• Aucun résultat trouvé

L E CHOIX D ’ UNE DEMARCHE PARTICIPANTE : POUVOIR ETUDIER LE NIVEAU INDIVIDUEL ET LE NIVEAU ORGANISATIONNEL

Le choix d’une démarche de recherche participante

CHAPITRE 4 : LE CHOIX D’UNE DEMARCHE DE RECHERCHE PARICIPANTE

II. L E CHOIX D ’ UNE DEMARCHE PARTICIPANTE : POUVOIR ETUDIER LE NIVEAU INDIVIDUEL ET LE NIVEAU ORGANISATIONNEL

II.1)Intérêt de la démarche de recherche participante par rapport à notre objet d’étude

Notre question de recherche porte sur l’analyse de l’impact d’une transformation organisationnelle sur les rôles managériaux et les modalités de changements de ces rôles et notre unité d’analyse est double : le niveau individuel des managers et le niveau structurel. Nous avons donc besoin d’une méthodologie nous permettant de collecter des informations sur le niveau individuel et le niveau structurel concernant les changements de rôles managériaux.

Nous avons mené notre recherche sous la forme d’une recherche-participante menée durant 5 ans dans une administration publique en transformation qui a placé l’évolution des rôles managériaux au centre de son programme d’accompagnement du changement. Cette démarche de recherche a été rendue nécessaire par l’étude d’un phénomène dont il est difficile de tracer la frontière entre le phénomène étudié et son contexte. A partir des observations que nous avons faites nous avons eu pour objectif d'élaborer une construction mentale de la réalité (David, 2000).

La méthodologie que nous avons mise en place relève d’une démarche de recherche participante. Cette démarche de recherche peut se rattacher à des méthodes ethnographiques au sens où l’entend Conklin (1968 : p.72):

“a long period of intimate study and residence in a well-defined community employing a wide range of observational technique including prolonged face-to-face contact with members of local groups, direct participation in some of the group’s activities, and a greater emphasis on intensive work with informants than on the use of documentary or survey data”.

L’intégration longue en entreprise devait nous permettre de nous familiariser avec les interprétations que les membres de l’organisation, et en particulier les managers, se font de leur réalité, mais aussi de relier de multiples sources d’informations concernant les évolutions structurelles, en procédant jusqu’à obtenir des résultats convergents via la triangulation des données (Ravasi et Schultz, 2006). Cependant, contrairement à une démarche ethnographique classique, nous avons

intégré les propositions théoriques obtenues au fur et à mesure de leur élaboration, afin de nous guider dans la collecte des données et leur analyse.

Nous avons ainsi procédé à des allers retours entre données de terrain et théories. Cela a impliqué des cycles itératifs de collectes de données, d'identification des problèmes, de catégorisation, de conceptualisation, d'analyse à partir des éléments théoriques fournis par la littérature académique correspondante, de coaction avec les acteurs de terrain, puis d'évaluation des effets.

Nous sommes partis de l'analyse des observations réalisées sur le terrain, des données collectées, des questions qui se posent afin de dégager les catégories auxquelles nous sommes confrontés. Ensuite nous nous sommes efforcés d'établir les caractéristiques, les propriétés de ces catégories qui nous servent de base pour aller chercher du côté du matériel théorique pertinent. Ensuite nous sommes retournés sur le terrain avec ces savoirs théoriques pour les remettre en perspective. Ce qui nous permet aussi de discuter l'apport des théories mobilisées sur notre terrain, de leurs limites éventuelles, mais aussi des éléments à compléter. Cela afin de fournir à la fois des savoirs utiles à l'action et de contribuer à un apport théorique, de produire un matériau qui sera à la fois valide opérationnellement et théoriquement.

Au-delà de la compréhension des phénomènes, nous avions l’objectif de produire des grilles d’analyse permettant aux acteurs de terrain d’agir sur ces phénomènes. En effet, on peut définir les sciences de gestion comme "le projet de présenter de manière intelligible les interventions des acteurs au sein des

organisations" (David, 2000), l'identification des "processus cognitifs de conception par lesquels sont élaborées des stratégies d'actions organisationnelles possibles et pas lesquels ces systèmes se finalisent, s'auto-représentent et mémorisent leurs actions et leurs projets dans des substrats qu'ils perçoivent complexes" (Le Moigne, 1990). Nous nous sommes alors efforcés, dans un certain contexte,

d'identifier, de proposer une grille de lecture intelligible des phénomènes de transformations du management à l'œuvre. Nous avons conçu des représentations des phénomènes à l'œuvre en proposant une construction mentale sur laquelle les acteurs pourraient s'appuyer pour intervenir.

Nous avons fait le choix d’adopter une méthode de recherche ancrée dans les pratiques, car « le

chercheur ne peut produire une connaissance pertinente s’il n’est pas acteur et partie prenante dans le processus d’action collective » (Hatchuel, 2000). Le chercheur ne peut se contenter de faire de

l’observation, sa simple présence a une portée sur l’action, il se trouve alors dans un espace de coconception de l’action collective. Cela nous conduit à envisager le chercheur comme intervenant et non simplement observateur.

Cette démarche de recherche participante a pris trois formes qui ont alterné :

- de la participation directe qui a pris la forme d'un partage des situations et d'une production opérationnelle directement en lien avec les projets de l'entreprise

- de la participation comme observatrice : suivi de certaines situations ou réunions comme simple observatrice

- une analyse descriptive : réalisation et analyse d’entretiens et analyse de documents pour reconstituer une histoire sur plusieurs années des transformations à l'œuvre

Nous ne nous inscrivons pas, cependant, dans une recherche-intervention typique dans le sens où il ne s'agissait pas d'une intervention directe dans laquelle nous aurions co-conçu et mis en place avec les

acteurs des outils de gestion adéquats. Nous n'avons notamment pas conçu « en chambre » des outils, procédures et dispositifs, ni animé des groupes de réflexion dans une optique participative et de responsabilisation des acteurs (Damart, David et Roy, 2001).

Quelle est la pertinence de cette démarche par rapport à notre sujet d’étude ? Nous avons ainsi pu étudier alternativement le niveau structurel pour comprendre les transformations à l’œuvre puis le niveau individuel en parcourant différents niveaux hiérarchiques ce qui nous a permis d’étudier les types d’impacts possibles des changements structurels à un niveau individuel, et dans un processus de boucle de rediscuter les phénomènes et dispositifs structurels.

Cette méthode de recherche admet et même considère comme inévitables les interactions avec le terrain. Il est donc nécessaire de faire de ces interactions un des éléments même de la méthodologie, d'en être conscient et de mettre en œuvre une production de résultats intégrant ces interactions. L'impact du chercheur n’est non pas considéré comme un biais, mais comme un principe de développement de connaissance...

II.2)Points de vigilance

Nous allons donc exposer maintenant les points auxquels nous avons été vigilants dans le cadre de notre démarche de recherche participante afin de veiller à produire des résultats pratiques, mais aussi valides d’un point de vue scientifique