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PARTIE I. LA CHINE ET L’ALLEMAGNE, UNE HISTOIRE PARTAGÉE

CHAPITRE 1. LA CHINE DANS LE MONDE, ENTRE FERMETURE ET OUVERTURE

2.4. Des années 1990 à nos jours

2.4.1. Le tournant des années 1989-1990

2.4.1.1. La question de la réunification allemande

Face aux déclarations du gouvernement chinois qui qualifia la réunification allemande d’utile pour la détente et la préservation de la paix et de la sécurité en Europe, les réactions des politiques ouest-allemands d’un côté et est-allemands de l’autre divergèrent. Tandis qu’à l’Ouest l’on se félicitait du soutien de la Chine, à l’Est les déclarations chinoises furent reçues avec humeur. Il devint important pour la RDA d’améliorer ses relations avec la RPC en réaffirmant une base idéologique commune. Les manifestations pro-démocratiques, dont certaines s’étaient produites dès avant la mort de Mao Zedong et qui atteignirent leur paroxysme en 1989, donnèrent l’occasion au gouvernement de la RDA d’afficher sa solidarité

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Heilmann, Sebastian, « Grundelemente deutscher Chinapolitik », in: China Analysis, 14, 2002, p. 5.

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Ritter, Gerhard A., « Die Volksrepublik China und die beiden deutschen Staaten 1989/90 », op.cit., p. 95-96

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La diplomatie chinoise à Taïwan continue à être extrêmement compliquée, la RPC ne reconnaissant pas la légitimité et l’indépendance du gouvernement taïwanais tandis qu’économiquement, Taïwan est en effet depuis longtemps et de fait une « province » de la RPC.

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avec les décisions du gouvernement chinois de l’époque147

qui réprima le mouvement, alors que la RFA prit parti pour les manifestants.

2.4.1.2. Les manifestations pro-démocratiques en Chine

La chronologie relative aux événements qui ont conduit aux grandes manifestations sur la place Tiananmen en 1989, établie par Cindy Cox en 1990148, dans le cadre de l'American

Enterprise Institute for Public Policy Research149, dévoile que l’histoire des revendications

démocratiques ayant mené aux soulèvements de 1989 a commencé au mois d’avril 1976150. Peu après la mort du Premier ministre de la RPC, Zhou Enlai, en janvier de la même année, un mouvement de protestation étudiant, que l’on appelle en Chine l’« incident du 5 avril » émergea et finit par se cristalliser autour du « Mur de la démocratie »151. Sur ce mur, érigé au centre de Pékin, à l’ouest de la place Tiananmen, furent collées, de novembre 1979 à décembre 1979, et ce malgré une interdiction prononcée par le gouvernement en mars 1979, des affiches appelées dàzìbào (大字报) à caractère politique, où le peuple exprima son mécontentement et ses revendications. Parmi celles-ci, la « cinquième modernisation », celle de la démocratie, fut réclamée aux autorités qui réagirent en fermant le « Mur de la démocratie » le 6 décembre de la même année.

La seconde vague de protestations toucha la Chine en 1986 lorsque les étudiants de l’Université des sciences et des technologies de Hefei dans l’Anhui revendiquèrent de meilleures conditions de vie, la liberté de la presse et la démocratie. Ce mouvement réussit à fédérer jusqu’à 150 000 personnes (dont des travailleurs) qui manifestèrent ensemble à Shanghai en décembre avant d’être repoussées par le maire de la ville de l’époque, Jiang

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« Inzwischen hatte sich die Führung der KP Chinas und der SED auch durch die gemeinsame Ablehnung der Politik Gorbatschows, soweit sie größere Transparenz (Glasnost) und weitgehende politische Reformen (Perestroika) vorsah, angenähert. Schließlich wurde nach dem 4. Juni 1989 […] in Peking die uneingeschränkte Solidarität der DDR und der SED-Führung mit der Niederschlagung der Demokratiebewegung stark hervorgehoben. » in : Ritter, Gerhard A., « Die Volksrepublik China und die beiden deutschen Staaten 1989/90 », op.cit., p. 103.

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Cox, Cindy, « Chronology of events related to the 1989 Tiananmen Square Incident », in: World Affairs, 152/3, 1990, p. 129-135.

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Il s’agit d’un think tank à forte tendance libérale, extrêmement influent aux États-Unis, qui fut fondé en 1943.

