• Aucun résultat trouvé

Définir la place du migrant, re-définir son territoire

1| Redéfinir l'espace des sociétés

1.1. Définir la place du migrant, re-définir son territoire

S'il faut re-penser le territoire il est essentiel, pour y parvenir, de se détacher du poids déterministe de l'espace, du territoire et de la communauté. C'est ce détachement qui nous autorisera à porter notre attention sur l'inscription spatiale du social et de nous libérer de la tendance à penser l'entité sociale comme le produit d'un découpage territorial. Mais alors comment se défaire de cette dichotomie, du « haut » et du « bas », du « local » et du « global » venant complexifier la compréhension des phénomènes socio-spatiaux?

On propose ici de s’imprégner de la littérature francophone tout d’abord, celle qui se réfère aux circulations, pour mieux revenir à cette dichotomie entre les échelles géographiques du local et du global et pour observer les alternatives permettant de sortir de l’opposition dedans/dehors, par le haut/par le bas. Car se défaire du cadre national dans l’analyse des mécanismes circulatoires n’est pas une entreprise évidente. Toutefois les études en France sur les circulations migratoires sont riches d’enseignements car elles n’essaient pas de s’insérer dans le vocabulaire attribué aux transnational studies mais plutôt de rendre compte des impacts géographiques que peuvent avoir les échanges matériels et symboliques entre les pôles des systèmes migratoires.

! ($!

1.1.1. Le migrant : un nouvel Homme spatial

L'approche circulatoire française a conduit certains géographes à s’intéresser aux pratiques des espaces par des individus et groupes en migration. Caractérisées par des va et vient, par la pratique de l'entre-deux [Nedelcu 2004, Ma Mung 1999], les circulations se répètent et s’intègrent dans le quotidien des migrants tout en projetant leur quotidienneté dans des espaces jusque là relégués au rang d’interstice, au mieux d’interface38F

39

. On peut comparer ces échanges aux « dialogues diasporiques », créateurs d’une « topographie de fidélité et d’identité » qui trouvent leur sens dans l’Atlantique Noir de Paul Gilroy [Gilroy, 2010].

Dans la littérature contemporaine c’est la figure du circulant qui tient une place prépondérante [Arab, 2009 ; Nedelcu, 2004, Tarrius 1996] traduisant l'usage stratégique des liens et des lieux pour la concrétisation d'une vie qui s'installe dans l'entre-deux. A l'échelle

individuelle ou collective, les ressources locales ponctionnées dans les différents pôles de la dispersion, et mises en circulation par les circulants, permettent d'user de la différenciation spatiale. C’est dans ce sens que la dispersion devient elle-même la ressource

[Ma Mung 1999]. C'est pour la recherche de ressources multi-situées que nous souhaitons envisager l'associatif migrant qualifié andin. Les circulants seraient alors dotés de la capacité à mobiliser dans l'entre-deux des biens matériels et immatériels essentiels à la dynamique du collectif et à la pérennité des échanges avec le pays d'origine.

L'approche circulatoire que nous adoptons pour l'étude de l'associatif migrant, en réconciliant les études sur les diasporas et sur l'espace transnational, nous permet d'obtenir une approche multi-située et multi-scalaire.

L'approche géographique des circulations migratoires issue de l'école de pensée française a permis de rendre compte de l'augmentation constante des hommes, des biens et des informations mis en circulation. En s'appuyant sur leur caractère tangible, les travaux de Geneviève Cortes, Virginie Baby Collin, Susana Sassonne et Laurent Faret ont permis de mettre au point un indice de circulation migratoire calculé au moyen d’une analyse

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

#)

!!f-240!0.!*))*!/B-F20!e!N0!42k05!;6!M3-;@G/365@-.!OP04M6N04!G3-.56;@0347!42MM-35!O04!a!N@3N2@54!536.4.65@-.62T! O0!D@E36.54!bC!f-2407!*))*!MC*&%C!!

!

(%!

diachronique des circulations des migrants entre leur pays d’origine et une ou plusieurs destinations. Cet indice circulatoire, destiné à mesurer l’intensité des circulations de va et vient, combine la durée de l’activité migratoire, le nombre de voyages effectués par le migrant au cours de sa vie et la durée cumulée des séjours à l’étranger [Baby Collin, Cortes, Faret et Sassonne, 2009]. Ce travail repose donc sur une identification des « temporalités » et des « logiques successives de déplacements des migrants qui commandent des trajectoires différenciées et parfois complexes [à l’origine d’une] mise en réseau de liens et de lieux dans un espace de circulation élargi [donnant lieu à un] mode d’articulation socio-spatial transfrontalier » [Ibid, 2009 : 92]

Si cet indice circulatoire permet d'analyser le va-et-vient des individus entre les différents pôles migratoires, capter la circulation des informations et des idées, autrement dit l'idéel, est une performance qui reste à réaliser. Pris au sens large c'est la circulation multi- polarisée des connaissances qui suscite ici l'interrogation puisque les connaissances circulent aussi bien dans le sens Sud-Nord que Nord-Sud, même si l'intérêt pour le lien au développement incite à les penser souvent exclusivement dans le sens Nord-Sud.

