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Chapitre III : Le Pérou et son système éducatif (1994-2004)

2. Le système éducatif

2.5 Efficacité de l’éducation de base

Taux brut de diplômés et pourcentage de redoublants

Tous les étudiants qui terminent l’éducation primaire ont la possibilité de poursuivre leurs études dans la filière secondaire qu’ils préfèrent, mais les choix sont orientés de manière prépondérante vers la filière secondaire scientifique-humaniste.

Les deux tableaux suivants montrent le taux brut de diplômés respectivement pour les niveaux d’éducation primaire et secondaire pour les deux dernières années de notre période d’étude. Le taux brut de diplômés est le nombre des diplômés, quel que soit leur âge, dans un niveau ou programme, exprimé en pourcentage de la population ayant l’âge officiel d’obtention du diplôme à ce niveau ou programme.

Pour le niveau primaire, le taux brut de diplômés reste stable entre 2003 et 2004. En termes de zones de résidence, le taux brut de diplômés est d’environ 78% en zone urbaine mais seulement de près de 53% en zone rurale, soit un écart de 25 points de pourcentage. Dans les deux zones de résidence, il y a peu d’écart entre les filles et les garçons. Par rapport au niveau de pauvreté, nous remarquons ici aussi un écart très marqué, puisque le taux brut de diplômés au niveau primaire diminue avec l’augmentation du niveau de pauvreté, en passant de plus de 80% pour la catégorie « non pauvre » à environ 65% pour la catégorie « pauvre », mais seulement 48% pour la catégorie « pauvre extrême ».

Tableau # 23 Tasa de conclusión, primaria (% del grupo de edades 12-13)

2003 2004

PERÚ 67.7 67.4

Área y sexo

Urbana 78.3 77.9

Femenino 79.8 78.8

Masculino 76.7 77.1

Rural 52.3 52.8

Femenino 52.5 52.5

Masculino 52.1 53.1

Nivel de pobreza

No pobre 83.5 81.1

Pobre 67.0 65.4

Pobre extremo 47.8 47.6

Source : Encuesta Nacional de Hogares del Instituto Nacional de Estadística e Informática.

Pour ce qui est du niveau de l’éducation secondaire pour les mêmes années (2003-2004), le taux brut de diplômés a diminué de quelques 2 points de pourcentage de 49% à 46,7%. Les pourcentages sont plus bas par rapport au niveau primaire avec des valeurs qui se situent autour de 50%, contre environ 70% pour le niveau primaire. Entre les zones urbaines et rurales, l’écart du taux brut de diplômés au niveau secondaire est flagrant en faveur des villes avec environ 40 points de pourcentage ou plus, par contre les filles ont un taux brut de diplômés plus élevé que les garçons dans la zone urbaine, mais moins élevé dans la zone rurale.

C’est-à-dire que ce sont les filles des zones rurales qui sont le plus désavantagées. Par rapport au niveau de pauvreté, ce sont toujours les pauvres extrêmes qui ont le taux brut de diplômés le plus bas, selon les chiffres pour les années 2003 et 2004. Enfin, ce tableau présente aussi le taux brut de diplômés par rapport à la langue maternelle des étudiants pour l’année 2004 et confirme les données que nous avons vues antérieurement : les élèves parlant une langue autochtone ont le taux quatre fois plus bas que les élèves hispanophones.

Tableau # 24 Tasa de conclusión, secundaria (% del grupo de edades 17-18)

2003 2004

PERÚ 49.0 46.7

Área y sexo

Urbana 61.0 61.2

Femenino 63.8 64.2

Masculino 58.5 58.1

Rural 21.3 18.5

Femenino 17.6 17.1

Masculino 24.4 19.7

Lengua materna

Castellano 54.2

Indígena 13.3

Nivel de pobreza

No pobre 64.0 62.1

Pobre 44.6 40.2

Pobre extremo 17.6 12.7

Source : Encuesta Nacional de Hogares del Instituto Nacional de Estadística e Informática.

Les deux tableaux suivants présentent le pourcentage de redoublants pour les niveaux primaire et secondaire entre 2000 et 2006, c’est-à-dire le nombre d'élèves inscrits dans la même année (ou niveau) d'études que l'année précédente, exprimé en pourcentage de l'ensemble des effectifs scolarisés dans l'année (ou niveau) d'études considérée.

