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4. Ajustement structurel, globalisation, mutations institutionnelles et redéfinition des frontières Nord-Sud

4.3. Le clivage Nord-Sud à l’épreuve de la structure post-ajustements des échanges

En plus de mettre sous l’éteignoir la confrontation politique Nord-Sud autour de la DTE, la mise en œuvre durant cette période de politiques d’ouvertures commerciales au plan mondial

a induit une telle modification de la structure du commerce international22 qu’elle va rendre

temporairement inaudible les réflexions structuralistes et dépendantistes sur la question du

sous-développement. Au paysage économique mondial dessiné au cours du XIXème siècle et

qui se caractérisait par un «centre» industriel avancé et une «périphérie» fournissant des matières premières va progressivement succéder un paysage marqué par des polarisations plurielles (O’Rourke & Findlay, 2007) et par un bouleversement des échanges tant dans leurs compositions que dans leurs flux.

4.3. Le clivage Nord-Sud à l’épreuve de la structure post-ajustements des échanges.

De la structure post-ajustements des échanges internationaux, il se dégage principalement trois tendances : le développement du commerce « Sud-Sud », l’augmentation de la part des produits manufacturés dans les exportations des pays en développement et la segmentation du processus productif. Chaponnière & Lautier (2012) décrivent la progression des échanges entre pays du Sud comme le fait majeur de l’évolution du commerce mondial du début du

XXIème siècle. Alors que ces échanges représentaient à peine 10 % du commerce mondial dans

les années 1960, ils en représentent désormais près d’un tiers. Leur part a d’abord progressé dans les années 1970 avec les chocs pétroliers, puis diminué avec la crise de la dette, avant qu’une nette progression s’engage dans les années 1990 pour s’accélérer dans les années 2000 Une accélération qui s’est accompagnée d’une stagnation des échanges « Nord-Sud » et de la baisse de la part de celle des échanges « Nord-Nord » (figure 2.1). L’essentiel des échanges

Sud-Sud se réalise toutefois entre les nouveaux pays industrialisés d’Asie (NPI)23, la Chine et

l’Inde ; le commerce entre ces pays représentait plus de deux tiers des flux en provenance ou à destination des pays en développement au début des années 2000 (OMC 2003).

22 Cette période est marquée par une forte diminution des obstacles au commerce négociée dans le cadre d’accords bilatéraux ou multilatéraux (OMC). L’ouverture de la Chine au monde (1979) et la fin de la guerre froide (1989) participent de ce mouvement. La « mort de la distance » et la révolution des transports et des télécommunications qui la sous-tend sont les deux autres facteurs déterminant de cette modification (Maddison 2008).

23 Jusqu’au début des années 1990, la dénomination regroupait Singapour, la Corée, la Taïwan et Hongkong. Mais ceux-ci sont désormais considérés comme des pays développés. Les NPI asiatiques d’aujourd’hui sont : la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines et le Viet-Nam.

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Figure 2.1 : Part en % du commerce « Nord-Nord », « Sud-Sud » et « Nord-Sud » dans les exportations mondiales(1990-2011).

L’évolution des échanges Sud-Sud est allée de pair avec l’augmentation de la part des produits manufacturés dans les exportations des pays en développement qui est passée de moins de 20% en 1970 à près de 70% en 2010 selon les données de la CNUCED. Cette évolution concerne aussi bien les flux Sud-Sud que Sud-Nord. Mais là aussi il convient de noter que même si une tendance globale se dessine, ce changement s’observe principalement dans les économies d’Asie de l'Est et d’Amérique latine. Quant à la segmentation du processus productif qui est l’autre fait marquant dans l’évolution du commerce mondial, elle découle de ce que Baldwin (2011) qualifie de « dégroupement » c’est-à-dire la mondialisation de la production qui s’est traduite par une séparation progressive entre les usines et les consommateurs. La poursuite de ce mouvement dans un contexte marqué par la baisse des coûts de transport et le développement de « technologies intégrationnistes » aurait alors aboutit à la suppression de la nécessité de réaliser la plupart des opérations de fabrication à proximité les unes des autres. Pour Chaponnière, (2004), l’Asie fonctionne ainsi comme un « circuit intégré » où chaque produit est l’aboutissement d’une odyssée. Une « fonderie » coréenne fabrique des tranches de silicium envoyées à Singapour où elles seront découpées en plaques et testées ; les puces seront ensuite assemblées aux Philippines et montées sur des circuits en Chine ; ces derniers s’intégreront dans un lecteur de disque dur fabriqué en Thaïlande qui sera envoyé en Chine pour être placé dans un ordinateur.

