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Description des effets spéciaux dans les films d’action

Dans le document L'imaginaire des arts martiaux dans le cinéma (Page 180-185)

Partie III – Analyse et interprétation

Chapitre 6 : Les agencements sonores, matériels et spatiaux

6.5 Effets spéciaux

6.5.2 Description des effets spéciaux dans les films d’action

Tableau 23 : Les effets spéciaux dans les films d’action

Descriptions Scènes

Coups de feu et explosions : (balles à blanc), (ricochet des balles sur des surfaces solides).

MMS, SH Briser du verre : (verre en sucre : vitres de bâtisses et objets de verre). MMS Cascades : (chutes), (meubles qui se brisent lorsque les personnes chutent dessus), (encaisser de multiples frappes ou impacts).

MMS, SW1, MI2 Blessures par maquillage et trucage : (faux sang), (peau lacérée par un impact),

(blessures par balles), (ecchymose), (transpercer un corps avec un sabre laser), (pourfendre un homme en deux).

MMS, SW1, MI2

Défier la gravité : (câbles de soutien pour maintenir les corps dans les airs), (saut avec câble pour permettre plus de fluidité aux déplacements durant le combat, toutefois sans exagération comme dans les films de kung fu, plus dans le sens d’une amélioration des capacités physiques de combat, une sorte de rehaussement de l’esthétique), (bonds et sauts prolongés avec des câbles pour donner un effet de pouvoirs spéciaux, mais surtout une maîtrise exceptionnelle de l’environnement et de leurs corps).

TMR, SW1

Jeu de lumière : (donner un effet d’illumination par la vision lumineuse d’une matrice informatique, le personnage apparaît de couleur or, comme s’il irradiait de pureté, de plus il est assis en position du lotus), (les sabres lasers semblent puissants et des boules de lumière sont provoquées lorsqu’ils s’entrechoquent).

TMR, SW1

Ralenti donne de l’importance à un acte que fait ou subit le personnage : (permet d’apprécier les esquives, les mouvements de transition et l’échange des frappes), (les frappes spectaculaires sont marquées par des ralentis, ainsi que l’expression des visages), (le ralenti sert à montrer les cibles et leur stratégie d’application durant la réflexion du personnage).

TMR, MI2, SH

Expressions de la magie : (les Jedis sont capables de déplacer des objets par la

pensée). SW1

Modifications corporelles : (des yeux jaunes, la peau rouge et des cornes rappellent

l’image du diable ou du malin). SW1

Contrairement aux scènes analysées des films d’arts martiaux, celles des films d’action contiennent toutes des effets spéciaux. Toutefois, cette différence n’est redevable qu’au fait qu’il n’y a qu’une scène analysée par film d’action, alors qu’il y a beaucoup plus de scènes et de films pris en compte pour le genre « arts martiaux ». Les films d’action font également usage d’une multitude de types d’effets spéciaux.

155 Certains types d’effets spéciaux demeurent identiques à ceux utilisés dans les films d’arts martiaux. Par exemple, les coups de feu et explosions sont créés avec les mêmes techniques et servent la même fonction. Il en va de même pour les cascades et les mutilations.

En ce qui concerne les effets spéciaux qui permettent aux personnages de défier la gravité, les réalisateurs de films d’action empruntent les mêmes méthodes pour certaines scènes. Par exemple, l’utilisation des câbles est évidente dans le film The Matrix

Reloaded (2003). Les personnages exécutent des combats où les corps se déplacent dans

les airs. Les câbles permettent plus de fluidité aux déplacements durant le combat et améliorent les capacités physiques de combat. L’effet recherché est de montrer une maîtrise exceptionnelle de l’environnement et des corps dans l’espace, toujours selon des standards artistiques et esthétiques. Cette utilisation est similaire à celle faite dans les films d’arts martiaux.

Les jeux de lumière sont aussi présents dans les films d’action. Dans le film The Matrix

Reloaded (2003), le héros voit le monde sous la forme d’une matrice informatique

illuminée de couleur verte. Le héros remarque un personnage qui apparaît de la couleur or, comme s’il irradiait de pureté, de plus, il est assis en position du lotus, tel un bouddha qui a atteint l’illumination. Cet effet spécial est modelé par ordinateur, non seulement pour véhiculer des images semblables aux clichés d’arts martiaux, mais pour créer un parallèle clair de signification. Ensuite, dans le film Star Wars : Episode I – The Phantom

Menace (1999) les sabres lasers sont créés par des effets spéciaux. La luminosité des

sabres et leurs sons donnent une apparence de puissance. De plus, des boules de lumière sont provoquées lorsqu’ils s’entrechoquent.

