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La dernière organisation ayant œuvré à la recréation d'un État polonais, et dont l’influence sur la forme de la Pologne future fut probablement la plus grande, fut le Comité national polonais. Ses visions et options politiques totalement différèrent des deux premières organisations. Alors que le Comité général et le Conseil provisoire et ensuite le Conseil de régence comptaient reconstruire la Pologne en se basant sur les Pays centraux, le Comité national se composait de gens qui pensaient trouver de l’aide auprès des Alliés. Leur manière d'agir fut également différente. Les deux premières organisations agissaient depuis les territoires polonais et commençaient déjà à y construire le squelette de l'administration polonaise. Le Comité quant à lui décida que sa première et plus importante mission devrait être une action diplomatique dont le but serait de présenter la cause polonaise sous un angle favorable pendant la conférence de paix. Sa tâche principale consistait à préparer et mener une action internationale, en Europe occidentale surtout, mais également en Russie. Ce Comité prit une place prépondérante dans la question de la politique internationale polonaise.

Le prétexte de création du Comité fut le décret du président de la France quant à l’organisation d’une armée polonaise le 4 juin 1917 sur territoire français, qui s'engagerait du côté des Alliés pour la suite du conflit.29 Suite à ce document, un projet de nouvelle organisation politique fut proposé par le chef du Parti national démocrate Roman Dmowski, entouré de ses plus proches collaborateurs Marian Seyda et Maurycy Zamoyski et d’Erazm Piltz, représentant du Parti de la politique réaliste, favorable aux relations avec la Russie. Cette idée fut amplement discutée pendant la conférence de Lausanne qui eut lieu les 9 et 10 août 1917 et réunissait quelques activistes polonais. Le but ultime du Comité était d'obtenir des Alliés un engagement à son côté concernant l’avenir de la Pologne et des Polonais après la guerre. La reconstruction du pays sur

28 Michowicz, Waldemar, « Organizacja polskiego aparatu dyplomatycznego w latach 1918-1939 », in :

Łossowski, Piotr (dir.), Historia dyplomacji polskiej, T. IV, 1918-1939, Warszawa, Wydawnictwo Naukowe PWN, 1995, p. 6.

29 Décret du Président de la République Française Raymond Poincaré du 4.6.1917, in : Le Journal Officiel

de la République française du 5.6.1917, cité d’après : Dmowski, Roman, Polityka polska i odbudowanie państwa, T. 2, Warszawa, PAX, 1988, p. 27.

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l'ensemble des territoires des trois partages, avec l’accès à la mer, devait constituer la réussite de leur entreprise. En plus, cette reconstitution devait devenir un des objectifs de la guerre. Il faut admettre que ce programme était hasardeux et difficile à réaliser si l'on prend en considération la complexité des problèmes et de la situation en Europe centrale et orientale. Il n’est donc pas surprenant que les attentes des membres du Comité ne fussent finalement pas comblées par les décisions que prendraient les Alliés.30

L’ordre du jour des pourparlers lausannois comportait encore d’autres aspects à définir. À part l’acceptation des plans français au sujet de l'armée, la situation internationale, la situation sur les fronts et l'organisation interne du Comité furent largement commentées. Finalement, à la fin des discussions, la ligne de Dmowski préconisant une collaboration étroite avec les Alliés, fut acceptée. Cette vision devait permettre d'éviter d'éventuelles négociations avec les Pays centraux et interdire la suprématie politique allemande sur la partie orientale de l’Europe. L’administration de l’armée ainsi que le soutien aux Polonais séjournant à l’étranger furent reconnues par l’action politique officielle dans les pays de la coalition comme leurs tâches les plus importantes. La reconnaissance du Comité comme seule représentation de la Pologne et des Polonais par les gouvernements alliés constituait également le but de Dmowski et de ses associés. On visait en fait à éliminer l’action politique du Conseil provisoire de l’État à Varsovie pour éviter une double représentation.

