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PARTIE I. LA CHINE ET L’ALLEMAGNE, UNE HISTOIRE PARTAGÉE

CHAPITRE 1. LA CHINE DANS LE MONDE, ENTRE FERMETURE ET OUVERTURE

1. La Chine, l’Europe et l’international 55

Dans son introduction au dossier sur la diaspora asiatique en Allemagne publié par la fondation Heinrich Böll en janvier 2014, Kien Nghi Ha souligne à juste titre que l’Europe et l’Asie sont des entités culturelles et géographiques que l’on ne peut clairement séparer l’une de l’autre. Sans frontière naturelle entre les deux, la dizaine de lignes de démarcation que l’on a pu tracer entre elles tout au long d’une longue histoire résultant de constructions politiques et culturelles, elles forment depuis environ 250 millions d’années le continent le plus étendu de la terre : l’Eurasie56. Ce mot-valise, fruit d’une apposition des noms « Europe » et « Asie » qui se sont fondus l’un dans l’autre, reflète une perméabilité souvent oubliée entre ces deux régions du globe. Celle-ci transparaît pourtant dès que l’on s’intéresse aux mouvements migratoires qui n’ont cessé de les relier, ne serait-ce que depuis l’époque des échanges commerciaux Est-Ouest57 sur la route de la soie58.

La Chine, pays producteur de cette soie tant convoitée, a été en contact avec l’Europe et ses ressortissants à plusieurs reprises de son histoire, ces derniers ayant souvent pénétré en Chine de force. Ainsi, la présence de missionnaires chrétiens en Chine est attestée depuis le VIIIe siècle, les expéditions de missionnaires les plus importantes ayant eu lieu au XIIIe siècle avec les franciscains et les dominicains, puis aux XVIIe et XVIIIe siècles avec la grande Mission jésuite59.

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La rédaction de ce chapitre s’appuie notamment sur l’ouvrage suivant : Fairbank, John K. ; Merle Goldman, Histoire de la Chine, des origines à nos jours, Paris, Tallandier, 2013.

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Ha, Kien Nghi, « Intro. Asiatische Diaspora in Deutschland », in: Heinrich-Böll-Stiftung (dir.), Asian Germany – Asiatische Diaspora in Deutschland, Berlin, Heinrich Böll Stiftung, 2014, p. 7-8. Les géopoliticiens anglo-saxons du début du XXe siècle ont été les premiers à théoriser le concept « d’Eurasie». Le mot fut inventé par le géologue autrichien Eduard Suess en 1885. Voir : Fiorina, Jean-François, « Eurasie, l’avenir de l’Europe ? », in : CLES Comprendre Les Enjeux Stratégiques, Note hebdomadaire 130, 03/04/2014.

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« Dès le IIIe siècle ave. J.C. une Route de la Soie reliait la Chine à l’Occident. Selon Marin de Tyr, les agents de Maes Titianos, un commerçant macédonien, atteignirent le pays de Sères, la Chine, dès le premier siècle de notre ère. […] Des contacts, fragiles, ont bien été établis dès ces époques […]. Il est donc certain que le monde méditerranéen connaissait les Chinois, appréciant même certaines de leurs productions (on pense à la soie au musc, à la cannelle et à la rhubarbe), mais que les Grecs et les Romains continuaient à désigner ces Orientaux par le vocable de Barbares. », in : Poulet, Régis, L’Orient : généalogie d’une illusion, op.cit., p. 25.

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Signalons que « c’est le géographe allemand Ferdinand von Richthofen (1833-1905) qui, après avoir écumé une grande partie de l’Asie entre 1868 et 1872 […] baptisa […] ‘route de la soie’ ces itinéraires empruntés par les caravaniers. » in : Frèches, José, Dictionnaires amoureux de la Chine, Paris, Plon, 2013, p. 791.

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Aubin, Françoise, « Missionnaires en Chine... Missionnaires sur la Chine », in: Archives de sciences sociales des religions, 63/2, 1987, p. 177-188.