Comme pour les films d’arts martiaux, les effets de ralenti donnent de l’importance à un acte lors d’une scène et font ressortir des éléments bien précis. Par exemple, dans The

Matrix Reloaded (2003), les effets de ralenti sont très exploités. Ils permettent

d’apprécier les esquives, les mouvements de transition et l’échange des frappes. Dans

Mission : Impossible 2 (2000), les frappes spectaculaires sont marquées par des ralentis,

ainsi que l’expression des visages. Dans Sherlock Holmes (2009), le ralenti sert à montrer les cibles de frappe et la stratégie d’application durant la réflexion du personnage. Toutes ces utilisations de ralenti se rapportent fidèlement aux usages qui en sont faits dans les films d’arts martiaux.

Dans les films d’action, l’expression de la magie passe également par les effets spéciaux. Une forme d’expression magique est celle de l’utilisation de gestes incantatoires pour maîtriser l’environnement. Par exemple, dans le film Star Wars : Episode I – The

Phantom Menace (1999), les Jedis sont capables de déplacer des objets grâce à une force

éthérique. Les gestes de concentration leur permettent d’activer cette force. Une autre forme de magie s’exprime par la révélation du caractère surnaturel d’un personnage. L’apparence fantastique est modelée grâce aux effets spéciaux. Les modifications corporelles singularisent et identifient les personnages. Par exemple, dans le film Star

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cornes rappellent l’image du diable. Habituellement, ce genre de personnage possède des pouvoirs surnaturels, ce qui est le cas ici. Bref, ces deux formes d’expression de la magie ressemblent à celles décrite pour les films d’arts martiaux.

Conclusion du chapitre 6

Les agencements sonores, matériels et spatiaux modèlent la manière de montrer une réalité cinématographique. Ces éléments orientent la perception des spectateurs en contrôlant certaines variables : la musique et les sons, les prises de vue et jeux de caméra, les périodes de la journée et la température, les décors, ainsi que les effets spéciaux. La musique et les sons possèdent la même fonction dans les films d’arts martiaux et les films d’action. Comme pour une grande majorité de films, ils sont les révélateurs des émotions vécues par les personnages. Grâce à eux, il est possible de distinguer les héros des antagonistes. La plupart des musiques sont originales et composées pour suivre les fluctuations et les aléas de l’action. Le climax est atteint à la fin des récits, surtout lors des affrontements finaux. Néanmoins, certains films empruntent des pièces musicales autant aux sphères de la musique populaire que de la musique classique. Notons que les éléments mystiques qui apparaissent dans les récits sont souvent accompagnés de musiques orientales. De plus, des musiques amusantes, dignes de dessins animés, viennent parfois dédramatiser le sérieux ou le tragique de certaines scènes. Enfin, certains mouvements et les impacts de frappes sont mis en évidence et rehaussés par l’ajout de sons et de bruits.

Comme pour la musique, il n’y a pas de différence entre les prises de vue et les jeux de caméra des films d’arts martiaux et ceux des films d’action. Les vues d’ensemble, les vues en plongée et les plans-séquences servent à l’appréciation esthétique et artistique des environnements et des corps en mouvement. Les scènes de combat sont ponctuées d’alternances entre les plans rapprochés et généraux. De plus, divers angles de vue et les répétitions de séquences contribuent aux techniques de caméra qui permettent aux spectateurs d’avoir l’impression d’être dans l’action. L’une des techniques qui attisent le fantasme de l’imaginaire des arts martiaux est celle qui montre les ombres des personnages qui réalisent un combat. L’usage des ombres est un classique cinématographique du genre arts martiaux repris par les films d’action. Filmer les visages des personnages qui assistent aux déroulements des combats dans les récits est nécessaire pour indiquer les émotions à partager avec les spectateurs.

Généralement, la température reflète les émotions des personnages. Ce principe est vrai autant pour les films d’arts martiaux que pour les films d’action. Par exemple, la tristesse, la mort et le malheur sont marqués par du mauvais temps, un dénouement heureux ou l’aboutissement d’une réalisation est souligné par un temps ensoleillé, le mysticisme ambiant correspond à un temps brumeux, etc. Le summum du rapport entre le personnage et la température est la capacité de contrôler les éléments de la nature. Cette capacité exprime simultanément une volonté d’imposer un état émotif au monde. Il s’agit, en fait,

157 d’un sentiment de puissance qui découle d’un besoin de contrôle sur les événements. L’utilisation des périodes de la journée et de la température demeure donc semblable dans les films de genres « arts martiaux » et « action ». Nonobstant, la capacité à contrôler la température relève de la magie, une dimension qui appartient davantage à l’univers des films d’arts martiaux.