La création des structures organisationnelles du Comité constitua elle aussi un grand problème. Après les premières discussions, il fut décidé de construire une organisation centralisée dont le siège serait à Paris. Le début de l’activité du Comité fut officialisé le 15 août 1917. Le noyau central était composé de Dmowski avec 8 personnes de renfort dont Erazm Piltz, Jan Rozwadowski, Konstanty Skirmunt, représentant du Comité à Rome, et Ignacy Paderewski qui gérait les affaires du Comité aux États-Unis.31

C'est déjà lors de la première session du Comité à Paris du 22 août 1917 que Jan Modzelewski fut choisi comme agent politique du Comité en Suisse, sur une proposition de Piltz. Son rôle était de représenter le Comité sur le territoire helvétique,

30 Wapiński, Roman, Roman Dmowski, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1989, p. 242. 31

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mais aussi de nouer des contacts avec les diplomates des autres pays y séjournant. Somme toute, l’idée était d’organiser dans quasiment tous les pays alliés des points d’appui et d'obtenir par ce biais la reconnaissance sur la scène internationale.32

Quelques jours après la constitution du Comité, une note à la Grande Bretagne, à la France, l'Italie et aux États-Unis fut rédigée, informant de la formation du Comité. Dans un texte additionnel, les signataires essayaient de convaincre les puissances des avantages que constituerait la création de l’État polonais. La réaction du gouvernement français fut la plus rapide. Grâce aux négociations menées par Piltz, la France informait le Comité le 20 septembre 1917 déjà qu'elle le reconnaissait comme représentation officielle des Polonais. Les Français avaient également autorisé l’installation du siège du Comité à Paris. À Londres, Dmowski lui-même faisait des efforts pour obtenir la reconnaissance du Comité, mais les Anglais, réticents, n'acceptèrent sa demande que le 15 octobre, sur recommandation de la diplomatie française. L’approbation italienne posa encore davantage de problèmes, mais ceci en raison de l’influence de la diplomatie russe. Les Italiens attendaient de voir comment la situation globale allait évoluer, jusqu'à la décision britannique qui les convainquit. Finalement, le 30 octobre, la note du Comité fut acceptée par le gouvernement italien.33

Pour des raisons évidentes, c'est entre le Comité et le gouvernement russe que la situation était la plus compliquée. Dans plusieurs de leurs interventions, les représentants du Comité ne cachèrent pas leur dépit envers les États à l'origine des partages de la première République. Cette aversion touchait aussi la Russie, malgré son appartenance au camp des Alliés. Par ailleurs, du côté russe, les initiatives prises par les Polonais en dehors du territoire de sa juridiction n’étaient pas acceptées avec

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Sibora donne cette date, mais dans les papiers privés de Jan Modzelewski en possession de Benoît de Diesbach de Belleroche (enveloppe : « Nominacje »), une lettre du 1.12.1917 signée par Dmowski a été trouvée, dans laquelle était annoncée la décision du Comité national polonais du 26.11.1917 de nommer Modzelewski délégué pour les affaires du Comité à Berne. Andrzej Micewski confirme également le fait que Modzelewski n’était pas dès le début délégué à Berne, mais qu’au début le Comité en Suisse était représenté par Jan Rozwadowski (Micewski, Andrzej, Roman Dmowski, Warszawa, Verum, 1971, p. 240). Dmowski affirme la même chose (cf. Dmowski, Roman, op. cit., p. 31). L’inventaire des archives du Comité national polonais aux Archives des actes nouveaux (AAN) à Varsovie résout cette question de la même manière. L’attestation professionnelle No 16, signée entre autres par Dmowski le 15.7.1919, donc après la dissolution du Comité, atteste que Modzelewski avait pris part au travail du Comité depuis le jour de sa création jusqu’à sa disparition, ce qui ne permet pas de juger de la fonction occupée par Modzelewski au départ.

