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le gouvernement colombien

Carte 2 Cultures illicites et groupes terroristes (2004)

FARC 66 % AUC 33 % ELN 1 % Coca Pavot

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(15) Ministère de la Défense nationale.

capturés en Colombie et dans des pays voisins, la destruction de cent quatorze laboratoires et la saisie de plusieurs tonnes de cocaïne. Un des cas les plus représentatifs est la capture d’Anayibe Rojas Valderrama alias « Comandante Sonia », responsable financier du front n° 14 des FARCdans

le Sud du pays et responsable du trafic de cocaïne vers les États-Unis, pays demandant son extradition15.

Enfin, il est important de signaler que la communauté internationale a aujourd’hui une interprétation claire du caractère criminel et terroriste des groupes guérilleros et d’autodéfense colombiens. Les décisions politiques et judiciaires le montrent : depuis 2001, huit nouvelles mesures adoptées par les gouvernements et organismes internationaux désignent les FARC, l’ELNet les AUC comme

des groupes terroristes et, dans certains cas, trafiquants de drogue. Parmi ces mesures, on note :

– 1er avril 2001 : le Département d’État des États-Unis ajoute les FARC, l’ELNet les AUCà la liste des organisations

terroristes liées au trafic de drogue ;

– 8 décembre 2002 : l’Union européenne ajoute les FARCet

les AUCà la liste des groupes terroristes ;

– 24 février 2004 : le Département du Trésor des États-Unis ajoute les FARC à la liste des personnes et organisations

signalées comme trafiquants de drogue et terroristes ; – 23 mars 2004 : le ministère japonais des Affaires étrangères

ajoute les FARC, l’ELNet les AUCà la liste des organisations

impliquées dans les activités de blanchiment de capitaux ; – 2 février 2004 : l’Union européenne ajoute l’ELNà la liste

des groupes terroristes.

D e u x i è m e d é f i : r e n f o r c e m e n t

d u c o n t r ô l e d e l ’ É t a t

s u r l e t e r r i t o i r e e t p r o t e c t i o n

d e l a p o p u l a t i o n c i v i l e

Le gouvernement national cherche à éliminer les menaces envers la Colombie tout entière, par le renforcement du contrôle étatique du territoire, la protection de la population civile et la formation de gouvernements locaux

communautaires. Le rétablissement de la présence de l’État dans les municipalités les plus affectées par la violence vise également à démanteler l’économie locale illégale basée sur le commerce des drogues illicites, le terrorisme, les finances illicites, le trafic d’armes, de munitions et d’explosifs, les enlèvements, l’extorsion et la criminalité de droit commun. Ainsi, l’augmentation de la présence permanente de la force publique dans les zones rurales et urbaines a eu un rôle fondamental dans la diminution des taux de crimi- nalité, en particulier des massacres et des crimes atroces à l’encontre de la population civile, notamment dans les zones où se concentrent les plans de sécurité du gouvernement : Cundinamarca (diminution de 83 %), Arauca (82,6 %), Boyacá (81 %), Caquetá (77 %) et Chocó (78,9 %). C’est ce que montre aussi une récente étude du département d’Économie de l’université de Londres, qui évalue les dix- sept premiers mois du gouvernement du président Uribe. Entre autres conclusions, le document considère que le Programme de sécurité démocratique est une réussite et souligne la réduction d’actes de violence affectant la population civile. Il indique textuellement : « Sous Uribe, la Colombie est devenue sûre pour la population civile, mais pas pour les combattants16. » Dans cette optique, le gouver-

nement a rétabli les services de police dans les 1 098 muni- cipalités du pays, a créé 37 escadrons de carabiniers de police, 9 brigades mobiles, 11 groupes de forces spéciales antiterroristes et 455 pelotons constitués de soldats paysans présents dans 450 localités ; il a porté à six mois le service militaire obligatoire des soldats réguliers ; et il a augmenté de 10 000 personnes les effectifs de la Police nationale17.

Le défi pour le gouvernement national est de libérer les municipalités traditionnellement affectées par la violence des groupes guérilleros, d’autodéfense et les bandes de criminels de droit commun et de crime organisé, d’établir des administrations communautaires efficaces, d’éliminer le « contrôle local » et le « pouvoir municipal » que tentent d’exercer les groupes armés illégaux, et de mettre en place une politique intégrale de sécurité, de gouvernance et de démocratie.

