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Coton, principal produit d’exportation

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Chapitre 1. Contexte et justification de la thèse

1. Importance du coton pour l’économie béninoise

1.2. Coton, principal produit d’exportation

Le coton remplit des fonctions économiques et sociales tant du point de vue macro que microéconomique (Tschirley et al., 2008; 2006; Hugon, 2007; Hugon et Mayeyenda, 2003;

Bourdet, 2004). Le coton occupe une place de choix dans les économies des pays africains producteurs et exportateurs comme le Bénin, le Mali et le Burkina Faso (Figure 2).

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Figure 2. Part des exportations de coton dans les exportations totales pour quelques pays

Source: Banque de France, 2011; AFRISTAT, 2011 Le coton produit l’essentiel des recettes totales d’exportation de certains pays africains. De 1995 à 2005, le coton était le moteur de l’économie du Bénin. La part des recettes d’exportation de coton fibre dans les recettes totales d’exportation y compris les recettes liées au commerce de réexportation de produits vers le Nigéria et les pays de l’Hinterland (Niger, Burkina Faso, Mali) était de plus de 30%. Puis cette contribution à commencé à chuter à partir de 2006 pour se stabiliser aux environs de 10%. Pour l’économie du Burkina Faso, cette contribution du coton aux recettes d’exportation est légèrement supérieure comparativement au Bénin, mais elle a tendance à chuter à partir de 2006. La chute de la contribution des exportations du coton fibre a commencé pour l’économie malienne déjà à partir de 2004 à cause de la baisse de la production. Depuis que le Tchad a commencé à exploiter et à exporter le pétrole, la part des recettes d’exportation de coton fibre dans les recettes totales d’exportation a chuté à partir de 2002.

Cette importance du coton pour des économies peu diversifiées se mesure aussi sur son apport à la formation du PIB (Figure 3). De 1995 à 2005, l’apport des recettes d’exportation du coton fibre dans la formation du PIB est supérieur à 4%, atteignant plus de 9% en 1996, alors qu’il tourne autour de 2% à partir de 2006. Ainsi, la contribution du coton à l’économie béninoise et à la lutte contre la pauvreté a été moins forte à partir de 2006 que durant les autres périodes.

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Plusieurs facteurs justifient cela. Le contexte du marché international caractérisé par une fluctuation de l’Index A (Figure 4) se répercute sur le prix d’achat du coton-graine payé aux producteurs. Les politiques de subvention de certains pays de l’OCDE engendrent une distorsion du marché international qui ne profite pas aux producteurs africains. Mais des facteurs internes liés au changement institutionnel de libéralisation économique désorganisent l’organisation de la production cotonnière au Bénin.

A l’échelle sous régionale, la contribution du coton dans la formation du PIB des pays comme le Burkina Faso et le Mali n’est pas moins importante, même si cette contribution a tendance à perdre de vitesse à partir de 2006. Tout comme le Bénin, le coton est une production commerciale d’exportation qui permet de redistribuer des revenus à plusieurs millions de producteurs.

Figure 3. Contribution des exportations de coton fibre dans la formation du PIB pour quelques pays africains

Source: Banque de France, 2011; AFRISTAT, 2011

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Figure 4. Prix d’achat du coton-graine payés aux producteurs et Index A

Source : AIC, 2010c; ICAC, 2011 Le développement du commerce de réexportation de produits (véhicule d’occasion, textiles, produits alimentaires) à cause de l’activité portuaire, fait du Bénin, un Pays de transit pour les pays limitrophes. Les recettes liées aux activités de réexportations de produits vers le Nigéria, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad fait diminuer l’importance économique du coton. En effet, depuis 1999, les recettes provenant des réexportations de produits sont supérieures aux recettes d’exportation de coton fibre, et l’écart s’est creusé davantage depuis 2006 avec une contribution des recettes de réexportation supérieure à 65% des recettes totales d’exportation et autour de 50% à partir de 2007, celles du coton fibre se stabilisant légèrement à 12% (Figure 5). Depuis 2006, la contribution des exportations de l’huile de palme remontent fortement jusqu’à dépasser celle de coton fibre.

En revanche, sans la prise en compte des recettes de réexportation des produits d’importation, la structure du commerce extérieur du Bénin montre que le coton fibre est de loin, la principale production d’exportation du Bénin jusqu’en 2005. Mais à partir de 2006, la contribution du coton chute au profit de l’huile de palme et des noix de cajou (Figure 6).

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Figure 5. Structure des exportations du Bénin

Source: Banque de France, 2011; FAO, 2011 Figure 6. Structure des exportations (sans les réexportations) du Bénin

Source: Banque de France, 2011; FAO, 2011

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La production cotonnière constitue pour plusieurs raisons, la source principale de croissance de l’économie nationale. De 1995 à 2005, la production annuelle régulière d’environ 350.000 tonnes générait jusqu’à plus de 70 milliards FCFA (Franc de la communauté financière africaine) (Figures 7 et 8) qui sont redistribués à plus de 325.000 producteurs agricoles.

Figure 7. Valeur marchande de la production de coton-graine

Source: données non publiées de la Centrale de sécurisation des paiements et de recouvrement (CSPR), 2010

Figure 8. Evolution de la production de coton-graine

Source: AIC, 2010c

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La production cotonnière fait vivre près de deux millions de personnes au Bénin (Banque de France, 2005). L'économie locale des régions cotonnières se fonde sur cette production marchande qui assure l'essentiel des revenus monétaires des producteurs et de leur famille, des investissements individuels et collectifs.