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enthousiasme. Le gouvernement de la Russie impériale ainsi que le gouvernement provisoire contestaient non seulement le Comité, mais également sa composition.34

Néanmoins, les problèmes les plus importants vinrent du continent américain. Le gouvernement des États-Unis et son secrétaire d’État Robert Lansing avaient des projets inconciliables avec les initiatives du Comité. Il voulait créer une armée polonaise ainsi qu'un gouvernement sur le territoire américain grâce aux fonds américains. Le Comité siégeant à Paris perturbait les intentions de Lansing. Ces enjeux autour du comité polonais découlaient des calculs américains concernant le futur gouvernement russe. L’éclatement de la révolution en Russie avait anéanti tout le programme prévu par les Américains. Grâce à cela, le Comité de Paris fut finalement reconnu par Washington le 10 novembre 1917, et son représentant sur le sol américain, Ignacy Jan Paderewski, en fut informé le 1er décembre.35

Toutes ces reconnaissances faillirent rester lettre morte. À l’approche de la création du Comité, les Polonais n'avaient pas même été invités à l'une des conférences entre les Alliés, qui ne s'occupèrent d'ailleurs en rien de la réalisation de ses postulats. Passés les premiers moments d’enthousiasme, l’atmosphère au Comité fut telle qu’il s'en fallut de peu qu'il ne fût dissout. Le moment le plus décourageant fut celui des négociations de paix que l'Allemagne entama avec la Russie et avec l'Ukraine en décembre 1917 à Brest, sans prêter aucune attention à la question polonaise.36

La situation commença à changer selon les vœux du Comité dès le printemps 1918. Pendant la conférence des Alliés qui siégeaient à Londres en mars, les diplomates français avaient proposé l’édition d’une déclaration commune concernant la Pologne, ce que les Britanniques et les Italiens n'accueillirent pas avec beaucoup d’enthousiasme. Cependant, l’affaire semblait devenir importante, surtout en raison de la nécessité de regagner la confiance faiblissante de la société polonaise et, d’après les commentaires de Modzelewski, qui repensait à l’option autrichienne.37

Heureusement, la situation militaire changea une fois encore la donne. Le fiasco de la conception britannique qui

34 La plupart des membres du Comité avait déjà eu activement affaire aux Russes et à la Russie. À la fin

du XIXème siècle, Pilz avait été rédacteur du Pays (Kraj), un journal favorable au gouvernement russe, et Dmowski avait été député en Russie pendant la période des Duma. Skirmunt avait même été présent lors de la cérémonie d'inauguration du monument à Catherine II à Wilno. Du point de vue russe, ils étaient des renégats.

35 Dmowski, Roman, op. cit., p. 32. 36 Batowski, Henryk, op. cit., p. 12. 37

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voulait signer une paix séparée avec l’Autriche-Hongrie fut à l’origine d’une meilleure compréhension des affaires en Europe centrale et du Comité national polonais en particulier. Elle porta ses fruits sous la forme d'une déclaration favorable concernant le problème polonais après la guerre. La conférence suivante du 3 juin 1918 à Versailles avait même arrêté une proclamation de construction d’un État polonais avec l’accès à la mer comme l'une des conditions de la paix.38

Il est fort probable que ces débats avec leurs multiples déclarations d'intention auraient duré encore longtemps, mais le processus fut accéléré par la peur face à un danger perçu comme très menaçant pour une Europe encore sous les feux de la guerre, peur de l’invasion bolchevique dont les politiciens parlaient sans cesse. L’état d’alerte avait gagné toute l’Europe et la contre-opération avait concrètement commencé. Le danger de la révolution se fit sentir aussi en Suisse. L’inquiétude concernait non seulement l’effervescence révolutionnaire à une échelle jamais observée sur l’ensemble du continent, mais aussi, et peut-être avant tout, une idéologie inconnue dont personne ne pouvait prévoir les résultats. Début 1919, Clémenceau discutait à Paris avec le président de la Confédération de la propagation de la révolution sur les territoires polonais, mais aussi en Autriche et en Italie et de la nécessité de l'inhiber. En Suisse, la tâche la plus importante du gouvernement consistait à assurer le plein emploi pour les travailleurs industriels39, car même en Suisse, le comportement ouvrier avait commencé à se radicaliser. Les élections au Grand Conseil municipal de Zurich attestent de cela. Le Département politique fit part de son inquiétude à ses délégations étrangères suite à l'élection d'activistes socialistes.40 Il n’est pas étonnant que les gouvernements, le suisse inclus, cherchassent alors à tout prix un moyen de remédier à la situation. La guerre polono-bolchevique, menée par le général Piłsudski, attirait beaucoup l’attention. Quand les informations le permettaient, les dirigeants alliés analysaient les moyens, les aptitudes et l’état de l’armée polonaise. Ces informations étaient cependant restreintes. Les ennuis se multipliaient, parce que personne ne pouvait évaluer les capacités de l’armée et le potentiel d'un État dont même le territoire n’était pas encore déterminé. Toutes les opinions relevaient de la spéculation. Personne ne croyait pourtant en la capacité de l’armée polonaise d’arrêter les bolcheviques, ce qui renforçait les peurs. Les