Dans un contexte de mondialisation, l'usage des nouvelles technologies intervient de plus en plus au bénéfice des circulations, tant matérielles qu’idéelles, au moyen de la multiplication des pratiques de mises en circulation des informations, des connaissances et également de flux matériels. Arturo Escobar insiste, dès 1994, sur l’urgence qu’il y a à étudier l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur la construction du fait social [Escobar, 1994]. C’est aussi le message de Dana Diminescu, en 2007, qui insiste sur l'usage de la technologie embarquée, par les migrants, et de son impact sur les transferts d'argents et d'informations : les téléphones servent aux transferts d’argent internationaux ; les réseaux sociaux sont utiles à se mouvoir dans l'espace39F

40

; et les clés USB servent à l’échange d’informations électroniques. C'est également dans ce contexte d'hypermobilité que les communications téléphoniques longues distances n’ont jamais été si peu chères. Le migrant en usant des nouvelles technologies, devient « connecté » [Diminescu, 2005] ou « online » selon la formulation de Mihaela Nedelcu [Nedelcu, 2009] mais il dépend alors de sa capacité à être connecté. Cette dépendance peut se révéler déterminante dans la

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

$+!!!86!N6M6N@5/!e!40!D-2B-@3!O6.4!;n04M6N0!6!G6@5!;n-<k05!O0!30NY03NY04!6MM3-G-.O@04!M63!X@.N0.5!

! (&!

réalisation du projet migratoire, comme c’est le cas chez les migrants qualifiés Roumains de Toronto [Nedelcu, 2004]. Les communications longues distances soutiennent alors des circulations dites transnationales, éléments utiles à l'observation et à la compréhension de nouveaux espaces.

A ce titre, les échanges de médicaments dans l'espace transnational observés dans l'espace des circulations entre le Maroc et la France, et mis en évidence dans les études d'Alain Tarrius, indiquent d'une part que les circulations répondent à des nécessités bien réelles des migrants ou de leurs familles restées dans le village d'origine, et indiquent d'autre part que ces espaces de projet relient les membres dispersés de même origine : le village, la région ou le pays. C'est ainsi que les circulations animent l'espace de l'entre-deux. Mais si les transferts tangibles ont monopolisé l’attention des chercheurs, jusque là, l’étude des circulations intangibles documenterait des formes envisageables de co-opération à distance.

Si nous accordons autant d'importance aux circulations c’est, aussi, parce qu’elles contribuent à façonner de nouvelles identités par l’émergence de collectifs ou par la prise de conscience du collectif de sa dispersion [Rouse, 1991]. La circulation n’est donc pas faite que de mobilités physiques, d'individus et de biens, mais aussi d’une « pratique effective et affective de l’espace parcouru » [De Tapia, 1996]. En cela, les études migratoires renseignent sur la nature sociale de l’espace [Rouse 1991 :159].

1.1.2. L'identité professionnelle comme socle des circulations

A l’heure d’une circulation accrue du capital et du travail, la notion de « circulation du capital » doit être particulièrement interrogée. Capital social et capital humain sont en effet déterminants à la fois dans la réussite d’un parcours individuel mais aussi, et surtout, dans la mobilisation d’acteurs multi-situés au bénéfice de projets dépassant le cadre local territorial. Dans Theoretical convergencies and empirical evidence in the study of immigrant transnationalism, Alejandro Portes mobilise une étude sur des entrepreneurs d’origine latino- américaine installés aux États-Unis. Ce cas permet d'établir une corrélation entre : d'une part, le capital humain, les connaissances acquises par les individus par le biais de l’éducation et le

!

('!

capital social c’est à dire les connaissances ou relations humaines tissées au cours de leur vie ; et d'autre part, l’aptitude des migrants à entreprendre dans l’espace transnational. Plus le migrant dispose de connaissances et de relations humaines, plus il est à même de développer des projets lucratifs dans l’espace transnational [Portes, 2003].

