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Introduction de la deuxième Partie

Chapitre 1. Bref aperçu historique sur la gestion de l'eau potable en Tunisie

2. La période contemporaine : à partir des années 1860 jusqu'à l'Indépendance

2.1. Une diversité des modes de gestion

Motivés par des stratégies politiques74, les beys de Tunisie avaient entrepris au milieu du dix-neuvième siècle des multiples réformes pour la modernisation du pays. La ville de Tunis avait connu en cette période un large programme de construction d'infrastructures modernes : adduction en eau, voirie et routes, éclairage public… Pour réaliser ce vaste programme, le gouvernement faisait appel à toutes formes de financement : augmentation des impôts,

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Comme on sait, la région du Maghreb a connu des profondes mutations politiques dans les années trente du dix-neuvième siècle avec la conquête d'Alger en 1830 par la France et l'affirmation de l'autorité Turque sur Tripoli en 1835. Pour protéger leur pays des menaces extérieures, les beys de Tunisie ont tenté de moderniser le pays en entreprenant des réformes et en s'ouvrant au monde occidental. Pour une ample description de l'environnement politique de l'époque dans la région et son influence sur la vie politique et économique en Tunisie, se référer à l'ouvrage de Paul Sebag :"Tunis: Histoire d'une ville" – Paris, l'Harmattan - 1998.

négociation d'emprunts étrangers,… La participation du secteur privé n'était pas oubliée. Bien au contraire, elle devenait une source principale pour le financement des infrastructures à la fin du siècle passé. Comme nous pouvons le voir dans le tableau suivant, quasiment tous les services publics étaient concernés : transport ferroviaire, services portuaires, éclairage public, service de l'eau potable, etc. Aussi, la durée des contrats de concession était-elle importante. Elle variait de 50 à 99 ans. Ce qui témoigne, au delà bien évidemment de la nécessité d'avoir des périodes longues pour assurer le retour sur l'investissement, de la confiance accordée à ce mode de gestion et à son efficacité75.

Tableau 5 : Tableau chronologique des concessions des travaux publics accordés en Tunisie au 1er janvier 1900

Dates des décrets d'approbation

Nature de la concession Durée (années)

23 Août 1871, 8 Avril 1872,

30 Octobre 1876 Lignes du réseau Tunis-Goulette-Marsa 99 15 Avril 1872, 11 Avril 1884 Eclairage au gaz de Tunis 50 6 Mai 1876 Réseau garanti de la Compagnie Bône Guelma 99 20 Décembre 1880 et

10 Septembre 1894

Réseau tunisien de la Compagnie Bône Guelma (Exploitation)

(Le capital de construction étant fourni par le Gouvernement Tunisien)

99

7 Mai 1884 Port de Tabarka et voie ferrée de Nefza (Non Suivie d'exécution) 99 7 Mai 1884 Port du Cap Serrat et voie ferrée affluente

(Non Suivie d'exécution) 99

14 Novembre 1884 et

23 Avril 1891 Eaux de Tunis et banlieue 50

22 Novembre 1885 Port de Gabès Non fixée

21 Mars 1886 Réseau belge de Tramways de Tunis 70

18 Décembre 1886 Eclairage de gaz de la Goulette 50

27 Décembre 1890 Port de Bizerte 75

12 Avril 1894 Ports de Tunis, Sousse et Sfax 47

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N'oublions pas aussi que les concessions constituaient une entrée pour les entreprises françaises dans le marché tunisien, d'où leur fort développement après l'instauration du protectorat en 1881.

Dates des décrets d'approbation

Nature de la concession Durée (années)

17 Février 1895 Eaux de Bizerte 70

20 Août 1896 Chemin de fer de Sfax à Gafsa (Compagnie

des phosphates de Gafsa) 60

24 Novembre 1896 Réseau français des Tramways de Tunis 60

Source DGTP76, 1900

Le service de l'eau potable n'était pas en marge de cette orientation pour les concessions privées, ce qui semblait être une nécessitée financière plus qu'un choix. La majorité des villes qui bénéficiait au début du vingtième siècle d'un service d'eau potable avait concédé sa gestion à des compagnies privées. Quatre principales villes disposaient à proprement parler d’un service de l’eau potable tel que nous l’entendons aujourd’hui. C'est-à-dire un service qui comprend des infrastructures de transfert de la ressource, des réservoirs de stockage et un réseau de distribution à l’intérieur de la ville par branchements individuels ou bornes fontaines. Les autres villes et villages, à l'exception des villes et centres miniers, continuaient à être approvisionnés à partir des citernes et des puits privés. Les villes et centres miniers bénéficiaient en revanche d'un service d'eau potable mis à la disposition de la population par les entreprises minières.

En dépit du nombre limité des villes qui disposaient d'un service d'eau, les modes de gestion étaient richement diversifiées. Nous retrouvons la régie directe, la gestion par l'administration des Habous77, et aussi des concessions par des entreprises privées, qu'elles aient le service d'eau comme activité principale ou qu'elles le regroupent avec d'autres activités.

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Direction Générale des Travaux Publics.

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L'administration des Habous est chargée de la gestion des biens "habous" publics. Ces derniers désignent les biens fonciers ou immobiliers dont le statut juridique est immobilisé sous la volonté des propriétaires et dont les revenus sont employés pour l'intérêt général. Nous reviendrons plus loin sur cette administration pour expliciter ses particularités.

Les modes de gestion du service de l'eau potable étaient également dynamiques. Ils évoluaient dans les temps aussi bien avec les contraintes intrinsèques au service qu'avec les développements des contextes sociopolitiques. C'est ainsi que le service de certaines villes qui était géré par des régies directes avait évolué vers des concessions privées par exemple.

Nous tentons dans la suite de l'analyse de retracer l'évolution des services de l'eau potable dans les principales villes tunisiennes en nous attachant à la compréhension des processus de la mise en place des modèles de gestion et leur dynamique. Nous commencerons par la capitale Tunis et nous poursuivrons ensuite la description des services des autres villes en les traitant dans un ordre décroissant de la population

2.2. Le service de l'eau potable de la capitale Tunis : le

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