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(16) Jorge Restrepo, Michael Spagat: The Colombian

Conflict: Uribe’s First 17 Months, 2nd June 2004, p. 17 (http://personal.rhul. ac.uk/pkte/126/Documents / D o c s / C o l o m b i a n % 2 0 Conflict,%20Uribe%20first %2017th%20months.pdf). (17) Efficacité du program- me de sécurité démocra- tique – ministère de la Défense Nationale

Tr o i s i è m e d é f i : c o n t e n i r l a

m e n a c e r é g i o n a l e , c o n t i n e n t a l e

e t m o n d i a l e

La politique de sécurité démocratique porte également sur la fermeture des points de pénétration du territoire colombien par les narcotrafiquants, les terroristes, les trafiquants d’armes et les autres criminels organisés au niveau international. La criminalité organisée internationale se réorganise chaque jour ; elle ne connaît ni limites territoriales ni barrières physiques ou morales ; les criminels s’adaptent facilement aux structures et aux systèmes de contrôle, ils acquièrent une technologie moderne et créent des « codes de conduite délictueuse » qui infiltrent les sphères de l’État et de la société. Le gouver- nement colombien articule des efforts multiples pour contenir ces menaces, participe activement aux transferts de connaissance, d’expérience et d’aide vers d’autres pays, et sollicite chaque jour davantage d’efforts de la part de la communauté internationale dans la lutte contre le crime organisé transnational. Les organisations du trafic de drogue de la région, associées aux groupes terroristes, se déplacent sans cesse davantage vers les couloirs frontaliers, en profitant des difficultés que présente ce terrain pour l’exercice du contrôle par les autorités. Ainsi, trois des quatre départements colombiens où des cultures de coca sont apparues récemment sont situés dans des régions frontalières : Nariño (Équateur), Amazonas (Brésil et Pérou) et Guajira (Venezuela18). Dans la région andine, les

paysans et les indigènes qui utilisent la feuille de coca à des fins médicinales ou culturelles sont manipulés et intimidés par les terroristes et les narcotrafiquants, qui les pressent de la transformer en pâte de coca, base de cocaïne ou chlorhydrate de cocaïne, et les utilisent comme « messagers » pour le transport d’armes et de drogues le long des couloirs frontaliers. Cela a été corroboré lors des dernières opérations réalisées par la force publique, par des témoignages de personnes exploitées comme cultivateurs et comme opérateurs dans les laboratoires clandestins.

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(18) Direction antinarco- tiques de la Police nationale.

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Les programmes d’interdiction en cours sur les côtes colombiennes, en particulier la Côte Atlantique, ont amené les narcotrafiquants à ouvrir de nouvelles voies de trafic à partir de pays voisins, d’Amérique centrale et du cône Sud. Par ailleurs, on a découvert des laboratoires de traitement de cocaïne dans la plupart des pays latino-américains ; l’année dernière, on a démantelé au Surinam le plus grand laboratoire de production de drogues synthétiques d’Amérique latine, et on a saisi des chargements de cocaïne dans les principaux ports et aéroports du Chili, d’Argentine, de l’Équateur et du Costa Rica.

Ces faits permettent d’identifier de nouvelles caractéris- tiques de l’évolution du trafic de drogue, dont les suivantes : • le trafic de base de cocaïne et de pâte de coca a pour principale destination des laboratoires clandestins de pays latino-américains non producteurs de feuille de coca ;

• on note une nette augmentation du nombre d’étrangers arrêtés dans des pays latino-américains comme passeurs de drogues ;

• les voies maritimes sont de plus en plus le principal mode de trafic de cocaïne à partir de l’Amérique du Sud vers les États-Unis et l’Europe19;

• certains pays africains sont des lieux de transit de la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et à destina- tion de l’Europe et l’Asie ;

• la cocaïne d’Amérique latine entrant en Europe est redistribuée dans les Balkans et échangée contre de l’héroïne et des armes ;

• il y a un volume croissant d’échange de cocaïne, d’armes et de drogues synthétiques entre trafiquants américains, européens, africains et asiatiques ;

• l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas sont les principaux points d’entrée de la cocaïne en provenance d’Amérique latine ;

• la violence suscitée par les narcotrafiquants colombiens s’est étendue aux pays d’Amérique latine et d’Europe.