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Au XIXe siècle, « c’est dans le cadre de la politique d’expansion coloniale de l’Europe qu’il faut envisager les relations entre la Chine et l’Europe […] même si la Chine n’a jamais été, à proprement parler, colonisée »60. La volonté d’isolement dont faisait preuve l’Empire chinois (attestée au moins depuis le XVIe siècle61), l’immensité de son territoire ainsi que les richesses qu’il renfermait, ont en effet constitué autant d’éléments suscitant l’avidité des puissances impérialistes européennes de l’époque, au premier rang desquelles se trouvait la Grande-Bretagne. Pour équilibrer sa balance commerciale avec la Chine, dont elle importait massivement du thé, la Grande-Bretagne poussa les sujets du Céleste Empire à consommer de l’opium. La forte consommation de ce produit ne tarda pas à provoquer une crise sanitaire, sociale et économique en Chine à laquelle le gouvernement des Qing tenta de remédier en décrétant les lois anti-opium. Cette prohibition décidée en 1838-39 déclencha la première guerre de l’opium (1838-42), qui déboucha sur le Traité de Nankin en 1842. Ce dernier consacra l’ouverture forcée de cinq ports aux Britanniques (Shanghai, Canton, Fuzhou, Xiamen et Ningbo) ainsi que la cession de la ville de Hong-Kong à la Grande-Bretagne qui n’a été « rendue » à la Chine qu’en 199762

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La seconde guerre de l’opium opposa la Grande-Bretagne et la France à l’Empire chinois et dura de 1856 à 1860. C’est lors de ce conflit qu’eut lieu, du 17 au 20 octobre 1860, le sac du Palais d’Eté des empereurs situé à 8 km au nord-ouest de Pékin, dont on peut encore observer les vestiges aujourd’hui. La seconde guerre de l’opium fut close par l’établissement des « traités inégaux » et la division du territoire des Qing en zones d’influence abandonnées aux « Huit armées étrangères alliées » (la Grande-Bretagne, la France, le Portugal, l’Allemagne63, la Russie, les États-Unis, l’Autriche-Hongrie et les Pays-Bas). Les puissances colonisatrices atteignirent leur but, qui avait été d’obtenir de nouvelles concessions commerciales et

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Pavé, François, Le Péril jaune à la fin du XIXe siècle. Fantasme ou réalité ?, Paris, L’Harmattan, 2013, p. 39.

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Harald Bräuner rappelle que les missionnaires jésuites achoppaient sur un empire et une population extrêmement difficiles d’accès pour des raisons ayant trait à l’immensité du territoire ainsi qu’aux barrières culturelles et linguistiques. Voir : Bräuner, Harald, « ‘Gewissermaßen eine neuentdeckte Welt’ China in Reiseberichten, Kompilationen und Missionsschriften des 17. und 18. Jahrhunderts », in: Leutner, Mechthild et Dagmar Yü-Dembski (dir.), Exotik und Wirklichkeit. China in Reisebeschreibungen vom 17. Jahrhundert bis zur Gegenwart, München, Minerva-Publikation, 1990, p. 20.

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La ville bénéficie toujours d’un statut administratif et économique spécifique en Chine.

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Le terme « Allemagne » est utilisé ici d’abord dans un sens générique. Ce n’est qu’avec la fondation de l’Empire allemand en 1871 que le terme désigne une entité politique étatique pourvue d’une administration et d’une économie de plus en plus intégrées.

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territoriales à partir desquelles il leur était possible d’importer et d’exporter librement les marchandises de leur choix (parmi elles l’opium notamment)64

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L’occupation étrangère en Chine étant fondée sur l’humiliation de tout un peuple, la révolte d’une partie de celui-ci contre les colons provoqua la guerre dite des Boxers65

de 1899 à 1901 qui fut durement réprimée par une coalition entre la France, la Russie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Italie et le Japon.

Une dizaine d’années plus tard, la révolution éclata en Chine en 1911. La dynastie d’origine mandchoue des Qing s’éteignit en 1912 et la République de Chine fut proclamée par Sun Yat-Sen (1866-1925) au moment où l’Europe s’apprêtait à plonger dans les tourments de la Première Guerre mondiale. Cela détourna l’attention des puissances impérialistes du territoire chinois dont l’histoire allait être marquée désormais par l’opposition entre le Guomindang (le parti nationaliste) et les communistes d’une part et le Japon d’autre part. La Deuxième guerre sino-japonaise66 qui s’étendit de 1937 à 1945 mobilisa un temps aussi bien les troupes nationalistes du Guomindang que les troupes communistes, avant que la guerre civile entre ces deux camps n’éclate à nouveau. Cette dernière finit par consacrer en 1949 la victoire des communistes et aboutit à l’avènement de Mao Zedong à la tête de la République Populaire de Chine. Il s’ensuivit la fuite des nationalistes autour de Tchang Kaï-chek (1887-1975) sur l’île de Taïwan (anciennement Formose), qui est toujours aujourd’hui le siège de la République de Chine fondée originellement par Sun Yat-Sen sur le continent.

