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5.1.1 Cadre narratif de Fictif

Le cadre narratif de Fictif (Français Informatique Conçu grâce aux Technologies de l’Information et de la Fiction) est le suivant : les étudiants conçoivent une formation en informatique, fictive, pour un public imaginaire d’étudiants francophones (français, belges, africains, etc.), matérialisée par un site Internet qu’ils créent. Le scénario s’articule autour de trois projets complémentaires qui se jouent simultanément – notés Module 1, 2 ou 3 sur la plateforme car le terme de « module » est fréquemment utilisé dans l’institution et connu des étudiants. En voici un schéma.

139 Figure 1 – Schéma global de Fictif.

Dans le projet 1, les étudiants se transforment en professeurs d’informatique. Ils choisissent collectivement une formation, font une veille pédagogique, montent un programme sommaire, se répartissent les cours à concevoir. Chacun conçoit un cours filmé de type diaporama. Les contenus et la forme (la bibliographie pour préparer le cours, les diapositives, le discours) doivent être validés par un pair choisi. Ce projet se clôt par la conception collective, en grand groupe, du site web de l’université fictive.

Dans le projet 2, inspiré de Cultura (Furstenberg, Levet, English, & Maillet, 2001), les professeurs imaginaires cherchent à comprendre le public issu de divers pays francophones auquel les cours fictifs sont destinés. Ainsi, les étudiants vietnamiens de l’IFI interagissent avec des étudiants camerounais, belges, français via un forum, sur cinq grands thèmes tels que : « Qu’est-ce qu’un bon professeur ? » ou encore « Qu’est-ce qu’une personne bien élevée ? ». Les tâches individuelles alternent avec des tâches collectives en petit et en grand groupe. La finalité de ce projet est que les étudiants réussissent à prendre conscience de la spécificité de chaque culture et de ses implicites en les amenant, par exemple, à faire

140 apparaître des ressemblances, des différences entre les étudiants vietnamiens, camerounais, etc.

Dans le dernier projet, les professeurs, soucieux de parfaire leur maîtrise du français, résolvent des énigmes linguistiques en petit groupe et en temps limité. Les travaux de chaque groupe sont présentés à la communauté, chaque groupe élit ensuite l’analyse qu’il juge la meilleure en justifiant son choix. À titre d’exemple, la première énigme porte sur la détermination : « Pourquoi utilise-t-on dans ces cinq exemples le déterminant « le » (ou « la » ou « les » ou « l’ ») ? Qu’est-ce que ce déterminant apporte comme signification ? ». La pratique réflexive sur les langues – le français essentiellement mais aussi, le vietnamien et lorsque cela est opportun, l’anglais – induite par ces énigmes, s’effectue dans les forums où les étudiants communiquent leurs réflexions, complètent celles d’un pair, expriment leur désaccord, traduisent, comparent, synthétisent les échanges et les communiquent à l’ensemble de la communauté. Quelques concepts comme l’énonciateur, le co-énonciateur, la modalisation, le sujet grammatical, le moment d’énonciation, le temps de l’énoncé, l’aspect, etc.) sont des concepts linguistiques que les étudiants peuvent s’approprier progressivement pour la résolution des énigmes.

5.1.2 Ergonomie de Fictif

Sur la plateforme Moodle, une charte graphique et une interface communes aux trois projets ont été proposées pour la FAD Fictif afin d’offrir des repères et de stabiliser l’utilisation des outils. Seule une image en haut à droite diffère pour chacun des modules. Ces images font écho au cadre narratif, à la création de l’université imaginaire (projet 1), à la compréhension interculturelle (projet 2) et à l’univers de la réflexion (projet 3). Ces images contribuent à la sémiotisation de l’apprentissage (Guichon, 2006) et doivent être utiles à l’étudiant pour se repérer rapidement entre chacun des trois modules. À titre d’exemple, voici l’interface d’un des trois projets, le projet 3.