Les capacités innovantes relatées par Alejandro Portes doivent se comprendre dans l’idéologie économique actuelle qui est celle d’une « économie de la connaissance ». Celle-ci est alors entendue comme le « stade du capitalisme où se généraliserait un modèle productif particulier organisé autour des complémentarités organisationnelles et technologiques entre les TIC, le capital humain […] et une organisation réactive de la firme qui permettrait la pleine utilisation du potentiel de productivité ». [Amable et Askenazy, in UNESCO, 2003]. Il est question, en somme, d'une valorisation de la créativité et de l’innovation permise par des canaux de communication, et de coopération, toujours plus performants et nombreux. Aussi la présence dans le « Nord développé » de migrants originaires des « pays du Sud » suscite un intérêt particulier des chercheurs et des politiques pour ce qu'il peut apporter comme bénéfices40F

41

. La question des retours de compétences gagne en effet les intérêts des pays d’origine en demande de transfert de compétences, et gagne également les intérêts des pays d’accueil, puisque ces retours de compétences seraient la réponse aux demandes de compensations du Brain Drain41F

42

réclamées au nom d’une déstabilisation économique induite par l'émigration du personnel qualifié, doctrine qui prédominait la question migratoire dans les années 1970 [Jagdish Baghwati, 1974]42F

43

. Durant cette période nombreux ont été les travaux étudiant les rétroactions négatives de la migration qualifiée Sud-Nord [Oteiza 1965, Aleixo 1974, Filgueira et al., 1976].

Concevoir les circulations du capital social et du capital humain peut se faire sous différentes formes. Le réinvestissement du capital intellectuel ne se réalise pas nécessairement par le biais d’un retour définitif dans le pays d’origine. Des retours alternatifs [Raunet 2001] via des réseaux scientifiques diasporiques [Meyer et Hernandez, 2004], seraient aussi des moyens performants pour envisager ce « retour » de capital. L'engouement que suscite la

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

$*!! !

,6.4! ;0! N64! OP2.0! D@E365@-.! 50DM-36@307! ;04! 536B62T! O0! ,-NF2@03! 05! f6M-M-35! @.O@F20.5! F20! ;04! 46B-@34! 6NF2@4!O-@B0.5!j530!42GG@46DD0.5!@DM-356.5!M-23!j530!</./G@F204!62!M6A4!OP-3@E@.0!p,-NF2@03!05!f6M-M-357! "+**!Z!#+qC!

$"!! 80! F'"#$+ -'"#$! 40! O/G@.@5! N-DD0! 2.0! M0350! 4@E.@G@N65@B0! O04! @.O@B@O24! Y6250D0.5! F26;@G@/4! N-D<@./0! e! 2.!

.-D<30!53S4!G6@<;0!O0!N-DM0.465@-.4!/N-.-D@F204!p8-\0;;7!"++*qC!

$#!! 804! N-.4/F20.N04! .P-.5! M64! 5-2k-234! /5/! M03o204! ./E65@B0D0.5! N-DD0! 0.! 5/D-@E.0.5! ;04! 536B62T! O04!

! ((!

capacité des réseaux scientifique à faire circuler du capital humain et social s'est récemment traduit par la mise en place de politiques publiques que l'on documentera d'avantage ultérieurement. On s'intéressera plus précisément à l'interaction entre politiques publiques et dynamiques associatives qui reste en marge de la littérature actuelle.

Si les travaux restent insuffisamment centrés sur l'étude des interactions entre acteurs publiques et privés, ceux-ci ont permis de faire évoluer les théories de la migration qualifiée. Le brain drain, envisagé comme une perte des individus les plus éduqués pour un pays et comme une tragédie pour l'économie nationale [Lowell et Findlay 2002, Brown et Meyer, 1999], comporte l'idée qu'il pénalise les économies des pays du Sud en induisant directement une déconcentration du capital humain et qu'il permet aux pays du Nord de bénéficier d'une masse critique suffisante pour suivre la voie de l'innovation (c'est le transfert inverse de technologie qui consiste à récupérer les cerveaux formés par l'Aide Publique au Développement)43F

44

. Pour enrayer cette tendance Jagdish Bhagwati proposera en 1974 un modèle de taxation sur les flux migratoires qualifiés Sud-Nord. Aujourd’hui, c’est plutôt une contre-vision qui s’impose en suggérant que la présence de ces cerveaux à l’étranger peut être profitable pour les pays d’origine. Il s’agit de l’approche diffusée sous le nom de brain-gain qui s’entend par l’administration du retour des migrants qualifiés ou l’administration de la diaspora pour encourager les circulations du savoir.44F