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Figure 2.2 : Part de produits manufacturés en % des exportations totales, 1970-2000.

Plus que les États, les firmes multinationales (FMN)24 sont les principales actrices des

changements évoqués. La phase de mondialisation de la production entamée au début des années 1980 s’opère en effet sur fond d’une montée en puissance des sociétés multinationales et d’une explosion des investissements directs à l’étranger (IDE). Dans les PMA confrontés à la crise de la dette, la mise en œuvre des PAS a permis aux FMN d’avoir une main mise sur tous les circuits d’exploitation des matières premières. Par leur présence au niveau mondial et dans plusieurs domaines d’activités, les FMN vont ainsi devenir les principaux acteurs de l’économie mondialisée. Leurs activités s’apparentent désormais en la gestion de chaînes d’approvisionnement mondiales complexes, autrement dit des usines mondiales, avec la possibilité d’implanter les différentes étapes du processus de production là où le rapport coût-efficacité est le meilleur (OMC 2008). Face à de telles mutations (croissance des échanges intra firme et intra sectoriel, régression de l’échange proprement inter-nation due au rôle croissant des unités productives transnationales) on comprend que la validité théorique des

réflexions structuraliste et dépendantistes se soient trouvée questionnée.

5. Conclusion

L’objectif de ce chapitre consistait à questionner la nature du lien qui peut exister entre le niveau de développement des PMA et la dépendance de leur économie à l’exploitation de ressources primaires. Dans la littérature sur l’économie du développement, le débat sur ce lien

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Une firme multinationale est constituée d'une maison-mère et de filiales implantées à l'étranger. La CNUCED retient une définition large des firmes multinationales (FMN) : est considérée comme multinationale une firme qui contrôle au moins une filiale basée à l'étranger ; est considérée comme une filiale une entreprise dont la maison-mère détient au moins 10 % du capital. Sur la base de cette définition, la CNUCED dénombre, en 2002, environ 64000 multinationales, disposant de 870000 filiales et qui emploient 54 millions de salariés à travers le monde. On ne recensait que 7000 FMN vingt ans plus tôt.

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s’est traditionnellement organisé autour de la thèse Prebisch-Singer de l’existence d’une tendance de long terme à la dégradation des termes de l’échange des pays principalement exportateurs de matières premières (spécialisation appauvrissante). Dans le cadre de l’analyse « centre-périphérie », paradigme fondamental du structuralisme, l’examen de la validité d’une telle hypothèse marquait une volonté de contestation de l’avantage comparatif ricaridien sur son domaine de validité : celui d’un commerce international mutuellement avantageux.

On comprend dès lors que cette thèse ait suscité de vives controverses tant sur le plan théorique, empirique que géopolitique. Sur le plan empirique, la controverse porte surtout sur des aspects méthodologiques (choix des indicateurs, de la période considérée ou de la forme

de modélisation). Les travaux empiriques récents portent ainsi majoritairement25 sur une

mesure de l’évolution des termes de l’échange des produits primaires pris individuellement, alors que la controverse théorique et politique autour de cette même thèse a largement fait évoluer l’argumentaire développé. Les modèles théoriques construits par les fondateurs du courant structuraliste ont en effet vu certaines de leurs propositions traduites en actes dans plusieurs économies du tiers-monde entre les années 1950 et 1970. Ces retours d’expériences de stratégies de développement sur le terrain ont contribué à faire évoluer les positions autour de la T-P-S.