La fondation de la République Populaire de Chine sous Mao Zedong (1893-1976) s’est accompagnée d’une période de fermeture de la Chine vis-à-vis des puissances industrielles de l’Ouest. En pleine Guerre Froide sévissait par ailleurs la peur du communisme et de son

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Pavé, François, Le Péril jaune à la fin du XIXe siècle. Fantasme ou réalité ?, op.cit., p. 39 ; 151. À ce propos, il est intéressant en outre de rappeler l’existence d’au moins deux célèbres caricatures datant de 1898 : « La Chine démembrée par les puissances étrangères » sur laquelle l’on voit des soldats dansant autour d’un Chinois fait de roche qui éclate en de nombreux morceaux (qui est une allusion au supplice chinois du démembrement qui fascinait alors l’Occident) et celle intitulée « La Chine, le gâteau des Rois et…des Empereurs » qui montre la reine Victoria, Guillaume II, Nicolas II, le Mikado et une Marianne se partageant, à la barbe d’un mandarin qui proteste, un gâteau représentant la Chine.

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« Le mouvement des Boxers, créé au début des années 1890 sous la forme d’une société secrète, ‘Yihetuan’ [littéralement : milices de l’union de la justice et de la concorde], était à l’origine opposé à la fois aux réformes, aux étrangers et à la dynastie mandchoue des Qing qui gouvernait la Chine. Il connut un tournant en juin 1900 avec l’assassinat de Clemens von Ketteler, ambassadeur de la délégation allemande en Chine, et le siège des légations de Pékin. Il fut alors utilisé par l’impératrice Cixi contre les étrangers. La révolte fut réprimée par les troupes occidentales. Un traité mit fin au conflit en septembre 1901. », Andréys, Clémence, « Portrait de Qingdao, colonie allemande de Chine », in : La Clé des Langues (Lyon : ENS LYON/DGSCO) [en ligne], 05/06/2011 [consulté le 12/03/2014]. Disponibilité et accès : http://cle.ens-lyon.fr/allemand/portrait-de-qingdao-colonie-allemande-de-chine-123762

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aspiration supposée à une révolution mondiale67 ce qui ne fit que creuser le fossé entre le « bloc de l’Ouest » et le « bloc de l’Est » dont faisait partie la Chine « rouge ». Ce n’est qu’à partir de 1955 que la Chine communiste s’ouvrit une première fois68, notamment aux médias de l’Ouest, une détente qui se confirma au début des années 1960, avec la fin de la coopération entre la Chine et l’ex-URSS qui durait depuis 1949.

Des intérêts de type économique et géopolitique poussèrent les nations européennes de l’Ouest (ainsi que les États-Unis) à recréer des plateformes d’échanges avec la RPC (République Populaire de Chine) en vue de contrer la puissance soviétique. À partir des années 1960, les mouvements de gauche occidentaux commencèrent à s’intéresser au régime communiste chinois. La Révolution culturelle (1966-1976) fut plébiscitée (l’idéalisation dont elle fit l’objet révèle l’ampleur de la méconnaissance qui régnait sur la situation véritable de la Chine à l’époque). Si l’anticommunisme était prépondérant dans les années 1950 et au début des années 1960, le potentiel et les possibilités de coopération avec la Chine sur le plan économique favorisèrent le rétablissement de relations officielles entre des nations de l’Ouest et la Chine. Ainsi, l’instauration de relations diplomatiques entre la RPC et la France fut décidée dès 1964, l’Italie reconnut la RPC en 1970, l’Allemagne et l’Angleterre firent de même en 1972 (cette année-là, le dialogue reprit également avec les États-Unis)69. En outre, la RPC récupéra son siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies en 1971 (qui était détenu depuis 1949 par la République de Chine de Taïwan)70.

Ce qui était valable pour les pays de l’Ouest ne le fut pas pour les nations socialistes de l’Est telles que l’ex-RDA (la République démocratique allemande), qui avait entretenu dès 1949 des relations diplomatiques avec la RPC avec laquelle elle coopérait notamment sur le plan culturel. L’histoire des contacts entre les pays européens anciennement de l’Est et la RPC durant la Guerre Froide est donc majoritairement positive, bien que la rupture avec l’ex-URSS

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« In den westlichen Industrienationen wurde die Angst vor dem Kommunismus und seinem vermeintlichen Streben nach ‘Weltrevolution’ gefördert; sie wurde wissenschaftlich abgebildet durch die Doktrin des Totalitarismus », Leutner, Mechthild; Dagar Yü-Dembski, « ‚Die gelbe Gefahr hat rote Hände‘, ‚Rotchina 1949 bis 1972‘ », in: Leutner, Mechthild; Dagmar Yü-Dembski (dir.), Exotik und Wirklichkeit. China in Reisebeschreibungen vom 17. Jahrhundert bis zur Gegenwart, op.cit., p. 89.

