• Aucun résultat trouvé

Cette section présente la démarche générale du choix de la méthodologie de notre recherche. Nous exposons ici les spécificités qui ont permis la construction de cette partie du travail, car bien entendu, il ne s‟agit pas d‟un choix systématique.

Positionnement méthodologique

Le choix d‟une méthodologie appropriée pour mener à bien le travail demande une réflexion sur la spécificité du phénomène étudié. Plusieurs méthodologies de terrain sont développées en sciences de gestion, et nous avons choisi de nous positionner dans une recherche-action. Ce choix est directement attaché à la naissance de l‟action conduite par le groupe CV du GABB32 autour de la diffusion et du transfert de techniques agro-écologiques entre agriculteurs AB et conventionnels. En effet, ce choix permet de faire le lien entre la théorie et la pratique à partir du processus interactif entre le chercheur et les acteurs du terrain. Dans le cadre du programme ABILE, l‟étude des actions est basée sur une analyse de solutions partagées et adaptées aux conditions de chaque territoire. Par conséquent, nous avons participé activement au suivi de l‟action afin d‟étudier la transition agro-écologique dans le département du Gers.

Le terrain d‟étude

Le terrain étudié se situe dans le département du Gers et se focalise sur les agriculteurs en grandes cultures du groupe CV du GABB32. Deux niveaux d‟échantillonnage : le premier pour le recueil de données nécessaires à l‟analyse au niveau de la dynamique collective : agriculteurs et animation du groupe CV du GABB32. Le deuxième pour l‟analyse du réseau territorial : acteurs locaux. Plus de détails sur les exploitations étudiées sont donnés dans le chapitre 4 qui présente un portrait des exploitations agricoles et des pratiques et trajectoires des agriculteurs. Comme il contient des résultats d‟analyse (typologie d‟installation et trajectoire d‟agriculteurs), ce dernier chapitre est placé dans la partie résultats de la thèse. Le recueil de données

L‟échantillonnage ne répond pas strictement à un objectif de représentativité. Dans le cadre du travail en partenariat, la sélection d‟agriculteurs pour cette étude a été réalisée à partir de la liste du groupe CV, à laquelle le GABB32 nous a facilité l‟accès en respectant la confidentialité. Cette liste est composée d‟environ 60 agriculteurs engagés à des degrés variés

dans les dynamiques collectives. Nous avons donc travaillé avec les 30 agriculteurs qui ont été disponibles pour faire les enquêtes (entretiens semis-directifs) entre l‟automne 2015 et la période hiver-printemps 2016.

Pour mieux comprendre la dynamique collective du groupe CV du GABB32 et la dynamique territoriale, nous avons également suivi pendant trois ans et demi (fin 2013- début 2017) diverses manifestations du groupe CV. Nous avons fait de l‟observation participative et non- participative lors de 3 colloques consécutifs en 2013, 2014 et 2015, les bilans d‟années de 2013 et 2014, plusieurs sorties de visites collectives de parcelles (y compris AlterAgro et ExpeBio) entre 2014-2016, un atelier participatif en 2016 avec les agriculteurs et animé par le groupe CV pour améliorer l‟outil en ligne « partage ton couvert », quelques réunions internes de la CT en 2016 et finalement deux assemblées générales du GABB32 en 2016 et 2017. Cette participation a été un élément clé pour comprendre le contexte et la problématique d‟étude et analyser les différentes interactions, les rôles et le fonctionnement des groupes, mais surtout pour voir ces événements sous un prisme qui reflète une histoire. Nous avons donc porté attention aux objets, aux lieux, aux moments où sont cristallisés les relations, qui d‟ailleurs sont à la fois des rapports de force et de sens. Commencer le terrain par l‟observation de différents événements du groupement était un choix stratégique pour rentrer dans le cadre d‟une recherche-action. Ce choix a été le moteur de l‟enquête dans le sens que la présentation14 de la thésarde a pu être repérée et identifiée par les acteurs. Cela a permis d‟établir au fur et à mesure une relation de confiance et de cultiver un bon environnement pour les enquêtes en face à face auprès des agriculteurs. Dans ce registre, nous avons eu un accès privilégie qui a facilité la libération de la parole. Enfin, pour ce qui concerne le terrain autour du réseau territorial, l‟échantillonnage est constitué d‟acteurs de la profession agricole, institutionnels, associatifs et citoyens : agriculteurs AB et conventionnels, GABB32, CREAB, Arbre et Paysage 32, Coopérative Qualisol, Conseil Départemental du Gers, Agence de l‟Eau Adour-Garonne, Gaïa Consulting et Terre en Sève.