Notre analyse du débat théorique montre en particulier que si à l’origine, la T-P-S était bien assise sur deux hypothèses complémentaires –faible élasticité de la demande des produits primaires + asymétrie des effets des progrès technologiques sur les mécanismes de formation de prix entre les marchés du « centre » et de la « périphérie » –, chacune d’elle a plus ou moins été mise en avant selon les périodes. Ainsi, entre la fin des années 1950 et le début des années 1970, la focalisation du débat sur la nature des produits exportés par la « périphérie » s’est traduite par la mise en œuvre de stratégies (ISI) visant à développer la production de biens manufacturés d’élasticité revenu plus élevée. L’échec relatif rencontré par ces stratégies a ensuite débouché, à partir des années 1970, sur la phase de radicalisation (sur fond de

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Alors que Singer (1975) appelait déjà à un changement de perspective vers l’analyse de la DTE selon une optique pays (et non plus uniquement selon l’optique produit), il faut attendre Sarkah et Singer (1991) pour voir les premières études empiriques allant dans ce sens. Ces auteurs ont examiné la validité de la thèse de la détérioration des termes de l’échange, appliqués à un commerce entre économies en développement et économies industrialisées, qui serait constitué non plus d’échanges de produits primaires non transformés contre des produits manufacturés, mais exclusivement de produits manufacturés. Malgré des difficultés d’accès à des données statistiques facilement utilisables, les auteurs montrent globalement que le phénomène de DTE renverrait à la structure des économies nationales et non à la nature des produits. Suite aux critiques essuyées de la part d’auteurs comme Athukorala (1993) ou Bleaney (1993), les études conduites par Sarkah et Singer (1993) ont confirmé leurs premiers résultats. Du fait de la difficile disponibilité des données nécessaires à de telles études il existe toutefois très peu de travaux empiriques examinant la DTE sous cet angle. On pourra se référer à Razzaque et al. (2007) ou à Erten (2010) pour une synthèse des résultats des quelques études existantes.

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confrontations Nord-Sud et Est-Ouest) des discours sur la T-P-S et traduisant, la mise en avant d’aspects d’hétérogénéité et d’asymétrie. Dans un contexte marqué par la hausse généralisée des prix des matières premières, le constat fait d’une faible capacité de négociation (pouvoir de marché) dans les pays du Sud va conduire à des tentatives d’organisations (cartellisation) dans le but de rééquilibrer les rapports avec le Nord. De ce point de vue, la crise de l’endettement à laquelle la plupart des PED ont été confrontés au milieu des années 1980 et les politiques d’ajustement structurels auxquelles ces pays ont dû se soumettre marquent la mise sous éteignoir de cette confrontation Nord-Sud autour de la DTE. Au-delà ; c’est la validité même du paradigme « centre-périphérie » qui va se trouver questionnée par la configuration de l’économie internationale telle qu’elle apparaît dans la période post-ajustement.

Ces mutations vont conduire à relativiser l’unité et la spécificité de la périphérie, constitutive de la théorie du développement telle que pensée à travers l’approche structuraliste. Pour autant, la question de l’inégalité des gains à l’échange ne va disparaître ni du débat économique ni du combat politique. S’adaptant au nouveau contexte, les revendications commerciales des PED portent par exemple désormais sur l’ouverture des marchés des pays riches et sur la suppression par ces derniers des subventions qu’ils

accordent à leurs productions et à leurs exportations26. Quant-aux développements théoriques

contemporains sur la DTE, ils replacent le débat sur : les effets d’hystérésis27 liés au retard

technologique (Ndong 2012), la création et le partage de la valeur (Heintz 2003), l’activité des FMN qui aboutit à une convergence mondiale des normes de productivité, alors même que les rémunérations du travail restent beaucoup plus faibles à la « périphérie » (Treillet 2001). En somme, la question posée est celle des gains de productivité qui on l’a vu a toujours été au cœur de la thèse Prebisch-Singer. Les approches en termes de chaîne de valeur mondiale développées ces dernières années autour des secteurs primaires des PED peuvent alors être analysées comme une reprise en compte de certains résultats théoriques du programme structuraliste, à la lumière des données actuelles de l’économie mondiale. Nous en présentons les principaux outils d’analyse dans le chapitre suivant.

