• Aucun résultat trouvé

II.5.a.1.L’écriture du laboratoire chez Delaume

I. La perte et l’absence/ ab-sens

I.3. a.Amour ou « (a)mur » chez Arcan, forme d’absence

Pour rester avec toi jřai fait comme toi je me suis éloignée de moi, jřai commencé à boire, et, le soir, quand je me retrouvais seule chez moi, je me faisais des reproches, je me menaçais de départ296.

Suite à sa séparation avec son amant, le suicide étant un évènement quřelle a programmé à un âge jeune, devient pour elle, de plus en plus, une alternative justifiée, et il est aussi et surtout un moyen de vengeance :

Jřimagine que si tu ne mřavais pas quittée, que si tu mřavais aimée jusquřà la veille de mes trente ans, ma mort třaurait marqué à vie et ce nřest pas parce que la solitude du jour au lendemain třaurait fait crever, ce nřest pas non plus parce que dans le futur, tu nřaurais pas pu en aimer dřautres sans avoir peur que ton amour tue encore, mais parce que dans le choc de ma disparition, tu aurais compris que je venais de třéchapper en emportant avec moi toutes les réponses (…) si on en veut aux gens qui se suicident, cřest parce quřils ont le dernier mot297.

La perte et lřabsence de lřamant créent chez lřauteure-narratrice un vide sentimental mais aussi existentiel qui la projette dans une dépression démesurée.

Etant donné que la relation amoureuse est au cœur de lřécriture arcanienne, nous proposons dřapprocher lřabsence au sein du couple arcanien par le biais du concept de « lřamur », proposé par Lacan.

I.3.a.Amour ou « (a)mur » chez Arcan, forme d’absence

Au commencement de lřexpérience analytique fut lřamour.

Lacan.

« (A)mur » est un mot que Lacan a emprunté au discours délirant de lřune de ses patientes pour faire écho à plusieurs réalités à la fois : dřune part il renvoie à lřattachement du sujet à lřobjet désiré (a), et dřautre part au mur psychologique et langagier qui pourrait sřinstaller entre les amoureux, mais il y résonne aussi le mot miroir qui renvoie à lřimage de soi dans lřautre, et enfin on y retrouve le terme mort car Lacan va jusquřà déclarer que « l’amour est une forme de suicide ». Paul Ricœur explique plus précisément la conception lacanienne de « (a)mur », il a pour but :

296

Ibid., p.82.

297

81

(…) de marquer, avec ce petit ŘŘ ařř entre parenthèses, que lřamour lui aussi est toujours accroché à lřobjet a, et que, de ce fait même, il met en jeu le manque et la castration. Dřinsister aussi, une fois encore, sur le fait quřentre lřhomme et la femme, ŘŘ ça ne marche pasřř Ŕ comme il dit : il y a un mur. Il y en a même deux : il y a le mur du langage, et il y a le mur du non-rapport sexuel. Puis, note-t-il encore, lřécrire ainsi peut faire aussi ŘŘ muroirřř (où assonent miroir Ŕ celui du narcissisme Ŕ et mouroir Ŕ où lřon entend la pulsion de mort Ŕ)… 298.

Le premier obstacle (mur) qui sřest imposé entre la narratrice et son amant était celui de son passé dřex-prostituée. Dans Folle, Nelly aborde la difficulté de construire une relation amoureuse sous lřombre dřun métier qui la suit comme une malédiction : « Jřavais peur de třeffrayer avec mes réflexes dřusine, jřavais peur dřêtre restée une pute299

», ou encore : « jřai aussi compris que la masse de mes clients mřavait suivie dans notre vie de couple et que jřétais une femme trompée300

». Le passé de Nelly sřinstalle ainsi comme obstacle entre elle et son amant, lřempêchant de vivre pleinement son histoire dřamour. Elle développe alors une réflexion obsédante sur les représentations que peut nourrir son passé chez son amant :

Plus tard je me suis dit qu'à Nova tu avais dû penser des putes incluant les ex-putes comme moi la même chose que tout le monde, que devant une pute on pouvait tout dire, quřen amour les putes nřavaient pas besoin quřon procède par étapes parce quřelles aimaient sans façons, là tout de suite, quřen amour les putes inspiraient lřhonnêteté (…) quřen ayant déjà tout vu et tout entendu, quřen ayant tout fait à tout le monde, elles étaient comme des grands frères, elles supportaient toutes les familiarités301.

Aujourdřhui je sais quřentre nous, il y a toujours eu trop de monde, je sais que dřavoir été pute dans le passé třa laissé supposer bien des choses, par exemple que tout mřétait acceptable du moment que jřen prenais lřhabitude. Tu as supposé que, dans tes manies de client, ma complexité était déjà gagnée.302.