La tendance de cet indicateur est à la baisse dans le niveau primaire, où il passe de 10,6% (2000) à 7,9% (2006). Cette diminution du pourcentage de redoublants est très contrastée quand nous regardons la variable croisée avec les zones de résidence où le parent pauvre est encore la campagne, c’est-à-dire que la tendance est toujours à la baisse, mais dans la zone rurale le pourcentage de redoublants est presque trois fois celui de la zone urbaine. Ce sont les filles en ville qui redoublent moins que les garçons, tandis que dans les zones rurales cet écart entre les filles et les garçons est très réduit, avec au maximum 0,3 point de pourcentage.

Tableau # 25 Porcentaje de repetidores, primaria, total (% de matrícula inicial)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Total 10.6 10.0 9.8 9.6 8.8 7.9

Área y sexo

Urbana 7.3 6.6 6.5 6.3 7.3 5.3

Femenino 7.1 6.3 6.2 6.0 7.1 5.0

Masculino 7.6 6.9 6.8 6.7 7.6 5.7

Rural 18.2 17.8 17.7 17.7 16.3 14.5

Femenino 18.3 17.8 17.7 17.6 16.2 14.5

Masculino 18.2 17.8 17.7 17.7 16.5 14.6

Source : Censo Escolar del Ministerio de Educación-Unidad de Estadística Educativa.

Pour les mêmes années, l’indicateur sur le redoublement pour le niveau d’éducation secondaire baisse très légèrement de 2000 à 2002, puis se maintient autour de 5% jusqu’en 2006. Par rapport à la zone de résidence, la différence est toujours en faveur de la ville, mais les écarts sont moins importants que dans le niveau d’éducation primaire. Les garçons ont un pourcentage de redoublants plus élevé que les filles, tant dans les zones urbaines que dans les zones rurales dans toutes les années de référence.

Tableau # 26 Porcentaje de repetidores, secundaria, total (% de matrícula inicial)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Total 5.2 4.7 4.9 4.9 5.0 5.0

Área y sexo

Urbana 4.8 4.4 4.5 4.5 4.5 4.7

Femenino 4.0 3.6 3.7 3.5 3.5 3.7

Masculino 5.6 5.2 5.3 5.4 5.5 5.8

Rural 9.6 7.7 8.0 8.8 8.6 7.4

Femenino 9.2 7.2 7.4 8.2 8.1 6.9

Masculino 9.9 8.0 8.5 9.3 9.0 7.8

Source : Censo Escolar del Ministerio de Educación-Unidad de Estadística Educativa.

Accès à l’éducation supérieure

Pour les dernières décennies, il n’y a pas de statistiques pour l’analyse du passage entre l’éducation secondaire et l’éducation supérieure. Pourtant on peut noter que le nombre de jeunes gens qui commencent chaque année des études supérieures a considérablement augmenté par rapport au total des élèves inscrits en 5e année de l’école secondaire : ce taux est passé de 41,1% à 75,3% de 1960 à 1993. Du total des étudiants commençant l’éducation supérieure, ce sont ceux qui entrent dans les instituts technologiques, pédagogiques et dans les écoles d’éducation artistique dont le nombre croît de manière la plus dynamique. En effet, après avoir représenté 22% en 1960, ils représentent, en 1993, presque 58% (BIE, 2001).

Pour accéder au niveau supérieur, l’étudiant doit obligatoirement passer des examens d’entrée élaborés par l’institution supérieure en question pour mesurer les aptitudes académiques et les connaissances. Depuis la fin des années 1990, certaines universités privées expérimentent une autre modalité d’évaluation qui tient compte des résultats académiques du candidat au niveau secondaire et de son développement durant un cycle initial.

Vexler et al. (2003) montrent que le taux d’entrée à l’université (sur la base du recensement de 1993) est de 11,3%. Autrement dit, sur 100 étudiants terminant la secondaire, 11 accèdent à l’université et 19,2% s’orientent vers l’éducation supérieure non universitaire. En conséquence, 30,5% parviennent à entreprendre des études supérieures.

Le tableau suivant montre le taux brut d’accès à l’enseignement supérieur pour la période de notre recherche. Le taux représente le nombre des nouveaux inscrits dans l’enseignement supérieur, quel que soit leur âge, exprimé en pourcentage de la population ayant l’âge officiel d’entrée dans ces programmes.

Ce taux se maintient entre 1998 et 2000 à environ 37%, puis descend en 2001 pour ensuite reprendre sa croissance jusqu’à 45,5% pour l’année 2004. Le même indicateur en lien

avec les zones de résidences maintient le même comportement, mais l’écart entre les zones urbaines et rurales est dramatique en faveur des villes. Par rapport au sexe, l’avantage relatif des femmes et des hommes varie selon les années, tant en zone urbaine qu’en zone rurale.

