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Chapitre 4 Le rôle de l’encodage dans la maitrise du code alphabétique

5. Questions de recherche

7.3. Le décodage

Nous avons convenu plus haut que les élèves résolvent des tâches de décodage dans trois situations : lorsqu'ils mettent en correspondance les graphèmes et les phonèmes (pg4), lorsqu’ils étudient la combinatoire ou qu’ils travaillent sur les syllabes (pg5) et lorsqu'ils déchiffrent des mots (l3). Avant d’étudier le regroupement de ces trois variables, nous allons consacrer le prochain paragraphe à l’étude des tâches de déchiffrage (l3).

7.3.1. Le temps d’enseignement du déchiffrage de mots : analyse descriptive La durée hebdomadaire moyenne des tâches de déchiffrage de mots (l3) varie de 1 à 50 minutes selon les classes, la moyenne de l’échantillon est de 18 minutes (σ = 11) (cf. tableau 44). La médiane se situe à 16 minutes, ce qui signifie que la majorité des classes pratique moins de 18 minutes de déchiffrage de mots par semaine.

l3 l3s47 l3s12 l3s21

Moyenne 18 24 18 12

Écart-type 11 16 18 14

Proportion 0,041 0,055 0,040 0,027

Tableau 44. Durées moyennes des tâches de déchiffrage sur l’année et par semaine d’enquête Lecture : ces durées sont accompagnées d’une indication de proportion établie par rapport à

la durée totale de l’enseignement de la lecture et de l’écriture

La durée des tâches de déchiffrage de mots diminue de manière régulière et continue au fil de l’année, que ce soit en valeur absolue ou en proportion. Les enseignants y consacrent 24 minutes en novembre, 18 minutes en mars et 12 minutes en mai, soit deux fois moins de

174 temps à la fin de l’année qu’au début. Les tâches de déchiffrage représentent 5,5 % du temps total du lire-écrire au début du cours préparatoire mais occupent à peine 3 % de ce temps en fin d’année scolaire.

Sur la répartition en déciles ci-dessous (cf. figure 16), nous constatons une augmentation régulière des moyennes hebdomadaires du temps de déchiffrage de l’ordre de 2 à 4 minutes du premier au huitième décile. En revanche, cet écart est nettement plus important entre les trois derniers déciles, les classes des neuvième et dixième déciles faisant beaucoup plus de déchiffrage que les autres.

Figure 16. Durées moyennes du déchiffrage de mots (l3) par décile exprimées en minutes hebdomadaires

Lecture : chaque décile est formé de 13 classes, à l’exception du cinquième qui en compte 14. 7.3.2. Le temps d’enseignement du décodage : analyse descriptive

Le temps hebdomadaire moyen consacré au décodage (pg4 + pg5 + l3) est de 72 minutes (σ = 28). Il représente 16 % du temps que les élèves passent à résoudre des tâches de lecture et d’écriture. Ce temps diminue tout au long de l’année scolaire, passant de 83 minutes en novembre à 59 minutes en mai, et de 19 à 14 % du temps total du lire-écrire (cf. tableau 45).

Dans l’ensemble décodage, l’étude des correspondances entre les graphèmes et les phonèmes (pg4) occupe la moitié du temps. L’autre moitié se répartit équitablement entre l’étude de la combinatoire ou le travail sur les syllabes (pg5) et le déchiffrage de mots (l3). La durée hebdomadaire moyenne des tâches de type pg4 augmente légèrement au cours de l’année, leur proportion aussi (cf. tableau 42, § 7.2.1.). En revanche, les élèves consacrent de moins en moins de temps à résoudre des tâches de type pg5 (cf. tableau 42, § 7.2.1.) et l3 (cf.

