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Conclusion du chapitre 1 :

Section 1 : Le contexte tunisien

1.3. Une économie émergente mais fragile

1.3.2. Des réformes sociétales et économiques importantes

Tout d’abord, l’Etat tunisien a rendu l’école obligatoire et gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans.

Chaque année, il consacre un budget important à l’éducation de sa jeunesse. En 2010, ce budget a atteint 21,6% du budget total de l’Etat, soit 6,1% du PIB (en 2008, il représentait 7,2% du PIB, contre 4,3 pour l’Algérie et 5,7% pour le Maroc) (Piot, 2011).

En conséquence, la Tunisie a actuellement un meilleur taux d’alphabétisation28 que ses deux voisins maghrébins. Ce taux est passé de 54% en 1980 à 73% en 2004. Entre 2009 et 2010, il a atteint 99,3% pour les jeunes de 6 ans et 98,2% pour les jeunes âgés de 6 à 11 ans. Selon Sfeir (2006), les filles sont plus scolarisées que les garçons (en 2005, elles représentaient 57%

des 6-12 ans scolarisés) ce qui est semble-t-il, inhabituel dans la région car d’après la littérature, les femmes y sont généralement plus défavorisées que les hommes.

A ce jour, le système éducatif tunisien est considéré comme l’un des meilleurs du monde.

Lors du Forum mondial de l’Economie 2011-2012 de Davos, la Tunisie a obtenu un meilleur score29 (5 sur 7) que la France (4,5 sur 7), le Royaume Uni (4,8 sur 7), et même l’Allemagne (4,9 sur 7) pour la qualité de son système public d’enseignement. Aussi, sa qualité d’éducation en Mathématiques et en Science a obtenu le même score que la France (5,1 sur 7) et un meilleur score que le RU (4,5 sur 7) et l’Allemagne (4,4 sur 7). C’est donc en partie parce qu’elle a amélioré le niveau ainsi que la qualité d’éducation de sa jeunesse que la Tunisie a pu rencontrer des résultats plus favorables que ses voisins marocains et algériens.

Par ailleurs, Malgré les polémiques sur le statut des femmes après la révolution de 2011, la Tunisie est aujourd’hui considérée comme le pays arabe où les femmes sont le plus libres.

Dès son accession au pouvoir, Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante, a mis en place la Majalla (Vermeren, 2011), un nouveau code du statut personnel30 : Ce code a supprimé la polygamie, autorisé la femme à "dévoiler" son visage, retiré aux hommes le droit de répudier leurs épouses, autorisé l’avortement, facilité les

28 En 2009, le taux d’alphabétisation de la population marocaine âgée de 10 ans et plus était de 60,3% (62,6%

pour les femmes et 71,9% pour les hommes). Ce taux a gagné 10,5 points entre 1999 et 2009, selon le Haut-Commissariat au Plan du Maroc.

29 Les scores sont notés sur une échelle allant de 1 à 7. Un score élevé reflète une situation plus favorable.

30 En Tunisie, Le code du statut du personnel désigne un ensemble de lois progressistes visant à l’égalité des sexes. Promulgué en août 1956, il est entré en vigueur le 1er janvier 1957.

conditions du divorce31, etc. Pour Sfeir (2006), ces mesures ont contribué à renforcer l’égalité hommes/femmes, un principe qui est d’ailleurs inscrit dans la constitution tunisienne.

A ce jour, les femmes tunisiennes sont relativement moins pénalisées que leurs homologues marocaines et algériennes dans le monde professionnel, même si de sérieux progrès restent à faire. Leur taux d’activité dépasse 27%32 alors que celui des Algériennes est de 11,5% et celui des Marocaines de 25,5%.

La femme ayant plus de droits, elle peut contribuer au progrès économique de son pays. Son émancipation est une condition préalable au développement d’une nation.

Au-delà des mesures sociétales, le progrès économique de la Tunisie est aussi dû à la mise en œuvre « d’une stratégie de riposte économique et sociale » (Sfeir, 2006).

