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1. Vers une reconnaissance de la vanille de La Réunion : démarche IGP vanille de La

Réu-nion

En 2007 à La Réunion, les plantations de vanille couvraient une surface d’environ 270 ha. Ces cultures se situent sur les côtes Est et Sud-est de l’île entre les communes de Sainte-Suzanne et Saint-Joseph. En raison des dégâts importants occasionnés par le cyclone Gamède, la surface en 2008 est descendue à environ 220 ha. La production totale de vanille verte est de 16 tonnes en 2007, avec environ 150 producteurs. Par ailleurs : 7,3 tonnes sont produites par la filière organisée, et 8,7 tonnes par des producteurs indépendants [115].

a. Potentiel

Les principaux marchés sont le marché local avec le tourisme et le marché haut de gamme à l’export. Le marché de la vanille est concurrencé notamment par un arôme de synthèse. L’arôme de synthèse est com-posé uniquement de la vanilline. Ce comcom-posé phénolique est le constituant principal des gousses de vanille. Néanmoins, ces gousses renferment environ 250 autres composés qui contribuent également à l’élaboration du bouquet aromatique de la vanille. Ainsi, bien qu’il soit aisé de produire de la vanilline de synthèse, l’arôme naturel de vanille est beaucoup plus complexe et a une qualité supérieure aux produits synthétiques. Le mar-ché mondial est de plus en plus à la recherche de produits «naturels» ou issus de «l’agriculture biologique».

La culture de vanille peut donc se pérenniser en répondant à cette demande [116].

Comme pour beaucoup d’épices et de plantes à parfum, un des éléments clés déterminant ses qualités or-ganoleptiques est le terroir dans lequel la plante a poussé. Le contexte pédoclimatique de La Réunion fait que la vanille se développe favorablement dans les zones Est et Sud-est de l’île afin de produire des gousses de qualité.

La vanille de La Réunion a reçu à deux reprises (2008 et 2010), la médaille d’argent au concours général agricole organisé dans le cadre du salon de l’agriculture à Paris. La vanilleraie de La Réunion a eu la médaille d’or en 2011, alors qu’elle était en concurrence avec d’autres vanilles françaises (gousses de Mayotte, Gua-deloupe et Nouvelle-Calédonie). Afficher aujourd’hui une telle médaille fait la différence, car le client est très sensible à ce genre de « label » [117].

b. Contraintes

Le constat est le suivant : (i) le prix d’achat est faible par rapport aux coûts de production à cause d’un marché international très concurrentiel ; (ii) les débouchés sont restreints avec un positionnement difficile à l’expor-tation pour une vanille non différenciée, mais il existe des créneaux sur une vanille de qualité supérieure ; (iii) les ventes directes se développent rapidement grâce au tourisme.

La filière vanille locale est actuellement en pleine restructuration. La production de vanille de La Réunion connaît sur le marché local, une forte concurrence de la production malgache (environ 1 500 tonnes par an) et comorienne. La vanille réunionnaise de qualité générique ne peut pas être compétitive à l’exportation du fait des coûts de main d’œuvre plus élevés qu’à Madagascar ou aux Comores. La production d’un produit différencié est alors une des perspectives de la filière. Or aujourd’hui l’appellation historique (1964) « Vanille Bourbon » ne permet pas de se démarquer des productions comorienne et malgache.

c. Perspectives

Pour reconnaître la spécificité de ses produits face à la concurrence internationale, la filière vanille réunion-naise s’est engagée dans une démarche de labellisation IGP de sa production. L’IGP permettra de protéger la réputation de qualité de la vanille de La Réunion et de faire reconnaitre une qualité spécifique liée à son territoire d’origine.

2. Vers une reconnaissance du sucre de La Réunion : démarche IGP « sucre de canne de

l’île de La Réunion »

L’interprofession du sucre de La Réunion a engagé des démarches pour obtenir une certification IGP en col-laboration avec l’Institut réunionnais de la qualité (Irqua). L’IGP englobe 100% de la production de sucre de La Réunion [118].

a. Potentiel

Le sucre réunionnais est déjà reconnu pour sa qualité et sa spécifié sur le marché européen. La Réunion est le seul producteur de sucre de canne européen avec les Antilles, et propose un produit dans le respect des réglementations européennes, des champs à l’usine. De plus les caractéristiques de qualité telles que

Partie 3 : Conformité des produits à des référentiels ou protections

la constance hygrométrique, les conditions microbiologiques conformes, une bonne granulométrie et une absence de points noirs sont reconnues et recherchées par les acheteurs européens.

b. Contraintes

La Réunion est leader sur le sucre roux consommé en Europe mais subit une forte concurrence sur le sucre vrac en export brut. Ce marché essentiellement représenté par les industriels recherche essentiellement un haut pouvoir sucrant. Les marges de différenciation sont donc faibles et le sucre de La Réunion est concur-rencé à la fois par le sucre de betterave et le sucre de canne d’autres pays producteurs.

c. Perspectives

En offrant un produit stable microbiologiquement avec une teinte limitée et une constante hygrométrie, le sucre de La Réunion répond à la demande des industriels et peut faire la différence. La stratégie de la filière est donc d’asseoir la notoriété du sucre de canne de La Réunion sur ces caractéristiques. Sur un marché où les origines sont en concurrence, il est primordial de lier ces caractéristiques à l’origine pour maintenir ses marchés.

L’IGP est alors un outil permettant d’intégrer la stratégie de toute la filière sucre de canne de La Réunion car elle concerne ainsi toute la filière sucre de La Réunion et toutes les gammes de produit. L’obtention d’une IGP donnera à la filière des arguments supplémentaires dans les négociations futures : «L’Union Européenne est très attachée au maintien des cultures signalées par une indication géographique protégée, qui témoigne d’une démarche de qualité», souligne Florent Thibault [119], délégué du syndicat des fabricants de sucre de La Réunion. Ainsi, La Réunion mettra d’avantage en avant la spécificité de son sucre de canne et de son terroir. Demain, il ne sera plus vendu du « sucre de canne » mais du « sucre de canne de La Réunion », gage de qualité et de spécificité.

