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Point of view 5

Phase 9. L’anéantissement total de l’ennemi devient une fin en soi, coûte que coûte, au risque de la

6. Comment s’orienter dans l’exploration des dimensions psychiques ?

7.5. La place du comportement dans les dimensions psychiques

7.6.2. Définition et modélisations

Comme pour les autres dimensions psychiques, la communication nécessite elle aussi une analyse et des modélisations qui permettent de cerner sa structure et sa complexité, sa fonctionnalité. Sa structure peut être examinée dans ses dimensions cognitives, émotionnelles et comportementales. Sa fonction étant l’émission et la réception de signaux, de messages réciproquement

143 compréhensibles. Sa complexité supplémentaire c’est que ces messages se font simultanément à plusieurs niveaux (verbal, non-verbal et para-verbal). Il n’est pas étonnant que, compte-tenu de cette complexité, le codage et le décodage soient exposés à des dysfonctionnements dont la diversité parcourt toute l’histoire de l’humanité (Ballreich & Glasl, 2011 ; Montada & Kals, 2007). La simple réduction à un phénomène univoque entre un émetteur et un récepteur ne ferait qu’appauvrir et compliquer la communication dans ses conséquences.

Il existe aussi un accord, du moins des théories prévalentes, sur certains modèles, considérés comme classiques, au sujet desquels on ne peut faire l’impasse et qui constituent des définitions à partir desquelles il est possible de développer des interventions.

(1) Les axiomes de Watzlawick.

Pour la compréhension de cette complexité, Watzlawick (et al., 2014) propose cinq axiomes, constats, références de base, explicatifs et qui, selon lui, gouvernent toute la communication. La communication est vue comme un système complexe d’interactions en évolution, un système de circularité et de rétroactivité d’échanges. Watzlawick, avec les travaux de Palo Alto, fait quitter le modèle sécurisant d’une communication linéaire (« il dit, je réponds, il répond à ce que je dis… ») et le discours évolue dans une direction convenue pour plonger dans la complexité apparemment confuse qui échappe à une saisie et une banalisation du phénomène. Dans ses axiomes, Watzlawick tient compte de toute la complexité en n’excluant, a priori, aucune possibilité de mode de

communication.

Axiome 1. On ne peut pas ne pas communiquer.

Ce qui est encore plus libérateur dans le sens de déstressant, on ne peut s’empêcher de mal communiquer. Donc mieux vaut mal communiquer que pas du tout.

Axiome 2. Toute communication présente deux aspects : son contenu et la relation à l’autre, tel que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication.

C.-à-d. l’information est le contenu de la communication. Tout message transmet une information mais produit également un comportement. Toute interaction suppose un contact et définit, par suite, un mode de relation. Une relation saine et spontanée donne priorité au message, donc au contenu. Une relation perturbée pose problème et parasite le contenu du message qui passe en arrière-plan et peut finir même par perdre son importance. Nous retrouvons là les principes de Harvard : distinguer toujours entre le problème à résoudre et la relation entre les interlocuteurs. Ce qui permet déjà de désamorcer un problème en le dissociant ou de préserver une relation tout en affrontant des désaccords factuels.

Axiome 3. L’analyse de la communication dépend aussi de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires.

Ceci est un constat presque incontestable mais Wall & Dunne (2012) admettent que, toujours encore, il existe trop peu de recherches concernant les mécanismes et alternances, processus d’interactions pendant l’évolution de la communication. Les interactions dans la communication peuvent être considérées de l’extérieur comme un échange fluide, ininterrompu, de messages. Mais, intérieurement, il se passe des joutes d’initiatives dignes de jeux d’échecs d’évaluation rapide de réactions aux réactions adverses. C’est cela que Watzlawick et les chercheurs de Palo Alto appellent la ponctuation des séquences de communication qui est donc un phénomène intense qui ne peut être canalisé, maîtrisé que par une capacité et volonté de métacommunication.

Axiome 4. Les êtres humains utilisent simultanément deux modes de communication : le digital et l’analogique, autrement dit le verbal et le non-verbal (avec une large prédominance du non verbal).