(19) Cf. l’article de Damián Zaitch dans ce numéro (NdR).

Q u a t r i è m e d é f i : l i m i t e r l ’ i m p a c t

e nv i r o n n e m e n t a l d u t r a f i c

d e d r o g u e

Le trafic de drogue est la plus grave menace envers l’environnement. C’est ce que concluent diverses études réalisées par des ONG, des universités, des organismes de

protection de l’environnement, des scientifiques et des chercheurs, dont les résultats coïncident avec le travail de terrain réalisé par le gouvernement national pour connaître la portée des dommages, contenir la déforestation et réali- ser des programmes de restauration, de protection et de conservation de l’écosystème affecté.

L’impact sur l’environnement a lieu principalement pendant les étapes de culture et de traitement de la feuille de coca et du pavot, de la façon suivante :

• dans la phase de préparation du terrain, les cultivateurs défrichent et brûlent trois hectares de forêt pour cultiver un hectare de coca, et deux hectares et demi pour semer un hectare de pavot ;

• après deux ou trois ans d’utilisation de la terre pour des cultures illicites, les terrains sont abandonnés pour en défricher d’autres, ce qui poursuit le cycle de défores- tation ;

• 75 % des cultures illicites et des laboratoires sont situés près de rivières et de ravines, où sont déversés des pro- duits chimiques hautement toxiques, dont des résidus de ciment, du permanganate de potassium, de l’acide chlorhydrique, de l’acétone, de la méthyléthylcétone et de l’acétate d’éthyle, entre autres ;

• les cultivateurs ignorent les techniques agricoles tradi- tionnelles d’ensemencement et utilisent dix fois plus de pesticides que dans certaines cultures licites ;

• chaque année, lors du traitement de la base de coca pour obtenir le chlorhydrate de cocaïne, on déverse dans les sols andins, en particulier en Colombie, environ 10 millions de litres d’acide sulfurique, 10 millions de litres d’éther éthylique, 8 millions de litres d’acétone et 40 à 770 mil- lions de litres de kérosène20;

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(20) Département d’État des États-Unis.

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• pour le traitement d’un hectare de coca, les narcotrafi- quants utilisent 127 kilos de produits solides, 447 litres de produits chimiques liquides et 4 000 litres d’eau21;

• outre l’impact sur la végétation de la culture de plantations illicites, de grandes étendues de terrain sont utilisées pour l’implantation de communautés, l’installation de laboratoires, la localisation de campements guérilleros et d’autodéfense et l’ouverture de voies de communication clandestines.

Une étude de terrain de l’Universidad de los Andes sur l’impact des cultures illicites dans la municipalité de Tibú (Norte de Santander) démontre l’impact négatif des narco- trafiquants sur l’environnement. Voici quelques-unes de ses conclusions :

• au cours de la période 1999-2001, on a observé la disparition de 30 % de la couverture végétale du fait de l’intervention illicite des cultivateurs de coca ;

• les récipients récupérés sur les terrains où a été cultivée la coca prouvent l’utilisation d’anikilamine et de paraquat, catalogués comme des produits chimiques extrêmement toxiques ;

• les substances acides résultant du traitement de la feuille, de la pâte de coca et de la base de cocaïne créent des effluents de résidus, acides et produits organiques et volatils dans le sol et les rivières.

Le bilan du Système intégré de surveillance des cultures illicites (Sistema Integrado de Monitoreo de Cultivos Ilícitos - SIMCI) pour l’année 2002 indique qu’au cours de

cette période 49 000 hectares de forêt ont été détruits, et a permis de corroborer les stratégies utilisées par les narcotrafiquants pour échapper à l’éradication des cultures en combinant sur une même parcelle plantes illicites et plantes licites.

