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ET DE L’EXPLICATION DES ACCIDENTS SUR LES COMPORTEMENTS DE SECURITE

Chapitre 7 : Effet des croyances sur l’explication des accidents et sur les comportements de sécurité (Etude 2)

3. Validation des échelles et résultats

3.1. Validation des échelles

3.1.4. Echelles de mesure de l’adhésion aux croyances et valeurs culturelles

Rappelons que l’adhésion aux croyances et valeurs culturelles est abordée ici sous deux aspects ; notamment l’importance accordée aux croyances et valeurs culturelles et la pratique des activités exprimant ces croyances et ces valeurs.

Echelle de mesure de l’importance accordée aux croyances et valeurs culturelles. Cette échelle est constituée initialement de 24 items, mais deux items aberrants sont

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supprimés. L’échelle globale validée comprend 22 items et présente une fiabilité très

satisfaisante (2 = .91). L’ACP révèle trois dimensions. La première dimension regroupe 11

croyances et valeurs culturelles en rapport avec la célébration et la protection de la vie (2 = .91). Exemples d’items de croyance : «une cérémonie traditionnelle à l’occasion de la

naissance des jumeaux dans sa famille» ou «le recours à des moyens de protection traditionnels pour se protéger des gens qui vous veulent du mal». La deuxième dimension

regroupe 6 croyances et valeurs culturelles liées à l’appartenance et l’identification au groupe

culturel (2 = .84). Exemples d’items de valeur: «être capable de comprendre sa langue

maternelle» ou «la fierté de son appartenance ethnique». La troisième dimension compte 5

croyances et valeurs qui expriment la manifestation de joie à l’occasion des évènements

heureux du groupe culturel (2 = .78). Exemples d’items : «une cérémonie de mariage

traditionnel» (valeur) ou «la fête à l'occasion d'une naissance (cérémonie communautaire de "voir bébé")» (croyance). Le score du participant est obtenu en faisant la moyenne des

réponses aux items de l’échelle globale ou de la sous-dimension. Plus le score est élevé, plus le participant accorde de l’importance aux valeurs culturelles.

Echelle de mesure de la pratique des activités exprimant des croyances et valeurs culturelles. Préalablement constituée de 24 activités culturelles, l’échelle présente 2 activités aberrantes révélées par l’ACP qui fait émerger trois dimensions. L’échelle finale validée est

constituée de 22 items (2 = .89) et se décline en trois dimensions : La première dimension

regroupe 11 activités culturelles qui expriment la célébration et la protection de la vie (2 = .89). Exemples d’items de croyance : «participer activement ou organiser une cérémonie

traditionnelle de purification dans sa famille (lavage d'un malheur, sacrifices sur les crânes des ancêtres) » ou «organiser ou participer à l'organisation des cérémonies traditionnelles après le décès d'un membre de sa famille (rites du veuvage, funérailles)». La deuxième

dimension regroupe 7 activités culturelles en rapport avec l’expression de l’identité et de

l’appartenance à un groupe culturel (2 = .74). Exemples d’items de valeur : «participer

activement aux activités de l'association des ressortissants de son village natal» ou «exprimer la fierté de son appartenance ethnique ». La troisième dimension regroupe 4 activités

culturelles organisées pour manifester la joie pendant des évènements heureux (2 = .84).

Exemples d’items : «organiser comme le prévoit la coutume une fête à l'occasion d'une

naissance ou y participer (cérémonie communautaire de "voir bébé") » (croyance) ou «se fiancer traditionnellement ou demander traditionnellement la main d'une fille pour un proche» (valeur). Le score du participant à l’échelle globale et à chaque sous-dimension est

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obtenu en faisant la moyenne des réponses aux items. Plus le score est élevé, plus le participant pratique fréquemment les activités culturelles. Les scores sont ensuite dichotomisés par rapport à la moyenne pour des besoins d’analyse.

3.1.5. Echelle de mesure des explications causales des accidents

L’échelle des explications causales des accidents compte 54 items et enregistre une

consistance interne globale très satisfaisante (2 = .92). Elle est constituée de trois dimensions

décelées à l’unanimité par les juges. La première compte 23 causes d’accidents internes aux

conducteurs (2 = .83) ; Exemples d’items : «stationnement dangereux » ou «conduite sans

permis de conduire». La deuxième est constituée de 6 causes internes aux piétons (2 = .74) ; Exemples d’items : «négligence des passages piétons par les piétons» ou «non respect des

feux tricolores par les piétons». La dernière est constituée de 25 causes externes aux piétons

et aux conducteurs (2 = .84) ; Exemples d’items : «insuffisance des passages piétons» ou

«carrefours sans signalisations ou mal signalés». Parmi les causes externes aux conducteurs

et aux piétons, les juges distinguent les causes contrôlables par une action humaine des causes

non contrôlables. On compte 18 causes contrôlables (2 = .77) ; Exemples d’items : «absence

des feux de signalisation» ou «pression des patrons des conducteurs, appât du gain effréné»

et 7 causes non contrôlables (1 = .81) ; Exemples d’items : «envoûtement» ou «malédiction».