3 5 9 13 15 18 21 24 31 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

175 tableau 44, § 7.3.1.). Pendant l’année de cours préparatoire, l’étude des correspondances graphophonémiques (pg4) occupe donc de plus en plus de place au sein de l’ensemble décodage.

decod pg4 pg5 l3 decods47 decods12 decods21

Moyenne 72 35 19 18 83 73 59

Écart-type 28 18 15 11 35 37 32

Proportion 0,163 0,078 0,044 0,041 0,186 0,165 0,138

Tableau 45. Durées moyennes des tâches de décodage sur l’année et par semaine d’enquête Lecture : ces durées sont accompagnées d’une indication de proportion établie par rapport à

la durée totale de l’enseignement de la lecture et de l’écriture

Sur la répartition en déciles ci-dessous (cf. figure 17), nous retrouvons des valeurs proches de celles de l’enseignement de la phonographie. En effet, l’étude des correspondances entre les graphèmes et les phonèmes et le travail sur les syllabes ou l’étude de la combinatoire sont communs aux ensembles « phonographie » et « décodage ». Ce sont les tâches auxquelles les élèves consacrent le plus de temps, elles donnent donc la tendance générale de la distribution de valeurs.

Figure 17. Durées moyennes de décodage (decod) par décile exprimées en minutes hebdomadaires

Lecture : chaque décile est formé de 13 classes, à l’exception du cinquième qui en compte 14. 32 44 50 56 65 73 80 90 102 126 0 20 40 60 80 100 120 140 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

176 7.3.3. Le temps d’enseignement du décodage selon les quartiles d’encodage : analyse descriptive

Dans le tableau ci-dessous, il est intéressant de constater que les durées hebdomadaires moyennes consacrées au décodage sont relativement homogènes d’un quartile à l’autre.

decod pg4 pg5 l3 decods47 decods12 decods21

Moyenne 72 35 19 18 83 73 59 Écart-type 28 18 15 11 35 37 32 Proportion 0,167 0,080 0,045 0,042 0,186 0,165 0,138 Q1 68 33 17 17 79 71 53 Proportion 0,171 0,083 0,044 0,044 0,203 0,183 0,145 Q2 72 30 21 21 89 71 57 Proportion 0,178 0,073 0,053 0,053 0,202 0,165 0,134 Q3 74 38 21 16 78 79 65 Proportion 0,174 0,089 0,049 0,036 0,168 0,161 0,146 Q4 73 37 18 18 85 72 62 Proportion 0,146 0,075 0,035 0,036 0,171 0,150 0,128

Tableau 46. Durées hebdomadaires moyennes des tâches de décodage sur l’année et par semaine d’enquête

Lecture : ces durées sont accompagnées d’une indication de proportion établie par rapport à la durée totale de l’enseignement de la lecture et de l’écriture. Les quartiles sont ceux qui ont

été constitués à partir des durées d’enseignement consacrées à l’encodage.

En effet, une fois débarrassée de la phonologie pure (pg1 et pg2) et de l’étude des lettres (pg3), les classes du troisième quartile n’apparaissent plus aussi singulières qu’elles ne l’étaient pour le temps d’enseignement de la phonographie (cf. supra, § 7.2.2.). Avec une moyenne de 68 minutes par semaine, les classes du premier quartile consacrent au décodage 4 à 6 minutes de moins en moyenne que celles des trois autres quartiles. Par conséquent, les classes qui encodent le moins sont aussi celles qui décodent le moins.

Dans les quartiles 1, 3 et 4, l’étude des correspondances graphophonémiques (pg4) occupe environ la moitié du temps, l’étude de la combinatoire ou le travail sur les syllabes (pg5) et le déchiffrage (l3) un quart du temps chacun. Dans le quartile 2, la prégnance des tâches de type « pg4 » est moins forte. La baisse des durées hebdomadaires moyennes de décodage concerne tous les quartiles, elle est comprise entre 13 et 32 minutes de novembre à mai. À la fin de l’année scolaire, aucun quartile ne se distingue vraiment des autres, les proportions du temps total consacré à la lecture et à l’écriture varient seulement de 13 à 15 %.

177 7.3.4. Le temps d’enseignement du décodage : analyses inférentielles

Les modèles d’analyse multiniveau construits avec la variable didactique decod ne mettent en évidence aucun résultat significatif. Autrement dit, nous ne relevons aucune influence du temps d’enseignement du décodage sur les performances des élèves en décodage et en orthographe. Les professeurs qui passent plus de temps que les autres à enseigner le décodage n’induisent donc pas davantage d’apprentissage chez les élèves. Plus que le décodage, c’est donc bien l’encodage qui semble faire la différence d’efficacité entre les pratiques.

7.4. Comparaison du temps d’enseignement de l’encodage et du décodage