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Description du corpus

1. Rapport méthodologique

1.4. Description du corpus

Les quatre sites servant de points d'entrée ont d'abord été explorés de manière ponctuelle (entre le 19 et le 21 décembre 2011) grâce à des requêtes sur les mots-clés suivants : link, hyperlink, linking, hypertext. Un passage en revue manuel des résultats (en lisant les titres et les chapeaux) a permis de conserver les articles pertinents, c'est-à-dire ceux qui traitent principalement de la problématique des liens dans le journalisme en ligne.

Cette première récolte m'a permis d'engranger entre 10 et 20 articles pertinents par points d'entrée21

.

J'ai ensuite suivi les liens mentionnés dans ces articles. Quand un lien menait vers un autre contenu appartenant au domaine, ce contenu a été ajouté au corpus, et les liens qu'il contient à leur tour suivis. Le corpus est ensuite continuellement alimenté et mis à jour par une veille des ressources identifiées, via leurs flux RSS.

EXEMPLE DE TRAVERSÉE DOCUMENTAIRE

Les requêtes sur base de mots clés ont permis d’accéder à la revue de presse hebdomadaire de Mark Coddington sur le Nieman Journalism Lab (intitulée « This week in review »), qui constitue une ressource précieuse au sujet de l'actualité du journalisme en ligne et des conversations qui animent le milieu américain des experts en journalisme en ligne : elle figure parmi les ressources que j'ai continué à surveiller, après les premières phases de récolte, grâce aux flux RSS.

La revue de presse du 18 janvier 2013 [Coddington 2013]22 aborde, entre autres, le scandale d'une fausse information largement relayée dans la presse sportive américaine. Parmi les commentaires sur cette affaire, Mark Coddington pointe un billet de blog de Steve Buttry (journaliste et formateur spécialisé dans le journalisme en ligne), intitulé « Linking and checklists could have prevented journalists from Manti Te'o 'girlfriend' hoax embarrassment » [Buttry 2013b]

Ce billet de blog propose également des liens : notamment vers une autre intervention de Steve Buttry lui-même (« 4 reasons why linking is good journalism ; 2 reasons why linking is good business", publié le 7 février 2012 [Buttry 2013a]), qui pointe à son tour vers un article publié en 2008 par Buttry sur le site de l'American Press Institute (le contenu n'est plus disponible en ligne, mais Buttry republie l'article sur son blog [Buttry 2008]), vers un billet de Buttry à propos du SEO (datant de novembre 2011 [Buttry 2011a]), et un autre billet l'importance de l'attribution correcte (octobre 2011 [Buttry 2011b]).

Tous ces contenus proposent également des liens externes pertinents, qui sont ajoutés au corpus :

- « Why journalists need to link », par Felix Salmon, sur le blog de Reuters [Salmon 2012]

- « Is linking just polite, or is it a core value of journalism? » Par Mathew Ingram sur le site GigaOm [Ingram 2012a]

- « Why link out? Four journalistic purposes of the noble hyperlink" par Jonathan Stray en juin 2010 sur le Nieman Journalism Lab [Stray 2010b] - Deux articles de Yoni Greenbaum sur son blog "Editor on the verge", : "Same old content doesn't cut it for online readers", "Don't let your lack of time hurt your readers" [Greenbaum 2008a, 2008b]

- La série d'articles de Scott Karp sur le "journalisme de liens", publiés sur son blog Publishing 2.0 en 2008 [Karp2008a-g] qui cite notamment l'article de Jeff Jarvis "Cover what you do best and link to the rest" [Jarvis 2007]

Au final, 301 documents produits entre 1997 et 2013 constituent le corpus (voire liste en annexe). Il n'échappe pas à un certain effet de masse qui bénéficie aux publications choisies comme points d'entrée puisqu’un peu moins de 30 % des documents du corpus

proviennent de ces sites — qui sont aussi, par leur raison d'être, les plus prolixes sur le sujet. Le corpus est majoritairement américain avec quelques incursions dans des publications britanniques, et 40 documents en français.

Au final, le corpus présente une certaine diversité : les documents proviennent de 107 sites distincts, sont signés par 166 auteurs différents.

