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Chapitre 2 : Cadre de recueil des données

2.2 Modalité de recueil de données

2.2.2 Les données d’auto-confrontation

Nous présentons en suivant d’une part les modalités d’organisation des entretiens d’autoconfrontation et, d’autre part, la procédure adoptée pour la réalisation des entretiens d’autoconfrontation.

2.2.2.1 Organisation des entretiens d’autoconfrontation

A l’issue de chacun des temps constitutifs du dispositif de formation, l’EN1, l’EN2 et l’EN3 ont été invités à réaliser un entretien d’autoconfrontation avec le chercheur.

Les enseignants novices ont réalisé un entretien d’autoconfrontation 1 à la suite de chaque leçon et un entretien d’autoconfrotation 2 à la suite de chaque entretien de conseil pédagogique (ECP).

Les entretiens d’autoconfrontation ne portaient pas sur la totalité de l’enregistrement audio-vidéo des séquences de formation ou de classe. En

début d’EAC le chercheur et les enseignants novices autoconfrontés sélectionnaient ensemble les différentes séquences supports à l’autoconfrontation. Pour ce faire, il était conventionnellement convenu que chaque EAC dure entre une heure et une heure trente minutes, et prenne appui sur deux à trois séquences d’une durée totale comprise entre 15 et 20 minutes.

Chaque EAC a été réalisé avec l’aide d’une caméra numérique, positionnée sur pied fixe enregistrant en continu, d'une part, la diffusion de l'enregistrement audio vidéo du temps de la formation des enseignants novices sur un écran d’ordinateur et, d'autre part, les verbalisations de l’enseignant novice autoconfronté et du chercheur. Durant chaque EAC, le chercheur et l’enseignant novice pouvaient arrêter l’enregistrement audio-vidéo et revenir en arrière en fonction du caractère significatif des évènements visionnés.

Figure 4: enregistrement vidéo d’une EAC avec l’EN3

2.2.2.2 Procédure adoptée lors des entretiens d’autoconfrontation

Pour l’ensemble des EAC menés, une procédure identique a été respectée.

Au préalable, le choix des séquences audio-vidéo supports aux entretiens d’autoconfrontation a été réalisé en fonction de leur pertinence au regard des règles faisant l’objet du conseil. Ainsi, à chaque EAC1 et EAC2, les enseignants novices et le chercheur ont sélectionné collectivement les extraits les plus significatifs de la leçon ou de l’ECP au regard des règles objets de formation et des préoccupations des enseignants novices. Il s’agissait plus précisément de retenir les extraits au cours desquels les règles avaient été enseignées et/ou expliquées en entretien de conseils pédagogiques ou au cours desquels elles avaient été suivies en leçon. Compte tenu de la multiplicité des données enregistrées, une sélection a été réalisée sur la base de plusieurs critères avant de s’engager dans les entretiens d’autoconfrontation :

Pour les EAC1 :

- La nature de l’activité des acteurs pendant la séquence : les séquences retenues étaient celles au cours desquelles l’enseignant novice était impliqué ;

- L’objet des séquences retenues était celui visant à instruire le chercheur sur le questionnement de ce dernier et/ou grâce à un étayage approfondi de la part de l’enseignant novice, mais aussi celles où l’enseignant novice faisait part de ses préoccupations à propos d’une action en cours, de son activité d’enseignement ou faisait référence à des conseils apportés par son tuteur ;

- L’intérêt de la séquence par rapport au suivi des règles enseignées, expliquées et/ou suivies dans la formation et son intérêt par rapport aux préoccupations de l’enseignant novice à propos de son activité

d’enseignant durant sa première année de stage.

Pour les EAC2 :

- La nature de l’activité des acteurs pendant la séquence : les séquences retenues étaient celles au cours desquelles au moins un des acteurs était impliqué ;

- L’objet de la discussion entre les acteurs : les séquences sélectionnées portaient sur un temps d’échange entre les acteurs à propos d’une règle objet de la formation ou d’une préoccupation spécifique de l’enseignant novice à propos d’une règle, d’une action ou de son activité d’enseignement. Elles portaient, de manière plus spécifique sur les activités de conseil des formateurs (tuteur et parrain) et sur les réactions de l’enseignant novice face aux conseils proposés par les formateurs.

