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I. PREMIERE PARTIE : Maltraitances des personnes âgées au domicile

7. STRATEGIES DE PREVENTION ET DE LUTTE CONTRE LA MALTRAITANCE

7.4 L'aide aux aidants

La prévention de la maltraitance des personnes âgées au domicile passe inévitablement par l'aide aux aidants [12] [40] qui sont souvent des membres de la famille et parfois des professionnels. Les aidants familiaux sont aujourd'hui plus de 8 millions en France, en majorité́ des femmes, entre 45 et 64 ans, précisent Gand et Al, dans leur rapport sur l’accompagnement et les besoins des aidants familiaux, commandé par la Caisse Nationale pour l’Autonomie en 2012. [41]

Nous avons vu qu'une pathologie mentale, une addiction, des difficultés socio-économiques ou un isolement social de l'aidant sont des facteurs de risque de maltraitances. Il faut donc s'attacher à proposer des solutions qui permettent de soulager le proche aidant et éviter un passage à l'acte maltraitant.

7.4.1 Les structures d'accueil temporaire pour personnes âgées

Différentes structures existent afin de permettre à l'aidant de prendre un temps de répit ou partir en vacances, tout en assurant la continuité́ de l'accompagnement médico-social de la personne âgée. [41]

⁃ Les accueils de jour : rattachés à un EHPAD ou à une structure autonome, ils accueillent la journée principalement des personnes âgées atteintes de maladie neuro-dégénérative comme la Maladie d'Alzheimer ou de Parkinson, ou qui présentent une perte d'autonomie physique.

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Ces structures permettent aux personnes âgées de bénéficier d'un suivi et d'un accompagnement adapté, d'entretenir leurs capacités grâce à des activités multiples et de sortir de chez elle. Dans le même temps, l'aidant peut ainsi se reposer dans la journée et échanger avec les professionnels de l'accueil de jour ainsi que des familles de malades.

⁃ L’hébergement temporaire : il permet, entre autres, aux aidants de s'absenter jusqu'à plusieurs semaines par mois ou juste un weekend. L'hébergement temporaire peut se faire en EHPAD ou au sein d'un accueil familial. Cette structure assure la continuité́ de la prise en charge de la personne âgée et constitue parfois une préparation à l'entrée en institution.

⁃ L'accueil familial : encore peu développé́ sur notre territoire, il permet à une personne âgée de passer une période plus ou moins longue au sein d'une famille d'accueil agréée par le Conseil Départemental, contre rémunération. La caractéristique principale de cette forme d'hébergement est sa souplesse car elle permet un hébergement qui peut être temporaire, permanent, à temps partiel (juste la journée par exemple) ou complet, séquentiel (tous les weekends).

Les aides financières disponibles pour ces structures sont l'APA (Allocation Personnalisée pour l’Autonomie), l'Aide Sociale à l'Hébergement (ASH) et parfois des aides des mairies ou des départements.

La plupart de ces structures sont répertoriées sur le portail national d’information et d’orientation des personnes âgées et de leurs proches, crée par le gouvernement le 04 Juin 2015 : www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr

7.4.2 Le droit au répit

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d’un droit au répit [42], c'est à dire la possibilité́ pour le proche aidant de s'absenter quelques temps, grâce à une aide financière plafonnée à 500 euros par an, permettant le financement d'un hébergement temporaire, accueil de jour ou accueil familial pour la personne âgée. Ce droit au répit est réservé́ aux aidants de personnes âgées bénéficiant de l'APA, c'est à dire classées de GIR 1 à GIR 4 selon la grille AGGIR, qui permet de déterminer le degré́ de perte d'autonomie et les besoins de la personne âgée.