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Dmowski, Roman, op. cit., p 72,

39 La conversation de Gustave Ador avec Georges Clemenceau à Paris, 21.1.1919, AFB, E 2001 (B),

1/83.

40 Le rapport de la Division des Affaires étrangères aux légations de Suisse, Berne, 8.4.1919, AFB, E

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politiciens et diplomates étaient convaincus de l’invincibilité de l’armée révolutionnaire et de sa capacité à parvenir jusqu'à la frontière allemande si elle le désirait. Le seul remède à un tel danger aurait été une paix polono-soviétique signée dans l’immédiat, pour éviter l’invasion de l’Allemagne où la fièvre révolutionnaire se faisait sentir.41

Du moment que la paix n’était pas signée, le problème grandissait avec l’avancement de l’armée soviétique sur le territoire polonais. Analysant la situation, les arguments des diplomates relevaient que même en cas de défaite de l’armée polonaise, les bolcheviques ne parviendraient pas à s'intégrer dans un pays gouverné par de grands propriétaires. Le danger d'une telle intégration existait tout de même au sein des masses de paysans, favorables aux Russes, le gouvernement de ces derniers les ayant toujours épaulés contre les propriétaires.42

Avec l'affaire bolchevique devenue extrêmement aiguë, la problématique de la reconnaissance de la Pologne par les pays de l’Europe centrale se présentait sous un angle tout différent et maintenant favorable. Les discussions concernant de l’avenir du continent tout entier furent menées dans une atmosphère bouillonnante. Le rapport du professeur William Roppard évoque la naissance de la conception de Gustave Ador ; ce dernier la présenta pendant sa nouvelle visite à Paris, le 29 avril 1919. Pour protéger l’Europe de l’idéologie bolchevique, il proposait de constituer un barrage dont les éléments principaux seraient la Pologne et la Roumanie. De cette façon, un cordon serait construit de la mer Baltique jusqu’à la mer Noire. Clémenceau trouva cette vision intéressante et l'accepta dans son intégralité.43

Les motivations des dirigeants de l’Europe occidentale qui conduisirent à la construction non seulement de l’État polonais, mais aussi d’autres pays de la région après la Première Guerre mondiale, faisaient et font toujours l'objet de débats chez les historiens. À ce sujet, il est important de se rendre compte à quel point l’affaire de l’indépendance était discutée, combien les opinions divergeaient, et combien l'appui et le soutien des forces occidentales furent longtemps incertains. Pendant les dernières années de la guerre, plusieurs personnages influents au sein du monde diplomatique ne considéraient pas cette indépendance comme évidente. D’autant plus que cette

41 L’opinion d’un officier allemand dans une note envoyée aux légations de Suisse par la Division des

Affaires étrangères, Berne, 5.3.1920, AFB, E 2001 (D), c 1/1920-1923.

42 Le ministre de Suisse à Vienne, Ch. Bourcart au chef du Département politique Guiseppe Motta,

Vienne, 17.1.1920, AFB, E 2300, Wien, Archiv Nr. 35.