Un autre obstacle qui sřest mis entre Nelly et son amant est celui du travail de ce dernier : Cřest vrai que tu as fini par mřaimer, mais le décalage de ton amour en face de

mon amour là depuis le début lui donnait un air de labeur ; pour mřaimer, il a fallu y mettre du tien, il fallu te persuader.

Il faut dire que chez toi, le travail a toujours tenu une grande place, dans lřamour comme tout le reste, cřest toi-même qui me lřas dit ce soir où on sřest quittés. Tu mřas dit ce soir-là que dorénavant, tu voulais te consacrer à ta

298 RICOEUR, J.-P., « Lacan, l'amour », in Psychanalyse, n°10, ERES, 2007, art. en ligne : https://www.cairn.info/revue-psychanalyse-2007-3-page-5.htm (consulté le 20.02.2014).

299

ARCAN, N., Folle, op. cit., p.58.

300 Ibid.., p. 99. 301 Ibid., p. 151. 302 Ibid., p. 20.

82

carrière et que pour ça il fallait te concentrer et třéconomiser la pesanteur de ma présence dans ta vie, tu pensais les choses en termes énergétiques, tu disais que je třépuisais303

.

Nelly perçoit le travail de son amant comme un mur qui lřempêche de profiter de lřamour de son amant car comme toute femme amoureuse, elle réclame lřattention totale de son bien aimé.

Enfin, le troisième mur perçu dans la vie du couple est la parole. En effet, Nelly donne une importance particulière à la parole qui, selon elle, donne de lřélan à la vie, surtout si elle sort de la bouche du bien aimé : « Que tu me parles ce soir-là avec ton accent voulait dire quřavant de mourir, on me parlerait comme on ne mřavait jamais parlé ; ça voulait dire que dans ta bouche la vie prendrait un autre sens 304». Nelly est comme toutes les « femmes amoureuses et insatiables qui veulent sřentendre dans la bouche de leurs hommes305» ; lřamour nourrit ainsi chez la narratrice une attraction particulière à la voix et à la parole car, selon elle, lřamour sřestompe au moment où la parole sřépuise : « Aujourdřhui je suis convaincue que cřest ta voix qui mřa eue, dřailleurs tous les hommes que jřai aimés avaient dans la voix lřépée tendue des guerriers ; aussi tous les hommes que jřai aimés ont fini par me quitter, quand ils ne parlent pas, les guerriers deviennent des assassins306 ». Toutefois, le mur langagier se manifeste à travers le pouvoir des mots qui provoque, parfois, chez la narratrice de lřangoisse et crée ainsi un malentendu entre les amoureux :

Tu ne comprenais pas quřà la lecture de mon dossier de presse, je me jette sur toi en hurlant que toute ma vie jřavais dû me protéger des autres et de leur parole qui me bouleversait trop en me repliant sur des livres écrits par des auteurs morts pour la plupart depuis longtemps, que la parole des vivants officialisée dans les journaux était la pire parce quřelle donnait des faits concrets et quřelle prenait à témoin la masse où tu te trouvais toi-même. Tu ne comprenais pas que lřauteur dřun livre titré Putain puisse avoir peur des mots et que la pudeur lui bouche les oreilles307.

Contrairement à lřimage que donne Nelly Arcan, celle dřune écrivaine osée, au verbe acerbe, cassant tous les tabous de la société, elle est au fond une personne très sensible et fragile et qui a même peur du pouvoir des mots. Cet aspect contradictoire de la personnalité de Nelly reste néanmoins incompréhensible de la part de son amant. Dřailleurs, la parole sera également parmi les raisons de la séparation du couple : « Tous 303 Ibid., p. 10. 304 Ibid., p.10. 305 Ibid., p.09. 306

Ibid., p.148. (Cřest nous qui soulignons).

307

83

les deux on parlait trop. On étalait notre dedans, on se montrait notre laideur intérieure, cřétait peut être une façon de brandir les armes et de pousser lřautre à battre en retraite. Tu as dit des choses qui ne sont pas faites pour être dites (…) 308

», ainsi la parole dévisage les deux amoureux lřun contre lřautre et commence à bâtir un mur entre eux : « Je ne savais pas non plus que moi aussi je te parlerais sans cesse et dřune façon que tu nřavais jamais connue, et que pour cette raison de mon acharnement à tout te dire, à te faire porter le monde sur le dos en cherchant à te piéger, tu me quitterais309». Cependant, le manque de parole pourrait parfois annoncer la fin : « À mes considérations sur les putes, les filles du Net et le cosmos, tu ne répondais rien. Tu avais commencé à třéloigner de moi et pour toi sřéloigner voulait dire perdre le fil des idées de lřautre, ça voulait dire aussi ne plus prendre la peine de répondre310. » La parole joue ainsi un double jeu car elle est à la fois un facteur dřamour et de désamour.

