L’étude de cas concerne la région urbaine de Pise en Toscane, en Italie, composée de six municipalités — Pise, Cascina, Calci, Vecchiano, Vicopisano et San Guiliano Terme (figure 8�1) — communément appelée « Area Pisana »� Cette zone est entourée géographiquement par la zone côtière à l’ouest, le Monte Pisano au nord, la province de Livourne et les collines au sud, et à l’est par la plaine de Valdarno�
La zone est pertinente pour l’analyse� Premièrement, la zone urbaine illustre l’étalement urbain dans les villes moyennes : lors du dernier recensement national (Istat, 2011), le nombre d’habitants a diminué dans la ville (− 4 %), alors que la population des centres urbains proches a augmenté de 8 % en moyenne�
Figure 8.1. Le terrain d’étude : la zone urbaine de Pise en Toscane.
Source : Filippini, 2015.
Deuxièmement, l’hétérogénéité des systèmes agricoles caractérisant l’agriculture de la région permet d’analyser les différentes implica-tions possibles de développement des SAP et des SAL pour différents systèmes agricoles et chaînes alimentaires� L’agriculture dans la région suit les tendances italiennes et européennes en matière de développe-ment des systèmes d’exploitation méditerranéens� De 1981 à 2000, la surface agricole utile (SAU) totale est réduite dans les zones à la fois périurbaines et non périurbaines, avec peu de différences (6,2 % contre 5,9 %) ; dans le même temps, le nombre d’exploitations agricoles
péri urbaines a diminué de 30 % (en moyenne), contre 20 % environ dans les zones rurales� Dans les deux cas, la diminution du nombre d’exploitations agricoles a été particulièrement nette au cours de la dernière décennie, mais avec un impact plus important sur l’aire périur-baine� Entre 2000 et 2010, la zone périurbaine de Pise a perdu 60 % d’exploitations agricoles (Istat, 2011)�
L’analyse est basée sur les données provenant des entretiens réalisés auprès de 56 agriculteurs entre 2013 et 2014� Pour bien représenter le SAP, les agriculteurs ont été sélectionnés en fonction de leur système d’exploitation principal, de sa taille et de sa distance par rapport au centre urbain� Les entretiens semi-directifs portaient sur les pratiques agricoles (cycles de rotation, intrants, productions animales), la structure de l’exploitation (bâtiment, main-d’œuvre, machines), la composition sociale et l’origine de l’exploitation (soutien de la famille, éducation, âge), ainsi que sur la commercialisation de la production agricole (ache-teurs, prix, quantité de production) et les relations des exploitations avec les zones urbaines, en mettant l’accent sur les contraintes et les opportunités découlant de l’urbanisation�
Les résultats présentés ici ont trait à l’analyse des stratégies adop-tées par les agriculteurs pour participer aux chaînes alimentaires alternatives et locales (CAAL), qui sont définies comme les CAA où la vente finale est destinée aux consommateurs locaux� En d’autres termes, les agriculteurs ont une connaissance et un contrôle de la chaîne alimentaire, et la commercialisation est destinée aux consom-mateurs urbains locaux� Ainsi, cette chaîne alimentaire peut contribuer à la sécurité alimentaire locale� Pour analyser ces stratégies, l’échan-tillon a tout d’abord été divisé en considérant la participation des agriculteurs à la chaîne alimentaire alternative ou conventionnelle (Filippini et al�, 2016a)�
Trois groupes ont été identifiés : les agriculteurs vendant toute la production dans les CAA, les agriculteurs vendant toute la produc-tion dans les CAC, et les agriculteurs mélangeant les deux chaînes alimentaires (CAM) (Filippini et al�, 2016a)� Une différence considé-rable a été constatée dans le nombre d’exploitations participant aux CAA et aux CAC : seuls 10 % des agriculteurs vendent exclusivement dans les CAA, contre 47 % des exploitations qui vendent exclusive-ment dans les CAC� Un résultat intéressant est l’énorme pourcentage d’agriculteurs (43 %), issus du groupe CAM, qui associent les CAA et les CAC� Ces résultats ont conduit à une analyse approfondie des chaînes alimentaires mixtes afin de comprendre leurs caractéris-tiques et ce qui a conduit les agriculteurs à ce choix� Ainsi, Filippini
et al� (2016b) ont spécifiquement analysé les différentes stratégies mises en place par les agriculteurs pour accéder aux marchés locaux� Cette étude considère uniquement les agriculteurs qui prennent part
partiellement ou totalement au SAL via les CAA, participant ainsi aux chaînes alimentaires alternatives et locales (CAAL)� Pour cette raison, parmi les 56 agriculteurs étudiés par Filippini et al� (2016a), seuls les 26 agriculteurs interrogés produisant des aliments pour les consommateurs urbains locaux ont finalement été sélectionnés pour l’analyse (tableaux 8�1 et 8�2)�
Tableau 8.1. Caractéristiques principales de l’échantillon d’exploitations.
Exploitation de productionSystème SAU UGB de production % total
vers CAAL
Type d’exploitation
A01 Légumes 14 – 100 Exploitation familiale
A02 Élevage 65 87 100 Exploitation familiale
A03 Huile d’olive 3 – 100 Exploitation familiale
A04 Élevage 250 116 2 Exploitation familiale
A05 Huile d’olive 2 – 100 Exploitation familiale
A06 Élevage 140 29 90 Exploitation familiale
A07 Élevage 280 213 70 Exploitation familiale
A08 Huile d’olive 6,5 – 50 Exploitation familiale
A09 Céréales 145 – 60 Exploitation familiale
A10 Huile d’olive 1,6 – 80 Exploitation expérimentale
de l’université
A11 Huile d’olive 10 – 60 Exploitation familiale
A12 Céréales 80 – 50 Exploitation familiale
A13 Légumes 6 – 50 Exploitation familiale
A14 Huile d’olive 11 – 65 Exploitation familiale
A15 Huile d’olive 5 – 2 Exploitation familiale
A16 Légumes 7 – 50 Exploitation familiale
A17 Élevage 126 52 80 Exploitation familiale
A18 Huile d’olive 11 – 90 Exploitation familiale
A19 Élevage 284 63 95 Exploitation familiale
A20 Élevage 31 11 100 Exploitation familiale
A21 Élevage 29 275 80 Exploitation familiale
A22 Élevage 30 41 90 Exploitation familiale
A23 Élevage 110 150 20 Exploitation familiale
A24 Céréales 595 – 2 Coopérative
A25 Légumes 11 – 50 Exploitation familiale
A26 Légumes 22 – 5 Exploitation familiale
SAU : surface agricole utile ; UGB : unités de gros bétail ; CAAL : chaîne alimentaire alternative et locale.
Tableau 8.2. Caractéristiques principales des systèmes d’exploitation échantillonnés. Système d’exploi-tation Nombre d’exploi-tations % d’échantillon d’exploitations
SAU moyenne (ha) et (déviation standard) % production livrée aux CAAL Céréales 3 12 134 (103) 27 Élevage 10 38 6 (4) 73 Huile d’olive 8 31 12 (6) 68 Légumes 5 19 273 (280) 51
Ont été pris en compte le nombre d’exploitations, le pourcentage correspondant, la moyenne des hectares, le pourcentage de la production livré aux chaînes alimentaires alternatives et locales (CAAL). SAU : surface agricole utile.