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disciplinaire scolaire

5. Cadre institutionnel pour l’enseignement des sciences

5.1. Les programmes du cycle 1 en « découverte du monde »

Nous centrons notre attention sur les programmes du BO hors-série du 3 juin 2008 (document en cours de validité lors de nos observations dans la classe de GS) et qui concernent le domaine de la « découverte du monde » dans lequel s’inscrivent les apprentissages scientifiques et plus particulièrement les apprentissages du domaine « découvrir le vivant » (qui s’apparenteront à la discipline SVT à la fin de l’école élémentaire et au collège).

La formulation « découverte du monde » était celle adoptée par les programmes de 2008 ; Nous citons ci-dessous quelques extraits qui nous semblent représentatifs de la demande institutionnelle durant notre période d’observation de la cohorte d’élèves en GS de maternelle :

« À l’école maternelle, l’enfant découvre le monde proche ; […] il pose des questions et progresse dans la formulation de ses interrogations vers plus de rationalité. Il apprend à adopter un autre point de vue que le sien propre et sa confrontation avec la pensée logique lui donne le goût du raisonnement. Il devient capable de compter, de classer, d’ordonner et de décrire, grâce au langage et à des formes variées de représentation (dessins, schémas). Il commence à comprendre ce qui distingue le vivant du non-vivant (matière, objets). »

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« Les enfants observent les différentes manifestations de la vie. Élevages et plantations constituent un moyen privilégié de découvrir le cycle que constituent la naissance, la croissance, la reproduction, le vieillissement, la mort. Ils découvrent les parties du corps et les cinq sens : leurs caractéristiques et leurs fonctions. Ils sont intéressés à l’hygiène et à la santé, notamment à la nutrition. Ils apprennent les règles élémentaires de l’hygiène du corps. Ils sont

sensibilisés aux problèmes de l’environnement et apprennent à respecter la vie.

Dans le cadre général de présentation du chapitre, apparaît l’idée de l’adaptation nécessaire du positionnement énonciatif au domaine d’apprentissage ciblé, avec l’idée du « point de vue » et de l’adaptation de la « formulation » vers plus de « rationalité ». Il semble, avec le regard propre à l’intérêt de la recherche que nous poursuivons, que cet aspect langagier prenne une place importante, même s’il est peu développé dans cet écrit, dans le grand domaine de la découverte du monde. Toutefois, lorsqu’on se réfère au sous-chapitre relatif à la découverte du monde du vivant, cet aspect langagier n’apparaît plus de façon explicite, et la priorité semble être donnée aux « découvertes » variées, à l’« observation » et à la « sensibilisation » à l’environnement, sans plus de précision quant aux formes et à la construction du langage appropriées, ni aux positions énonciatives spécifiques sur lesquelles il conviendrait de s’attarder. Il est alors mentionné qu’en fin d’école maternelle, les élèves devront donc être capable de : « connaître des manifestations de la vie animale et végétale, les relier à de grandes fonctions : croissance, nutrition, locomotion, reproduction ».

Le texte du BO spécial n°2 du 26 mars 2015 qui place la « discipline » découvrir le monde du vivant dans un nouveau domaine intitulé « Explorer le monde » apporte peu de précisions sur l’enseignement de cette « discipline », n’évoquant même plus l’idée d’adaptation du positionnement énonciatif spécifique que l’on pouvait entrevoir précédemment. Toutefois la place de l’activité langagière est valorisée. En effet, le nouveau texte dit :

« Pour les aider à découvrir, organiser et comprendre le monde qui les entoure, l’enseignant propose des activités qui amènent les enfants à observer, formuler des interrogations plus

rationnelles, construire des relations entre les phénomènes observés, prévoir des conséquences, identifier des caractéristiques susceptibles d’être catégorisées »

faisant ainsi malgré tout apparaître l’idée, même si elle n’est pas explicitement évoquée, d’une démarche d’investigation qui semblerait devenir prioritaire. Et si des thèmes et contenus sont précisés à titre indicatif (mentionnant ce qu’on peut « faire » à ce niveau), l’acquisition de savoirs semble toujours prendre peu d’importance à ce niveau des apprentissages.

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5.2. Les programmes du cycle 2

Le Bulletin officiel spécial n°11 du 26 novembre 2015 définit les programmes qui sont en vigueur à partir de la rentrée scolaire 2016, ce qui signifie que les élèves de CP observés auront été soumis aux anciens textes (BO hors-série n°3 du 19 juin 2008), alors qu’en CE1, ils seront soumis aux nouveaux. Il conviendra donc d’en préciser les contenus en sciences en observant les points communs et les différences entre les anciens et les nouveaux programmes pour appréhender l’évolution de la demande institutionnelle.

