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AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

7. L ES CADRES THÉORIQUES : L ’ AUTO GOUVERNANCE DANS LA NOUVELLE ÉCONOMIE INSTITUTIONNELLE

2.3. Les expériences réalisées

2.3.3. Évaluation de la propension à faire confiance

Le jeu sur la confiance (« trust game » en anglais) (Berg et al., 1995) permet d’évaluer les attitudes de confiance et de réciprocité. C’est un jeu qui se joue à deux joueurs : l’expéditeur (A sur la Figure 20) et le récepteur (B sur la même figure). Les deux joueurs commencent initialement avec un même montant (sur la figure, ils commencent avec 100 points). Dans un premier temps, il est demandé à l’expéditeur de choisir un montant entre 0 et 100 qu’il va envoyer au récepteur. Ce montant, S, va être triplé par l’expérimentateur. Une fois le montant perçu par le récepteur, celui-ci doit décider du montant, R, qu’il va retourner à l’expéditeur. Au final, les gains sont les suivants :

 Pour l’expéditeur : Pa(R,S)= 100-S+R

 Pour le récepteur : Pb(R,S)=100+3S-R

Pour maximiser ses gains, le récepteur devrait minimiser le montant R qu’il retourne à l’expéditeur. Donc R devrait être égal à 0. Dans ces conditions, le comportement rationnel de l’expéditeur est de ne pas envoyer de points au récepteur. L’équilibre (de Nash) est donc que R et S soient égaux à 0. Cependant, collectivement, il y a un avantage à ce que S

109 soit le plus important étant donné que le montant va être triplé. Dans le meilleur des cas, le gain total des deux joueurs pourrait être égal à 400 points.

Figure 20 : Illustration pour l’aide à la décision dans le jeu sur la confiance

Le premier montant, S, mesure la confiance tandis que le second montant, R, mesure la fiabilité/loyauté. Ce second montant peut aussi refléter l’aversion aux inégalités ou l’altruisme (Smith, 2013). Le montant du retour mesure donc une attitude différente. Le jeu se joue de manière anonyme, sans engagement fait avant le jeu et sans moyen de punir l’adversaire pour son comportement.

Lors des premières expériences de Berg et al. (1995), sur les 32 paires, 30 paires ont envoyé un montant supérieur à 0. Les joueurs ne se comportent donc pas de manière rationnelle (Holt, 2007). Par ailleurs, un tiers des récepteurs ont retourné plus que ce que l’expéditeur leur avait envoyé (R>S). Le montant moyen était de 51 % du montant initial.

Pour ce jeu, la version dynamique et la méthode stratégique (Selten, 1967) sont possibles. Dans la version stratégique, les sujets doivent opérer un choix pour chaque décision possible. Dans un premier temps, on leur demande le montant qu’ils enverraient à B. Dans un second temps, on leur demande d’imaginer le montant qu’ils retourneraient à A s’ils recevaient 0, 10, 20…100 points de la part de A. Par la suite, les sujets sont assemblés et assignés à un rôle dans la paire (A ou B). L’expérimentateur peut ainsi déterminer les gains des deux joueurs. Dans la version dynamique, les deux joueurs jouent en temps réel et se répondent l’un l’autre. Les joueurs sont d’abord associés, puis les décisions spécifiques sont prises. Dans ce cas, ils ont une seule décision à prendre. La version stratégique permet aux chercheurs de disposer de l’ensemble de l’arbre

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décisionnel des participants et donc de plus d’informations sur le comportement des acteurs. Cette méthode est aussi plus facile d’un point vue organisationnel, mais elle est moins intuitive.

2.3.3.1. Notre jeu sur la propension à faire confiance

Nous avons décidé de ne pas contextualiser notre jeu sur la confiance avec des pratiques d’aménagement du territoire. Il nous a semblé complexe de trouver un contexte suffisamment simple pour être expliqué en quelques lignes et sans apporter trop de paramètres supplémentaires pour éviter des biais dans les comportements. L’objectif principal étant d’identifier le niveau de confiance des acteurs de l’aménagement du territoire, nous avons préféré reprendre le jeu sur la confiance.

Aussi, pour des raisons pratiques que nous aborderons à la sous-section 2.3.7 de ce chapitre, nous avons joué ce jeu dans sa version stratégique.

Les instructions du jeu données aux joueurs étaient les suivantes

Encadré 4 : Notre jeu sur la propension à faire confiance Au début de ce jeu, les deux joueurs, A et B, disposent de 100 points.

Vos gains pour cette expérience sont calculés de la manière suivante : A va décider d'un montant S, entre 0 et 100 points, qui sera envoyé à B. Ce montant S sera triplé. Par exemple, si A envoie 10 points, B recevra 30 points. Si A envoie 90 points, B recevra 270 points.

Lorsque B aura reçu le montant triplé, il ou elle devra décider de retourner à A, tout, une partie ou aucun des points. Il s'agit du montant R dans la figure ci-dessous.

Nous vous demanderons d'écrire :

1. si vous jouez le rôle de A, combien de points vous prévoyez d'envoyer à B (S); 2. si vous jouez le rôle de B, connaissant 3S, combien de points vous prévoyez de renvoyer

à A (R).

Dans le but de mesurer la différence de confiance des acteurs travaillant dans le secteur privé (P) et dans le secteur public (M), nous avons réalisé quatre versions différentes du jeu. Les quatre versions alternent le rôle de l’expéditeur et de récepteur entre des personnes travaillant pour le secteur privé ou public, ce qui donne : M vs P, M vs M, P vs P and P vs M. En fonction de sa profession, chaque participant a été assigné aléatoirement à un traitement.

111 Au début des instructions, le contexte qui leur était assigné leur était spécifié par ces phrases :

 En tant que personne travaillant dans le secteur public vous serez associé(e) à une personne travaillant aussi dans le secteur public.

 En tant que personne travaillant dans le secteur public vous serez associé(e) à une personne travaillant dans le secteur privé.

 En tant que personne travaillant dans le secteur privé vous serez associé(e) à une personne travaillant aussi dans le secteur privé.

 En tant que personne travaillant dans le secteur privé vous serez associé(e) à une personne travaillant dans le secteur public.