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Il ne faudrait pas oublier non plus le Mouvement du 4 mai 1919 (qui avait à l’époque déjà réuni des étudiants et intellectuels progressistes sur la place Tiananmen) qui a inspiré de nombreuses réflexions et revendications exprimées par la suite, dans les années 1970 et 1980 (jusqu’à aujourd’hui).

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Béja, Jean-Philippe, « Tiananmen, dix ans après. Une rupture dans l’histoire de l’opposition en Chine », in : Perspectives chinoises, 53/1, 1999, p. 5.

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Zemin (1926-)152. S’ensuivirent des vagues d’arrestations et de limogeage de personnalités politiques n’ayant pas fait preuve d’assez de sévérité envers les manifestants.

Arriva enfin l’année 1989, qui se distingue par les manifestations pro-démocratiques les plus importantes que la Chine ait connues.

2.4.1.3. Le 4 juin 1989 et la répression des manifestations sur la place Tiananmen à Pékin

January 1989: Democracy-aspiring Chinese intellectuals refer to the

incoming year as the 200th anniversary of the 1789 French Revolution, the 70th anniversary of the 1919 4 May Movement, and the 40th anniversary of the 1949 founding of the People’s Republic of China. All three events symbolize to them the pursuit of liberty and democracy153.

Le mouvement des étudiants de 1989 débuta véritablement à la nouvelle de la mort de Hu Yaobang (1915-1989) qui avait été secrétaire général du Parti Communiste Chinois (PCC) de 1980 à 1987, et que l’on avait écarté de ses fonctions à la tête du Parti à cause du soutien qu’il avait manifesté à l’égard des revendications démocratiques. Dès avril 1989, environ 10 000 étudiants investirent la place Tiananmen. Le bras de fer entre eux et le gouvernement commença. Le jour de l’enterrement du Hu Yaobang, le 21 avril 1989, le nombre de manifestants s’élevait à plus de 100 000 étudiants et travailleurs. Bientôt ils furent près de 150 000, puis 250 000, puis 1,5 million. Le gouvernement (des manifestations avaient éclaté dans d’autres villes de Chine également) était en proie à des difficultés dont il entrevoyait l’ampleur et l’urgence avec de plus en plus d’acuité. C’est ainsi que le 20 mai 1989, la loi martiale fut déclarée par Deng Xiaoping, numéro un de la RPC, Yang Shangkun (1907-1998), le président de la RPC de l’époque et Li Peng (1928-), alors Premier ministre. L’armée fut mobilisée, les transports ferroviaire et aérien coupés à l’intérieur du pays.

Quand les étudiants érigèrent, les 29 et 30 mai 1989, une réplique de la statue de la Liberté,

the Goddess of Democracy, sur la place de la Paix céleste, ils étaient encore convaincus que

l’Armée de libération qui appartenait par définition au peuple refuserait de se retourner contre eux. Or c’est le contraire qui se produisit quelques jours plus tard, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, lorsque les manifestants (ils étaient près de 100 000) furent assaillis par les troupes qui tuèrent des centaines (voire des milliers) de personnes. Dans les jours qui suivirent, le

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Jiang Zemin a été secrétaire général du Parti communiste chinois entre 1989 et 2002 et président de la République Populaire de Chine entre 1993 et 2003.

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gouvernement rétablit son autorité sur la capitale et le pays. L’armée évacua la place Tiananmen et fut stationnée devant la Cité interdite où se trouvaient les instances gouvernementales. Par la suite, des milliers de personnes furent arrêtées. Fin juin, Deng Xiaoping appelait les ambassadeurs étrangers à reprendre leurs fonctions. Le 1er octobre 1989, le 40e anniversaire de la RPC fut célébré dans un climat de forte tension et sous haute surveillance. Quasiment aucun diplomate de l’Ouest ne s’y rendit.

2.4.1.4. Réactions allemandes

Contrairement à la RDA qui se montra compréhensive envers les agissements du gouvernement chinois, y voyant en effet le seul moyen de préserver le régime communiste au moment où l’URSS elle-même pratiquait de plus en plus la « détente », la RFA critiqua la répression armée des manifestations pékinoises :

Die ausgesprochen positiven bilateralen Beziehungen zwischen der Bundesrepublik Deutschland und der Volksrepublik China erhielten einen schweren Schock durch die gewaltsame Niederschlagung der chinesischen Demokratiebewegung in der Nacht vom 3. zum 4. Juni 1989. […] Die Bundesregierung kritisierte sofort „den Einsatz von Kampfgruppen gegen die eigene Bevölkerung“, und der Bundestag verabschiedete am 15. Juni 1989 eine Resolution, die den brutalen Waffeneinsatz gegen „friedliche, für ihre demokratischen Rechte demonstrierende Bürger“ als „eine schwere Verletzung der Menschenrechte“ verurteilte und die Bundesregierung aufforderte, „die Kontakte auf hoher politischer Ebene bis auf weiteres“ auszusetzen und nur solche Projekte der deutsch-chinesischen Zusammenarbeit fortzuführen, „die nach Lage der Dinge der Bevölkerung unmittelbar zugutekommen“, keine neuen Entwicklungsprojekte einzuleiten und den Export von Kriegswaffen und Rüstungsgeräten nicht zu genehmigen154.