141 Figure 2 – Interface du projet 3.

Parmi les nombreuses fonctions proposées par la plateforme Moodle, seules quelques-unes ont été conservées : dans la barre de gauche, un bloc « menu » a été créé afin de permettre la navigation entre les projets (notés « modules » sur la plateforme), l’accès à la boîte à outils, à une assistance technique ou à un forum destiné aux conversations informelles, « café étudiant » ; un bloc « calendrier » indique le début d’une tâche et la date à laquelle elle doit être terminée et chaque événement renvoie par un hyperlien à la consigne de la tâche située dans l’espace commun central. Dans la barre de droite, les utilisateurs en ligne présents sur la plateforme sont indiqués et un bloc « Personne » renvoie au répertoire des participants de la FAD où une photo et un texte de présentation de chaque personne inscrite sur Fictif est accessible par un hyperlien. Une dernière fonction « Activités récentes » permet de visualiser d’un coup d’œil, les messages des forums non lus ou les mises à jour faites par le tuteur.

L’espace central se départage en trois espaces, un espace commun à tous les étudiants et au tuteur où figurent un « guide du module » avec les consignes et la grille d’évaluation, « les ressources » et « les activités de la classe » (forum et clavardage communs à l’ensemble des

142 apprenants) ; un espace « Notre groupe », qui est l’espace de collaboration des petits groupes de quatre étudiants, doté d’un forum et d’un clavardage accessibles au groupe et au tuteur ; un espace personnel, accessible à l’étudiant uniquement et dans lequel il est possible de déposer des fichiers.

5.1.3 Les consignes

Les consignes, organisées selon une logique hypertextuelle, présentent l’information selon trois plans : un premier niveau d’information affiché en permanence où apparaît l’architecture globale du scénario (les activités numérotées et dotées d’un titre, la grille d’évaluation, les ressources, les outils de communication) ; un deuxième niveau accessible en cliquant qui permet d’accéder à la consigne de chaque activité, à la ressource (l’énigme à résoudre et les énoncés à analyser par exemple), et un troisième niveau sous forme de fenêtres ponctuelles (pop-up window en anglais), accessibles en cliquant également, qui présentent la consigne par un canal différent, sous forme de schéma et en format audio en vietnamien. Ces fenêtres ponctuelles, qui s’affichent en parallèle de la deuxième page principale, ne surchargent pas la page principale. En effet, la première fenêtre propose un schéma de l’activité et en offre une vue d’ensemble. Quant à la deuxième fenêtre, une traduction sonore dans la L1 des étudiants, son but, outre celui d’assurer une compréhension maximale de la consigne, est d’aider notre public à s’affranchir du tuteur dans un objectif de responsabilisation déjà évoqué. Le recours au vietnamien dans la consigne sonore indique également que la L1 a une place dans la FAD et qu’y avoir recours peut être utile dans certaines situations.

Pour les consignes, chaque activité comporte un titre et cinq parties (voir l’exemple de consigne, extrait de Fictif, figure 3, p. 143 ) : « Tâche » (en petit groupe, en grand groupe ou individuelle) indique la production attendue ; « Durée » (durée estimée pour la réalisation – et non le nombre de jours dont les étudiants disposent pour la réalisation – donne un ordre de grandeur du travail à accomplir ; la rubrique « Comment faire » ? explique brièvement comment procéder pour réaliser la tâche, quel outil utiliser pour sa réalisation et où déposer la production collective ; « Comment êtes-vous évalués » ? indique le nombre de points pour la tâche et renvoie par un hyperlien au détail de la grille d’évaluation, qui indique plus précisément les critères de qualité attendus et oriente le processus de réalisation de même que la production. Enfin, une partie « Recommandations », donnée de façon non systématique, propose des consignes de collaboration et des conseils dans l’utilisation de tel ou tel outil.

143 Figure 3 – Exemple de consigne d’une activité.

Outre la présentation des consignes, la clarté de leur formulation est essentielle. Les phrases y sont courtes autant que possible, et le vocabulaire choisi tente d’être compréhensible des étudiants sans recours à un dictionnaire. Bien que le mode impératif puisse exprimer une position de supériorité dans la consigne plus forte que l’infinitif et puisse sembler plus abrupt, il a été choisi car il permet une interlocution plus explicite. En effet, dans Fictif, le tuteur a une fonction d’étayage et il ne participe pas aux activités aux côtés des étudiants. Or, une consigne au mode infinitif pourrait donner l’impression que le tuteur est partie prenante dans l’activité.

5.2 Informations générales sur le