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Dessalement des eaux de mer pour l'augmentation de la capacité de production

service de l'eau potable : fondements et limites

3. Le programme d'investissement de la SONEDE dans le 11ème plan

3.4. Dessalement des eaux de mer pour l'augmentation de la capacité de production

3.4.1 Dessalement des eaux de mer à Jerba

Afin de répondre aux besoins en eau de l'île de Jerba à l'horizon 2025, la SONEDE a prévu la construction d'une station de dessalement de l'eau de mer. La station aura une capacité de production de 50 000 m3/jour, soit un volume annuel de 18,25 millions de m3/an. Elle sera construite grâce à un apport de fonds privés sous forme de concession. Cette expérience de participation du secteur privé est considérée comme expérience-pilote qui pourrait être renouvelée si elle donne satisfaction.

Actuellement, le district de Jerba enregistre une consommation de 10,8 millions de m3/an dont 43 % revient à l'usage touristique contre 49 % à l'usage domestique. Le coût de revient de l'eau dans le district est estimé à 786 millimes/m3. Ce coût élevé s'explique par le recours au dessalement d'eau saumâtre au niveau des unités de traitement de Jerba et de Zarzis dont le volume de production représente environ 40% du volume total produit dans le district. Les gros consommateurs payent de ce fait un tarif très proche du coût de revient, laissant ainsi une marge très faible pour les subventions inter-usages.

Tableau 18 : Coût de production et de revient205 pour le district de Jerba

District Volume vendu (1000 m3) Coût moyen de production /m3 Coût moyen de revient /m3 Coût moyen facturé /m3 Résultat analytique de gestion (DT) Jerba 10 786 398 786 656 - 1 106 196 Source : SONEDE, 2008b 205

Le rapport de la comptabilité analytique (SONEDE, 2008b) présente le montant global des coûts de production par district. Pour le ramener au m3 nous avons considéré ici les volumes vendus et donc facturés et non pas aux volumes produits.

Le coût de production d'un mètre cube d'eau de mer dessalé pour une station d'une capacité de l'ordre de celle prévue à Jerba se situerait autour de 0,6 $/m3, soit 840 millimes/m3. Le coût de revient du m3 d'eau dans l'île de Jerba, qui doit comprendre le coût de la mobilisation de la ressource et le coût de la distribution en plus du coût de dessalement, sera nettement supérieur au tarif le pus élevé de la grille appliqué aux gros consommateurs. Rappelons que ce tarif est égal à 840 millimes. La subvention inter-usages débouchera à un effet adverse où les usagers touristiques de l'île de Jerba se verront bénéficier de subventions sur leur facture d'eau…

3.4.2 Dessalement des eaux de mer à Zarat

Une deuxième station de dessalement d'eau de mer est aussi prévue dans le cadre du 11ème plan. Les eaux produites seront destinées aux districts de Gabes, Médenine et Tataouine. Cette station sera implantée à Zarat dans le gouvernorat de Gabès et aura une capacité identique à celle prévue pour l'île de Jerba. En revanche, la SONEDE ne souhaitant pas se lancer dans une deuxième expérience de concession privée dans l'immédiat avant d'évaluer l'expérience pilote de la station de Jerba, a choisi de recourir à des emprunts pour la construction de la station de Zarat.

Le volume annuel vendu dans les trois districts de Gabes, Médenine et Tataouine s'est élevé en 2007 à 33,8 millions de m3. Le volume d'eau annuel prévu d'être produit par dessalement sera de 18,25 millions de m3/an, soit environ 54 % du volume vendu actuellement. Selon la répartition de la consommation actuelle, plus que 30 % de l'eau est destinée à l'usage industriel. Pour le seul district de Gabès, les industriels emploient plus que 41 % des eaux distribuées.

Tableau 19 : Répartition de la consommation par usage dans les districts de Gabès, Médenine et Tataouine

Usage Gabès Médenine Tataouine Moyenne

Domestique 51 % 74 % 82 % 57 %

Industrie 41 % 3 % 2 % 31 %

Tourisme 0 % 7 % 1 % 2 %

Collectif 8 % 16 % 15 % 10 %

Source : SONEDE, 2008b

Le coût de revient pour le district de Médenine s'élève à 1345 millimes. Ce coût dépasse largement les prix de vente, y compris celui pour les gros consommateurs. Ce qui explique le déficit important dans les comptes de gestion de ce district tel qu'indiqué dans le tableau suivant. Le district de Tataouine connaît une situation semblable : coût de revient presque équivalent au tarif le plus élevé de la grille engendrant des déficits dans les comptes de gestion du district. Il est vrai que la grande part de la consommation dans ces districts est destinée à l'usage domestique. Nous pouvons donc dire qu'il serait justifiable de supporter la charge élevée de la distribution de l'eau dans ces districts à l'ensemble du pays et de la répartir sur l'ensemble des usagers. Encore faut-il déterminer les bénéficiaires exacts de cette répartition. Les tarifs faibles appliqués aux tranches à basse consommation bénéficient t-ils aux ménages à revenus modestes uniquement? Sinon, quelles seraient les proportions de ces ménages? Le système tarifaire semble augmenter trop la pression sur les tarifs des gros consommateurs alors qu'elle peut être atténuée en ciblant mieux les subventions.

Tableau 20 : Coût de production de revient206 pour les trois districts de Gabès, Médenine et Tataouine District Volume vendu (1000 m3) Coût moyen de production /m3 Coût moyen de revient /m3 Coût moyen facturé /m3 Résultat analytique de gestion (DT) Gabès 22 082 175 452 554 2 450 172 Médenine 8 318 519 1 345 525 - 6 600 880 Tataouine 3 431 210 801 467 - 1 227 854 Total / Moyenne 33 832 263 707 538 -5 378 562 Source : SONEDE, 2008b

Pour le district de Gabès, dont plus que 40% de la consommation est destinée à l'usage industriel, le coût de production est évalué à 175 millimes. Il est vrai que plus de 91 % de l'eau destinée à l'usage industriel est consommée par les trois principaux consommateurs de cette catégorie, à savoir les industries chimiques de Gabes (ICM1, ICM3 et SAEPA). L'eau est délivrée à ces consommateurs dans son état brut. La station de dessalement d'eau de mer ne desservira donc pas les industries chimiques de Gabès qui continueront à s'approvisionner des eaux brutes des forages. Cependant, le recours aux eaux de mer est devenu nécessaire du fait que l'ensemble des besoins en eau dans la région, y compris les besoins industriels, dépasse les ressources conventionnelles disponibles. Le surcoût engendré par le dessalement de l'eau de mer est en conséquence imputable à l'usage industriel même si ce dernier n'en bénéficie pas directement. Nous retrouvons ainsi le même paradoxe que celui décrit pour le cas de l'île de Jerba, à savoir que le tarif de vente pour les gros consommateurs serait inférieur au coût de revient. Ce sont les industriels dans ce cas qui bénéficieront d'une subvention sur leur facture.

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Le rapport de la comptabilité analytique (SONEDE, 2008b) présente le montant global des coûts de production par district. Pour le ramener au m3 nous avons considéré ici les volumes vendus et donc facturés et non pas aux volumes produits.

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