45

. Dans ce contexte, la circulation des compétences s’envisage d'abord au travers du retour physique et « définitif » des ressortissants des pays du Sud [Ellermann 2003 ; Cervantes et Guellec 2002]. Meyer et Brown [Meyer et Brown, 1999] vont toutefois très rapidement élaborer une étude qui rompt avec une dynamique simple du retour migratoire en adoptant une perspective circulatoire des échanges grâce aux réseaux de migrants qualifiés œuvrant pour la circulation des compétences : les Diasporas Knowledge Networks ou DKN45F

46

. Les travaux de Jean-Baptiste Meyer se caractérisent par un diagnostic minutieux des réseaux existants dans le monde et incluant alors programmes nationaux et internationaux qui se complètent d'initiatives par le bas. Inde, Chine,

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

$$!!!!!

?P045!6244@!62!N-234!O0!;6!#0!?-.G/30.N0!O04![65@-.4!c.@04!M-23!;0!?-DD03N0!05!;0!,/B0;-MM0D0.57!50.20! 0.!*)'"7!F20!;0!R36.4G035!=.B0340!O0!R0NY.-;-E@0!6!/5/!/B-F2/C!

$%

s20;F204! 4N0M5@N@4D04! 42<4@450.5! 5-250G-@4C! X-@3! iNl0.`@0! 05! f6M-M-35! "++&7! N"$+ )#*'"&#,$+ '(-=7(+ (-=7"&#,$"/+"&&"#$)($& O+P.#-($7(+6',)+!(@#7,1 t-3;O!I6.W!K-;@NA!f04063NY!K6M037!.]#)%"C

$&!!?P045!0.!"++&!F20!;Pc[1:?>!4M-.4-3@40!2.0!30.N-.530!@.503.65@-.6;07!-3E6.@4/0!M63!t@;;@6D!R23.037!!6A6.5!

M-23! -<k0N5@G! O0! O@4N2503! ;04! G#"%0,'"+ Q$,R/(-*(+ S(&R,'5%+ 6G@.! OP-2B3@3! O0! .-2B0;;04! M034M0N5@B04! 423! ;0! ;@0.!D@E365@-.!05!O/B0;-MM0D0.5C!,@64M-36!l.-\;0OE0![05\-3W47!c.04N-7!K63@47!#^%!-N5-<30!"++&C!

!

()!

Argentine, Colombie, Pérou, Maroc, Uruguay ou encore Tunisie sont parmi les pays qui possèdent un, voire plusieurs DKN [Meyer 2006]. L’étude pionnière en la matière de Meyer et Brown qui faisait état de quelques 36 DKN a été complétée par de nouvelles études qui démontrent l'expansion des réseaux diasporiques du savoir [Barré et al., 2003 ; Lowell et Gerova 2004 ; Meyer et Wattiaux 2006].

Ces études restent toutefois insuffisantes ; non pour les raisons évoquées par Sylvie Didou Aupetit [Didou Aupetit et Gérard 2009] lorsqu’elle laisse entendre qu'il n'y a pas assez de preuve pour parler de diaspora, argument sur lequel elle est toutefois revenue, tout en privilégiant une vision étatisée de celle-ci [Didou Aupetit, 2010]. On ne souhaite pas valider l'existence d'une diaspora mais l'utiliser comme catégorie d'analyse. Il s'agit moins d'un manque de preuve, pour ces travaux qui se sont étoffés depuis la fin des années 1990, que d'un manque d’analyses approfondies sur le fonctionnement des réseaux de diasporas et l’organisation socio-spatiale productrice de « retours » migratoires46F

47

. Ce besoin d'analyse approfondie nécessite la prise en compte également de la diversité d'acteurs qui interviennent dans la construction du fait diasporique. Pourtant, alors que le dialogue migration- développement a produit un terrain favorable à la mise en place de projets d'origines politiques variées, les travaux n'ont, jusqu'à présent, laissé aucune place à l'étude des effets que peut avoir la multiplicité des acteurs sur les constructions sociales dans l'espace migratoire47F

48

.

1.1.3. D'un espace des circulations à un espace d'enjeu

Si l'articulation entre l’échelle locale et l’échelle globale n’est en rien nouvelle, les débuts du transnationalisme ont été porteurs d’une conception par le bas des réalités. Aussi, la place de l'État reste une question sensible à intégrer dans le corpus. Tout comme Velasco Ortiz [Velasco Ortiz, 2002] étudie les liens inter-ethniques, Michael Kearney et F. Besserer [Kearney et Besserer, 2003] reviennent sur les « self-help hometown associations » autrement dit les associations de villageois Mexicains installés aux États-Unis. Leur conception par le

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

$'

!!!!1.!6.E;6@4!Z!6((-4"75!

