• Aucun résultat trouvé

Coordination de la commercialisation du coton-graine après la libéralisation

Dans le document Liste des Acronymes et Sigles (Page 168-171)

Chapitre 5. Libéralisation économique versus actions collectives des

2. Coordination du système coton après libéralisation

2.3. Coordination de la commercialisation du coton-graine après la libéralisation

La libéralisation économique a induit le passage d’un système intégré de monopole sur les activités marchandes par la SONAPRA avec droit exclusif, à un système multi-acteurs. Le monopole la SONAPRA avait résolu le problème de coordination et de régulation en regroupant les activités d’approvisionnement en intrants et celui de commercialisation du coton-graine par un acteur unique (Poulton et Tschirley, 2009).

L’article 18 de l’accord-cadre de l’AIC précise que l’égrenage est du ressort des sociétés cotonnières régulièrement installées au Bénin. La commercialisation du coton-graine est réglementée et coordonnée par l’AIC et la CSPR, non pas, par des règles de types concurrentiels d’achat que dicteraient un pur fonctionnement marchand mais par des règles basées sur la répartition de la production totale aux égreneurs. Les règles de fonctionnement assurent la coordination des égreneurs sous le contrôle légal de l’AIC pour répartir la production annuelle entre les 18 sociétés d’égrenage. Les règles de participation au marché

tel-00631045, version 1 - 11 Oct 2011

151

d’achat du coton-graine mentionnent un ensemble de principes qui précisent ce que chaque opérateur privé peut ou ne peut pas, doit ou ne doit pas, pourrait ou ne pourrait pas faire. Les relations des égreneurs privés sur le marché du coton-graine sont ainsi régulées par des institutions dans le cadre d’un management multi-acteurs et interprofessionnel.

2.3.1. Une régulation de la commercialisation du coton-graine

Une fois que le prix d’achat du coton-graine est négocié et fixé par les égreneurs et les producteurs, puis ensuite homologué par l’Etat, l’AIC à travers le plan de campagne précise les modalités de répartition de la production entre égreneurs sur la base de la production totale et de la capacité d’égrenage de chaque usine. Un engagement solidaire signé par l’ensemble des sociétés d’égrenage permet l’achat intégral de la production suivant le plan de répartition entre égreneurs. Cette régulation contrôlée par l’AIC de la production et l’engagement collectif des égreneurs permettent l’achat et la répartition effective et équitable de toute la production cotonnière aux égreneurs désireux de participer à la commercialisation et aux prix officiels d’achat négociés avec les producteurs.

Dans une régulation purement marchande, chaque égreneur achèterait la quantité voulue de coton-graine au prix de marché sans se préoccuper des autres égreneurs. Ce type de fonctionnement est porteur de conflit tant que des égreneurs pouvaient ne pas recevoir de coton-graine ou recevoir des quantités en dessous de leur potentiel. Ce qui induirait une compétition pour l’acquisition du coton-graine.

La régulation du système coton exige aussi la signature d’un accord bilatéral entre égreneurs et producteurs pour financer la commercialisation du coton-graine. Chaque égreneur désirant acheter et transformer du coton-graine paie au début de la commercialisation (souvent en octobre et novembre) un acompte de 40% de la valeur marchande totale de la production à acheter à la CSPR. Les sociétés d’égrenage ne pouvant pas payer les acomptes de 40% sont exclues et interdites de recevoir du coton-graine, constituant ainsi un facteur potentiel d’instabilité et de crise entre les égreneurs et la CSPR. Ces 40% d’acomptes sont utilisés par la CSPR pour payer les dettes des intrants dues aux IDI avant chaque 31 décembre, le reste étant alloué pour payer les premiers fonds coton aux producteurs.

tel-00631045, version 1 - 11 Oct 2011

152

2.3.2. La coordination de la commercialisation du coton-graine soumise aux relations d’ordre, de dépendance et de conflit

Les transactions de répartition entre producteurs contiennent les trois types de relations de dépendance, d’ordre et de conflits. La dépendance provient du fait que chaque producteur est lié et coopère avec les autres lorsqu’il intègre une communauté villageoise pour faciliter ses relations marchandes. Ce qui l’oblige à interagir avec les autres membres de la communauté.

L’ordre résulte du rapport du producteur en tant que membre d’une communauté qui respecte les règles de fonctionnement. Cet ordre procède du contrôle légal exercé par les institutions sur les acteurs. Les conflits résultent du désir d’appropriation et de la rareté des ressources à travers le contrôle physique.

Dans la coordination multi-acteurs, la CSPR intervient pour le respect des engagements et pour l’équilibre financier du système. C’est la CSPR qui récupère les crédits intrants des IDI auprès des égreneurs une fois que les producteurs ont vendu leur production. C’est aussi elle qui récupère les frais pour le coton-graine vendu par les producteurs aux égreneurs. Les égreneurs à leur tour, paient à la CSPR, la production achetée auprès des producteurs, une fois, le coton fibre est exporté et vendu sur le marché mondial. Ainsi, les trois types d’acteurs dépendent mutuellement les uns des autres pour que le système fonctionne de manière harmonieuse et pour que l’ordre soit assuré dans la coordination du système coton. Les égreneurs dépendent de la production de coton-graine pour faire fonctionner leurs usines. Les producteurs dépendent des IDI pour l’accès aux intrants et des égreneurs qui achètent et transforment la production cotonnière. Les IDI dépendent des producteurs pour vendre les intrants.

Cette coordination fortement encadrée par les institutions fonctionne harmonieusement si tous les acteurs respectent les règles de fonctionnement, condition nécessaire à la stabilité du système coton et des transactions de répartition. Les règles de fonctionnement établies à la suite de la libéralisation économique définissent des logiques de comportements à suivre pour éviter la concurrence qui pouvait régner dans un système purement marchand. Elles passent par une imbrication des relations marchandes et non marchandes. Cette coordination des relations marchandes dans un système de libéralisation économique résulte d’un compromis institutionnel instable puisqu’il existe des tensions entre coordination qui requiert le contrôle, et compétition qui passe par l’incitation économique (Tschirley et al., 2008).

tel-00631045, version 1 - 11 Oct 2011

153

3. Multifonctionnalité du coton et relations de solidarité renforcées par

Dans le document Liste des Acronymes et Sigles (Page 168-171)