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Avant la mise en place de la politique de réformes en 1978 qui a entraîné l’ouverture, d’abord économique, de la Chine sur le monde.

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Ibid., p. 89-92.

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ait scindé là aussi à partir des années 1960 le bloc de l’Est, ce dont ont su profiter habilement les nations de l’Ouest comme évoqué précédemment71

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Deux ans après la mort de Mao Zedong en 1976, le « modéré » Deng Xiaoping (1904-1997), arrivé à la tête de la RPC, décréta la politique dite de réforme qui initia le « cheminement particulier de la Chine dix ans avant l’effondrement du bloc soviétique, avec le socialisme dit ‘aux caractéristiques chinoises’ »72. S’ensuivit la libéralisation progressive de l’économie du pays et son ouverture au monde notamment à travers l’instauration de relations diplomatiques complètes avec les États-Unis en 1979. « Quelques mois plus tôt [Deng Xiaoping] avait réussi à convaincre Coca-Cola de s’installer en Chine et Pierre Cardin d’ouvrir à Pékin un restaurant Maxim’s »73

. Très rapidement, le Parti mit en place les « Quatre modernisations » appliquées aux secteurs de l’industrie et du commerce, de l’éducation, de l’agriculture et de l’armée. La formule « un pays, deux systèmes », internationalement connue aujourd’hui et qui servit d’abord de cadre à Hong-Kong lorsque l’ancien protectorat britannique fut rétrocédé à la Chine, décrit parfaitement la politique menée depuis la fin des années 1970 par un pays devenu à présent plus que jamais incontournable sur l’échiquier mondial.

Avec l’ouverture, ce sont non seulement les coopérations et les échanges économiques et culturels qui se multiplièrent mais aussi le tourisme qui se développa. Les départs en Chine depuis l’Europe se firent de plus en plus nombreux et bientôt les voyages collectifs firent place à la possibilité de partir seul. Aujourd’hui, la mondialisation concernant aussi la Chine, celle-ci s’occidentalise, voire s’américanise de plus en plus. La barrière de la langue n’est plus un obstacle majeur dans un pays qui est capable de fonctionner chaque jour davantage en anglais (à l’image du monde entier).

Sur le plan politique, il est à noter que les mouvements de contestation exigeant une « cinquième modernisation, la démocratie » qui débutèrent dès la fin des années 1970, attirèrent l’attention de l’opinion publique européenne. Suite à la violente répression des manifestations du printemps (majoritairement estudiantines) sur la place Tiananmen le 4

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« Bereits kurz nach ihrer Proklamation als selbständige Staaten im Jahre 1949 nahmen die DDR und die VR China diplomatische Beziehungen auf. Zwei Jahre später wurde ein Abkommen über kulturelle Zusammenarbeit zwischen beiden Ländern getroffen, in Berlin wurde eine erste deutsch-chinesische Freundschaftswoche veranstaltet. » Gransow, Bettina; Frank Suffa-Friedel, « ‚Auf die Reise in ein anderes Land nimmt man sin eigenes mit‘ Reisebeschreibungen aus der DDR in den 50er Jahren », in: Leutner, Mechthild; Dagmar Yü-Dembski (dir.), Exotik und Wirklichkeit. China in Reisebeschreibungen vom 17. Jahrhundert bis zur Gegenwart, op.cit., p. 79.

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Balme, Stéphanie, La Chine, op.cit., p. 50.

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juin 1989, les relations entre la RPC et les États d’Europe se réclamant des droits de l’homme furent temporairement ralenties, voire gelées. Les sanctions qui furent décidées par la communauté européenne le 27 juin 1989 à Madrid lors d’un sommet du Conseil européen firent écho à la réaction allemande face aux événements chinois. Dans la semaine qui suivit le 4 juin, le gouvernement fédéral allemand critiqua l’usage de la force à l’encontre de « citoyens manifestant de manière pacifique pour leurs droits démocratiques » et qualifia la répression de « grave violation des droits de l’homme ». Une résolution adoptée le 15 juin par le parlement allemand réclama de la part du gouvernement « la cessation de tous contacts politiques et diplomatiques jusqu’à nouvel ordre »74

, le maintien des projets de coopération susceptibles de bénéficier directement à la population chinoise à l’exclusion des autres et l’interruption de l’exportation d’armes et de matériel militaire vers la Chine. Le 23 juin, une seconde résolution fut adoptée là encore à l’unanimité dans laquelle les mises à mort de travailleurs et d’étudiants qui avaient suivi les événements furent condamnées. Le parlement souhaita également le gel des aides financières apportées à la RPC de la part de la République Fédérale d’Allemagne75 et les étudiants chinois se trouvant en Allemagne (mais aussi en France, entre autres) à ce moment-là obtinrent, s’ils le souhaitaient, l’asile politique en Europe76.