Malgré ces sanctions, la RFA se refusa à interrompre totalement ses relations avec la Chine qu’elle ne souhaitait en outre pas isoler, ce qui aurait perturbé l’équilibre international en devenir. En août, l’ambassadeur allemand à Pékin assura ainsi au ministère des affaires étrangères chinois que la République fédérale n’avait pas l’intention de s’immiscer dans les affaires intérieures de la RPC et qu’elle respectait pleinement sa souveraineté. Le désir pragmatique de jouer un rôle de premier plan dans le développement économique et technologique de la Chine prit le dessus sur les préoccupations éthiques exprimées un temps par le gouvernement. Ces dernières concernèrent finalement surtout l’opinion publique ouest-allemande.

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La volonté de normalisation des relations, de reprise de la coopération financière et économique exprimée par la RFA et les nombreux entrepreneurs allemands en relation avec la Chine155, fut accueillie positivement par la RPC, même si les critiques de la part de la République fédérale d’Allemagne à l’égard de ses décisions politiques avaient été condamnées.

Peu de temps après les événements survenus sur la place Tiananmen, en octobre 1989, la RDA fut à son tour confrontée à une vague de manifestations pacifiques pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme à Leipzig156. Le courage et la ténacité qu’avaient démontrés les manifestants à Pékin n’avaient pas été sans influer sur la volonté des défenseurs des droits de l’homme est-allemands de lutter à leur tour. À la lumière de la répression sanglante qui avait eu lieu en Chine, le gouvernement est-allemand renonça à toute intervention militaire contre le peuple. D’un point de vue historique et géopolitique, le destin de l’Allemagne et du peuple allemand dans les années 1989-90 est donc intimement lié à celui que se sont forgés la RPC et le peuple chinois dans ces années décisives. Le drame survenu en Chine a constitué un avertissement de taille que le gouvernement est-allemand n’a pas voulu ignorer.

Le temps de la partition de l’Allemagne en deux États était compté. Le 9 novembre 1989, le monde assista à la chute du mur de Berlin et le 3 octobre 1990, la réunification de l’Allemagne fut actée. La même année, la Chine réaffirmait la nécessité de cette réunification, qu’elle avait, comme nous avons pu le mentionner supra, « toujours appelée de ses vœux »157

, compte tenu de la souffrance causée par sa propre partition entre la RPC et la République de Chine.

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« Insbesondere sollte die Durchführung des bereits ausgehandelten großen Prestigeprojekts des Baus der U-Bahn in Shanghai mit deutscher Hilfe durch den noch ausstehenden Notenwechsel der beiden Regierungen ermöglicht werden. » En septembre 1989, à l’occasion de sa visite en Chine auprès de Jiang Zemin, le président directeur général de la Deutsche Lufthansa, Heinz Ruhnau, émit le souhait de poursuivre les relations économiques sino-allemandes « sans idéologie ». La collaboration entre Air China et la Lufthansa ainsi que la construction d’un centre hôtelier et d’un palais des congrès à Pékin furent maintenus. Ibid., p. 102 et p. 105.

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Foyer des « manifestations du lundi » : « In der Leipziger Nikolaikirche begannen die Friedensgebete, aus denen die Montagsdemonstrationen entstanden, die im Oktober 1989 die friedliche Revolution in der DDR auslösten. Bis zu 300 000 Menschen demonstrierten in Leipzig für Freiheit und Demokratie. » Arnholz, Kathrin, « Friedliche Revolution », in: Goethe.de [en ligne], 2009 [consulté le 18/11/2015]. Disponibilité et accès: http://www.goethe.de/ins/ie/prj/scl/pku/de4236995.htm

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Malgré son désaccord avec la politique autoritaire menée par la RPC au Tibet et dans le Xinjiang contre la population ouïghoure158, l’Allemagne réunifiée ne tarda pas à lever ses sanctions contre la Chine. Les coopérations économiques et industrielles, qui n’avaient jamais totalement cessé, reprirent de plus belle, notamment grâce à l’autorisation renouvelée de la mise en place de cautions étatiques allemandes pour les contrats à l’exportation

(Hermes-Bürgschaften)159.