Dans la dynamique dřaliénation basée sur la contradiction, le langage se présente, à la fois, comme moyen de révolte et de sujétion : Chez Nelly le langage est un moyen dřaffirmation de soi en tant que sujet pensant qui va au-delà des estimations réductrices du regard masculin : « Connaitre les deux côtés de la médaille de lřindustrie me donnait le droit de parole, ça me permettait de ne rien třépargner de mes réflexions311

», mais il est également un facteur de sujétion quand elle opte pour lřétouffer : « Je nřai pas réagi parce que des années de prostitution mřont fait comprendre que, devant une force qui nous dépasse, il vaut mieux se taire312 ». Le langage sřest donc imposé comme un mur dans la relation amoureuse de Nelly car elle ne partage pas avec son amant les mêmes protocoles de la prise de la parole : « Désolée mon amour dřavoir ce soir là arrêté le discours de ta désolation alors que jřaurais dû garder le silence et regarder ailleurs comme les gens qui doivent porter la honte des autres (…) 313

».

Le troisième mur sera celui de la jalousie. En effet, Nelly développe une jalousie presque maladive envers son amant, et cřest ainsi que toutes les femmes qui se présentent dans son univers sont perçues comme des rivales, même celles quřil regarde sur son ordinateur dans un monde virtuel. Ces rivales, ou même leur ombre dans la pensée de son

308

ARCAN, N., Folle, op. cit., p.96.

309 Ibid., p.09. 310 Ibid., p.94. 311 Ibid., p.93. 312 Ibid., p.31. 313 Ibid., p.97.

84

amoureux, empêchent Nelly de construire une histoire dřamour sans peines et dřavoir pour elle seule toute lřattention de son amant : « Jřen veux à la configuration des astres de rester imperturbable devant le trajet aléatoire des femmes dans la vie des hommes, jřen veux aussi au soleil dřéclairer indifféremment les gens sans tenir compte de tes voisines qui pourraient se faire bronzer sous ta fenêtre314 ».

La jalousie entraîne chez la narratrice une dévalorisation de soi : « Quand je pense à elle, je ne me sens pas belle, jřai inventé une prière pour quřelle rencontre vite lřhomme de sa vie, pour quřelle parte loin dřici315

». La crainte de perdre son amant se transforme de ce fait en une obsession, sa mission est alors de lřéloigner des autres femmes : « Dans mon cas, les défauts étaient grands et te regardaient de près, ils consistaient à me tenir à tes côtés pour te surveiller et à écarter les autres, pour moi lřamour voulait dire sauver ma peau en třéloignant des femmes316

».

Le douloureux constat auquel est arrivée Nelly était que, pour garder son amant, elle devait vivre dans le noir : « Cette nui-là jřai compris sans comprendre que, pour vivre à tes côtés, je devais fermer les yeux 317». Nelly éprouve de ce fait une forme dřostracisme dont souffre tout jaloux face à son bien aimé, une situation que Roland Barthes décrit ainsi : « Comme jaloux, je souffre quatre fois : parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de lřêtre, parce que je crains que ma jalousie ne blesse lřautre, parce que je me laisse assujettir à une banalité : je souffre dřêtre exclu, dřêtre agressif, dřêtre fou et dřêtre commun318 ».

Le quatrième mur est celui du miroir ; effectivement lřauteure-narratrice a un rapport très problématique avec le miroir et son reflet. Symbole du mythe de Narcisse mais aussi du rapport identitaire avec soi-même, selon la théorie de Jaques Lacan le miroir occupe une place de prédilection dans lřimaginaire arcanien ; Lacan explique lřimportance de cet objet du quotidien sur la formation de la personnalité chez lřindividu dès les, premiers mois de son existence, dřoù le nom quřil lui octroie « le stade du miroir » :

314

ARCAN, N., Folle, op. cit., p.28.

315 Ibid., p.123. 316 Ibid. p.150. 317 Ibid., p.196. 318

85

Cřest le miroir qui permet à lřenfant dřavoir accès pour la première fois à une image unitaire de son corps. Cřest le miroir qui, tout en inversant systématiquement la gauche et la droite, nous donne une idée de comment les autres nous aperçoivent. Cřest le miroir qui, pour cela même, souvent nous sidère319 .

Lřauteure-narratrice développe une obsession pour le miroir :

Devant le mur des miroirs à Nova, on parlait toujours mais je nřécoutais plus. Rien ne pouvait plus mřatteindre, pas même ta voix, tu ne pouvais rien contre la plus grande obsession de ma vie qui est aussi la plus redoutable parce que je nřen ai jamais trouvé la porte de sortie : mon reflet dans le miroir320

.

