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DEPARTEMENT DE LA VIENNE

Dans le document Faculté de médecine et de pharmacie (Page 83-87)

Dans cette troisième et dernière partie, nous allons décrire les différentes étapes de la mise en œuvre de notre projet de consultation alternée dans la Vienne, lors de la phase de surveillance des patients qui ont été traités pour un cancer du sein, de la prostate, du côlon ou du rectum.

En préambule, nous rappellerons les grandes lignes de l’étude de 1994, qui avait impliqué les médecins traitants dans le suivi de ces patients. Nous exposerons aussi le fonctionnement du Réseau Régional de Cancérologie du Poitou-Charentes, qui s’est développé avec le dernier Schéma Régional d’Organisation Sanitaire (1999-2004) et figure également au programme du plan de mobilisation nationale contre le cancer. Pour finir, nous présenterons l’enseignement de cancérologie proposé aux médecins de toute la région Poitou-Charentes.

I. RAPPEL DE LA PREMIERE EXPERIENCE

Notre projet, intégrant les médecins généralistes au suivi post-thérapeutique des patients traités pour cancer, a déjà été expérimenté dans notre département voici maintenant dix ans, sous la forme d’un test de faisabilité. Il avait fait l’objet d’une thèse de doctorat (176). Ce chapitre rappelle le contexte dans lequel il avait vu le jour à ce moment-là, son déroulement, les principaux résultats obtenus et les conclusions qui en avaient été tirées.

1. Contexte

Une première expérience de suivi alterné a été menée dans le département de la Vienne, entre le 1er février 1994 et le 31 janvier 1995. Son objectif était de favoriser la communication entre médecins hospitaliers et généralistes, afin d’améliorer la qualité de la prise en charge post-thérapeutique des patients suivis en commun pour un cancer. Dans le contexte du plan de maîtrise médicalisée de l’Assurance Maladie de 1992, ce pouvait être une façon d’éviter des examens redondants. L’idée, qui était née lors d’une rencontre entre le Dr Gérard PEYROT (médecin conseil en charge des questions hospitalières à l’Echelon Local du Service Médical du département de la Vienne) et le Dr Michel BESSON (médecin généraliste à Lusignan), avait intéressé le Pr Alain DABAN. La mise en place d’une étude de faisabilité a été décidée.

Un comité de pilotage s’est donc constitué pour mener le projet à bien.

2. Déroulement

Les participants à cette étude ont tous été volontaires. Parmi les médecins, on retrouvait deux radiothérapeutes du CHU de Poitiers, les Pr Alain DABAN et Dr Thierry GERMAIN, et 64 médecins généralistes installés dans la Vienne. Le recrutement s’était fait par le biais des groupes de Formation Médicale Continue (FMC) dont les responsables avaient été chargés de faire une liste des intéressés. Chacun d’eux avait alors signé un contrat, les engageant par écrit à respecter les protocoles de surveillance établis et à transmettre au service de Radiothérapie les données recueillies lors des consultations de suivi.

Les patients volontaires étaient inclus dans l’étude au niveau du service de Radiothérapie.

Ils devaient répondre aux critères suivants : être en phase de surveillance post-thérapeutique, avoir été traités pour un cancer du sein, de la prostate, du poumon, du colon ou du rectum, et avoir un médecin traitant également participant. Les localisations cancéreuses ont été choisies en fonction des modalités du suivi : un examen trop spécialisé, nécessitant un équipement ou une technicité particulière, n’était pas envisageable au cabinet d’un médecin généraliste.

Au total, 101 patients ont pu être recrutés lors des consultations des deux radiothérapeutes. Seulement 2 patients ont refusé de participer parmi les 103 répondant aux critères d’inclusion. En fin de compte, 84 dossiers étaient exploitables (en raison d’erreurs de secrétariat, d’oublis des médecins, de la participation d’autres spécialistes au suivi, d’un événement intercurrent ou d’une mauvaise compliance). Parmi les 64 médecins généralistes volontaires, ils n’ont été que 47 à avoir des patients inclus dans ce suivi alterné.

3. Résultats et conclusions

L’étude a montré que les patients concernés par cette expérience ne représentaient qu’une faible part de l’activité de consultation médicale, tant au niveau hospitalier que libéral. En effet, sur les 3013 consultations effectuées par les deux radiothérapeutes durant cette période, seulement 192 concernaient une surveillance post-thérapeutique, soit à peine plus de 6%.

Chez les médecins généralistes, 17 d’entre eux n’ont eu aucun patient inclus, soit environ 1/4.

Parmi les 47 qui ont réellement participé : plus de la moitié n’ont eu qu’un seul patient inclus (17 médecins) ou deux (14 médecins), alors que 8 médecins en ont eu trois, 6 en ont eu quatre et seulement 2 en ont eu cinq. Ces chiffres peuvent expliquer une certaine réserve de la part des médecins généralistes concernant le bilan de l’expérience. Ils ont regretté le fait que leur investissement personnel ait été aussi limité, en raison de l’insuffisance de patients concernés.

Du point de vue des patients, cette surveillance conjointe a été très largement plébiscitée.

Une évaluation portant sur la qualité relationnelle de l’étude a été réalisée en octobre 1995, avec envoi de questionnaires anonymes. Elle a obtenu un très bon taux de réponse (84%).

L’expérience avait été accueillie favorablement dans près de 90% des cas, avec également un souhait de la voir se poursuivre.

La faible taille de l’échantillon des patients suivis nous incite à rester très prudents sur les conclusions à tirer de cette étude. Cependant, le nombre des récidives cancéreuses détectées a été comparable à l’hôpital ou en ville. Sur un plan économique, aucun bilan n’a été possible.

Quoi qu’il en soit, la démarche allait dans le sens d’une amélioration de la qualité des soins, à travers un suivi de proximité et une meilleure communication entre les différents consultants.

Elle permettait aux médecins généralistes de se repositionner plus activement dans la prise en charge de la pathologie cancéreuse.

II. FONCTIONNEMENT DU RESEAU DE

Dans le document Faculté de médecine et de pharmacie (Page 83-87)