5.2.1. 2015-2016- les textes officiels relatifs au cycle 2 (GS-CP-CE1)

Dans la mesure où la cohorte observée est en GS comme en CP, soumise aux programmes de 2008, nous devons nous appuyer sur ces programmes sur lesquels étaient tenus de s’appuyer les enseignantes M1 et M2 au moment de nos observations. Nous relèverons surtout ce qui concerne déjà les élèves de CP en « découverte du monde ». Ce paragraphe est très succinct, ne différenciant pas de façon explicite l’évolution dans le cycle :

« Au CP et au CE1, les élèves ont un accès plus aisé aux savoirs grâce à leurs compétences en lecture et en mathématiques. Ils acquièrent des repères dans le temps et l’espace, des connaissances sur le monde et maîtrisent le vocabulaire spécifique correspondant. Ils dépassent leurs représentations initiales en observant et en manipulant. »

L’accès aux savoirs disciplinaires semble être entièrement la conséquence de la maîtrise de la langue. Nous comprenons de cet extrait qu’il suffirait de comprendre des textes documentaires et d’en opérer les déductions qui seraient suffisantes pour l’acquisition de savoirs disciplinaires, notamment en sciences. Aucune allusion n’est faite quant à la spécificité des savoirs scientifiques et à leur construction, ni quant au travail de langage spécifique aux disciplines concernées, en dehors de la nécessité exprimée d’une connaissance d’un « vocabulaire spécifique » et de contenus, dont les principes d’acquisition restent flous. L’observation et la manipulation semblent être suffisantes pour provoquer le déplacement des représentations initiales des élèves vers des connaissances scientifiques. Notons que le terme utilisé est « dépassement » ce qui induit une idée d’augmentation quantitative dans une logique qui nous parait être d’accumulation mais pas nécessairement de transformation des « représentations ». La réussite dans les disciplines de « découverte du monde » serait donc le résultat direct des compétences acquises en français et en mathématiques.

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5.2.2. 2016-2017- les textes du cycle 2 (CP-CE1-CE2)

Les nouveaux programmes concernent l’enseignement prodigué aux élèves de notre cohorte dès la rentrée 2016, lors de leur année de CE1, et concernent donc l’enseignant M3.

5.2.2.1. Une nouvelle philosophie (extraits du BO de 2015)

L’introduction à ces textes, dans laquelle nous avons retenu les extraits ci-dessous, gagne en précision par rapport aux textes de 2008 :

o « Apprendre à l'école, c'est interroger le monde. C'est aussi acquérir des langages spécifiques » o « Les élèves ont le temps d'apprendre »

o « La compréhension est indispensable à l'élaboration de savoirs solides que les élèves pourront réinvestir et l'automatisation de certains savoir-faire est le moyen de libérer des ressources cognitives pour qu'ils puissent accéder à des opérations plus élaborées et à la compréhension. » »

o « […] l'apprentissage de la lecture nécessite aussi de comprendre des textes narratifs ou

documentaires […] la langue est aussi un outil au service de tous les apprentissages du cycle dans des champs qui ont chacun leur langage. S'approprier un champ d'apprentissage, c'est

pouvoir repérer puis utiliser peu à peu des vocabulaires spécifiques.

o « […] Observer et agir sur le réel, manipuler, expérimenter, toutes ces activités mènent à la

représentation […] Le lien entre familiarisation pratique et élaboration conceptuelle est toujours à construire et reconstruire, dans les deux sens. »

o « […] Dans tous les enseignements, les élèves apprennent que parler ou écrire, c'est à la fois

traduire ce qu'on pense et respecter des règles, c'est être libre sur le fond et contraint sur la

forme »

o « Les connaissances intuitives tiennent encore une place centrale »

o « [..] Les liens entre ces diverses activités scolaires fondamentales seront mis en évidence par les professeurs qui souligneront les analogies entre les objets d'étude (par exemple, […] mettre en œuvre une démarche d'investigation en sciences / comprendre et interpréter un texte en français […] pour mettre en évidence les éléments semblables et les différences. »

o « Les élèves apprennent à justifier leurs réponses et leurs démarches en utilisant le registre de

la raison, de façon spécifique aux enseignements : on ne justifie pas de la même manière le

résultat d'un calcul, la compréhension d'un texte, l'appréciation d'une œuvre ou l'observation d'un phénomène naturel. »

La contribution au socle commun, notamment dans les domaines 1,2 et 4 renforce les points évoqués ci-dessus :

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