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Conclusion partie B : une portée insuffisante au regard des enjeux

La RSE présente la particularité d’être à la fois un champ de recherche académique important, un outil managérial plébiscité et un instrument politique très appliqué.

Apparue aux Etats-Unis, c’est en Europe qu’elle connaît un regain de vitalité depuis le début des années 2000. Initialement fondée la notion d’éthique des managers, aujourd’hui la RSE traduit, comme son nom l’indique, la responsabilité des entreprises vis-à-vis des préoccupations croissantes de développement durable.

Or cette approche n’est pas universellement partagée dans la mesure où sa portée est insuffisante au regard des enjeux. En effet, elle ne constitue pas un véritable outil de redéfinition du rôle de l’entreprise mais suggère plutôt une adaptation plus favorable. Aussi les évaluations qu’elle propose ne sont pas conformes aux enjeux du développement durable.

CONCLUSION CHAPITRE 1 :DEVELOPPEMENT DURABLE ET RSE, UNE REELLE EVALUATION DES IMPACTS DES ORGANISATIONS ?

La crise écologique et sociale actuelle interpelle vivement les systèmes économiques en général et le fonctionnement des organisations économiques en particulier. La mondialisation leur ayant conféré un pouvoir accru, elles suscitent des attentes sociétales fortes vis-à-vis de cette problématique. Elles sont contraintes par des processus réglementaires, volontaires et consuméristes, d’évaluer leurs impacts, d’intégrer ces paramètres dans leurs pratiques et d’assumer les responsabilités qui leur incombent.

La RSE en tant que cadre de pensée et outil, a le mérite d’avoir mis la problématique des impacts environnementaux et sociaux et plus largement des impératifs du développement durable au cœur des actions des organisations économiques. Elle participe de la rupture des compromis touchant la définition du progrès et la répartition des richesses dans un contexte de mondialisation et de crise écologique.

Mais, de par son caractère empirique et son approche partielle de la problématique, la RSE ne propose pas de véritable redéfinition de l’entreprise et de son rôle dans la société. L’analyse est focalisée sur l’entreprise comme acteur (presque) unique du développement durable (« institutionnalisation de l’entreprise responsable ») (Quairel-Lanoizelée et Capron 2013), elle n’appréhende pas l’entreprise comme encastrée dans la société, et sous-estime donc les contextes institutionnels, humains, et sociaux.

Si l’enjeu est de réellement évaluer la contribution des organisations au développement durable, c’est-à-dire à l’idée selon laquelle l’entreprise doit être attentive à la préservation de son environnement, à la cohésion sociale et au bien-être des individus, qu’elle doit contribuer à la production et à l’entretien de biens publics globaux et locaux, alors la RSE telle qu’elle est définie à ce jour n’est pas adaptée. Ce constat en appelle donc à développer des méthodes qui évaluent réellement les impacts des activités de production sur ces aspects là.

C

HAPITRE

2 :L’

EXIGENCE SOCIETALE DE L

EVALUATION DES IMPACTS DES ACTIVITES DE PRODUCTION DES FILIERES AGROALIMENTAIRES

‘agriculture se caractérise par sa multifonctionnalité : alimentation des populations, entretien du paysage, services éco-systémiques, bien-être animal, maintien des particularités des territoires, création d’emplois, etc. (OECD 2001b). Par conséquent, les impacts de l’agriculture sur la société et les écosystèmes sont nombreux et variés. Le secteur agricole représente ainsi un secteur d’activité dominant dans de nombreux pays du monde et contribue à la survie et au développement des populations. Et dans le même temps c’est l’un des principaux contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre.

Dans le contexte de préoccupations écologiques et sociales et d’accroissement des exigences sociétales, tel que décrit dans le chapitre 1, les filières agricoles apparaissent particulièrement concernées. Elles se situent au cœur des défis qui sous-tendent ces enjeux globaux.

Dans ce chapitre, il s’agit de prendre la mesure de ce qu’implique la problématique du développement durable dans les filières agricoles, comment sa prise en compte par ces filières s’impose, ce qui en appelle à des besoins croissant d’évaluation des impacts des activités de production.

D’une part, il convient de rendre compte de la contribution particulière de ces filières aux défis globaux de développement durable dans la mesure où elles sont génératrices d’externalités positives et négatives importantes (sociales, économiques et environnementales) qui contribuent de façon différenciée à ce processus (A).

D’autre part, il convient de réaliser dans quelle mesure la problématique du développement durable devient une modalité de fonctionnement de ces filières. Le renforcement des exigences sociétales a un écho particulier dans ces filières et se traduit par un accroissement des instruments de régulation, qui conditionnent l’accès aux marchés (B). Le renforcement de l’exigence sociétale affecte le fonctionnement et façonnent l’organisation de ces filières. Le processus dont il est question ici est particulièrement complexe, si tant est que la problématique de développement durable ait pu être cernée de façon exhaustive. De ce fait, nous évoquons dans les deux parties qui suivent, uniquement les éléments déterminants.

A. DES EXTERNALITES ET UNE CONTRIBUTION PARTICULIERE AUX DEFIS GLOBAUX DE DEVELOPPEMENT DURABLE

L’alimentation et l’agriculture se situent au cœur des défis qui sous-tendent la problématique de développement durable. La vocation première de l’agriculture étant d’alimenter les individus, elle joue un rôle déterminant dans la survie et le développement des populations, en particulier les populations des pays en voie de développement. Nécessairement dépendante des écosystèmes, elle contribue à l’entretien de l’environnement naturel (ex : entretien des paysages) et elle participe également à sa dégradation (ex : pollution, consommation de ressources). Les filières agroalimentaires ont donc une contribution multiple à la problématique du développement durable : une contribution à la dimension sociale et économique d’une part (A.1), et une contribution à la dimension écologique d’autre part (A.2).