3. Le curcuma de La Réunion : un produit d’origine

Le curcuma de la Plaine des Grègues possède un territoire de production délimité par des zones géogra-phiques bien précises et un certain nombre de caractéristiques spécifiques liées au territoire.

Entre la Rivière des Grègues et la Rivière des Remparts, la Plaine des Grègues est un village dont le nom provient de l’eau qui disparaît des bassins comme dans un filtre à café (« inn grèg » en créole). Situé à 600 mètres d’altitude, ce quartier des hauts de Saint Joseph compte à peu près 1900 habitants dont environ 30 familles de planteur.

a. Potentiel

Dans les années 80, la Plaine des Grègues produisait 80 tonnes par an de curcuma. Si la culture du curcuma est tombée à 5 tonnes par an vers 1989, grâce à la Fête du Curcuma et à sa médiatisation la production est d’aujourd’hui de 13 tonnes par an [120]. Chaque année la Maison du Curcuma attire environ 22 000 per-sonnes dans le mini-cirque de la Plaine des Grègues.

Le curcuma est concurrencé par l’importation de produit de qualité inférieure et de fraude pour son appel-lation La Réunion et « Plaine des Grègues »

c. Perspectives

Des marques existent pour identifier une qualité et une recette traditionnelle comme « curcuma de luxe ». Seule la meilleure partie du curcuma est récoltée et sélectionnée, c’est-à-dire la « mère » (partie centrale du rhizome), séchée ensuite au soleil pendant plusieurs jours. Des réflexions IGP sont aussi en cours pour étudier le potentiel de protection et de valorisation du label pour la filière.

4. IGP vin de Cilaos

Le vin de Cilaos est le vin de montagne produit depuis quelques années dans le cirque de Cilaos, à La Réu-nion. C’est l’un des seuls vins français produit dans l’hémisphère Sud.

a. Potentiel

Introduite dans l’île dès 1665 par les premiers colons, la vigne ne fut longtemps plantée que dans les régions de Saint-Paul et Saint-Denis. La viticulture finit par gagner les Hauts de l’île au milieu du XIXe siècle à la faveur de leur peuplement par les « petits blancs ». A la fin des années 80’ une dizaine de viticulteurs du cirque de Cilaos décide de relever le défi d’une viticulture moderne. En 1992, date de la plantation des premiers cépages nobles dans le cirque, la coopérative le Chai voit le jour. Ils sont alors une dizaine d’agriculteurs de la commune qui exploite huit hectares. La première vendange fut celle du chenin en 1996. On en tirait alors un vin blanc sec ou moelleux. Le premier vin rouge produit à Cilaos ne le fut qu’en 1998 à partir d’un mélange de pinot noir et de malbec. En 1998, l’objectif est alors d’étendre la production sur une vingtaine d’hectares. En 2001, la production atteint 35 000 bouteilles par an. D’année en année, la production se bonifie. La recon-naissance vient en 2004 avec l’appellation « Vin de Pays de Cilaos ». Aujourd’hui, le Chai produit environ 50 000 bouteilles par an [121].

b. Contraintes

En application de l’organisation commune du marché du vin entrée en vigueur le 1er août 2009, les vins de pays existants deviennent des IGP. Les « Vins de Pays » devenus IGP bénéficient ainsi d’une protection de nom plus forte.

c. Perspectives

Le Chai de Cilaos avec son appellation « Vin de Pays » s’est donc engagé dans la démarche IGP. Un travail avec l’organisme certificateur OCTROI a démarré pour présenter le nouveau dispositif à la profession et pour définir une méthodologie de travail entre OCTROI, le Chai et l’INAO.

5. IGP rhum

Partie 3 : Conformité des produits à des référentiels ou protections

une démarche IGP. La filière rhum de La Réunion a donc initié les démarches.

6. IGP « Lentille de Cilaos »

La lentille est cultivée de manière traditionnelle dans le cirque de Cilaos depuis le début du XIXème siècle. Elle constitue une ressource locale très importante en termes de notoriété du cirque (attrait touristique) et de revenus pour les producteurs. Cependant dans les années 90’, la production a connu un déclin important suite à de nombreuses difficultés techniques et organisationnelles.

Depuis le début des années 2000, les producteurs, élus et collectivités territoriales locales conduisent une réflexion sur le moyen de redynamiser la filière.

En février 2008, l’association de producteurs de lentilles de La Réunion souhaite entreprendre une démarche de valorisation afin de structurer et professionnaliser la filière ainsi que contribuer à une valorisation so-cio-touristique du territoire.

Suite à un travail avec OCTROI, l’association a choisi de s’orienter vers une démarche de reconnaissance IGP comme outil de valorisation.

Chapitre 4 : Les appellations d’origine : AOP -

Appel-lation d’Origine Protégée et AOC - AppelAppel-lation d’Origine

Contrôlée

La reconnaissance d’une appellation d’origine consacre l’existence d’un produit, dont la qualité et les caractéristiques sont liées à une origine géographique, et celle d’un nom jouissant d’une notoriété établie. Elle suppose donc des liens étroits entre le milieu géographique (qui com-prend les facteurs naturels et humains) et les caractéristiques du produit (typicité).

L’AOP et l’AOC sont des démarches collectives. Elles sont obligatoirement portées par une struc-ture fédérative : l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) qui représente et rassemble les opérateurs de la filière du produit (cf. chapitre 2).

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