- L’intérêt de la séquence par rapport au suivi des règles enseignées, expliquées et/ou suivies dans la formation et son intérêt par rapport aux préoccupations de l’enseignant novice à propos de son activité d’enseignant durant sa première année de stage.

Avant chaque EAC (1 et 2), le chercheur décrivait à l’acteur concerné le déroulement de l’entretien (par exemple : « nous allons regarder ta première activité d’enseignement, je vais te poser quelques questions sur ce que tu fais et ce que tu en penses, puis nous pourrons en parler. Tu peux arrêter la vidéo quand tu le souhaites, si quelque chose te paraît important, ou si quelque chose est significatif pour toi à un moment donné, n’hésites pas à stopper la vidéo »).

L’entretien d’autoconfrontation, c’est-à-dire le moment où le chercheur se fait instruire par les enseignants novices à partir d’un enregistrement de pratique de classe ou d’entretien de conseil

enregistré par le chercheur sous forme audio-vidéo. L’originalité de l’entretien d’autoconfrontation réside dans le fait qu’il implique une façon particulière d’analyser et de penser collectivement le travail et l’activité humaine et plus largement, les rapports humains. De manière plus générale, l’entretien d’autoconfrontation encourage l’explicitation spontanée, mais également la modification des représentations existantes et l’inférence de nouvelles représentations (Mollo et Falzon, 2004).

L’entretien d’autoconfrontation constitue également une activité de type méta (activité sur l’activité) qui propose de produire du sens (par le biais du discours) à partir de ce qui est observé. Tout en incitant les enseignants novices à réfléchir à une situation en vue d’améliorer leurs pratiques, l’entretien d’autoconfrontation les amène à se décentrer de leur propre activité.

Lors de chaque entretien d’autoconfrontation, l’objectif du chercheur était la remise en situation des acteurs en provoquant les conditions d’une immersion mimétique dans la situation d’enseignement travail et/ou de formation observée (Durand, 2008). L’enjeu était pour le chercheur de demander à l’acteur autoconfronté de suspendre toute analyse de son expérience. Plus précisément, le chercheur a pu accéder aux critères d’intelligibilité de l’activité de l’acteur « en se faisant instruire » par lui sur la signification de son activité visionnée. Dans le détail, les EAC ont été conduites de façon à pouvoir reconstituer a posteriori les règles suivies par les acteurs en cours des séquences de formation et/ou de classe et de pouvoir se ressaisir des conseils proposés par le collectif. Par un questionnement semi-structuré, le chercheur incitait l’acteur interviewé à :

- Identifier l’objet de son activité visionnée sur la vidéo (par exemple : « Qu’est-ce que tu fais à ce moment-là ? »)

- Porter un jugement sur son activité (par exemple : « Comment

juges-tu l’action que tu viens de réaliser ? Qu’est-ce que tu penses de cette remarque ? ») et l’objet qui y était associé (par exemple : « Quand tu dis : « Ce n’est pas clair ». Qu’est-ce que tu estimes efficace ? »).

- Justifier (au sens d’étayer) son jugement (par exemple : « Qu’est-ce qui te fait dire que le conseil que l’on te donne n’est pas pertinent ?

»). Cette demande de justification s’est accompagnée le plus souvent de relances. Celles-ci ont été effectuées soit par une demande de précision (par exemple : « Je ne comprends pas pourquoi tu considères cette action comme intéressante, peux-tu m’expliquer ? »), soit par la mise en jeu d’une controverse plaçant l’acteur autoconfronté face à des contradictions apparentes (par exemple : « Tu me dis là que c’est plutôt bien de séparer l’enseignement et la présentation de la situation alors que tu disais juste avant que c’est à cause de cette séparation que tu as perdu trop de temps ») ;

- Décrire les résultats potentiellement attendus compte tenu de l’activité menée (par exemple : « Qu’est-ce que tu attends quand tu lui poses cette question ? ».