Accordant une importance primordiale au physique de la femme qui, selon elle, détermine dans sa performativité son rapport avec lřAutre, lřauteure-narratrice appréhende les moments de rencontre avec le miroir, de peur dřy découvrir a contrario sa laideur :

Je třai dit aussi que pour me regarder dans le miroir de ma salle de bains, il me fallait éteindre les lumières. Je nřétais pas laide au premier coup dřœil, bien au contraire, mais ma laideur devait être annoncée pour mettre cartes sur table, cřétait par prévention, par là je voulais dire quřelle allait survenir et quřon devait sřy attendre321

.

Obsédée par son corps et par la perfection dřun idéal féminin, lřauteure narratrice développe un lien contradictoire avec le miroir, dřune part elle est fascinée par le reflet de son image, elle est donc totalement sous lřemprise de cet objet, et à cet effet la communication avec le monde qui lřentoure sřestompe : « (…) puis je me suis vue, moi, Nelly. Malgré lřattention que tu mřavais accordée jusque-là, je suis tombée en moi-même, je třai glissé des mains ; le miroir mřa happée et entre nous le fil sřest rompu322

». Et dřautre part, le miroir risquerait de lui rappeler lřaltération de sa jeunesse en lui révélant son âge : « Depuis quelques semaines je ne me regarde plus dans le miroir, je me demande si jřai vieilli» ; le miroir pourrait aussi faire transparaître toute la nature intérieure de lřâme qui pourrait ne pas plaire :

À force de se regarder on finit par voir son intérieur et il serait bien que tout le monde puisse le voir, son intérieur, son moi profond, sa véritable nature, on arrêterait peut-être de parler de son âme, de son cœur et de son esprit, on parlerait plutôt de poids et de masse, de texture et de couleur, on parlerait de la terre, on en finirait avec nos affinités avec le ciel et nos aptitudes à sřenvoler, on cesserait peut-être de se croire immortel.

319

MARZANO, M., La philosophie du corps, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 2013, p. 40.

320 ARCAN, N., Folle, op. cit., p.157.

321

Ibid., p.156.

322

86

Enfin, selon Lacan lř « (a)mur » lierait lřamour à la mort, une hypothèse qui trouve du sens dans Folle de Nelly Arcan. En effet, lřamour a boulversé tous les plans de Nelly et surtout celui de la date de son suicide : « Quand on sřest rencontré la première fois à Nova, jřallais avoir vingt-neuf ans sur le coup de minuit. Le problème entre nous était de mon côté, cřétait la date de mon suicide fixée le jour de mes trente ans 323

». Lřamour a donc permis à Nelly de remettre en question son rapport avec la mort, car en étant amoureuse, elle a commencé à repenser à sa décision de se suicider la veille de ses trente ans : « mon destin de morte était remis en question324 », ou encore : « pendant cette période-là, j ai cru pouvoir vivre au-delà de mes trente ans325 ». Ce tiraillement entre amour et mort était vécu en secret par lřauteure-narratrice et son amant nřétait pas au courant de cette tension : « Entre nous il nřa jamais été question de ma mort prochaine 326».

La notion de lř « amur » proposée par Lacan résume en profondeur lřabsence face à soi et face à lřautre au sein dřune relation amoureuse tumultueuse chez Arcan. Pour clôturer cet élément nous citons à la suite de Lacan ces vers d'Antoine Tudal qui font le tour du concept de lř « amur » :

Entre l'homme et l'amour, Il y a la femme.

Entre l'homme et la femme, Il y a un monde.

Entre l'homme et le monde, Il y a un mur.

Cependant, lřauteure-narratrice a pu sřapproprier, lřexclusion dont elle était victime, la jalousie quřelle développait envers les potentielles rivales, la folie qui la gagna lors des moments extrêmes de sa déréliction. Ainsi devenant lřagent de son propre drame, elle le projette hors dřelle-même et le transforme en un objet dřécriture ; dřailleurs le choix même de la lettre est une forme dřévacuation du mal qui la ronge de lřintérieur puisquřelle compte lřenvoyer à celui qui a provoqué son malheur : son amant. A ce sujet Nicolas Grimaldi souligne à juste titre que « (…) lřatroce souffrance de la jalousie ne peut-elle cesser que lorsque lřamour lui-même a pu devenir quelque incompréhensible souvenir, (…) 327

».

323

ARCAN, N., Folle, op. cit., p.14.

324 Ibid., p.52. 325 Ibid., p. 34. 326 Ibid., p. 14. 327

GRIMALDI, N., La jalousie, étude sur l’imaginaire proustien, Actes sud, coll. « Le génie du philosophe », Arles, 1993, p.68.

87

En somme, dans les trois textes autofictionnels lřabsence et la perte semblent dynamiser lřécriture en sřaffichant au cœur de la crise identitaire des auteurs-narrateurs; une perte/ absence multiple : des êtres, des lieux, de la vérité et même une absence face à soi-même, engendrant de ce fait des sujets déprimés et se révoltant en poussant un cri de souffrance au sein dřun espace de silence.