26 Ces revendications sont celles d’un marché mondial où les règles seraient les mêmes pour tous. Face à des États plus qu’affaiblis par des années d’ajustements structurels, ce sont les mouvements associatifs et les sociétés civiles qui se trouvent le plus souvent à la pointe de ce combat. Un des exemples les plus emblématiques de ce combat est la mobilisation autour du « dossier coton » à l’OMC en 2003. On pourra par exemple se reporter à Kern (2007) ou Diasso et Kern (2015) pour un retour détaillé sur les différentes étapes de cette mobilisation.

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L'hystérésis (ou hystérèse) est la propriété d'un système qui tend à demeurer dans un certain état même quand la cause extérieure qui a produit le changement d'état a cessé.

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Chapitre 3 : D

ÉTÉRIORATION DES TERMES DE L

ÉCHANGE ET ÉCHANGE INÉGAL

À L

ÈRE DE LA MONDIALISATION

:

QUAND

P

REBISCH ET

S

INGER RENCONTRENT

G

EREFFI

,S

TURGEON ET

H

UMPHREY

.

1. Introduction

À travers le paradigme « centre-périphérie », la thèse Prebisch-Singer et les théories de l’échange inégal, les analyses structuralistes ont comme nous l’avons vu irrigué la pensée de l’économie du développement dès sa naissance au milieu des années 1950. Sous l’impulsion du processus de libéralisation entamé au début des années 1990, les économies développées comme celles en développement ont toutefois connu de telles mutations que les outils et cadres d’analyses développés à travers les réflexions structuralistes ont pu paraître complètement désuets : développement du commerce « Sud-Sud », augmentation de la part des produits manufacturés dans les exportations des pays en développement, segmentation du processus productif, prééminence des FMN... L’objet de ce chapitre est justement de montrer comment s’est opérée la redéfinition du cadre d’analyse des questions centrales de l’économie du développement, rendue nécessaire par la nouvelle configuration du système économique.

En effet, l’augmentation, au cours des trente dernières années, de la part des produits manufacturés dans les exportations des pays en développement est souvent présentée comme la plus spectaculaire des mutations survenues. Mais le fait que des pays en développement (exception faite de l’Afrique subsaharienne) exportent de plus en plus de bien manufacturés traduit-il pour autant une amélioration des termes de leurs échanges ? Quand bien même il y

aurait une amélioration, les « termes de l’échange »28 constituent-ils encore l’élément

pertinent permettant de l’appréhender dans un contexte de processus productifs segmenté où des produits en cours de fabrication sont susceptibles de traverser à plusieurs reprise les mêmes frontières pour que chaque tâche soit réalisée en fonction des avantages comparatifs des pays ? Quelles options stratégiques s’offrent dans ce contexte aux PED demeurés majoritairement exportateurs de produits primaires ou ayant troqué leurs monocultures primaires pour des monocultures industrielles de produits standardisés à faible valeur ajoutée ?

Ces questionnements ne sont bien entendu pas nouveaux, le premier ayant particulièrement nourri les débats théoriques et empiriques sur la DTE. On se souviendra ainsi que Singer

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même, appelant dès 197529 à une évolution des réflexions autour de la DTE, avait soutenu

que les produits manufacturés exportés par les pays de la périphérie n’étaient pas de même nature que ceux exportés par les pays du centre. Ce que confirmera par ailleurs la première étude empirique conduite par Sarkah & Singer (1991) sur l’examen de la validité de la DTE, appliquée à un commerce Nord-Sud de produits manufacturés. Le même Singer, s’appuyant sur le processus de destruction créatrice de Schumpeter proposera quelques années plus tard une version actualisée de la T-P-S suivant laquelle, la DTE se perpétuerait à travers un échange entre produits manufacturés normalisés (standardisés) et produits innovants (Singer 1998). Cette notion de normalisation (ou de standardisation) est clairement au cœur des nouvelles analyses post-ajustement sur les stratégies de développement économique ; diverses études réalisées dans les années 1990 et au début des années 2000 ayant révélé que l’accroissement des exportations de produits manufacturés s’était accompagné d’un recul des prix dans les industries à fortes intensité de main-d’œuvre. En d’autres termes, les prix de ces produits manufacturés semblaient se comporter comme ceux de produits de base ; traduisant ce que Kaplinsky (2000) et avant lui Hopkins & Wallerstein, (1977) ont décrit par la notion de « commoditisation » ou de « commodification ».