$(!!!!Q2k-23OnY2@7!;04!6N50234!M02B0.5!j530!@4424!6244@!<@0.!O0!;6!4-N@/5/!N@B@;07!F20!O04!E-2B03.0D0.54!-2!O04!

! )+!

bas des échanges transnationaux se complète avec la vision d’une gouvernance par le bas, permise par le volontarisme des migrants qui depuis leur lieu de résidence à l’étranger, mettent en œuvre les moyens nécessaires pour contribuer à la vie sociale de leur ville d’origine. Aussi, chez Michael Kearney, la place de l'État ne se trouve pas à l'échelle du transnationalisme mais à celle du trans-étatisme et s'entend par l’extension de l’hégémonie des États sur leurs ressortissants installés temporairement ou définitivement à l’étranger [Kearney, 1995]. De façon analogue, Stéphane Dufoix privilégie la notion de trans-étatisation afin d’évoquer les politiques étatiques qui cherchent à intégrer, a-territorialement, l’ensemble des citoyens installés hors du territoire national par le biais de « politiques de contact » [Dufoix 2009 : 43]48F

49

.

Cette révision du terme transnational est commune à Roger Waldinger et David Fitzgerald dans Transnationalism in question [Waldinger et Fitzgerald, 2004]. Ces derniers évoquent également le trans-état ou trans-state en lieu et place du transnationalisme. Dans ce cas, l’État est remis clairement au centre, sans pour autant mobiliser l’identité comme fondement d’un espace de relations privilégiées avec les citoyens. On retrouve alors cette même construction du mot en anglais « trans-statism » [Sheffer et Miles, 1998] mobilisé dans le cadre de la migration péruvienne [Paerregaard et al . 2010]. Toutefois, on note dans les écrits de Stéphane Dufoix un effort pour contribuer à la littérature du transnationalisme et venir éclaircir le rôle joué par les États à côté des initiatives des migrants. Il élabore alors le champ lexical du transétatisme qui permet d’aller au-delà du simple rapport hégémonique de l’État sur la nation dispersée. Aussi conçoit-il l’« espace national transétatique », comme un espace où coexistent des acteurs issus de la sphère politique nationale et les acteurs issus de l’espace communautaire [Dufoix et al. 2010 : 36]. Au lieu d’affronter les dynamiques « par le haut » et « par le bas », l'espace national transétatique autorise d’aplanir les relations entre États et migrants.

Malgré ces travaux, il semblerait que l'usage du champ lexical du transnational ne puisse complètement éclairer la production d'espaces socialisés dans l'espace migratoire. Il

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

$)!!

804!40M5!O@D0.4@-.4!O0!;PJ565!536.4^/565@F20!4-.5!6;-34 Z!;6!M-44@<@;@5/!O0!B-503!O0M2@4!;P/536.E037!;P@.N;24@-.! -GG@N@0;;0! -2! 4AD<-;@F20! O04! 0TM653@/4! O6.4! ;P-3E6.@465@-.! 5033@5-3@6;07! ;6! M-44@<@;@5/! OP6B-@3! ;6! O-2<;0! .65@-.6;@5/!05!;6!O-2<;0!N@5-A0..05/7!;6!N3/65@-.!OP04M6N04!O0!;@0.!0.530!;04!0TM653@/4!D6@4!6244@!0.530!02T!05! ;PJ5657!;6!N3/65@-.!OP04M6N04!O0!30.N-.530!MYA4@F20!0.530!;04!30M3/40.56.54!O0!;PJ565!05!;04!30M3/40.56.54!O04! M-M2;65@-.4!.65@-.6;04!-2!OP-3@E@.0!.65@-.6;0!B@B6.5!e!;P/536.E037!;P@.N;24@-.!O04!0TM653@/4!O6.4!;6!O/G@.@5@-.! DjD0! O0! ;6! .65@-.! HO0! G6@5! @;! .0! 4036@5! M;24! F2045@-.! OP0TM653@/47! M2@4F20! ;P0TM653@65@-.! 4@E.@G@0! ;6! M0350! OP6MM6350.6.N0!e!;6!.65@-.LC!!

!

)*!

conviendra de vérifier que le champ lexical de la diaspora est favorable à la description fidèle des rôles imbriqués d'acteurs multiples dans la construction d'un nouveau champ social dans l'espace migratoire.