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La construction d’une typologie de ménages agricoles producteurs d’anacarde producteurs d’anacarde

Conclusion du chapitre :

2.2. Le taux d’adoption de l’anacarde selon les types de ménage agricole

2.2.1. La construction d’une typologie de ménages agricoles producteurs d’anacarde producteurs d’anacarde

2.2.1.1. Les variables

La typologie des ménages agricoles a été établie selon les variables canoniques des systèmes de production (Tableau 4).

Tableau 4 : description des variables canonique des systèmes de production

Descriptif de la variable Unité

Nombre de travailleurs dans le ménage (en comptabilisant les enfants en âge de

travailler, déclarés lors de l’entretien)

Individus

Ratio du nombre de travailleurs par rapport au nombre de dépendants dans le ménage / Valeur de l‘investissement productif (valeur d’achat du matériel agricole : bœufs de

labour, charrette, âne, charrue, daba, etc.)

FCFA

Coût de la main d‘œuvre agricole FCFA

Valeur ajoutée brute (VAB) des productions végétales FCFA

VAB des autoconsommations FCFA

VAB des productions végétales vendues FCFA

Superficie des terres non cultivées ha

Capital animal sur pieds FCFA

Les variables propres à la production d‘anacarde n‘ont pas été retenues puisqu‘elles seront les variables expliquées.

2.2.1.2. Description de l’échantillon

L‘échantillon compte 173 individus pour lesquels l‘ensemble des variables ont pu être renseignées. La commune de Toussiana en compte 54, Kourinion 61 et Sidéradougou 54. Les enquêtés sont âgés de 28 à 85 ans avec seulement quatre femmes17.

Le plus petit producteur possède un verger de 0,3 ha et le plus grand de 28,5 ha (Figure 11). Le nombre de vergers par enquêté varie entre 1 et 5 avec une moyenne de 1,8. La production moyenne d‘anacarde est de 2010 kg/ha pour des plantations matures. La valeur ajoutée brute (VAB) minimale de la production d‘anacarde est de 11 000 FCFA et la maximale de 4 980 000 FCFA. La productivité brute de la terre (VAB/ha) s‘échelonne entre 4 586 FCFA/ha et 243 300 FCFA/ha et la moyenne est de

17 Deux veuves qui ont hérité du champ d‘anacardiers et deux femmes dont les maris respectifs leur ont octroyé un champ et qui ont pris la décision de planter des anacardiers.

Chapitre 2 : les producteurs

48 60 760 FCFA/ha. Cette forte dispersion est due en partie à la variation du prix de vente des noix (de 250 à 416 FCFA/kg18) mais surtout à la maturité très disparate des plantations. Les plus vieux vergers ont plus de 40 ans, seuls quelques-uns ont bénéficié d‘un renouvellement des plants. Les plus jeunes vergers ont 1 ou 2 années d‘implantation avec des arbres non matures.

Figure 11 : Système de culture de l'anacarde dans l’échantillon : répartition par quartile de la superficie des vergers (graphe de gauche) et de la valeur ajoutée brute par hectare obtenues par les enquêtés (graphe de droite). La médiane de l’échantillon est représentée par la barre centrale du rectangle.

L‘hétérogénéité des âges des vergers dans l‘échantillon est également valable à l‘échelle du verger. Il a ainsi été très complexe de différencier les stades de maturité des vergers, car la conduite des plantations n‘est pas toujours effectuée à l‘échelle de la parcelle mais souvent à l‘échelle de l‘arbre. Les vergers sont donc très hétérogènes, que ce soit au niveau de la densité des plants, mais aussi de leur âge. Le producteur peut remplacer un arbre mort, non productif ou atteint d‘une pathologie au sein du verger. Il est également fréquent qu‘un producteur agrandisse son verger en plantant de nouveaux arbres sur l‘une des extrémités du champ. Les densités plantées peuvent donc varier au sein d‘un même verger. Enfin, les vergers peuvent être transmis aux enfants du producteur, qui peuvent les conduire différemment (coupes sélectives, densification, agrandissement, enrichissement avec d‘autres espèces fruitières). Cette diversité des pratiques au sein d‘une même unité plantée d‘anacardiers aboutit à des rendements hétérogènes au sein du verger. Pour toutes ces raisons, je n‘ai donc pas toujours été en mesure d‘identifier des lots de vergers conduits de la même manière parmi l‘unité appelée « champ d‘anacardier » indiquée par le producteur lors de la visite du verger. Cependant, les vergers ont été individualisés lorsque le producteur établissait une différence entre deux « champs » attenants et dont la date de création était distincte, ou lorsque des itinéraires de plantation se distinguaient au cours de l‘entretien.