43 Le rapport de William Roppard au chef du Département politique Felix Calonder, Paris, 29.4.1919,

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reconstitution ne semblait pas intéressante. Cette incertitude était partagée tant par les diplomates que par les Polonais, avec les personnes les plus intéressées parmi eux, futurs représentants du gouvernement de Pologne et des institutions culturelles comme Konstanty Skirmunt, appartenant à la sphère artistique proche de Paderewski. Il faut par exemple prendre en considération l'opinion de Gaston Carlin, ministre suisse à Londres, aujourd’hui choquante, mais qui n’était pas si isolée à l’époque. Son rapport écrit en juin 1919, à un moment où l'organisation de l’État polonais était bien avancée, fait montre d'un étonnement quant à l'avancement des processus de reconstruction d'états nationaux en Europe, particulièrement face au rattachement à l'État polonais des territoires gouvernés par les Allemands tout au long du XIXème siècle : l'opinion était que les Polonais avaient pendant des siècles prouvé leur incapacité à gouverner leur première République.44 L'opinion de Carlin reste une opinion parmi d'autres à partir de laquelle il ne faut pas tirer de conclusions trop générales. Il est évident que toutes les puissances européennes furent contre les changements en Europe pendant la première période de la guerre : elles étaient donc assez réticentes à l’idée de modifier fondamentalement la carte de l’Europe. La nouvelle radicalisation des positions perturba une grande partie des politiciens européens. Néanmoins, les relations internationales avaient donné la priorité à l’autodétermination des peuples. Le but principal de la Conférence de paix de Paris était l’organisation d’un nouvel ordre en Europe, et tel était aussi le sens des 14 points du président américain Woodrow Wilson.

Dans une telle configuration, l’importance du Comité de Paris augmentait constamment. Son directorat avait décidé de profiter de cette bonne conjoncture et de développer une action diplomatique encore plus étendue. Pour ce faire, Dmowski partit en août 1918 aux États-Unis.45 Les affaires techniques et administratives furent développées et davantage employées. Les complications de la communication, le besoin d’infrastructure, de logement pour les collaborateurs du Comité et leur liberté de déplacement sur tout le territoire des Alliés, le transfert des documents et le financement de toute l’action occupaient les membres du Comité national à Paris. Il est certain que les plus grands mérites revinrent aux membres du Comité qui purent faire fructifier

44 Gaston Carlin au chef du Département politique Felix Calonder, Londres, 20.6.1919, AFB, E 2300,

London, Archiv No 13.

45 Dmowski fut accueilli par le président Wilson à qui il remit le mémorial et la carte de la future Pologne

future. Ceci est la version d’Andrzej Micewski (Micewski, Andrzej, op. cit., p. 249). Pourtant, dans la version de Dmowski, le mémorial et la carte furent transmis seulement après la discussion avec le président, à la demande explicite de Wilson en octobre 1918 (Dmowski, Roman, op. cit., p 87).

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leurs contacts personnels. Pour donner un exemple, dans le milieu des diplomates français, Erazm Piltz occupait une position particulièrement privilégiée qui le mettait en première ligne dans les contacts diplomatiques avec les Français, les informations n'étant communiquées qu'ensuite à Dmowski, pourtant chef du Comité.46

Les problèmes majeurs du Comité furent liés à son financement. L’Agence centrale polonaise de Lausanne, le Comité national de Petrograd et le Département national de Chicago étaient de réguliers donateurs. Pourtant, cela ne suffisait pas à couvrir les besoins beaucoup plus importants et constants. D'où l'idée de contracter un crédit auprès des États-Unis que le futur gouvernement polonais rembourserait ensuite. Malgré les suggestions du secrétaire d’État, ce prêt ne fut pas accepté par le président. Une fois encore, les puissances européennes françaises et britanniques vinrent à la rescousse du Comité en lui accordant le crédit nécessaire. La première somme fut versée sur le compte du Comité en février 1918. Un plan de versements mensuels permit d’établir un budget qui, excepté les paiements courants, intégrait la gestion des bureaux étrangers, ce qui représentait des sommes considérables.47 La plus grosse part fut consacrée à la mission du Comité à Washington (25'000 francs) et venant déjà en deuxième position sur la liste des dépenses, on trouve la représentation bernoise avec 3'500 francs, dont 1'500 pour le salaire de Modzelewski, auxquels venaient s'ajouter 500 francs de frais de représentation, et la rémunération de 1'500 francs pour le correspondant.

Au printemps 1918, les dirigeants avaient préparés le règlement interne du