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Les documents supports de la mobilisation et du débat

Entre aussi dans la catégorie des objets relationnels toute une série de documents comme les diagnostics de territoire, les enquêtes, les analyses (d’image, de

fréquentation, de besoin, etc.) d’experts qui collectent des données, les synthèses, les évaluations. En effet, dans cette grammaire, l’intérêt de ces documents ne réside pas

uniquement dans leur contenu mais aussi et surtout dans le débat et les associations ou contacts qu’ils suscitent lors de leur construction (quand l’expert ou l’animateur associe les acteurs locaux à l’analyse) et leur restitution : « Les enquêtes, les temps de restitution et les débats qui en découlent permettent d’établir des contacts avec de

nouveaux partenaires, à qui sont proposées de nouvelles hypothèses de travail »450.

Ces documents, quand ils sont bien utilisés par les animateurs du territoire, servent de support aux débats, enrichissent les échanges et permettent d’identifier et/ou mobiliser de nouveaux partenaires. En clair, ils contribuent, de par l’échange et la confrontation qu’ils permettent, à créer et renforcer le partenariat. « Le diagnostic ne sera suivi de décisions que si les élus, les socioprofessionnels, les responsables administratifs et associatifs et tous les acteurs qui le souhaitent, y participent et se l’approprient. A cet effet, les temps de « consultation », de « restitution » et de « confrontation » prévus dans le guide sont essentiels. Ils contribuent à créer un partenariat privilégié entre le territoire et les décideurs des autres niveaux (Etat,

Région,…) qui s’engagent à mettre en oeuvre le futur projet de développement »451.

Pour permettre au maximum de partenaires potentiels de s’associer à la démarche et de participer à l’échange sur et autour du projet, ces documents doivent présenter un certain nombre de qualités. La première qualité qui garantit au document sa fonction relationnelle et qui en fait donc un instrument de la grandeur dans cette cité, c’est son caractère public. L’accès à l’information est libre pour tout partenaire établi ou potentiel : le réseau n’est pas fermé. La circulation de l’information garantit la qualité de la confrontation entre partenaires : « Pour […] assurer le succès [de la phase de

450 Source : LEADER, Op. Cit., 1994, (1), p. 6. 451

confrontation des acteurs aux conclusions du diagnostic], c’est à dire un réel débat suivi d’une prise de décisions, il est indispensable de munir les participants d’une information commune présentée avec clarté »452. De plus, le document, dont les conclusions doivent être diffusées par les médias locaux, permet de toucher, d’entrer en contact avec les

acteurs locaux, les forces vives et susciter chez eux identification (au projet), participation, engagement (dans la démarche), adhésion et discussion (ces documents

leur sont soumis). La diffusion de ce type de documents fonctionne comme un dispositif de recrutement (qui encourage l’implication et la participation) de partenaires pour le projet : « En effet, un des objectifs importants de la phase de diagnostic est de communiquer avec la population concernée sur les travaux qui sont menés et sur les conclusions qui en ressortent. […] Il est souhaitable que des communications provisoires (par voie de presse, au cours de réunions thématiques ou de réunions-débats plus larges, etc.) soient périodiquement organisées et accompagnées d’appels à contribution. Ceci ne peut qu’enrichir l’analyse et permet en outre d’utiliser l’élaboration du diagnostic comme une occasion privilégiée d’impliquer les acteurs

locaux dans la démarche »453. La propagation de l’information sur le territoire et le

projet doit aussi passer par la mise en scène et l’exposition au public de documents tels que les chartes de territoire lors d’événements symboliques et festifs454 parfois créés pour l’occasion (la fête de pays). De fait, « l’apport de technique de communication et d’animation culturelle est alors indispensable pour traduire le projet et les actions en des

formes et des termes appropriables455 par tous »456. De manière plus générale, les

moyens de communication (comme les medias locaux457, les lettres et les réunions

452 Source : Mazel (O.), Vazard (P.), Werner (K.), Op. Cit., p. 45. 453 Source : LEADER, Op. Cit., 1994 (1), p. 14.

454 « Les expositions, foires et manifestations diverses sont l’occasion de recueillir les avis de la population locale et d’établir des contacts qui pourront ensuite être entretenus. Elles doivent être

accessibles aux habitants, se dérouler en des lieux et moments appropriés. [Elles] sont d’excellentes

occasions de faire connaître un projet, au moyen d’une exposition et/ou d’une conférence débat. Certains GAL prennent eux-mêmes l’initiative d’organiser de telles manifestations […] » (source : LEADER, Op.