144 Le problème, c’est l’interprétation qui en est faite. La communication digitale se fait par l’usage des mots, c.-à-d. des mots en relation avec une convention sémantique propre à chaque langue et qui tend facilement vers l’abstraction. La communication analogique est non-verbale, comme

l’expression corporelle de nos sentiments. Elle est immédiatement perçue et interprétée. Il n’empêche qu’elle peut prêter à confusion et qu’il est préférable de la traduire simultanément en langage digital. Le dialogue dans le langage non-verbal de deux interlocuteurs peut se faire plus vite que nos pensées ou même indépendamment. Une interprétation, acceptable par le médiateur, est dépendante des modes d’expression personnels de chacun, du contexte et de la culture. Il s’agit, en tous cas, de ne pas ignorer l’un des deux langages et de vérifier le plus souvent possible leur

interprétation.

Axiome 5. Tout échange de communication est ou symétrique ou complémentaire selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence. Egalité ne signifiant pas nier les différences mais les situer sur un niveau d’échange et sur une base d’une certaine facilité avec suffisamment de points communs. Une communication complémentaire qui pourrait être une complémentarité constructive mais qui signifie d’abord une asymétrie imposant une distinction entre position haute et basse et dont la remise à niveau n’est pas garantie.

(2) L’analyse transactionnelle.

Cette technique 45 permet à chacun d’évaluer s’il se trouve dans une attitude de Parent, c.-à-d. une attitude de supériorité, d’Adulte ou à égalité, ou d’Enfant, en position d’infériorité. Et s’il y a des transactions, autrement dit des changements de rôles, des prises de rôles inadaptés, conflictogènes.

Modèle d’analyse n. 18. Analyse Transactionnelle. Berne (2001).

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(3) Le modèle de Schulz von Thun.

Une autre modélisation de la communication 46 qui peut être révélatrice pour les médiés et élargir leur prise de conscience pendant la communication, c’est le modèle à quatre oreilles et quatre bouches ou le quadrilatère de la communication (Schulz von Thun, 2010, 2013).

Modèle d’analyse n. 19. © S. Mischo Fleury – Quadrilatère de la communication. Adapté de Schulz von Thun (2010, 2013).

Partant du constat de Watzlawick – on ne peut pas ne pas communiquer – nous pourrions dire que nous communiquons bien au-delà de ce que nous supposons par

- Le simple fait d’émettre un message, soit le contenu du message.

- La façon de le présenter qui fait que nous donnons des informations sur nous-mêmes. Autrement dit, la révélation de soi à travers le message.

- Pour qui sait sous-entendre, nous caractérisons notre relation à l’autre (pour qui je le prends et pour qui je crois qu’il me prend) : les indications sur la relation.

- Et nous faisons transparaître ou sous-entendre une demande.

Nous émettons et recevons à quatre niveaux de communication. Toutefois il est rare que l’émetteur ou le récepteur soit en mesure de gérer simultanément les quatre niveaux. En général un seul de ces niveaux est privilégié. La communication fournit donc des messages explicites et implicites

dépendant de notre capacité d’interprétation. Ces messages peuvent être congruents ou non, c.-à-d. éventuellement se contredire. Le message direct factuel est supposé clair et compréhensible. Le message relationnel comporte déjà deux dimensions distinctes : le moi, toi, distincts et le nous commun. La révélation de soi peut comporter des aspects volontaires et involontaires. La dimension de demande (appel) peut consister en l’expression de désirs ou d’injonctions à l’action de l’émetteur et qui peuvent être manifestes ou sous-entendus, c.-à-d. l‘expression des intérêts. Cette

conscientisation de la communication nécessite elle aussi l’outil de décodage et de vérification indispensable : « qu’est-ce qui est perçu comme message ? Qu’est-ce qui est interprété ? Quelles sont les émotions qui viennent interférer ? ».

Ceci nous renvoie à cette vigilante attitude de décodage qui doit être présente tout au long de la médiation : est-ce que le messager parle et le récepteur écoute dans son intérêt personnel, chacun individuellement ou dans l’intérêt commun ?

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