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Savoir et culture n’émanent toutefois pas du seul creuset scolaire, qu’il s’agisse de l’université ou d’un collège : en effet de nombreux acteurs de la vie intellectuelle se rencontrent alors à la cour225. Le singulier recouvre en réalité un pluriel car on serait en peine d’isoler une cour pour la

223 Sur ce point, il convient de souligner l’étendue de la culture avec laquelle Gerson a été en contact bien que cela n’apparaisse pas toujours explicitement dans le corpus des sermons. Le genre homilétique, de par sa tradition mais aussi de par sa diffusion qui vise souvent un public spécifique n’est pas propre à accueillir toutes les références. On insistera donc d’autant plus sur une brève mention du sermon Dedit illis scientia sanctorum, OC, t. 7. 2, n° 347, p. 586 qui témoigne de la culture grecque de Gerson : « Lez anciens attribuoient a divin oracle, a divine response ce mot grec

“nothis elitos” ; qui vaut en françoyz : congnois toy mesmes. ». À l’évidence la maîtrise de la langue grecque fait ici défaut au vu de la reconstruction phonétique approximative dont témoigne la citation. Elle n’en manifeste pas moins que Gerson a eu accès à des rudiments de culture grecque et qu’il a jugé pertinent d’en faire usage dans un sermon en français.

224 Nathalie Gorochov, Le Collège de Navarre…, op. cit, p. 531 sq. Le titre de la partie correspondante ne laisse guère planer de doute sur la force du lobby navarriste à l’époque puisqu’il est dit que « Les navarristes dirigent l’université » en les personnes successives de Jean de Guingnicourt, Pierre d’Ailly, Jean Gerson et Jean Courtecuisse.

225 La bibliographie sur les rapports entre cour et littérature pour la période est abondante, nous renvoyons donc de façon succincte à deux ouvrages de référence qui, chacun à leur manière, aborde cette question. On consultera donc avec profit le travail de Daniel Poirion, Le Poète et le Prince. L’Évolution du lyrisme courtois de Guillaume de Machaut à Charles d’Orléans, Genève, Slatkine, 1978, en particulier les pages 19-43 et 177-190 qui abordent la question de la cour comme public littéraire et comme lieu de création poétique. On pourra également consulter l’ouvrage collectif Hofkultur in Frankreich und Europa im spätmittelalter/La Culture de cour en France et en Europe à la fin du Moyen Âge, Christan Freigang, Jean-Claude Schmitt(dir.), Berlin, Akademie Verlag, 2005. Notons en particulier l’introduction, qui problématise efficacement la notion de « culture de cour ».

173 période qui nous intéresse226, quoique Paris commence alors à donner le ton de la vie culturelle.

Gerson étant essentiellement un homme de la France septentrionale, nous nous concentrerons sur Paris, sans prétendre par là minimiser d’autres foyers, qu’ils soient nobiliaires comme la Bourgogne ou ecclésiastiques comme Avignon. Il s’agira en effet pour nous de nous attacher à une institution227 qui élabore une culture spécifique228. Le phénomène confère à la production écrite d’alors ce

« caractère particulier229 » où la culture transmue dans le registre de l’idéal littéraire, les aspirations de l’aristocratie. Les valeurs que mettent en scène ces cours, qu’il s’agisse de Paris ou d’Orléans, sont souvent chevaleresques par suite d’une réaction courtoise de la génération de Charles VI au pré-humanisme de Charles V. C’est du moins le cas en apparence car l’examen révèle que la culture curiale hybride ces deux veines laïques face à la culture cléricale :

L’amour et la prouesse font encore bon ménage avec la science et la sagesse, sous le règne de Charles VI ! […]

Même dans un entourage léger et volage, comme celui des jeunes chevaliers entourant Charles VI et Louis d’Orléans, l’interrogation humaniste vient semer le doute et proposer des solutions amères. Parallèlement à cet élan passionné de la chevalerie française, qui cherche à rejoindre, par l’imitation des grandeurs légendaires, l’exaltation de la personne héroïque, la logique de la recherche et de la méditation fait lentement mûrir une pensée moderne dans la perspective de la construction sociale […]230.