Du côté chinois, la marche à suivre était claire. Il fallait pousser plus avant la politique de modernisation et accélérer le développement économique de la Chine. La possibilité devait être donnée au peuple chinois de s’enrichir. Dès lors, la RPC adopta une ligne de conduite qui se fixa les objectifs suivants : rattraper le standard occidental, devenir une puissance internationale capable de rivaliser avec les États-Unis, accroître son influence en Asie mais aussi partout ailleurs dans le monde (l’Afrique constitue une des cibles principales de la Chine qui a besoin des ressources et des matières premières qui s’y trouvent), préserver le régime communiste « à la chinoise » et maintenir un contrôle étroit du peuple, tout en gardant la maîtrise de l’agenda politique interne (qui comprend les progrès sociaux et les avancées faites et à venir en direction d’une démocratisation probable). Sur cet échiquier complexe et passionnant, riche en possibles et en défis à relever, l’Allemagne se meut depuis bientôt une trentaine d’années, avec succès et sagacité, au rythme de l’évolution politique et économique du monde.

2.4.2. Les années 1990-2000, le boom économique de la Chine et ses conséquences sur les relations entre la RPC et la République fédérale d’Allemagne

China ist derzeit […] das dynamischste Land der Welt – eine Dynamik, die man eigentlich nur so richtig begreifen kann, wenn man weiß, wie es vor 15 oder 20 Jahren dort ausgesehen hat und dadurch den Vergleich zum Jetzt ziehen kann. Ich sah noch auf Beijings Straßen, wo sich heute Audis, BMWs und Volkswagen stauen, Pferdefuhrwerke und Armeen von Radfahrern. Ich blickte Anfang der 90er Jahre von der Shanghaier Bund-Promenade hinüber nach Pudong auf Äcker und Bauernhöfe, wo heute Hunderte von

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Les Ouïghours constituent la minorité nationale la plus importante de Chine, qui se concentre dans la province du Xinjiang, à l’extrême nord-ouest de la Chine. Les Ouïghours sont un peuple de confession musulmane et de langue turque.

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Ces cautions jouent un rôle important dans le soutien à l’exportation en Allemagne. Elles protègent les entreprises allemandes de pertes dues à des défaillances contractuelles et à d’éventuels impayés de la part de leurs partenaires étrangers. Si ceux-ci ne paient pas, l’État allemand s’acquitte de leurs dettes, ce qui permet aux entreprises allemandes d’engager des contrats de manière plus souple et de prendre davantage de risques pour, potentiellement, multiplier leurs chances de profit.

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Hochhäusern aus dem sumpfigen Boden sprießen und eine Skyline bilden, die fast schon so berühmt ist wie die von Manhattan. Ich pflügte mit Hongkonger Unternehmern auf Standortsuche durch verschlammte Wege in der benachbarten Guangdong-Provinz, wo heute sechsspurige Autobahnen pulsierende Mega-Städte verbinden, und wo inzwischen die größte Fabrikdichte der Welt herrscht160.

C’est ainsi que Wolfgang Hirn, reporter au « manager magazin »161

et spécialiste de l’Asie, décrivait la Chine en 2006. Sa description dépeint un processus de modernisation intense, qui a permis à la Chine de concurrencer les plus grandes puissances économiques mondiales en un temps record, transformant aussi bien le tissu urbain des grandes villes comme Shanghai, Pékin ou Shenzhen que le profil socioprofessionnel de ses populations (majoritairement paysanne, la population des villes se reconvertit de plus en plus dans le secteur secondaire puis tertiaire).

Plus loin, Wolfgang Hirn insiste sur l’extrême rapidité du développement économique chinois :

Die Schnelligkeit der Veränderungen ist atemberaubend. Man muss es so pathetisch ausdrücken: In der Weltgeschichte gab es bisher nichts Vergleichbares. Noch nie hat ein so großes Volk, ein so riesiges Land sich in einer solchen Geschwindigkeit auf seinen Weg in die Weltwirtschaft gemacht162.