Enfin, par rapport au niveau de pauvreté, ce sont toujours les plus pauvres qui ont un taux brut d’accès à l’enseignement supérieur le plus bas, avec un écart flagrant et qui s’accroît durant la période couverte par notre étude, puisque par rapport au taux d’accès à l’enseignement supérieur des non-pauvres, il augmente régulièrement de 48 points de pourcentage en 1998 à 61 points de pourcentage en 2004.

Tableau # 27 Tasa bruta de matrícula, educación superior (% de población con edades 17-21)

1994 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Total 59.6 37.0 37.3 37.5 35.0 39.5 41.9 45.5

Área y sexo

Urbana 77.0 48.0 48.3 49.1 44.7 50.6 54.6 58.9 Femenino 77.4 43.2 45.6 55.3 43.5 52.4 57.6 56.9 Masculino 76.4 53.3 51.1 42.4 45.8 48.7 51.8 60.8 Rural 20.4 12.0 11.7 13.1 13.7 14.6 12.8 16.3 Femenino 16.6 13.7 14.2 14.4 13.5 13.5 13.5 14.3 Masculino 24.1 10.6 9.5 12.0 13.8 15.6 12.2 17.9 Nivel de pobreza

No Pobre 83.9 53.6 54.0 ... 56.8 63.8 65.5 67.6 Pobre 43.4 14.0 15.9 ... 17.6 21.3 21.8 23.8 Pobre Extremo 17.4 5.6 4.5 ... 2.8 6.0 5.8 6.6

Source : Encuesta Nacional de Hogares del Instituto Nacional de Estadística e Informática.

Performances scolaires au niveau national

Tout d’abord il est important de souligner avec Arregui (1994) qu’étant donnée la politique qui a été suivie, durant les années précédentes, d’élargissement de l’accès à l’éducation et d’accroissement du taux de couverture éducative, l’accent a été mis sur la quantité plutôt que sur la qualité de l’éducation. Selon l’unité de statistiques du MED, l’efficacité interne du système éducatif s’est clairement améliorée pour l’éducation primaire. En effet, les taux de promotion sont passés de 76,8% en 1990-91 à 81,1% en 1994-95. Mais des différences subsistent entre les taux de promotion des écoles publiques et privées. Le recensement scolaire de 1993 montre que les taux de redoublement et d’abandon de l’éducation primaire publique sont respectivement de 13,3% et 10,2%, alors qu’ils sont de 3,6% dans les deux cas pour l’éducation primaire privée (Ministerio de Educación, 1995).

La Banque mondiale le souligne dans une de ses études: « Le système scolaire péruvien montre une faible efficacité interne, qui s’exprime par des taux de redoublement élevés et de faibles taux de permanence de ses élèves, en plus d’un niveau de maîtrise des compétences de la part des étudiants qui ne correspond pas au nombre des années d’études ni au degré dans lequel ils sont inscrits » (Banque mondiale, 2000, cité par Bello, 2002).

Un des objectifs de la politique éducative de 1995 à 2000 était la mise en place d’un système national de mesure de la qualité éducative, comme nous le verrons plus loin dans cette étude.

Le Pérou a participé à des évaluations internationales dès 1997, avec la première Etude internationale comparative de langue, mathématiques et facteurs associés, dirigée par le Laboratoire latino-américain d’évaluation de la qualité éducative (LLECE), un projet du Bureau régional d’éducation pour l’Amérique latine et les Caraïbes (OREALC) de l’UNESCO.

Bello (2002) signale que la situation du Pérou parmi les derniers rangs de cette évaluation – aussi bien en langue qu’en mathématiques – et les différences de rendement marquées entre les étudiants de diverses couches (grande ville, zone urbaine et rurale, secteur public et privé) montrent que les enfants des secteurs les plus pauvres et vulnérables (l’école publique, en particulier en zone rurale), ne reçoivent pas une éducation qui correspond à leur droit fondamental à l’apprentissage de compétences culturelles essentielles.

Le Pérou a également participé depuis 2001 au Programme international d’évaluation des étudiants (PISA), également développé par l’OCDE. Cette évaluation se propose de rassembler des informations au sujet des connaissances et des compétences des jeunes de 15 ans en vue de leur pleine participation citoyenne et des défis posés par l’actuelle société de la connaissance. Dans le pays, 4’500 élèves provenant de 192 centres éducatifs de presque tous les départements ont été évalués. Selon le rapport préliminaire de Caro, Montané et Espinosa (2003), la situation est critique, surtout à cause de l’absence, dans le système péruvien, d’étudiants qui puissent devenir des leaders internationaux dans le monde actuel globalisé et la société de l’information. Si une telle élite existe au Pérou, elle est réduite et appartient aux groupes socio-économiques les plus favorisés.