Traitement de données et cadre d‟analyse

La construction du cadre méthodologique, développé dans toutes les sections de ce chapitre, intègre la méthode de scoring que nous avons développé afin de mesurer toutes les variables

14« Dans tout milieu d’interconnaissance, la simple présence d’un inconnu déclenche toute une série de tentatives d’identification (…) la présentation de soi joue un rôle important car elle peut conditionner la poursuite de l’enquête, vous ouvrir, ou au contraire, vous déporter » (Beaud et Weber, 2003).

de cette étude en attribuant une note chiffrée. Le mode de calcul est basé sur un système de points avec un plafonnement. L‟ensemble des données est traduit en unités élémentaires (i) d‟intensité d‟innovation, (ii) des stratégies, (iii) des valeurs, (iv) de dynamique collective, (v) du processus d‟innovation et (vi) de durabilité. Le nombre maximal de points a été défini pour chaque indicateur afin de plafonner le nombre total d‟unités et puis chaque modalité a été convertie en une note de dix (à exception des valeurs).

Pour chaque variable, les valeurs calculées des indicateurs ont été agrégées par thème afin de construire le système de notes. Ceci a exigé la construction d‟une échelle de valeur. Dans cette logique, nous avons choisi une valeur de dix pour permettre de situer la note attribuée et au même temps pour pouvoir caractériser. Afin d‟obtenir les notes, le nombre maximal de points traduisent le poids accordé à chaque indicateur au sein de chaque composante et par conséquent le poids accordé aux variables dans l‟échelle de notation. Enfin, le système de notes a permis de situer les pratiques, les comportements et les résultats (appréciations) des exploitations étudiées à partir d‟une approche compréhensive.

La démarche a consisté d‟abord à choisir chaque indicateur à partir d‟une analyse de la littérature scientifique de chacun des concepts, vue dans le chapitre précédent. Une fois que la méthodologie et les guides d‟entretien auprès des agriculteurs ont été conçus, nous avons procédé par un test d‟usage auprès de quatre agriculteurs (tous des hommes dont trois AB et un AC). Nous avons retranscrit ces quatre entretiens et traité les données afin de voir l‟opérationnalité à la fois de l‟enquête et de la méthodologie. Ensuite nous avons amélioré la méthode et validé la démarche à partir des échanges avec le comité de thèse (2ème année du travail) pour assurer de la validité des valeurs. À partir du travail de terrain, le matériel recueilli a été classé dans une base de données et puis nous avons procédé par un test de robustesse entre les phases de développement et caractérisation de la méthode. Dans ce registre, il a été possible de voir « l’aptitude de la méthode d’analyse à fournir de faibles

variations du résultat15 » et nous l‟avons soumise à des variations contrôlées aux conditions

d‟application. La technique du test a permis donc d‟analyser l‟influence de différents facteurs qui sont supposés avoir un impact lorsque l‟échelle de notation est définie (par exemple, au lieu de mettre un nombre x de points pour un indicateur en particulier, nous avons modulé le

poids afin de voir la sensibilité de la méthode). Finalement les résultats du test de robustesse ont permis de minimiser l‟incertitude et l‟influence des effets de valeurs.

Pour la suite, nous allons présenter la démarche méthodologique de construction des indicateurs et de mesure de ces indicateurs pour collecter l‟information pour chacune des variables intervenant dans nos trois hypothèses de recherche. Il s‟agit de l‟intensité d‟innovation et ses liens avec les stratégies et valeurs des agriculteurs (hypothèse 1) ; de la dynamique collective et ses liens avec le développement des processus d‟innovation (hypothèse 2) et enfin les liens entre dynamique collective et appréciation de la durabilité (hypothèse 3).