficacité des politiques de microfinance vis-à-vis du secteur bancaire

Section 3. Rôle des politiques de microfinance dans le renforcement de l’inclusion financière financière

3. Efficacité des politiques et programmes

3.2 Efficacité des politiques de microfinance vis-à-vis du secteur bancaire

Dans l’UMOA et au Niger en particulier, l’économie repose essentiellement sur le secteur agro-sylvo-pastoral. Ce dernier occupe 85% de la population active engagée dans les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) formelles et informelles et représente environ 41% du PIB et 41% des recettes d’exportations. Cependant ce secteur est seulement financé à hauteur de moins de 2% par le système financier formel. Cette situation pourrait être associée à une contre-performance du système financier et aura comme conséquence un « désencastrement » entre sphère réelle et sphère économique (Sossa, 2011)45 comme indiqué dans le tableau ci-après. Par ailleurs, « en

croisant les données de l’inclusion financière pour chaque pays avec d’autres variables telles que le pourcentage de la population rurale, la part de l’agriculture dans le PIB et la part de la population active travaillant dans l’agriculture. Il en ressort une corrélation négative entre l’accès aux services financiers et ces autres variables. Plus la contribution de la population rurale au produit intérieur brut et plus le pourcentage des actifs dans l’agriculture sont élevés, plus le taux d’inclusion financière est faible »

Des services de la microfinance tels que les groupements d’épargne et de crédit (GEC) ou MMDs, le warrantage et le financement rural sont des mécanismes par excellence d’inclusion financière et sociale des populations. Ces produits et services émergent progressivement dans le contexte Nigérien où il y a forte proportion des personnes à faible revenu (femmes et jeunes surtout) vivant en milieu rural. Ce sont des mécanismes qui représentent un moyen de financement plus adapté aux différentes

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catégories de la population exclue comparés au financement classique du secteur bancaire (tableau N°9).

En milieu rural et dans le secteur agro-sylvo-pastoral, le financement par la microfinance ou le financement rural des banques est mobilisé d’une part, pour lutter contre le chômage des jeunes et des femmes surtout, et d’autre part, pour la création de richesse dans l’économie. En effet, les PME/PMI qui représentent le maillon essentiel de la croissance économique, constituent un véritable angle d’attaque pour les politiques de microfinancement ou de financement rural. A cet égard, les autorités publiques doivent encourager l’entreprenariat et redynamiser les PME/PMI pour aboutir à une croissance inclusive et durable. Les données disponibles montrent que ces dernières représentent entre 80 à 95% des entreprises recensées (Commission UEMOA, 2012). Cependant elles accèdent difficilement aux financements, notamment aux crédits à moyen et long terme, ce qui limite leur contribution à la création de richesses. A titre illustratif, en moyenne 51% des crédits recensés à la centrale des risques sont portés par les 400 entreprises plus grosses consommatrices des crédits bancaires qui ne représentent que 1% du nombre de bénéficiaires (BCEAO, 2015). Or plusieurs études révèlent que les PME/PMI participent à la lutte contre la pauvreté et à une contribution notable à l’amélioration de la compétitivité d’un pays (Beck et al. 2006). C’est dans ce contexte que le dispositif de financement des PME/PMI a été adopté récemment dans les pays de l’UEMOA et entre en vigueur en janvier 2017.

Tableau N° 9: Poids par secteurs d’activités dans le PIB et répartitions des financements

bancaires et micro-financiers en 2015

Secteurs d’activités Poids

du secteur dans le PIB réel Financemen t par le secteur bancaire Financement par le secteur de la microfinance

Agriculture, sylviculture pêche 42,2% 1,1% 22,47%

Industrie extractive 4,28 3,0% 0,11%

Industrie manufacturière + eau, électricité, gaz 6,99% 10,8% 0,29%

Bâtiments travaux publics 2,46% 10,7% 1,26%

Transport et communication 6,35% 16,9% 1,01%

Commerce, restaurants, hôtels 11,86% 32,6% 41,41

Institutions financières et assurance 3,84% 4,9% 0,01%

Services fournis à la collectivité 3,92% 20% 33,44%46

Total 100% 100% 100%

Source : INS (pour le PIB) et BCEAO (pour les financements)