Avec le lancement des zones économiques spéciales (ZES : elles étaient quatre au départ dans les provinces du Guangdong et du Fujian), dont Shenzhen fut la première en 1979-80, la Chine donna un signal important aux investisseurs étrangers en facilitant leur entrée sur le marché chinois. Ces villes servirent au gouvernement chinois de zones « test » où furent appliquées des réformes qui furent par la suite étendues au reste du territoire. Elles ont fondé le mélange très particulier qui règne en Chine entre une économie capitaliste basée sur le profit et un régime qui continue à se qualifier de communiste, avec un PCC très fort et une hiérarchie de hauts cadres et de personnalités politiques qui concentrent tous les pouvoirs. Dans le cadre de cette « libéralisation » économique, de nombreuses villes chinoises, originellement modestes, se métamorphosèrent en quelques décennies en grandes mégalopoles et en centres économiques, industriels voire touristiques de tout premier plan.

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Hirn, Wolfgang, Herausforderung China. Wie der chinesische Aufstieg unser Leben verändert, Frankfurt am Main, Fischer, 2006, p. 10.

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Ce magazine indépendant est spécialisé dans le journalisme économique et existe depuis 1971.

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Shenzhen constitue là encore un exemple paradigmatique de ce « miracle économique chinois » : ce « village de pêcheurs » est devenu en l’espace de trente ans une métropole de 10 millions d’habitants163

. Depuis les années 1980, le gouvernement chinois a poursuivi la mise en place de ZES et de zones spécifiques (de libre échange, de développement et de haute technologie, etc.), notamment dans les villes côtières. La plus connue d’entre elles reste Shanghai dont le district de Pudong, évoqué par Wolfgang Hirn, est devenu le centre financier et commercial le plus important de Chine, capable de se mesurer aux centres financiers occidentaux tels que celui de la City à Londres, celui de la Défense à Paris ou celui de Francfort.

Après des années de forte croissance et d’ouverture stratégique sur le monde, la Chine est non seulement devenue un partenaire commercial mais aussi un interlocuteur politique central pour l’Allemagne. Les relations entre les deux pays ont continué de s’intensifier, de s’enrichir et de se diversifier depuis les années 1990-2000. En 2016, le ministère allemand des Affaires étrangères déclarait ainsi sur la page web qu’il consacre aux relations bilatérales entre la RPC et la République fédérale :

In den zurückliegenden über 40 Jahren haben sich [die diplomatischen] Beziehungen [zwischen der Bundesrepublik Deutschland und der Volksrepublik China] zu großer Vielfalt, beachtlicher Dichte und zunehmender politischer Substanz entwickelt – sie sind freundschaftlich und gut. […] China sieht Deutschland nicht nur wirtschaftlich, sondern auch politisch als seinen Schlüsselpartner in Europa. Regelmäßige hochrangige politische Abstimmung und dynamische Handelsbeziehungen, Investitionen, Umweltzusammenarbeit, kultur- und wissenschaftspolitische Zusammenarbeit prägen die Beziehungen164.

Depuis 2004 et la visite du président de la RPC, Xi Jinping (1953-), en Allemagne, les relations sino-allemandes ont été placées sous le signe d’un « partenariat stratégique global » (eine umfassende strategische Partnerschaft) dans le cadre duquel ont été instaurées des

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Wang, Xiaodong, « From ‘High-Speed’ to ‘High-Quality’ Growth: Shenzhen, the birthplace of China's economic miracle, goes low-carbon », in: blogs.worldbank [en ligne], 07/03/2014 [consulté le 29/05/2016]. Disponibilité et accès : http://blogs.worldbank.org/eastasiapacific/high-speed-high-quality-growth-shenzhen-birthplace-chinas-economic-miracle-goes-low-carbon. Voir aussi ce qu’en dit une des auteures de notre corpus, LUO Lingyuan : « Shenzhen war vor der Reform eine kleine, einfache Stadt. Das war 1978. Damals lebten 200 000 Chinesen dort. Das ist ein kleines Fischerdorf für chinesische Verhältnisse, und inzwischen leben mindestens zwölf Millionen Chinesen dort. Die kommen alle von anderswo her, aus anderen Provinzen. Wenn Chinesen sehen, dass es eine Möglichkeit gibt, ein bisschen besser zu verdienen oder einfach ein bisschen Karriere zu machen, dann gehen sie dahin. », in : Amodeo, Immacolata ; Heidrun Hörner (dir.), Zu Hause in der Welt. Topographien einer grenzüberschreitenden Literatur, op.cit., p. 48.

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Ministère des Affaires étrangères allemand (Auswärtiges Amt), « Beziehungen zwischen der Volksrepublik