Il n’est d’ailleurs pas dit que pré-humanisme et courtoisie ensemble produisent seulement « la couleur de la mélancolie231 » : il serait pertinent de reprendre le sentiment que Daniel Poirion associe à la prouesse, l’élan passionné, pour relire à cette aune les ambitieux projets cosmogoniques ou architecturaux que l’on trouve chez Christine de Pizan. Le savoir aussi à cette époque, est teinté d’enthousiasme chez les laïcs comme il l’est aussi chez les clercs.

La cour déploie donc une culture spécifique, laïque, accentuée suivant le goût et la mode qui prévalent dans son territoire propre. Mais cette communauté n’est pas un ensemble monolithique :

226 Sur cette question des cours de France, on se reportera à la mise au point concise et efficace de Jean-Claude Schmitt dans La Culture de cour…, op. cit., dans l’introduction p. 15-23. Il parle ainsi de « morcellement du territoire entre un nombre important de puissantes principautés faisant figure de véritables États, au moment même où cette notion commençait à faire sens [...] » (p. 17), et il mentionne à titre d’exemple la Bourgogne, la Savoie, l’Anjou, la Bretagne, le Bourbonnais. Dans tous les cas, l’ancrage territorial est fondateur.

227 Sur la notion d’institution on pourra se reporter à l’ouvrage de Norbert Elias, La Société de cour, Paris, Flammarion, 1985 quoique portant sur une période postérieure à la nôtre. L’introduction, aux pages 9-15 se révèle dans cette perspective précieuse pour une théorisation et une problématisation efficace.

228 Ruedi Imbach, Catherine Koenig-Pralong, Le Défi laïc, op. cit.

229 Daniel Poirion, Le Poète et le Prince, op. cit., p. 21.

230 Ibidem,p. 36.

231 Nous renvoyons avec cette belle expression à l’ouvrage de Jacqueline Cerquiglini-Toulet, La Couleur de la mélancolie. La Fréquentation des livres au XIVe siècle (1300-1415), Paris, Hatier, 1993. L’ouvrage aborde la période et le milieu curial sous un autre angle que celui que nous adoptons présentement et qui trouve moins à s’appliquer aux sermons de Gerson.

174 elle abrite plutôt en son sein de micro-institutions très dynamiques au plan intellectuel et culturel232. Le cas de la cour amoureuse de Charles VI fournit un exemple intéressant de ces cénacles à caractère ludique qui, à côté du monde clérical du savoir, produit une culture de divertissement. Cette culture n’est pourtant pas sans sérieux, et possède une profondeur qui lui est propre et qui éclaire aussi le jeu qu’est la littérature :

Dans des circonstances douloureuses […], on fait en sorte que la vie ressemble à la littérature. On affirme de soi une définition volontariste et abstraite que l’on codifie et que l’on fixe, quelle que soit finalement la réalité. Cette affirmation est d’autant plus forte que le décalage est plus grand entre l’image de soi dont on rêve, ou que l’on veut afficher, et les pratiques qui sont celles des milieux de cour et des cercles de la bourgeoisie et des fonctionnaires royaux en ce tournant du XIVe au XVe siècle233.

Sous le jeu se cache donc le rêve d’une culture courtoise immortelle alors même que les chevaliers ne sont plus guère qu’un nom, et que l’aristocratie cohabite avec ces strates sociales nouvelles que sont les bourgeois ou fonctionnaires de l’état royal. La littérature et la culture peuvent-elles masquer les misères du temps ? La main-mise bourguignonne sur la cour tend à montrer le contraire : le rêve littéraire ne tient ni face aux clivages politiques, ni face à la hiérarchisation sociale qu’elle reproduit insidieusement. La sociabilité littéraire est en effet d’abord une sociabilité tout court : Jacqueline Cerquiglini-Toulet parle ainsi de « pesanteur de la stratification sociale » et du « poids des clans dans un royaume divisé234 ».