Cit., 1993, p. 18).

455 « Dans sa phase d’émergence, un pays pâtit d’un déficit de notoriété évident qui menace d’en faire un lieu d’initiés. Les enjeux abordés peuvent s’avérer complexes, techniques, parfois abscons pour le grand public. Il est par conséquent d’autant plus impératif de mettre sur pied un véritable dispositif de « décodage », en mobilisant le cas échéant le conseil de développement comme démultiplicateur d’information » (source : Portier (N.), Op. Cit., p. 47).

456 Source : Gorgeu (Y.), Jenkins (C.), Op. Cit., p. 238.

457 Il s’agit « d’associer les medias locaux et régionaux (presse, radio, télé) » au partenariat (source : Mazel (O.), Vazard (P.), Werner (K.), Op. Cit., p. 50).

d’information, la création d’un journal de pays, etc.458) qui permettent la circulation d’information (dans les deux sens, des animateurs vers la population mais aussi de la population vers les animateurs459) et l’extension du partenariat font partie des objets qui comptent dans cette grammaire car ils créent et entretiennent des relations et des connexions. « Des moyens d’information doivent donc être prévus (journal, lettres,…) et des débats publics organisés (réunions cantonales ou par secteurs, participation à

l’Assemblée Générale d’associations diverses, etc.) »460. La maîtrise de leur usage

(techniques de communication, capacité à créer des événements pour faire partager l’information) fait partie de l’équipement du grand. Mais l’animateur utilise ces techniques afin de propager des informations et en recueillir (notamment sur les besoins et les désirs des habitants du territoire) et non, comme dans la cité de l’opinion, afin d’entretenir une image ou une réputation.

Mais un document pour encourager et susciter l’engagement et le débat autour du projet doit aussi être pédagogique ou didactique. Les bases et les informations qu’il fournit pour le débat doivent être compréhensibles, les situations clarifiées et

synthétisées, les problèmes visualisés sur des cartes et schémas plutôt qu’exprimés dans

de longs développements, le tout afin de susciter l’intérêt et la participation de tous les partenaires pertinents (y compris les moins familiarisés avec les études dirigées par des experts). Ainsi, « le plan [qui permet de visualiser les différents projets] ne doit pas être trop chargé pour être lisible et pédagogique »461. Au bilan, le diagnostic de territoire constitue donc, comme les enquêtes et autres synthèses, « un document de débat pour le

territoire, synthétique, visuel et accessible »462.

458 B. Leurquin cite aussi comme moyens de diffusion « les réunions publiques par village » et « la publication d’un document remis dans chaque foyer » ainsi que « les délibérations de conseils municipaux » (source Leurquin (B.), Op. Cit., p. 88).Pour N. Portier, « tout est à imaginer sur place afin de définir les lieux de médiation et les relais d’information les plus pertinents pour mettre un territoire en mouvement : états généraux de pays ouvert à tous, bulletins mensuels ou trimestriels, négociations d’une

page dans le presse locale, enquête de besoin auprès de la population, large diffusion de la charte sous forme de plaquette synthétique, réunions d’informations dans les communes ou les bourgs centres, forums électroniques de discussion… » (source : Portier (N.), Op. Cit., p. 47).

459 Dans la GDT, le média est d’autant plus valorisé qu’il permet l’échange et l’interactivité. 460 Source : Gorgeu (Y.), Jenkins (C.), Op. Cit., p. 238.

461 Source : Gorgeu (Y.), Jenkins (C.), Op. Cit., p. 160. 462

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