Le rendement en lecture des étudiants des centres éducatifs privés est meilleur que celui des étudiants des centres éducatifs publics. Le problème de l’équité est concrètement bien marqué: 63% des étudiants du secteur privé, mais seulement 13% de ceux du secteur public, dominent au moins le deuxième niveau établi par PISA; 87% environ des étudiants des écoles publiques maîtrisent au maximum le niveau le plus bas, avec 62% en dessous du niveau 1 (Caro, Montané & Espinosa, 2003). Le graphique suivant montre le rendement dans ces diverses épreuves par rapport à la dépense publique en éducation par élève. Nous retrouvons le Pérou (PER) en dernière position en ce qui concerne les rendements combinés en lecture, mathématiques et sciences. La dépense par élève est parmi les moins élevées, juste devant l’Indonésie (IDN) qui a une dépense par élève plus basse mais des rendements plus élevés, sans toutefois arriver à la moyenne des pays de l’OCDE. En comparaison, les autres pays de la région latino-américaine (Argentine [ARG], Brésil [BRE], Chili [CHL] et Mexique [MEX]) montrent tous des niveaux de dépense par élèves plus élevés et des rendements plus élevés que le Pérou, mais aucun n’arrive à la moyenne des pays de l’OCDE.

Graphique # 11

Enfin, le tableau suivant donne les valeurs des principaux indicateurs éducatifs pour les quatre régions prises en compte dans notre étude, ainsi que pour l’ensemble du pays, pour 2003-2004. Il montre les grandes disparités entre le centre et la périphérie surtout en matière de ressources économiques pour l’éducation, où les régions sont clairement désavantagées par rapport à Lima, ainsi qu’en matière de rendement des élèves à la fin du niveau primaire et à la fin du niveau secondaire.

Tableau # 28 Pérou : principaux indicateurs éducatifs par région (2003/2004)

Indicateurs \ Région Cusco Loreto Lambayeque Lima métro. Pérou

PIB par habitant S/. (en soles) 2461 2973 3327 6464 4867

Taux pauvreté 58,6 67,2 46,3 33,7 52,2

Dépense par élève 697 828 704 1262 891

Accès éducation initiale (3-5 ans) 60,2 58,2 69,2 79,4 64,4

Accès éducation primaire (6-11 ans) 96,8 94,8 97,9 99,9 97,6

Accès éducation secondaire (12-16 ans) 88,9 88,3 83,5 92,0 87,7

Taux brut de diplômé niveau primaire 61,0 51,8 76,4 84,2 72,5

Rendement suffisant au 6° primaire en

communication 3,0 2,0 13,2 21,6 12,1

Rendement suffisant au 6° primaire en

mathématique 1,8 0,4 8,9 15,0 7,9

Taux de transition à l’enseignement

secondaire 88,5 81,1 92,3 97,4 91,0

Taux brut de diplômé niveau secondaire 45,7 35,4 50,1 69,1 51,3

Taux d'échec au niveau secondaire 8,4 17,3 7,6 9,5 9,8

Taux d’abandon au niveau secondaire 6,2 7,0 4,7 4,2 5,9

Rendement suffisant au 5° secondaire en

communication 6,6 5,5 11,6 13,2 9,8

Rendement suffisant au 5° secondaire en

mathématique 2,4 0,7 3,8 4,2 2,9

Taux d’analphabétisme 23,9 6,2 12,5 3,5 11,9

* La informacion sobre rendimiento estudiantil corresponde al departamento de Lima.

Source : MED-UMC http://www2.minedu.gob.pe/umc/perfiles_index.php

Au terme de ce survol d’un certain nombre d’indicateurs relatifs à la réalité socio-économique du pays et à son système éducatif, nous pouvons souligner les grandes disparités qui existent entre le centre et la périphérie, entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’en la population hispanophone et les populations autochtones. Dans les chapitres qui suivent nous allons nous attacher à analyser le discours de divers acteurs en relation avec le fonctionnement de ce système éducatif, d’abord sur la base de documents internationaux et nationaux relatifs aux politiques éducatives du Pérou pour la période de 1994 à 2004, puis à partir des entretiens réalisés avec des acteurs-décideurs, des acteurs-consultants ainsi que des directeurs d’établissements, des enseignants et des parents d’élèves.

II

EME

PARTIE : ANALYSE DE CONTENU THEMATIQUE ET CHRONOLOGIQUE DES TEXTES NORMATIFS

INTERNATIONAUX ET NATIONAUX RELATIFS AUX

REFORMES ETUDIEES