Cet épisode n’ayant cependant pas entravé le développement de la Chine et son ascension économique, les intérêts stratégiques ont depuis toujours prévalu dans les relations entre la Chine et la scène internationale (bien que la question des droits de l’homme en Chine soit posée régulièrement par des puissances comme la France, l’Allemagne ou les États-Unis qui sont aussi d’importants partenaires économiques de la RPC).

Depuis les années 1990 et 2000, la Chine n’a cessé de se moderniser (dans tous les domaines) jusqu’à devenir en 2016 la première puissance économique mondiale avant les États-Unis77

et ce après avoir connu une période de croissance économique à deux chiffres sans précédent.

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Ritter, Gerhard A., « Die Volksrepublik China und die beiden deutschen Staaten 1989/90 », in: Historische Zeitschrift, 301, 2015, p. 97-98.

75

Ibid., p. 98-99.

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« Such terrifying crackdown on democratic demonstrations in Tiananmen Square in 1989 have contributed to the desire of overseas Chinese students to stay abroad. Students, who wished to remain abroad, benefited from the ad hoc political asylum policies (or ‘compassionate leave to stay’) offered to them by the European states during the June 4 incident. Some countries, in particular France, continued to provide asylum to political activists who escaped from the PRC even after the event. », in: Leung, Maggi Wai-Han, Chinese Migration in Germany. Making Home in Transnational Space, op.cit., p. 50.

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Voir Robin, Jean-Pierre, « La France, 9e puissance économique mondiale, selon le FMI », in : Le Figaro [en ligne], 12/04/16 (consulté le 24/05/2016). Disponibilité et accès :

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/04/12/20002-20160412ARTFIG00196-la-france-9e-puissance-economique-mondiale-selon-le-fmi.php

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Aussi cela fait-il près d’une décennie que la RPC accélère l’implantation d’entreprises chinoises dans le monde (en Afrique, en Europe, aux États-Unis) et la négociation d’investissements étrangers sur son territoire.

La Chine est donc devenue une puissance centrale sur le plan international et d’un point de vue politique, économique, industriel mais aussi culturel. Cela transparaît notamment à travers l’engouement pour l’apprentissage de la langue chinoise dont un facteur clef constitue par exemple la multiplication des instituts Confucius à travers le monde78. Notons également le crédit accordé à la Chine en 2008, lorsqu’on lui confia l’organisation des Jeux Olympiques à Pékin, ou encore en 2010, lorsque Shanghai fut choisie pour que s’y tienne l’Exposition Universelle.

L’histoire des contacts entre la Chine et l’Europe peut donc en effet se targuer d’avoir une grande ancienneté. Malgré l’image longtemps véhiculée d’une Chine lointaine, difficilement accessible, à la fois mystérieuse et effrayante, ne serait-ce qu’à cause de son vaste territoire, de la masse de ses habitants et d’une langue souvent perçue comme « étrange » voire totalement « hermétique », nous avons pu constater que l’isolement de la Chine n’a pas prédominé durant les siècles derniers, marqués au contraire par des échanges, des interactions et des mouvements d’influence nombreux et diversifiés entre l’Empire puis la République de Chine et enfin la République Populaire d’un côté, et l’Europe et le reste du monde de l’autre. Nous verrons également dans le deuxième chapitre de cette première partie que l’ouverture de la Chine sur le monde s’est manifestée à travers une émigration chinoise qui n’a cessé de se diversifier et de s’intensifier depuis le XIXe

siècle. Si les flux migratoires chinois étaient au départ dirigés majoritairement vers l’Asie du Sud-Est, l’émigration s’est étendue par la suite aux États-Unis d’Amérique (qui restent le pays cible privilégié), à l’Europe et au monde entier, notamment à l’Océanie et à l’Afrique, où les Chinois sont aujourd’hui nombreux à conquérir des marchés qui sont d’une importance vitale pour la Chine.

Cet aperçu général ayant dessiné un cadre à la réflexion qui nous importe, il nous faut à présent l’approfondir et la détailler en revenant précisément sur l’histoire des relations entre