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Effets de l’inclusion financière sur quelques variables économiques

Première édition envisagée

PAYS ASIATIQUES

3. Déterminants de l’inclusion financière : travaux théoriques et empiriques

3.2 Effets de l’inclusion financière sur quelques variables économiques

Nous allons évoquer quelques travaux relatifs à l’implication de l’inclusion financière (en lien avec la microfinance et le développement financier) sur la pauvreté (Paul, 2008). L’inclusion financière suscite actuellement beaucoup d’intérêt dans la littérature économique. Cependant, très peu de travaux sur ce thème ont été réalisés au niveau des pays de l’UEMOA. A notre connaissance, la problématique des déterminants de l’inclusion financière et son lien avec la pauvreté n’a fait l’objet d’aucune recherche empirique antérieure pour le Niger particulièrement.

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En 2012, le Fonds International du Développement Agricole (FIDA) en collaboration avec la FAO, la Coopération Italienne avec l’Etat du Niger, ont réalisé en une étude65 sur 3 régions du Niger. Elle est l’une des rares études réalisées sur les utilisateurs et non utilisateurs des services financiers en zone rurale. L’état des lieux a été fait au niveau macro, méso et micro. C’est au niveau « micro » que l’opération de collecte a été organisée sur un échantillon de 405 adultes dont 185 à Maradi, 120 à Tahoua et 100 à Zinder. Cette étude présente l’inconvénient de se pencher plus sur un diagnostic visant à établir un plan d’actions pour le programme d’intervention du FIDA au Niger. Elle aurait donné beaucoup plus d’éléments explicatifs de l’accès des ruraux aux services financiers à partir des données de l’enquête réalisée sur les populations des localités concernées.

BCEAO (2014) dans la note « la promotion de l'inclusion financière : le rôle des Banques Centrales » a identifié théoriquement « les relations qui pourraient exister entre

la promotion de l'inclusion financière, les investissements, le financement des économies, l'efficacité de la politique monétaire ainsi que la stabilité financière » (p.42). Ce qui

implique à cet égard le rôle que pouvait jouer les banques centrales dans la participation de l’inclusion financière à la réduction de la pauvreté ainsi que les inégalités de revenu (Beck et al., 2007 ; Jalilian et Kirkpatrick, 2005).

AfDB (2013) a publié un rapport synthétique « Financial Inclusion in Africa » à partir de plusieurs bases de données. Ce dernier mettait en évidence la capacité que dispose la téléphonie mobile pour inclure plus de personnes dans les rouages du système financier formel que le système bancaire conventionnel. Ainsi, huit (8) pays africains dont le Niger ont un taux de bancarisation largement en dessous du taux de pénétration des utilisateurs des services financiers via le téléphone mobile comme le montre le graphique ci-dessous.

65 Hoton et Hubert (2012), « Les systèmes financiers décentralisés et la finance rurale, mécanismes inclusifs de financement alternatif en zone agropastorale des régions de Tahoua, Maradi et Zinder ».

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Graphique N° 7 : Comparaison entre bancarisation et taux de pénétration de la

téléphonie mobile

Source : African Development Bank (AfDB) 2013, « Financial inclusion in Africa », page 108

Dans le rapport annuel de la zone franc (2013), il a été mis en évidence la contribution de l’usage des « produits financiers flexibles » à l’inclusion financière et à la réduction de la pauvreté dans les pays en développement. Le mécanisme consiste à lever les contraintes à l’accès et à l’usage des produits financiers qui constituent un obstacle au développement des activités génératrices de revenus. Dans le même sens, Esso (2005) fait ressortir que la finance a une influence significative sur les PIB par tête et que cette influence varie selon le pays et le type d’indicateur de développement financier considéré. Plusieurs autres auteurs ont mené des travaux empiriques pour aboutir à des résultats semblables. A titre d’exemples, Sin-Yu Ho et Odhiambo (2011) pour le cas de la Chine, et Jeanneney et Kpodar (2008) pour un groupe de pays.

Mbaye (2013) est l’un des rares auteurs qui a réalisé une étude empirique sur le lien direct entre la microfinance et la croissance économique. Pour le cas spécifique du Sénégal et sur la période 1980-2011, le « volume de l’encours de crédit des IMF » a une influence négative sur le taux de croissance du PIB. En considérant le long terme, ce dernier aurait des effets positifs sur la masse monétaire de l’année suivante, or cette dernière favorise la croissance de l’année en cours, ce qui laisse présager un « effet différé » de la microfinance. Le secteur bancaire doit soutenir celui de la microfinance afin de soutenir les financements des économies par ce canal.

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Keyo (2012)66 a mis en place une innovation dans les recherches empirique sur les liens entre secteur financier et croissance économique dans l’UEMOA. Il s’est intéressé au rôle des facteurs institutionnels dans la relation entre secteur financier et secteur réel pour six pays de l’UEMOA67. En effet, « la qualité de certaines institutions

conditionne le niveau d’approfondissement du système financier et sa capacité à contribuer significativement à la croissance » (p.9). Les résultats de cette étude stipulent

que « la bureaucratie, le contrôle de la corruption, la démocratie, le respect des lois et de

l’ordre et la stabilité du gouvernement sont les aspects de l’environnement institutionnel les plus déterminants pour le développement du secteur financier et la croissance dans l’UEMOA » (P.31).

Le niveau faible d’inclusion financière de l’Afrique Subsaharienne comparé à celui des autres pays en développement a été démontré par Beck et al. (2011). Même si des avancées positives au cours des dernières années ont été enregistrées sur les systèmes financiers, des millions d’africains n’ont pas toujours accès à des services financiers abordables.

Chibba (2009), a mis en évidence le lien entre l’inclusion financière, la réduction de la pauvreté et les OMD. En se basant sur les expériences d’un certain nombre de pays comme l'Inde, l'Afrique du Sud, le Mexique, etc., il a établi les grandes lignes des différentes connexions existantes entre ces trois facteurs. Il a distingué quarte facteurs fondamentaux visant à renforcer l’inclusion financière ainsi que le lien existant entre inclusion financière-réduction de la pauvreté-et OMD, à savoir : « le développement du

secteur privé (financier et non financier) ; l’éducation financière ; la microfinance ; le soutien du secteur public ».

CGAP (2012) appui les travaux selon lesquels la stabilité financière est assurée lorsque l’accès aux services financiers formels est élargi à une plus grande partie de la population. Trois éléments inter-liés entrent en ligne de compte quant à la gestion même de cette extension, il s’agit du cadre réglementaire, de la supervision, de la protection du consommateur et de l’intégrité financière.

En considérant l’inclusion financière comme un accomplissement ou une réalisation à un certain niveau, nous avons analysé les différentes approches pour mesurer ce niveau dans la présente section, ainsi que ses déterminants dans les deux

66 Lauréat de l’édition 2012 du prix Abdoulaye Fadiga de la BCEAO pour la promotion de la recherche économique dans l’UEMOA, organisée par la BCEAO

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sens. C’est-à-dire distinctement les effets sur l’inclusion financière et ses effets sur d’autres variables. Ce faisant, il sera opportun de nous intéresser à l’apport ou encore la contribution de la microfinance dans le niveau d’inclusion financière atteint par un pays.

Section 3. Contribution de la microfinance à l’inclusion financière: une revue de

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