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Les informations contenues dans le tableau montrent clairement une performance du secteur de la microfinance par rapport au secteur bancaire. Les IMF affectent 22,47% de leurs crédits au financement du secteur agro-sylvo-pastoral, contre seulement 1,1% pour les banques. Même si en volume le financement de la microfinance est insignifiant vis-à-vis de celui des banques, la capacité de mettre 22,47% de son portefeuille de crédit à la disposition de l’agriculture est une grande différence qui démarque la microfinance du secteur bancaire en matière performance sur la contribution à la croissance économique. Ceci fait partie des exemples d’efficacité de certaines politiques de microfinancement mises en œuvre au sein de l’Union depuis plus de deux décennies. En définitive, plusieurs actions et programmes ont vu le jour dans l’UEMOA en vue d’élargir l’accès aux services financiers à toutes les couches de la population et d’en faciliter ainsi leurs usages. Le constat est que certaines de ces initiatives n’ont pas véritablement réussi ou presque échoué comme nous les avons mentionnés plus haut. D’autres ont par contre bien marché et ont permis d’avoir des impacts assez significatifs sur les conditions de vie des populations.

Conclusion Chapitre I

Dans ce premier chapitre, nous avons commencé par décrire dans un premier temps l’architecture du système financier de l’UMOA. Ainsi, deux blocs principaux caractérisent ce dernier.

Le secteur bancaire qui couvre les zones urbaines et servant la clientèle plus ou moins aisée et dont le nombre d’établissements passe de 112 en 2006 à 123 en 2016. Au sein de ce réseau bancaire figure un nombre important des groupes bancaires français qui avaient dominé le marché dans les années 80, avant de céder la place de leader aux groupes panafricains à capitaux privés.

Le secteur de la microfinance qui est en pleine croissance et qui couvre les milieux urbains et ruraux. Il compte 679 IMF à travers l’Union en 2015 contre 107 en 1993. Le nombre de bénéficiaires passe de 276.865 à 15.708.658 clients. La répartition du nombre des IMF par pays montre une disparité entre les pays de l’Union et aussi une différence dans l’évolution au niveau de chaque pays.

Nous avons également abordé la contribution de la microfinance à l’inclusion financière sous l’angle de la réglementation. Sur les 10 dernières années, le régulateur a appliqué plusieurs actions (renforcement de la supervision des SFD, et du cadre juridique) qui ont eu des impacts spécifiques sur l’assainissement du secteur,

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l’amélioration de la gouvernance et de la confiance du public, la modernisation de leurs activités, la protection des déposants, etc.

En troisième lieu nous avons analysé le rôle que les politiques et les programmes ont joué dans le renforcement de l’inclusion financière au niveau de l’UEMOA. Ces actions émanent à la fois des organismes étatiques ou des partenaires au développement. On peut citer à titre d’exemples les stratégies nationales de finance inclusive qui sont en cours de mise en œuvre, le dispositif de soutien au financement des PME/PMI dans l'UEMOA, la création des structures ministérielles de suivi des SFD, la création de la Banque Agricole du Niger, l'agence nationale de financement des collectivités territoriales (ANFICT), la stratégie de développement du secteur financier, etc.

L’impact de toutes ces reformes réglementaires et politiques adoptées pour accroitre l’inclusion financière dans l’UEMOA est parfois controversé. Ceci pourrait être attribué soit à la mauvaise compréhension du concept même de l’inclusion financière et de sa mesure, soit aux difficultés à connaitre ses déterminants afin d’emprunter le meilleur canal pour renforcer l’inclusion financière dans la zone.

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