EXEMPLE DE TRAVERSÉE DOCUMENTAIRE : SAISIR LES DISCOURS FRANCOPHONES Damien Van Achter est une des personnes de références désignées par les journalistes avec lesquels je me suis entretenue. L’exploration de son site personnel (davanac.me) grâce à des mots-clés (« liens », « journalisme de liens », « hyperlien », « link ») permet de retrouver plusieurs chroniques et articles pertinents, qui contiennent des liens vers d’autres ressources : - [Van Achter 2007] « Cover what you do best. Link to the rest » (26 février 2007) signale et commente un élément central du corpus anglo-saxon, c’est-à-dire le billet de blog où Jeff Jarvis inaugure son célèbre slogan [Jarvis 2007].

- [Van Achter 2008a] « L’agrégateur des fous à lier est en ligne. » (29 novembre 2008) signale l’initiative française de « journalisme de liens » aaaliens et ses participants qui se révèleront être, pour beaucoup d’entre eux, des acteurs importants des milieux du journalisme en ligne français, qui produisent notamment des discours pertinents pour le corpus rassemblé ici : Benoît Raphaël, Cédric Motte, Johan Hufnagel, Philippe Couve, Narvic. - [Van Achter 2009] « Apture rend possible un journalisme "Rich Media" & collaboratif » (1er mars 2009) mentionne le logiciel Apture — autour duquel se cristallise plusieurs conversations dans les milieux anglo-saxons — et cite les interventions d’autres experts, Philippe Gammaire et Alain Joannès. En explorant ces ressources, j’en découvre de nouvelles :

- [Gammaire 2009] cite le blogueur Narvic, qui a publié de nombreux billets à propos du journalisme de liens [Narvic 2008a-e]

- [Joannès 2009] évoque des médias américains qui utilisent le logiciel Apture. Les commentaires de ce billet contiennent notamment une

intervention de Marc Mentré, dont le blog Media Trend constitue également une ressource pertinente [Mentré 2010]

1.5. Analyse

Les textes récoltés ont été annotés manuellement pour préciser leurs contextes d'apparition dans une approche qualifiée par Paillé & Muchielli (2008, p. 99) d'« analyse qualitative par contextualisation ». Il s’agit de « faire surgir le sens » d’un élément d’un corpus en le mettant en rapport avec « différents contextes constitutifs de différents environnements dans lesquels il s’insère » (Paillé & Mucchielli, 2008, p. 99). J’ai donc tenté de contextualiser chaque document du corpus en déterminant qui parle et à quel titre, en

reconstituant la chronologie des événements et en rassemblant les documents qui traitent de mêmes sujets et de mêmes controverses. Ce travail de rapprochement en contexte permet de repérer des nœuds conversationnels, c’est-à-dire des moments où les controverses se cristallisent autour de sujets, d’événements, de polémiques ou d’acteurs. Il donne lieu à un compte-rendu chronologique, exposé en détail ci-après (chapitre VI.A.1). Ensuite, pour compléter ce point de vue essentiellement chronologique, j’ai mené une analyse thématique (chapitre VI.A.2), c’est-à-dire la « transposition d’un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du contenu analysé et ce, en rapport avec l’orientation de recherche (la problématique) » (Paillé & Mucchielli, 2008, p. 161). Cette analyse a donc été guidée par la question de recherche identifiée plus haut : quelle place occupent les liens dans l’imaginaire journalistique ?

Cette question s’opérationnalise d’abord dans le repérage des registres d’arguments (positifs ou négatifs) associés aux liens. Il s’agit, d’une part, de repérer les arguments explicitant pourquoi les journalistes pourraient vouloir ajouter des liens aux contenus qu’ils produisent et, d’autre part, ceux qui précisent a contrario pourquoi les journalistes pourraient ne pas vouloir ajouter de liens aux contenus qu’ils produisent.

L’analyse est également guidée par une piste identifiée dans la problématisation du lien comme « technologie de l’esprit » : le lien hypertexte est un objet fondamentalement hybride (une technique et une métaphore) dont l’histoire montre qu’il matérialise les influences croisées de plusieurs mondes sociaux — mondes informatiques, utopies documentaires. L’analyse porte donc une attention particulière aux traces des intersections entre ces mondes sociaux et celui du journalisme.

L’analyse thématique a été réalisée à l’aide de TamsAnalyser, un logiciel d’analyse qualitative assistée par ordinateur qui permet d’annoter un corpus de manière réflexive (Lejeune, 2007).