18 Soit 300 à 500 FCFA/boîte. En brousse, l‘unité de mesure des noix d‘anacarde est la boîte, tout comme pour d‘autres productions agricoles. Il s‘agit d‘une boîte de conserve de tomate, dont les professionnels de la filière estiment qu‘elle équivaut à 1,2 kg de noix, en considérant un taux de remplissage de la noix constant (rapport amande/coque). Certaines sociétés d‘achat des noix effectuent les mesures avec des balances mais cela reste marginal par rapport au nombre de transactions effectuées.

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49 La place de l‘anacarde dans le système de production est très variable, elle est parfois la production principale, mais bien souvent, elle n‘occupe qu‘une place de diversification des productions parmi les autres productions agricoles. La moyenne de la part de la valeur ajoutée brute (VAB) dans l‘ensemble des productions végétales (autoconsommée ou vendues) et animales est de 38 % et le 3e quartile correspond à 60 % (Figure 12). Cependant, si l‘on ne considère que les productions végétales vendues, il apparaît que l‘anacarde représente une part très importante de la production brute (la moyenne est de 68 % et le 3e quartile atteint 97 %). Ces résultats montrent que l‘autoconsommation et la production animale demeurent un gage de fonctionnement de l‘exploitation agricole. L‘anacarde ne vient prendre une place importante qu‘en complément ou en substitution des autres productions végétales vendues (maïs, coton, arachide, fonio).

Figure 12 : Distribution de la part de la valeur ajoutée brute (VAB) de l'anacarde dans l'ensemble des productions végétales et animales produites (graphe de gauche) ou vendues (graphe de droite) (en %).

2.2.1.3. La typologie des producteurs d’anacarde

Après la description des principales variables de l‘échantillon de producteurs d‘anacarde enquêtés, la démarche a consisté à réaliser une typologie des producteurs par une classification de l‘échantillon en différents groupes. Cette classification des producteurs d‘anacarde a été réalisée à partir des coordonnées des 4 premiers axes des valeurs propres de l‘ACP (analyse en composante principale) (Annexe 5). L‘ACP est souvent réalisée en préambule d‘une classification hiérarchique car elle permet d‘enlever le « bruit » des derniers axes de l‘ACP (Cornillon et al., 2012). Elle permet de caractériser les individus en fonction d‘un ensemble de variables. Ainsi les variables peuvent être comparées entre elles et éliminées en cas de corrélations linéaires.

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50 Les variables retenues pour la classification sont les suivantes :

1. Terres supplémentaires par travailleur

2. VAB des autoconsommations par personne en charge dans le ménage 3. VAB des productions végétales par travailleur

4. Capital animal par travailleur

5. Ratio des VAB des productions vendues par rapport aux autoconsommations

La typologie obtenue est la suivante (Figure 13)19 :

Classe 1 : les ménages qui la compose vendent très peu de productions agricoles en valeur et en proportion par rapport aux autoconsommations (dimension 1). Ils ont un faible capital animal et produisent peu de cultures d‘autoconsommation (dimension2). Ils ont peu de terres supplémentaires par travailleur. Ce sont donc des ménages pauvres ou non agricoles.

Classe 2 : les ménages de cette classe ont une forte disponibilité en terres (4,6 ha par travailleur en moyenne dans la classe, contre 1,1 ha pour l‘ensemble de l‘échantillon). Cette classe représente donc les grands propriétaires fonciers.

Classe 3 : ce sont des ménages possédant un capital animal par travailleur élevé (340 000 FCFA en moyenne contre 78 000 FCFA par travailleur pour l‘ensemble de l‘échantillon), ainsi qu‘une forte production agricole autoconsommée par personne en charge dans le ménage (52 000 FCFA par personne en charge pour la classe contre 24 000 FCFA pour l‘ensemble de l‘échantillon). Cette classe correspond donc aux grands éleveurs et producteurs de cultures autoconsommées.