Un fait grave et récemment dénoncé par la Corporation régionale du Cauca est la dégradation de l’écorégion du Massif colombien (Macizo Colombiano), où l’action des narcotrafiquants (production d’héroïne) et des guérilleros (production de diverses drogues, et utilisation comme zone

(21) Direction antinarco- tiques de la Police nationale.

d’arrière-garde stratégique et couloir de déplacement) a contribué à la destruction de 99 605 hectares de forêt sur 278 424 hectares. Le Massif colombien a été déclaré patrimoine de la biosphère par l’UNESCOen 199822.

C i n q u i è m e d é f i :

l a r e s p o n s a b i l i t é p a r t a g é e

La 47econférence annuelle de la Commission des stupé-

fiants de l’ONU a été l’événement de niveau mondial le

plus récent permettant de constater le niveau alarmant du trafic de drogue dans la plupart des pays. Elle a permis à la Colombie de soumettre, avec l’appui de nombreux autres pays, une résolution sur le contrôle des précurseurs chimiques, qui a été approuvée à l’unanimité des cent vingt-huit pays participants23. Les pays producteurs et les

pays consommateurs acceptent le principe de la responsa- bilité partagée proposé par le gouvernement colombien ; cependant, les résultats obtenus n’ont pas été suffisants, le problème persiste, et la Colombie continue à renforcer son rôle par rapport à la communauté internationale dans la lutte contre les drogues et le terrorisme. Dans ce contexte, la Colombie a rencontré des alliés importants qui font ensemble des efforts considérables pour neutraliser le commerce des drogues et le phénomène du terrorisme dans toutes ses manifestations. Outre l’efficace coopération en cours avec les États-Unis et le niveau atteint par le Plan andin antidrogues, la Colombie a obtenu des avancées notables sur ce point avec l’Union européenne à travers deux mécanismes : le Dialogue spécialisé sur les drogues avec la Communauté andine, et le Mécanisme de coordi- nation et de coopération en matière de drogues avec les pays latino-américains et des Caraïbes.

Le 7e Dialogue spécialisé sur les drogues UE-Canada qui

a eu lieu les 20 et 21 avril 2004 à Bruxelles a abouti à l’adoption de plusieurs actions spécifiques de coopération antidrogues entre les participants, dont les suivantes : • se pencher sur le problème des drogues synthétiques

dans la région andine ;

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(22) Direction nationale des stupéfiants – sous-direction stratégique et de recherches.

(23) Résolution sur le contrôle des précurseurs chimiques – 47econférence annuelle de la commission des stupéfiants de l’ONU.

• lancer des échanges d’information sur le contrôle du détournement du carbonate de sodium et poursuivre les actions conjointes dans le cadre de l’opération Púrpura ; • accroître la participation des autres pays andins à

Europol ;

• suivre une approche intégrée de développement alternatif. L’Union européenne examinera les projets d’action présentés par la Communauté andine ;

• approfondir l’analyse de la relation entre drogue et terrorisme ;

• continuer à tenir le sommet annuel d’experts sur les précurseurs chimiques. L’Union européenne, au travers de l’ONU, financera un projet régional de contrôle des

précurseurs chimiques dans la région andine pour un montant de 1,6 millions d’euros.

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Juan Carlos BUITRAGOARIAS

Mayor, Police nationale de Colombie, ancien officier de liaison auprès d’Europol

l y a six ans, le 11 janvier 2000, Bill Clinton, président des États-Unis, faisait voter un texte octroyant à la Colombie et à ses voisins une aide supérieure à 1,3 mil- liards de dollars, dont 860 millions pour la seule Colombie. « Il est dans l’intérêt supérieur de la nation de réduire l’afflux de cocaïne et d’héroïne sur nos côtes, comme de promouvoir la paix, la démocratie et la croissance économique en Colombie et dans la région », déclarait le président Clinton. « Le gouvernement colombien, pas plus que ses voisins, ne peut assumer seul ce fardeau » [White House, 2000a].

Cette série de subventions, approuvée six mois plus tard par le Congrès américain, représentait un triplement de l’aide apportée à ce pays en 1999, soit neuf fois plus qu’en 1998. La Colombie passait au troisième rang mondial des bénéficiaires de l’aide américaine, derrière Israël et l’Égypte (seuls l’Irak et l’Afghanistan l’ont dépassée depuis).

Le Plan Colombie