Il s’agit évidemment d’un exemple circonscrit et Carla Bozzolo n’hésite pas à user à ce propos du terme d’« épiphénomène235 ». Mais elle affirme qu’en réalité « […] le microcosme que représente la Cour amoureuse [reflète] les mutations profondes des mentalités intervenues à la fin du Moyen Âge236 », conférant à cet objet un statut de révélateur heuristique intéressant. Car ici la culture et la sociabilité littéraire ont tout à la fois le rôle de masque souriant pour les grimaces de l’Histoire, et le rôle de petit cénacle sociologique. Reprenant la pratique des puys, la cour amoureuse fondée aux alentours de 1400237 forme le projet de célébrer la noblesse de l’amour à travers l’organisation de

232 Pour un aperçu global de la notion de culture de cour et des problématiques qui s’y rattachent, mécénat artistique et littéraire, artiste de cour, on pourra se reporter avec profit à l’ouvrage co-écrit par Françoise Autrand, Fabienne Joubert, Philippe Plagnieux et Michel Zink, Les Princes de fleurs de lys. La France et les arts en 1400, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 2004. La bibliographie de l’ouvrage fournit en outre un complément ferme aux textes synthétiques.

233 Jacqueline Cerquiglini-Toulet, La Couleur de la mélancolie, p. 51.

234 Ibidem, p. 51.

235 Carla Bozzolo et Hélène Loyau, La Cour amoureuse dite de Charles VI, t. 1, Paris, Le Léopard d’Or, 1982, p. 4. Pour mention, les tomes 2 et 3 sont consacrés aux armoiries et aux notices biographiques des membres.

236 Ibidem, p. 3.

237 Pour une étude de la cour amoureuse et une édition critique de ses statuts on se reportera à Carla Bozzolo et Hélène Loyau, La Cour amoureuse dite de Charles VI, op. cit. On pourra également consulter l’ouvrage de Jacqueline Cerquiglini-Toulet, La Couleur de la mélancolie, op. cit., aux pages 49-56.

175 jeux poétiques. Les textes produits à l’occasion devaient être dûment consignés, selon des règles calligraphiques strictes. La tonalité de l’ensemble est courtoise et les valeurs mises en avant sont l’humilité et la loyauté : si la première laisse accroire une connivence avec la pensée cléricale, la seconde dissipe vite cette impression. De plus, l’esthétique qu’on y prise renvoie clairement à des valeurs curiales et la sociologie des chancelleries : les chevaliers de la cour sont en effet élus sur le critère d’une « experte congnoissance en la science de rhetorique, approuvés factistes par apparence et renommee238 ».

Gerson est tout sauf étranger à ces milieux, à leur culture et à la sociabilité subtilement hiérarchique qu’ils déploient. La cour amoureuse était en effet composée d’un grand nombre de secrétaires de la chancellerie royale et ducale dont Jean de Montreuil, Gontier et Pierre Col, mais aussi Christine de Pizan ainsi que d’autres figures proches du pré-humanisme : Antoine de Chaland, Jean de Thoisy, Guillaume de Tignonville et leurs différents mécènes. C’est là, à Gerson près, l’équipe de polémistes que l’on retrouve dans la querelle du Roman de la Rose. Les sphères sociales, cours, collège, université, diffèrent donc bien dans les valeurs et les esthétiques qu’elles promeuvent mais les acteurs qui les composent font qu’elles se recoupent bien souvent. Certes l’accent mis sur les valeurs courtoises fait sentir une différence, pourtant, même si Gerson n’est pas un acteur de cette culture, il n’en écrit pas moins aussi dans son orbite, obligeant l’analyse à en tenir compte239. Il suffit de rouvrir le dossier de la Querelle contre le Roman de la Rose pour mesurer la connivence qui liait les membres de l’« amoureuse assemblée » car de part et d’autre, les jeux stylistiques et les topoi rhétoriques sont les mêmes. La première intervention de Gerson dans le débat est datée du 18 mai 1402 et reprend à son compte les codes de la littérature laïque et curiale :

Par un matin n’a gaires en mon veillant me fut advis que mon cuer ysnel s’envola – moienans les plumes et les esles de diverses pensees –, d’un lieu en aultre, jusques a la court sainte de Crestienté : illuec estoit Justice Canonique la droituriere seant sus le throne d’equité, soustenue d’une part par Misericorde, d’autre part par Verité. […]