Classe 4 : elle contient les ménages où les cultures végétales vendues en valeur absolue et en proportion par rapport aux cultures autoconsommées sont importantes (72 % du produit brut des productions végétales sont vendues dans cette classe, contre 3 6% dans l‘échantillon). La classe peut donc être caractérisée par un système de production axé sur les productions végétales vendues.

19

Ces classes sont décrites selon les axes de l‘ACP qui contribuent le plus à les différencier. Certains axes (et donc les variables qui contribuent à sa formation) ne sont pas cités dans la description de la classe parce qu‘ils ne participent pas à distinguer cette classe d‘une autre.

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51 Figure 13 : Composition des 4 classes de producteurs d'anacarde

2.2.1.4. Liens entre la typologie de producteurs et la production d’anacarde

La typologie construite a pour objectif de comparer les ménages agricoles producteurs d‘anacarde. De façon générale, l‘existence de la classe 1 démontre une certaine facilité à produire de l‘anacarde : elle est peu coûteuse puisqu‘elle concerne les ménages pauvres et peu technique puisqu‘elle concerne les ménages non agricoles.

Ensuite, une analyse statistique a montré que les superficies d‘anacardiers par travailleur sont liées aux classes, de façon significative (test ANOVA) (Figure 14). C‘est la classe 2 qui présente la plus forte moyenne avec 2,0 ha d‘anacardiers par travailleur, suivie de la classe 1 (1,48 ha/travailleur), puis de la classe 4 (1,7 ha/travailleur) et de la classe 3 (0,8 ha/travailleur). En effectuant une analyse multiple des moyennes (test de Tukey), seule la classe 3 est différente de la classe 2 et de la classe 4. Les classes 1, 2 et 4 ne montrent pas de différence significative. Dans la classe 3, les producteurs ont installé le moins de vergers par travailleur. Les caractéristiques de cette classe sont de posséder un fort capital animal et de produire beaucoup de cultures d‘autoconsommation. L‘hypothèse serait que ces producteurs se sont plutôt axés sur la production animale et les produits d‘autoconsommation plutôt que sur les productions commerciales. La moyenne plus élevée dans la classe 2, mais non significative par rapport aux classes 1 et 3, peut indiquer malgré tout que les grands propriétaires fonciers ont davantage de vergers d‘anacardiers.

Chapitre 2 : les producteurs

52 Par ailleurs, le test ANOVA réalisé sur la variable de la part de l‘anacarde dans la VAB des productions végétales vendues, indique qu‘il y a une forte corrélation avec la formation des classes (Figure 14). Les classes 1, 2 et 3 comptent respectivement 86 %, 78 % et 72 % en moyenne de la VAB végétale issue de l‘anacarde. La classe 4 arrive loin derrière avec seulement 35 %. Le test de Tukey indique que la classe 4 est significativement différente des autres classes et que la classe 3 est différente de la classe 1. La classe 4 montre la plus faible part d‘anacarde dans les revenus des productions végétales. C‘est un groupe de producteurs dans lequel les productions végétales vendues sont très importantes. Pour cette classe, l‘anacarde est une source de revenus parmi d‘autres cultures agricoles fortement rémunératrices (manguiers, coton et maïs par exemple). La classe 1 présente la plus forte part d‘anacarde dans les revenus des productions végétales par rapport aux classes 3 et 4, ce qui est cohérent avec les caractéristiques de la classe puisqu‘elle produit et vend très peu de productions végétales. La classe 1 correspond donc à des producteurs qui se spécialisent dans l‘anacarde et font très peu d‘autres productions végétales (vendues ou autoconsommées) ou animales.

Figure 14 : La production d'anacarde en fonction des classes (selon les superficies cultivées par travailleurs (graphe de gauche) ou la part de revenus de l'anacarde parmi les productions végétales vendues (graphe de droite))

Ces deux résultats montrent donc que les classes sont corrélées aux modalités de production de l‘anacarde (superficies cultivées ou produits bruts obtenus). Elles semblent donc pertinentes pour modéliser a posteriori le taux d‘adoption de l‘anacarde, combinées à d‘autres variables.