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La détention du compte bancaire favorise l’augmentation du taux de bancarisation

III. A VANTAGE ET IMPORTANCE DU BARREMENT DES CHEQUES

1.2. Importance du compte bancaire pour la société

1.2.4. La détention du compte bancaire favorise l’augmentation du taux de bancarisation

Le taux de bancarisation dans un pays est le rapport nombre de compte bancaire par habitant. Partant, plus il y a de titulaires de compte dans un pays donné plus le taux de bancarisation de ce pays est élevé, et ce, peu importe la raison pour laquelle les uns et les autres ont éprouvé le besoin d’ouvrir un compte (réponse B à G) : justifier l’existence des banques au Canada; mettre l’argent en sécurité et éviter les vols; épargner et bénéficier des intérêts; avoir droit au crédit ou un prêt; mieux gérer les fonds; faciliter les paiements et transactions commerciale ou tout simplement pour percevoir son salaire ou un revenu. A contrario, dans les pays où le compte bancaire n’a aucune utilité pour la population qui vit très bien sans (réponse H et I), le taux de bancarisation est par conséquent très faible (voir figure 1).

Figure 1– Taux de bancarisation du Canada vs la France et les pays de l’UEMOA244

Source : construction personnelle

Il faut noter que l’absence de compte bancaire conduit au phénomène de sous-bancarisation (portion non bancarisée d’une population donnée). Tandis que la perte du compte conduit plutôt à la

débancarisation (portion de la population dépossédée de compte bancaire. Il s’agit notamment des

personnes qui ont été titulaires d’un compte, mais qui en ont été dépossédées malgré elles à la suite soit

244 À l’image de l’Union européenne, l’UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest Africaine), regroupe actuellement huit pays africains qui se partagent une monnaie commune : le franc F CFA. Il s’agit du Bénin, du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo.

La possession d’un compte bancaire revêt une utilité capitale pour la détermination du taux de bancarisation dans un pays donné. Par exemple dans la figure ci-contre, ce taux est particulièrement élevé en France (97 %) et au Canada (99 %), contrairement à l’UEMOA où il est estimé très faible (6 %). Soit moins de 10 %, de la population globale UEMOA est détentrice

d’une émission répétitive de chèque sans provision, soit d’une faillite, soit d’une perte d’emploi). Généralement, l’importance qu’une population accorde à la possession du compte bancaire est fonction de la période de la vie pendant laquelle le compte a été ouvert (naissance, petite enfance, adolescence, âge adulte, 1er emploi, etc.). La détermination de cette période au sein d’une population donnée indique l’utilité qu’a le compte bancaire dans la vie de tous les jours et par ricochet le degré de bancarisation de cette population. D’où la pertinence de la question « quand avez-vous ouvert votre 1er compte bancaire? »245.

Commentaire. L’intérêt de cette question est de déterminer à partir de quand le Québécois moyen

commence à entretenir ses premiers rapports avec les questions d’argent et de gestion du patrimoine financier. Le but est de démontrer que, plus le compte est ouvert à un très jeune âge, plus on a affaire à une population bancarisée. C’est le cas, dans les pays à fort taux de bancarisation, comme le Canada, où les gens acquièrent généralement un compte bancaire avant l’âge adulte. Dans ces pays, il est rare qu’une fois bancarisée, la personne se désintéresse en grandissant de l’utilité et de l’intérêt du compte bancaire qui lui donne les bases rudimentaires de la gestion de l’argent, voire de son patrimoine financier. Généralement l’utilité qu’avait le compte à son ouverture évolue avec les changements intervenus dans la vie familiale, professionnelle et personnelle, du détenteur du compte qui conserve en règle générale le même compte. En somme, nous pouvons retenir sur la question de l’importance du compte dans les pays ciblés par notre étude que contrairement à la France au Canada, dans les pays de l’UEMOA, la détention d’un compte bancaire est l’apanage des plus riches et des salariés de la fonction publique, qui sont contraints par le législateur d’ouvrir un compte bancaire à leur embauche, c’est-à-dire que la majorité de la population bancarisée a ouvert son 1er compte des qu’il a eu son 1er emploi, l’ouverture de compte étant une condition obligatoire à l’embauche (c’est ce qui est ressorti le plus des résultats de nos recherches sur le terrain). Voilà l’une des raisons qui expliquent pourquoi la presque totalité de la population UEMOA n’a pas accès au compte bancaire, soit 94 % (voir tableau 14). À côté de cette raison liée à l’embauche dans un contexte d’économie formelle, on peut citer d’autres raisons qui justifient largement pourquoi les paiements en espèce constituent dans l’UEMOA le principal mode de paiement dans les transactions commerciales. Les plus couramment avancées sont liées aux conditions d’ouverture estimées trop draconiennes, à la pauvreté, à l’analphabétisme, la corruption, etc. Ce qui fait que dans ces pays presque tout se paie au comptant, et ce, peu importe les montants en jeu. En gros, la plupart des gens qui n’ont pas de compte préfèrent être payés en argent plutôt que par chèque, virement ou carte bancaire. Aussi, il n’est pas rare de voir débiteurs et créanciers transiger avec des valises remplies de millions pour s’acheter des biens de grande valeur telle, une maison, une voiture, etc. Alors qu’au Canada et en France, du fait de la généralisation des paiements automatisés, il

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est impensable d’effectuer en espèce des transactions de montants aussi importants. Au Canada par exemple, même si aucun texte ne l’interdit, de telles transactions paraîtraient trop bizarres et suspectes et pourraient être assimilées aux yeux de CANAFE à des cas de blanchiment d’argent sale ou de recyclage de produits de la criminalité ou de financement d’activités d’origine criminelle ou terroristes246.

1.3. Classification et alimentation des comptes bancaires