Effectivement au milieu des années 80, et comme ses voisins maghrébins, la Tunisie a entrepris un chantier de réformes économiques pour se conformer au programme d’ajustement structurel. Selon Mahbouli (2006) ce chantier s’est concrétisé en 5 volets :

 Encouragement à la privatisation et au désengagement du rôle de l’Etat : la Tunisie a procédé à une privatisation progressive et massive de ses entreprises publiques ainsi qu’à la valorisation de l’investissement privé sur son territoire

 Libéralisation des prix : désormais les prix sont fixés non plus par l’Etat centralisateur mais par le jeu de la concurrence et donc par le marché

 La libéralisation financière : La Tunisie a réformé et modernisé ses marchés monétaire et financier et créé en 1995 un marché de change

 Une rigueur budgétaire : de nouvelles règles ont été instituées pour permettre la maitrise du déficit budgétaire. Aussi, une réforme fiscale encourageant l’économie libérale a été mise en place.

31 Un fonds a été créé pour les femmes divorcées et leurs enfants. Il leur permet de bénéficier d’allocations familiales et d’une assistance juridique (Sfeir, 2006)

32 Selon l’INS, institut national de la statistique tunisienne, la population active tunisienne s’élève à 392 730 personnes au 1er trimestre 2013 (soit 106 290 femmes et 286 440 hommes). Ces chiffres n’ont pas évolué de manière substantielle depuis 2006.

 Promotion du commerce extérieur : cela s’est concrétisé par la dévaluation du dinar de 10% en 1986 et par sa dépréciation de 30% entre 1987 et 1991, mais aussi par la suppression des taxes d’exportation et la minimisation des droits de douane.

Dans les années 90, la Tunisie a multiplié les partenariats avec les instances internationales.

Le 29 mars 1995, elle est devenue membre de l’organisation mondiale du commerce (OMC).

Le 12 juillet 1995, elle a conclu un « accord d’association » avec l’Union Européenne. Celui-ci prévoit « l’établissement d’une zone de libre échange sur une base réciproque conformément aux dispositions de l’article XXIV du GATT33 » (Mahbouli, 2006, p 3).

Au cours de cette période, la Tunisie a renforcé la modernisation de sa réglementation fiscale et sociale afin d’encourager l’investissement. En janvier 1994 précisément, le Code tunisien des incitations aux investissements est entré en vigueur. Il permet aux investisseurs étrangers et nationaux de bénéficier d’avantages ci-après :

 Une exonération totale des impôts pendant 10 ans : tout revenu provenant de l’exportation, des projets agricoles, des projets situés dans des zones d’encouragement au développement régional (ZEDR), bénéficie d’une exonération totale des impôts sur les bénéfices pendant les 10 premières années. A partir de la 11ème année, les investisseurs peuvent profiter d’un taux réduit d’imposition de 10%.

 Une exonération totale des revenus réinvestis

 Une franchise totale des droits et taxes sur les biens d’équipement

 le soutien de l’Etat : l’Etat prend en charge les contributions patronales au régime de sécurité sociale, au titre des salaires versés aux travailleurs tunisiens dans les secteurs de l’industrie, du tourisme, de l’artisanat et des services.

33 GATT : General Agreement on Tariffs and Trade = Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (Agétac). Cet accord multilatéral de libre-échange consiste en l’harmonisation des politiques douanières entre les pays partenaires

 Une prime pour les investissements réalisés dans l’artisanat, l’industrie manufacturière et les activités de services : Cette prime est fixée à 8% du coût de l’investissement et plafonnée à 500 000 dinars pour les projets situés dans le premier groupe34 de zones d’encouragement au développement régional (ZEDR).

Lorsque les projets se situent dans le second groupe35 de ZEDR, la prime s’élève à 15% de l’investissement et est plafonnée à 1 million de dinars. Cette prime peut aller jusqu’à 25% de l’investissement (plafonnée à 1.5 million de dinars) pour les projets se trouvant dans les zones prioritaires36.

 Une prise en charge totale par l’Etat, de cotisations patronales pour le recrutement de diplômés titulaires d’un BAC+2 minimum, et ce, durant les deux premières années qui suivent le recrutement. Au-delà de ce délai et jusqu’à la 7ème année, l’Etat continue à prendre en charge partiellement ces cotisations.

D’après le PMN, site du Programme tunisien de mise à niveau, le chantier de réformes et d’innovations engagé par la Tunisie a permis à cette dernière d’obtenir des résultats très encourageants dont les plus significatifs sont :