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DANS LA SURVEILLANCE POST-THERAPEUTIQUE DES PATIENTS CANCEREUX

Dans le document Faculté de médecine et de pharmacie (Page 63-66)

Les arguments sont loin de manquer pour motiver le développement de l’implication des médecins généralistes dans le suivi des patients traités pour un cancer. On peut y percevoir un bénéfice pour chacun des groupes concernés : les patients avant tout, naturellement, ainsi que les médecins généralistes et les oncologues. Les caisses d’Assurance Maladie pourraient bien aussi y trouver leur compte…

1. Favoriser la qualité des soins donnés au patient

En instaurant un système de surveillance alternée, le patient est amené à consulter moins souvent ses médecins spécialistes (hospitaliers ou libéraux), au profit de son médecin traitant.

Ils ont tous les deux une relation privilégiée, puisqu’ils se connaissent de longue date dans la plupart des cas. Le généraliste connaît bien l’histoire de son patient, son environnement et sa personnalité. Il est en mesure d’assurer une prise en charge globale de façon très satisfaisante.

Pour le patient, l’économie des déplacements chez les médecins spécialistes est importante. Il peut aller consulter près de son domicile, dans un lieu qui lui est familier et qu’il n’associe pas uniquement à sa pathologie cancéreuse, contrairement aux salles de consultation des hôpitaux.

Il n’est pas obligé de programmer une demi-journée pour effectuer sa visite de suivi, car il ne va pas rester aussi longtemps dans la salle d’attente de son médecin traitant, que dans celle du spécialiste, surtout hospitalier. En revanche, il se pourrait bien que la consultation dure plus longtemps et qu’elle soit moins souvent interrompue ! Par ailleurs, le discours du médecin de famille est généralement perçu de manière plus rassurante, parce qu’il est davantage familier.

Ce système permet donc des soins globaux et de proximité.

Si le médecin généraliste devient un des acteurs officiels du suivi post-thérapeutique, il va pouvoir être mieux informé des constatations et des décisions de ses confrères spécialistes.

Il va donc pouvoir prendre en charge plus facilement son patient à l’occasion d’épisodes aigus dans l’intervalle de deux consultations de surveillance. Il sera aussi probablement plus attentif et vigilant au risque de récidive locorégionale ou métastatique. Toutes ces considérations vont dans le sens de meilleures coordination et continuité des soins.

On peut également attendre de cette surveillance alternée une amélioration en matière de qualité de vie du patient. Une telle organisation paraît moins pesante, moins fatigante, moins perturbante et moins angoissante pour le patient. Des études sont nécessaires pour l’évaluation de cette hypothèse.

Tous les aspects exposés ci-dessus (prise en charge globale et de proximité, coordination et continuité des soins) sont les éléments constitutifs de la qualité des soins. C’est pourquoi la proposition d’un suivi alterné en phase post-thérapeutique peut se justifier, si l’on considère le bénéfice apporté au patient.

2. Replacer le médecin traitant au cœur du dispositif de soins

En participant à un travail en réseau, le médecin généraliste est mieux informé des soins apportés à son patient, du déroulement des épisodes hospitaliers et des décisions prises lors des réunions pluridisciplinaires. Il en résulte une meilleure coordination des divers partenaires de santé, autour du patient.

Au sein de ce réseau, le médecin traitant bénéficie d’une place de choix. Il se trouve être le pivot du dispositif, la pierre angulaire, le chef d’orchestre. Il assume la responsabilité d’une coopération efficace entre les différents intervenants paramédicaux, que ce soit au domicile du patient ou en secteur ambulatoire (infirmière, kinésithérapeute, psychologue… ). Il représente le premier interlocuteur médical du patient et demeure facilement accessible en cas de besoin.

Il joue également un rôle d’intermédiaire avec l’ensemble des médecins spécialistes.

Pour résumer, la mise en place d’un suivi alterné permettrait de replacer véritablement le médecin traitant au cœur de ce dispositif de soins.

3. Accroître les compétences des médecins généralistes

Pour participer efficacement à une surveillance alternée de ses patients se trouvant en phase post-thérapeutique, le médecin généraliste doit disposer de documents de référence, qui sont validés et qui lui servent de base dans son travail. Les UCPO (Unités de Concertation Pluridisciplinaires en Oncologie) qui constituent le Réseau Régional de Cancérologie ont pour missions d’élaborer ces référentiels et de proposer des éléments de bibliographie intéressants.

Le respect de ces référentiels, par l’ensemble des médecins appartenant au réseau, garantit une surveillance de qualité, conforme aux données actuelles de la science. Le médecin généraliste peut ainsi contrôler ses acquis et vérifier que ses pratiques professionnelles s’accordent bien avec les recommandations publiées.

De plus, en prenant part aux Réunions de Concertation Pluridisciplinaire concernant ses patients, il a la possibilité d’exprimer son opinion sur les propositions thérapeutiques émises.

Puisqu’il connaît bien le malade, sa présence peut se révéler utile à la prise de décision finale.

Au cours de ces réunions, il aura accès à d’autres notions de cancérologie, plus spécialisées et plus techniques, mais tout aussi intéressantes pour satisfaire sa propre curiosité et enrichir son savoir en la matière.

Une autre mission des UCPO est de favoriser la formation continue en cancérologie. La proposition d’un enseignement adapté à la pratique quotidienne des médecins généralistes leur permet de mettre à jour leurs connaissances dans ce domaine. Cela constitue une aide pour la prise en charge des patients cancéreux.

Que ce soit par la réalisation des consultations de suivi, par la participation aux réunions pluridisciplinaires ou à la formation continue, le médecin traitant trouve l’occasion d’accroître ses compétences en cancérologie.

Si l’on prend en compte cet argument et celui développé dans le paragraphe précédent (rôle pivot du médecin traitant), le suivi alterné s’avère aussi bénéfique pour le généraliste.

4. Réorienter l’ activité des oncologues

En délégant une partie des consultations post-thérapeutiques aux médecins généralistes, les oncologues récupèrent du temps de travail. Ils peuvent employer ce temps :

 à la prise en charge de nouveaux patients,

 à des consultations urgentes,

 à la prise en charge des patients hospitalisés,

 à des activités de formation pour les étudiants ou les jeunes médecins,

 à la formation continue des médecins généralistes,

 à la participation à des congrès pour leur propre formation,

 à des activités de recherche et à des expérimentations…

La redistribution de l’activité du médecin oncologue est un argument supplémentaire à avancer, en faveur du suivi alterné.

5. Diminuer les coûts économiques

A travers une meilleure collaboration entre les médecins, et le respect des protocoles de suivi établis conformément aux recommandations nationales, il paraît possible d’aboutir à une diminution des dépenses de santé. En effet, les prescriptions d’examens pourraient être moins nombreuses, en évitant les redondances et en rationalisant les pratiques.

Par ailleurs, pour les patients vivant à distance des centres de cancérologie, le fait d’aller en consultation chez son médecin traitant, installé à proximité, permet de réduire les coûts des transports assurés par les compagnies d’ambulances (pour ces patients en ALD).

Cet argument économique demande bien sûr à être confirmé par une étude d’évaluation (de type essai comparatif randomisé). Si tel était le cas, il pourrait bien peser dans la décision d’élargir l’expérimentation de la surveillance alternée.

III. EXPERIENCES MENEES DANS LE MONDE

IMPLIQUANT DES MEDECINS GENERALISTES

Dans le document Faculté de médecine et de pharmacie (Page 63-66)