Belle fu sa compaingnie, car d’une part estoit son tres saige conseil et tout a l’anviron se tenoit sa noble chevalerie et baronnie de toute Vertus (qui sunt filles de Dieu proprement et de Franche Volenté), comme Charité, Force, Attrempance, Humilité et aultres à grant nombre. Le chief du conseil et come le chansselier estoit Entendement Soubtil joint par compaingnie ferme a dame Raison la sage : ses

238 Carla Bozzolo et Hélène Loyau, La Cour amoureuse dite de Charles VI, op. cit, page 36.

239 On pourra d’ailleurs se demander, en forçant peut-être un peu le trait de l’analyse si l’idéalisation littéraire, culturelle dont témoigne la cour amoureuse ne se retrouve pas aussi dans les sermons. Les sermons de Gerson proposent-ils aussi un rêve pour leur temps, un au-delà culturel ? Ou bien, est-ce la cour amoureuse et son idéalisation courtoise qui reprend à son compte les procédés très classiques d’idéalisation, au sens strict du terme, du monde mis en œuvre par les sermons et les textes de spiritualité ? Nous nous efforcerons de faire une place à cette hypothèse dans notre analyse ultérieure.

176 secretaires furent Prudence et Science240.

À bien des égards cet incipit s’illustre par un jeu intertextuel de haute volée tant les renvois sont multiples. Connivence tout d’abord, avec la mode littéraire du songe allégorique : on retrouve le motif du demi-sommeil du narrateur comme préalable au surgissement du cadre narratif proprement dit. Ce faisant, c’est aussi un renvoi explicite au Roman de la Rose qui compte parmi les textes majeurs de cette veine. Il est possible cependant d’y lire une subtile modulation avec l’évocation des « plumes » et des « esles » du cœur : on sait en effet qu’il s’agit d’un motif fréquent dans les textes spirituels de Gerson241. L’envol allégorique est donc d’emblée spiritualisé. Mais l’examen du lexique révèle aussi le même tissage entre cour et spiritualité : au cadre politique oscillant entre courtoisie et réalisme,

« chevalerie » et « chansselier », répondent les allégories qui sont toutes tirées de la pensée religieuse.

La complicité est donc toute polémique car Gerson reprend les armes de l’adversaire pour les remettre à Chasteté et à Éloquence théologique en la cour de Chrétienté.

Au fil du texte, les échanges entre la cour amoureuse et le milieu universitaire ne se limitent à ce premier emprunt : s’adressant à un milieu d’aristocrates et de secrétaires Gerson reprend également le langage de la plaidoirie judiciaire découpée en articles pour le discours de Conscience.

L’habitus du théologien n’est pas seul en cause car le langage judiciaire compte parmi les koinè les plus en vogue dans la rhétorique du XVe siècle. Ainsi, c’est lui qui dicte le format des statuts de la même cour amoureuse, comme le souligne Carla Bozzolo. La construction du discours de Conscience se fait donc en miroir des pratiques formelles des milieux curiaux, comme la littérature qui pastiche à l’envi l’écrit de chancellerie. De nouveau, Gerson reprend de manière jubilatoire et polémique le style littéraire et courtois de l’époque pour l’adapter à un fond qui, lui, reste très clérical.

L’émergence de nouveaux domaines de connaissance et de nouveaux véhicules linguistiques marque induit à l’époque de Gerson un changement des structures de savoir majeur. Elle s’accompagne d’une reconfiguration importante du champ intellectuel de l’époque tant dans les acteurs qui le composent et l’animent que dans les lieux, spatiaux et symboliques, qui le structurent.

Gerson quant à lui, apparaît comme un acteur notable de ce champ et ses textes participent des nouvelles structures de savoir qui émergent. Pourtant, à l’issue de cette cartographie force est de constater que Gerson est bien plus en son temps comme un acteur parmi d’autres, qu’il ne le résume

240 Christine de Pizan, Jean Gerson, Jean de Montreuil, Gontier et Pierre Col, Le Débat sur le « Roman de la Rose », Éric Hicks, (éd.), Paris, Champion, 1977 p. 59.

