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Conclusion du chapitre 1 :

Section 1 : Le contexte tunisien

1.3. Une économie émergente mais fragile

1.3.1. Caractéristiques économiques de la région

Tout d’abord, dans son ouvrage, Guillon (2012) constate qu’en Méditerranée, comme dans beaucoup de régions du monde, il existe deux types d’économies : une formelle - régie par des règles, utilisant comme outils le droit de la propriété et l’impôt, – une informelle – particulièrement prépondérante dans la Méditerranée non occidentale (pays du Maghreb et du Levant - l’Egypte, le Liban, la Syrie, etc.), échappant totalement aux règles officielles et soumise à d’autres types de normes comme les liens de parenté et la religion.

haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures.»

25humanite.fr (2012), « François Hollande met l'école et la science au cœur de son quinquennat », publié le 15 mai 2012. Consulté le 31 juillet 2013. http://www.humanite.fr/politique/francois-hollande-met-leducation-nationale-au-coeur-de-son-quinquennat-496590

L’auteur note effectivement que les diverses activités économiques produites (activités commerciales, commerce alimentaire, activités de service, productions artisanales ou industrielles) dans les pays du Maghreb et du Levant mobilisent principalement des fonds familiaux et claniques « dont les liens sont fondés aussi sur une doctrine religieuse » (p 35).

Selon lui, il existe dans ces pays, une forme collective marchande très courante : le souk ou le bazar. Ce dernier est à l’origine d’un système de transaction spécifique appelé l’hawalla « dont la particularité est de pouvoir traiter les affaires sans laisser de traces bancaires – sur la seule fois des rapports de confiance ». Inscrit dans l’Islam selon Guillon, ce mode de transaction est le gage d’un lien permanent entre l’individu et la communauté. Il échappe totalement aux pressions pouvant être exercées par les dirigeants ou les actionnaires comme c’est souvent le cas dans les organisations formelles.

Guillon estime que le caractère pluridimensionnel – politique, clanique et religieux – de ce système de transaction favorise sa reproductibilité et explique le fait que l’Islam ait conservé à des degrés différents, le caractère d’une religion d’Etat. Toutefois, il pense que la récente remise en question de l’Etat autoritaire au Maghreb et au Levant peut à terme fragiliser l’unicité de ce système.

L’économie dans les pays du Maghreb semble donc se singulariser par une certaine souplesse et une multidimensionnalité mêlant le clan, la famille et la religion. Cette conception de l’échange repose semble-t-il, sur des rapports de confiance plus que sur le calcul rationnel.

Mais compte tenu de leur localisation géostratégique – au confluent de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie - et de leur désir d’intégration dans la mondialisation, ces pays méditerranéens ont dû repenser leur manière de concevoir l’économie. Cette remise en question a été impulsée par la mise en œuvre de programmes internationaux d’ajustement à savoir le programme de mise à niveau et le programme d’ajustement structurel.

 Programmes de mise à niveau

Les programmes de mise à niveau ont pour objectif de renforcer la compétitivité d’entreprises nationales pour faciliter leur intégration dans la mondialisation. A l’origine, ce système d’ajustement a été expérimenté en 1988 par le Portugal pour dynamiser son économie et ainsi faciliter son entrée dans l’Union Européenne (Bougault et Filipiak, 2005).

Son succès a conduit d’autres pays, en particulier ceux en voie de développement, à suivre la même initiative. Les pays du Maghreb et du Levant se sont engagés dans cette voie pour permettre le bon déroulement d’accords de libre-échange conclus avec l’UE dans le cadre du programme MEDA26, lequel vise à « à mettre en œuvre les mesures de coopération destinées à aider les pays tiers méditerranéens à procéder à des réformes de leurs structures économiques et sociales et à atténuer les effets du développement économique sur le plan social et environnemental27 ».

Les programmes de mise à niveau interviennent à plusieurs échelles : encouragement à la création d’emplois dans les entreprises nationales, développement de l’infrastructure, amélioration de la qualité du tissu industriel, développement de la formation initiale et professionnelle, etc. Selon Bougault et Filipiak (2005), ces programmes s’inscrivent dans une logique de politique économique dont le but est de faciliter la croissance.

 Programmes d’ajustement structurel

Initiés par le fond monétaire international (FMI) ou la banque mondiale, les programmes d’ajustement structurel permettent aux pays en situation de vulnérabilité économique de sortir progressivement de la crise. Ils ont pour but de « rétablir des équilibres macro-économiques internes et externes permettant de relancer une croissance économique saine et donc de fournir une base solide pour le développement des périphériques (Sud) » (Alternatives du Sud, 1994).

Ces programmes, qui résultent nécessairement d’une négociation entre un pays endetté et l’établissement financier, peuvent porter sur le cadre juridique (modification de la législation pour favoriser l’initiative économique), fiscal (incitations financières pour encourager l’investissement), l’amélioration des infrastructures, la politique, l’innovation, etc.

26 Mesures d’accompagnement financières et techniques (MEDA). Le programme MEDA est un outil de coopération entre les partenaires euro-méditerranéens. Lancé en 1996 (MEDA 1), modifié en 2000 (MEDA II), il se substitue aux programmes bilatéraux entre l’UE et chacun des pays de la méditerranée. Ce programme permet à l’UE d’apporter une aide financière et technique aux pays sud-méditerranéens pour leur permettre de développer des actions en vue de renforcer leur stabilité politique et leur développement démocratique. Il permet aussi de soutenir la mise en œuvre de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne et de prendre en considération les dimensions culturelle et humaine.

27 Source : http://europa.eu

Les deux programmes présentés nécessitent beaucoup d’efforts de la part des pays engagés.

Ils impliquent de leur part, des modifications profondes dans leurs institutions, mais aussi dans leur manière de concevoir l’économie et la vie en société.

D’après Matmati (2005), les efforts engagés par l’Algérie, le Maroc et la Tunisie dans le cadre des programmes de mise à niveau et d’ajustement structurel se sont traduits par :

 la libéralisation du commerce, à travers la baisse des barrières douanières, la suppression du monopole de l’Etat (par la privatisation d’entreprises publiques), l’adhésion aux conventions internationales et à l’OMC, la négociation d’accords avec l’UE.

 l’encouragement à l’investissement, à travers entre autres, la mise en place de garanties pour les investisseurs étrangers et nationaux concernant la fiscalité, le rapatriement des profits obtenus, etc.

Ces efforts, qui ont été mis en œuvre de manière différente dans les trois pays (Matmati, 2005), ont eu des conséquences importantes sur la conception du management dans les entreprises maghrébines.

Malgré ces démarches, le bilan économique de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie est à ce jour mitigé. En effet, Mahiou (2004) considère que « le sous-développement est le principal problème des pays du Maghreb ». Comme lui, beaucoup d’auteurs jugent la situation économique des trois pays méditerranéens relativement défavorable.

Matmati (2005) reconnait toutefois que le bilan économique n’est pas exactement le même dans les trois pays. Alors que le Maroc et la Tunisie connaissent un taux de croissance

« relativement élevé », l’Algérie « a pris du retard » malgré ses importantes ressources naturelles.

La Tunisie semble effectivement mieux s’en sortir que ses deux voisins (Maroc et Algérie). En 2007, ses efforts lui ont valu d’être considérée par le FMI comme un pays émergent.

Selon Antoine Sfeir (2006), si elle a pu réaliser ces progrès, c’est d’abord parce qu’elle a engagé des réformes importantes au niveau sociétal et en particulier au niveau du statut de la femme.