Peu importe l’époque représentée, les décors de films d’arts martiaux font souvent référence à des lieux hors de la quotidienneté des spectateurs; par exemple, les lieux d’extrême pauvreté et de richesse, militaire et du cinéma lui-même. Ces lieux laissent une grande latitude pour la création cinématographique, permettant d’élaborer des circonstances invraisemblables et de jouer sur les fantasmagories des représentations populaires. De plus, pour accentuer le rapprochement avec les arts martiaux, il y a une orientalisation des lieux contemporains ou une utilisation de lieux orientaux. Les régions rurales et les paysages culturels historiques et modernes de la Chine et du Japon sont très exploités dans les films de notre corpus. Les décors de nature sont également prisés. Ils sont typiquement utilisés pour donner une impression d’authenticité. Dans la culture populaire, la nature est associée à la pureté des moines (mystiques) et des ermites (ascètes) extramondains; c’est-à-dire des personnes qui se retirent de la société pour contempler la vie hors du monde et apprendre la maîtrise d’eux-mêmes. Cette association mène évidemment les personnages à fréquenter des temples et lieux de culte. Ces décors sont traditionnellement associés aux films classiques du genre cinématographique des arts martiaux. Ensuite, les décors fantastiques sont un terreau fertile pour le mysticisme, la magie et le surnaturel. Ces décors constituent des lieux par excellence pour exploiter les possibilités de l’imaginaire des arts martiaux, tel la surpuissance et ses effets sur l’environnement. En fait, il n’y a que peu de différence entre les décors utilisés pour les films d’arts martiaux et les films d’action. L’éloignement avec la quotidienneté est la même. Les orientalismes, le religieux et le mysticisme sont aussi présents. Les décors utilisés présentent le même potentiel de mettre en valeur les gestuelles des arts martiaux. Que ce soit pour les films d’arts martiaux ou pour les films d’action, les effets spéciaux servent à mettre en évidence certaines caractéristiques des personnages. Les puissances de feu sont le prolongement de la volonté des personnages ou celle des adversaires qui imposent des situations périlleuses à affronter. Les cascades, l’encaissement des frappes et les mutilations montrent l’endurance et la tolérance à la douleur. La possibilité de défier la gravité montre les capacités physiques et la maîtrise de l’environnement par les personnages. Les jeux de lumière indiquent soit un personnage divin et surnaturel, une prise de conscience lors d’une situation ou la voie de la réussite qui résout un problème. Les images floues sont l’expression de pouvoirs surnaturels ou des raccourcis pour faciliter des associations aux spectateurs. La modification des voix permet d’identifier les personnages à leur rôle et à leur fonction. Le ralenti permet d’apprécier certains actes importants pour le dénouement du récit : acquisition d’avantages techniques; augmentation de l’intensité des actions, dont les prouesses spectaculaires dans les affrontements; montrer l’esthétique des mouvements; marquer les émotions qui motivent les décisions des personnages; montrer les visages de ceux qui assistent à l’action pour

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comprendre ou visualiser les conséquences des circonstances. Les effets spéciaux rendent également possible l’expression de la magie et du fantastique : apparition de symbole qui révèle le caractère mystique des personnages; maîtrise des éléments de la nature par des techniques occultes; apparence et modifications corporelles montrent la nature surnaturelle des personnages; application de la surpuissance des personnages sur les corps et les objets. La présence de créatures magiques ou mythologiques est l’expression même du fantastique par les effets spéciaux. Leur présence rappelle l’univers surnaturel dans lequel évoluent les personnages. En fait, les effets spéciaux des films d’action sont les mêmes que pour les films d’arts martiaux. Ce qui est mis en évidence par les effets spéciaux se ressemble de plus en plus selon les différents genres de films. Le degré de fantastique d’un film est le facteur qui oriente ou qui fait varier l’utilisation des effets spéciaux. En général, les films d’arts martiaux sont plus propices à l’élaboration du fantastique et du surnaturel que les films d’action.

Bien que les gestuelles des arts martiaux soient présentes dans les films d’action, la manière de les montrer diffère parce qu’elles ne sont pas nécessairement la thématique centrale du film. La priorité n’est pas de les mettre au premier plan, mais de reléguer les gestuelles des arts martiaux au statut d’outil utile au héros dans les scènes d’affrontements.

Dès lors que nous avons posé les balises des agencements matériels et spatiaux, nous pouvons nous attarder à voir comment s’articulent les actions des personnages et la poursuite de leur quête.

Dans le document L'imaginaire des arts martiaux dans le cinéma (Page 180-185)