241 Nous renvoyons avec cette belle expression au récent travail d’Isabelle Fabre dans son mémoire inédit d’habilitation à diriger des recherches, Les Vergers de l’âme. Le discours du jardin spirituel à la fin du Moyen Âge, présenté le 20 novembre, Université Paul-Valéry Montpellier III, à paraître prochainement aux éditions Honoré Champion.

177 à la manière d’un paradigme exemplaire comme le laisserait entendre la formule « le siècle Gerson ».

Gerson est en effet en son temps en ce qu’il fréquente, côtoie et participe aux nombreux lieux de savoir, matériels et immatériels, géographiques, disciplinaires et sociologiques, qui façonnèrent la culture d’alors. À ce titre, il est un acteur important du champ intellectuel au sens sociologique car souvent, nous avons pu le constater, il se situe à l’intersection de plusieurs réseaux et dynamiques dont il fait siennes les pratiques et dont il articule les schémas de pensée et référence dans ses textes.

Esprit brillant et éclectique, Gerson est-il pour autant un acteur majeur de ce champ intellectuel ? La question est délicate et se trouve en partie biaisée par la réception de Gerson qui reflète de façon déformée sa notoriété pour la postérité : car il est autant acteur d’un champ sociologique qu’auteur au sein d’un espace littéraire ainsi que nous le verrons dans notre chapitre 3. Il vaut la peine pourtant de revenir sur ce point pour mieux saisir l’importance qu’ont pu avoir les sermons latins et français.

Ainsi, Gerson touche à bien des courants et milieux qui font l’actualité intellectuelle du temps : pré-humanisme, essor de la langue et de la littérature française, renouveau des savoirs, collèges, cour.

Force est de constater pourtant qu’il n’est pourtant jamais tout à fait central dans aucun d’entre eux : même à l’université qu’il honore, le chancelier se heurte pour l’exposé de ses idées à des factions et bien des adversaires.

À l’issue de ce chapitre, il semble que Gerson était partout, de tous les combats et de toutes les nouveautés. Certes, ce fut l’objet de notre propos que de le montrer, il participa de la plupart des espaces où était concentré le pouvoir politique mais aussi de nombreux foyers culturels de son époque. Aussi Gerson pouvait-il aisément saisir l’air des temps nouveaux qui soufflait et assurément, il le fit, non sans un éclat particulier. Les sermons latins et français témoignent ainsi de cette inscription riche dans la sociologie de son temps, tant par l’usage qui est fait du français, des références humanistes qui sont parfois convoquées, que des savoirs pratiques, notamment la pensée politique. Pourtant les sermons de Gerson ne sont pas seulement cela : s’ils l’étaient, ils auraient réellement inventé une éloquence religieuse et humaniste. Or, le chancelier reste tout autant un digne représentant de l’institution universitaire et ses sermons sont pétris par la pensée scolastique : il est à la fois l’un et l’autre, le tout dans une proportion qui donne un léger avantage à la théologie.

En réalité, si Gerson a pu paraître central aux yeux des critiques et de l’historiographie c’est sans doute qu’il ne le fut jamais tout à fait en son temps et dans le champ intellectuel dont il participait comme acteur sociologique. Il convient d’y insister : l’implication du chancelier dans des sphères diverses va de pair avec une position presque secondaire. Bien plus, il était souvent pris des relations et des échanges qui l’attachaient à de nombreux acteurs, aux intérêts spécifiques et avec parfois des relations de subordination notables (l’université, le duc de Bourgogne, l’Église, etc.).

178 Pourquoi Gerson ne se rallia-t-il jamais complètement à une seule cause et privilégia-t-il une multiplicité d’intérêts, d’engagements et de protecteurs, ce que la publication ultérieure ne racheta

178 Pourquoi Gerson ne se rallia-t-il jamais complètement à une seule cause et privilégia-t-il une multiplicité d’intérêts, d’engagements et de protecteurs, ce que la publication ultérieure ne racheta