La production cotonnière est concentrée dans la partie Nord du Bénin. Les producteurs du Sud et Centre du Bénin la pratique aussi, mais à un degré moindre. La chute de la production depuis 2006 est corrélée à la baisse du nombre de producteurs. Seulement, 114.123 producteurs de coton (soit une baisse de près de 65% par rapport aux 325.000 producteurs) ont été recensés en 2008-2009. Certaines régions comme les départements des Collines et du Zou ont abandonné la production de coton et se sont lancées dans d’autres productions. Cette production cotonnière occupait il y a encore 4 à 5 ans, 80% de la population active.

La commercialisation des intrants utilisés pour la production cotonnière représente annuellement un chiffre d’affaire compris entre 20 et 30 milliards FCFA répartit entre les Importateurs et distributeurs d’intrants (IDI) (Tableau 1). Le marché d’intrants pour le coton représente en effet un volume important d’engrais, d’insecticides et d’appareils de traitement phytosanitaire.

Tableau 1. Valeur marchande annuelle de vente d’intrants coton au Bénin Valeur marchande de vente des

Source: données non publiées de la CSPR, 2010 Les effets d’entrainements induits par la production cotonnière sont donc multiples. Le transport des intrants dans les magasins villageois des producteurs et celui du coton-graine des marchés villageois vers les usines d’égrenage génèrent d’importants revenus aux transporteurs. En 1993-1994 par exemple, les transporteurs et les transitaires ont empoché respectivement 3,8 milliards FCFA et 1,7 milliards FCFA.

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La transformation du coton-graine en coton fibre a contribué à l’installation d’usines d’égrenage implantées dans les zones de production. En 2011, le Bénin compte au total, 18 usines d’égrenage qui emploient de la main d’œuvre lors des opérations d’égrenage. Outre la dimension marchande, le coton remplit des fonctions sociales, de préservation des valeurs communautaires et de solidarité et de maintien de la population dans les zones de production avec les emplois qu’il permet de créer.

Toute la production annuelle de coton-graine est transformée localement en coton fibre et en graines de coton par les usines d'égrenage. Bien que le Bénin n’ait aucune influence en matière de prix sur le marché international, tant pour la vente du coton fibre que pour l’achat des intrants, plus de 95% de la production de coton fibre est commercialisée sur le marché international. Moins de 5% est transformée par deux industries textiles locales, SITEX1 et COTEB2 pour les besoins de l’industrie textile locale. Seulement, une partie des graines de coton est commercialisée aux usines locales (Fludor, Industrie béninoise des corps gras, Société des huiles du Bénin) qui les transforment en huile de table et tourteaux pour l'alimentation de bétail. L'autre partie des graines de coton est exportée sur le marché international.

Ainsi, le coton est une production d'exportation par excellence pour le Bénin, ce qui impose d’adopter des itinéraires techniques de production répondant aux exigences de qualité internationale. En effet, la récolte manuelle du coton africain améliore la qualité de la fibre et explique le fait qu’il est recherché sur le marché international. Les insecticides utilisés pour la production cotonnière doivent être en conformité et répondre aux normes de qualité phytosanitaire du marché international. L’Endosulfan, le principal insecticide employé dans le programme de traitement phytosanitaire du cotonnier pour mieux contrôler le ravageur Helicoverpa armigera devenu résistant aux produits à base de pyréthrinoide, est interdit d’utilisation par l’Union Européenne depuis 2008 à cause de sa forte toxicité pour l’homme et pour l’environnement.

De 2001 à 2009, la superficie annuelle de coton représente entre 9 à 19% des superficies totales cultivées derrière les céréales qui occupent entre 40 à 50% des superficies totales annuelles, les racines et tubercules qui s’étendent sur environ 20 à 24% des superficies annuellement cultivées (Figure 9). Le coton représente, plus de 50 à 75% des superficies

1 Société des Textiles du Bénin

2 Compagnie des Textiles du Bénin

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totales des cultures commerciales d’exportation (cultures de rente) sur la période 2001 à 2009 (Figure 10).

Figure 9. Evolution des parts de superficies par types de cultures

Source: données non publiées du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, 2010 Figure 10. Part des superficies de coton par rapport à celles des cultures de rente

Source: données non publiées du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, 2010

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La question fondamentale est celle de fournir des outils pour préserver les avantages de chacun des acteurs qui participent directement ou indirectement au processus économique de production et de répartition des ressources liées au coton. Le coton est une production stratégique pour la politique agricole et économique du Bénin et pour les acteurs du système coton à savoir, producteurs, État et acteurs privés.

Le rôle économique et stratégique du coton fait de lui une affaire politique dans certains pays africains où des millions de petits producteurs et leurs familles vivent et dépendent de cette production (Baffes, 2004; Tschirley et al., 2009). Toute politique de prix du coton a des incidences positives ou négatives à court et long terme sur les revenus et la sécurité alimentaire des ménages agricoles, exprimant ainsi le lien entre prix de coton et bien-être en milieu rural au Bénin (Minot et Daniels, 2002).

Le coton contribue à réduire la pauvreté dans les pays producteurs avec les revenus qu’il permet de gagner. Au Bénin, les résultats d'évaluation des incidences des impacts d'une baisse des prix de coton sur l’indice de pauvreté présentent des incidences faibles ou nulles pour les zones non et peu cotonnières (Atlantique, Littoral, Ouémé et Plateaux), des incidences fortes pour les zones cotonnières (Alibori, Borgou, Zou, Collines) (Minot et Daniels, 2002). Une attention particulière lui est donc accordée par les agences internationales de développement et les pouvoirs publics dans les politiques économiques qu’ils élaborent. Depuis 2006, le nouveau gouvernement du Bénin a consenti des efforts financiers à titre de subvention aux intrants pour relancer sa production cotonnière et apurer les dettes des sociétés cotonnières envers les producteurs.

2. Contexte historique et institutionnel de la production cotonnière au

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