Cette loi définit également avec précision la notion de « proche aidant » d'une personne âgée en perte d'autonomie, définition inscrite dans le code de l’action sociale et des familles : « Art. L. 113-1-3. – Est considéré comme proche aidant d’une personne âgée son conjoint, le partenaire avec qui elle a conclu un pacte civil de solidarité ou son concubin, un parent ou un allié, définis comme aidants familiaux, ou une personne résidant avec elle ou entretenant avec elle des liens étroits et stables, qui lui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne. »

Enfin, le congé de soutien familial, inscrit dans le code du travail, permettant à un salarié de cesser son activité professionnelle pour s’occuper d’une personne en perte d’autonomie, devient « congé de proche aidant », avec la possibilité pour l’aidant de prendre son congé en temps partiel et de le fractionner. En cas d’aggravation soudaine de l’état de santé de la personne aidée ou en situation de crise, le congé peut être pris immédiatement. Sa durée est de trois mois renouvelables, ne pouvant excéder un an au total. Le congé de proche aidant est enfin étendu aux personnes âgées hébergées chez un tiers ou dans un établissement. [43] Toutes ces mesures contribuent à reconnaître la place et l’importance de l’aidant pour la prise en charge d’une personne âgée en perte d’autonomie.

66 7.4.3 La formation des aidants

De nombreuses associations comme France Alzheimer proposent des formations gratuites présentielles mais aussi en ligne pour les proches aidants de personnes âgées dépendantes. Ces formations permettent aux aidants d'acquérir des connaissances sur la maladie de leur proche et d'apprendre à gérer le comportement de ce dernier, assurant à la fois une meilleure prise en charge de l'aidé et une diminution du stress de l'aidant. Ces formations semblent efficaces à condition d'être suivies de façon assidue et continue. [41]

Le médecin généraliste peut ainsi informer l’aidant de l’existence de ces formations, lorsqu’il le juge nécessaire, notamment dans les situations de maltraitances passives, avec épuisement psychique ou physique.

7.4.4 Le soutien psychologique des aidants

Quel que soit le type de thérapie, l'objectif est de soulager l'aidant en traitant un éventuel état dépressif ou anxieux, en atténuant les tensions entre l'aidant et l'aidé ou en améliorant la dynamique familiale. [41] Elles peuvent notamment être proposées par le médecin généraliste.

7.4.5 Les groupes de soutien

Ils sont le plus souvent reliés à une association ou à des services sociaux. Ils permettent aux aidants d’acquérir des connaissances sur la maladie de leur proche, de recevoir des conseils pour gérer les situations difficiles et renforcent leur réseau de soutien grâce à des échanges avec d’autres aidants. C’est l’un des moyens permettant de rompre l’isolement de l’aidant.

7.4.6 Les plateformes d’accompagnement et de répit

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d’accompagnement et de répit ont été expérimentées en 2009-2010, puis étendues à l’ensemble du territoire en 2011 et 2012. Leurs objectifs sont d’aider les aidants de personnes âgées en perte d’autonomie, quel que soit leurs pathologies, afin d’éviter l’épuisement et favoriser le maintien au domicile. Ces structures, au nombre de 150 aujourd’hui, peuvent être rattachées à des accueils de jour ou constituer des structures autonomes, le plus souvent via des associations. [44]

Les prestations proposées par les plateformes sont diverses :

- Information et formation des aidants, concernant la maladie de leur proche

- Soutien psychologique individuel, ou au sein de groupes d’échanges entre aidants

- Aide pour trouver une structure médico-sociale comme un hébergement temporaire ou

un accueil de jour

- Interventions d’aides au domicile, afin de permettre à l’aidant de prendre un temps de répit

- Organisation d’actions culturelles et de sorties pour le couple aidant-aidé, favorisant les interactions sociales

La délivrance d’informations et de formations est gratuite, une participation financière pouvant être demandée par la plateforme pour certaines activités.

Toutefois, selon les résultats de l’enquête menée au printemps 2013 par la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) et la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) sur l’activité des plateformes en 2012, certaines plateformes rencontrent des difficultés pour se faire connaître auprès des professionnels libéraux, dont les médecins généralistes. [45]

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