Au sens d’ Hopkins & Wallerstein (1977), la notion « commodification » renvoie surtout à la dispersion géographique et la marchandisation des différentes étapes de la production et la consommation, par laquelle le système capitaliste assure son expansion. Afin de d’illustrer leur compréhension de cette dimension territoriale du capitalisme par rapport à l’approche orthodoxe de la globalisation, les deux auteurs avaient alors proposé d’adopter un postulat radicalement différent. Au lieu de concevoir le développement de l’économie globalisée comme un processus séquentiel dans lequel les marchés nationaux prennent progressivement une envergure mondiale, du fait de l’expansion du commerce international, ils vont s’appuyer sur un séquençage sectoriel. Celui-ci consiste à partir d’un bien de consommation final pour retracer l’ensemble des entrants qui ont abouti à ce bien – les transformations antérieures, les matières premières, les moyens de transport, la part de travail incorporée dans ces processus ainsi que les relations de pouvoir qui les régissent : l’approche chaînes de commodités (CC) était née.

Remise au goût du jour par les travaux de Gary Gereffi et d’autres auteurs30 à la faveur de

la libéralisation des années 1990, cette approche incarnée dans les notions de chaînes globales

29 Voir Singer, H. (1975), The strategy of international development, London: Macmillan.

30 Gereffi et Korzeniewicz (1994), Gereffi (1994, 1995, 1999); Kaplinsky (2000); Henderson et al, (2002), Gereffi et al. (2005).

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de commodités (CGC) puis chaînes globales de valeur (CGV) plus récemment, s’est imposée au fil des années comme la mieux adaptée pour appréhender les mutations en cours. Elle est même devenue l’outil d’analyse privilégié des principaux organismes internationaux de

développement31. Des différents travaux empruntant ce cadre d’analyse, il a surtout semblé

émerger un nouveau paradigme relativement cohérent permettant d’analyser dans un

prolongement des thèses structuralistes et dépendantistes, les interdépendances

socioéconomiques et les inégalités structurelles que la globalisation et l’expansion des firmes multinationales contribuent à produire et à perpétuer. Dans l’approche chaîne globale, il n’est toutefois plus uniquement question de concentration des ressources productives en un « centre » donné, mais de capacité de coordination d’un système productif fragmenté et dispersé. Il n’est plus uniquement question de prix mais de valeur ajoutée à chaque étape de la production ; ce qui sur le plan empirique impose un traitement tout autre de la question des termes de l’échange. Ces aspects empiriques ne feront pas l’objet d’une attention particulière, le chapitre s’intéressant davantage aux aspects théoriques et pratiques du nouveau courant ; c’est-à-dire, à sa contribution à la réflexion sur les stratégies permettant aux pays en développement dont les économies reposent encore majoritairement sur l’exportation de matières premières, d’exploiter ce potentiel pour mieux s’en affranchir.

Le chapitre est structuré autour de trois sections. La première nous permet tout d’abord de revenir brièvement sur les transitions complexes qui se sont opérées à l’échelle internationale comme à l’échelle nationale, pour les pays en développement, sous l’impulsion du processus de la libéralisation. La seconde présente ensuite les référentiels théoriques et méthodologiques des nouvelles approches dites « chaînes globales » du commerce international afin de les situer par rapport à la problématique initiale des interdépendances socioéconomiques Nord-Sud et des inégalités structurelles qu’elles contribuent à produire. La troisième section aborde enfin la question de la place des PED d’Afrique dans l’économie globalisée. À travers le prisme des approches chaînes globales, elle explore les possibilités d’élaboration puis d’application des stratégies d’industrialisation et autres politiques de développement afin de promouvoir la création de valeur ajoutée, la transformation économique des pays, la réduction de leur dépendance à l’égard de la production et de l’exportation des produits de base non transformés.

31 En 2013 l’OCDE, l’OMC et la CNUCED ont publié un rapport commun intitulé: « implications of global