Nous voulons savoir quelle place les comportements des conducteurs, les comportements des piétons et les causes externes aux deux, occupent dans les explications causales que les Camerounais fournissent pour les accidents routiers. De plus, lorsqu’ils soulignent le rôle des facteurs externes aux conducteurs et aux piétons dans la survenue des accidents, nous voulons savoir si ce sont des facteurs qui sont contrôlables par une action humaine ou non. Ainsi, trois types d’explications causales nous intéressent ici : les explications internes aux conducteurs, les explications internes aux piétons et les explications externes aux deux, suivant le degré de contrôlabilité par une action humaine. S’agissant des conducteurs et des piétons, un score d’internalité est calculé. Le score d’internalité du participant à chaque cible est obtenu en soustrayant la moyenne de ses réponses aux causes liées à cette cible de celle de ses réponses à toutes les autres causes de l’échelle. Par exemple, le score des explications causales internes aux conducteurs est obtenu en soustrayant la moyenne des réponses aux 23 causes internes aux conducteurs de celle des réponses à toutes les autres 31 causes (6 causes internes aux piétons et 25 causes externes aux conducteurs et aux piétons). Le calcul est différent pour le score des causes externes suivant le degré de

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contrôlabilité. Ce score est obtenu en soustrayant la moyenne des réponses aux 7 causes externes non contrôlables de celle des réponses aux 18 causes externes contrôlables. La répartition des causes dans les facteurs peut être consultée dans les annexes (Annexe 5).

Plus le score d’internalité à une cible (conducteur ou piéton) tend vers le pôle positif, plus les explications causales du participant sont internes à cette cible. Cela signifie que la moyenne des réponses aux causes liées à cette cible pour expliquer les accidents, est supérieure à celle des réponses liées aux causes qui relèvent de toutes les autres cibles réunies. Dans ce cas, le participant estimerait que les accidents routiers sont dus à des causes qui relèvent davantage de cette cible qu’à celles qui relèvent de toutes les autres cibles réunies. Par exemple, si le score d’un participant aux explications internes aux conducteurs tend vers le pôle positif, cela veut dire que pour ce participant, les accidents sont causés davantage par les comportements des conducteurs que par ceux des piétons et par des causes externes aux conducteurs et aux piétons.

Plus le score d’internalité tend vers le pôle négatif, plus les explications causales du participant sont externes à cette cible. Cela signifie que la moyenne des réponses aux causes qui relèvent de toutes les autres cibles réunies, est supérieure à celle des réponses aux causes liées à cette cible. Par conséquent, le participant estimerait que les accidents routiers sont dus à des causes qui relèvent davantage de toutes les autres cibles réunies qu’à celles qui relèvent de la cible concernée.

Si ce score est nul, cela voudrait dire que les explications ne sont ni internes, ni externes à cette cible. Par conséquent, le participant estimerait que les accidents routiers sont dus à des causes qui relèvent autant de toutes les autres cibles qu’à des causes qui relèvent de la cible concernée.

Plus le score des explications causales externes tend vers le pôle positif, plus les explications causales du participant sont externes et non contrôlables. Cela signifie que le participant estime que les accidents sont dus davantage à des causes externes aux conducteurs et aux piétons qui échappent au contrôle humain qu’à des causes externes aux deux qui peuvent être modifiées par une action humaine.

Plus le score des explications causales externes tend vers le pôle négatif, plus les explications causales du participant sont externes et contrôlables. Cela signifie que le participant estime que les accidents sont dus davantage à des causes externes aux conducteurs et aux piétons, susceptibles d’être modifiées par une action humaine qu’à des causes qui échappent au contrôle humain.

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Il est important de noter que si un participant explique les accidents par des causes majoritairement externes à la cible à laquelle il s’identifie et occulte ou néglige les causes internes à sa cible d’identification, on dira qu’il fournit des explications causales défensives. Par exemple, si un piéton explique les accidents majoritairement par des causes externes aux piétons et sous-estime les causes internes aux piétons, alors ses explications causales seront considérées comme défensives.