• Aucun résultat trouvé

Équations modulaires

Dans le document Uniformisation des surfaces de Riemann (Page 164-169)

Encadré V.1 : Théorie de la réduction de Gauss

V.1.3. Équations modulaires

Étant donné un entierN ¾ 2, on cherche à relierj(τ)etj0(τ) = j(Nτ) pourτ∈H. Il est facile de vérifier quej0est invariante par le groupe

Γ0(N) =

qui est même le stabilisateur dej0.

D’autre part j0 est méromorphe aux pointes deΓ0(N). En effet, par pourk assez grand. L’extensionK0(N))/C(j)étant finie, cela implique l’existence d’une relation algébrique entrej etj0. Pour exhiber une telle

relation, considérons les transformés dej0par les éléments deΓ(1),

avec∆N égal à l’ensemble des matrices entières de déterminantN. On vérifie facilement que le stabilisateur du pointpN dansΓ(1)estΓ0(N)et l’orbiteON s’identifie donc au quotientΓ0(N)\Γ(1). SoitdN l’indice de Γ0(N)dansΓ(1)et soitαk ∈∆N (k =1, . . .dN) un système de représen-tants de l’orbiteON. Alors les coefficients du polynômeQdN

k=1(Xjαk) sont invariants parΓ(1), holomorphes surHet (par le même argument que plus haut) méromorphes à la pointe ∞. On trouve donc un poly-nômeΦN ∈C[X,Y]de degrédN enXtel que

ΦN(j0,j) =0. (V.12) Il s’agit del’équation modulaireassociée aux transformations d’ordreN. Le stabilisateur de jαk est un conjugué de Γ0(N) (stabilisateur de j0), donc le sous-groupe qui fixe tous les jαk coïncide avec Γ(N) = T

γ∈Γ(1)γΓ0(N−1. Par suite, le corps de décomposition de ΦN ∈ C[j][X] est K(Γ(N)). De plus Γ(1) agit par automorphismes de K(Γ(N))en permutant transitivement les racines de ce polynôme qui est donc irréductible, en particulierK0(N)) =C(j,j0)(voir aussi[Shi1971, p. 34]). QuandN =p est premier, on voit facilement que les matrices

€1k

0p

Š (0 ¶ k < p) et €p 0

0 1

Š forment un système de représentants de Op = Γ(1)\∆p; l’indice deΓ0(p)vaut doncdp=p+1.

Un calcul élémentaire montre queΓ0(N)est normalisé par la matrice

‚ 0 N−1/2

N1/2 0

Œ

(V.13) qui induit un automorphisme involutif de la surfaceX0(N) =XΓ0(N)et de son corps de fonctions : c’estl’involution de Frickequi échange j et j0 (on peut en déduire queΦN ∈C[X,Y]est symétrique). En s’appuyant sur cette symétrie, Klein étudie l’équation modulaire quandN =2, 3, 4, 5, 7 et 13[Kle1878b, section II]. Pour ces valeurs deN la surfaceX0(N)est de genre 0 et il existeξK0(N))tel queK0(N)) =C(j,j0) =C(ξ); on a alorsj=F(ξ)etj0=F(ξ0)avecF∈C(Z), la fonctionξ0étant liée àξpar une homographie (l’involution de Fricke). Dans chaque cas, Klein décrit

un domaine fondamental pour l’action deΓ0(N)sur le demi-plan(7)puis il déduit des données de ramification l’expression deFet donne la rela-tion entreξ(connu par ailleurs en fonction deq) etξ0. Remarquons que pourN ∈ {2, 3, 4, 5}, la surfaceX(N)est également de genre 0, les groupes d’automorphismes correspondants (qui laissent l’ensemble des pointes globalement fixé) sont un groupe diédral, le groupe du tétraèdreA4, le groupe du cube et de l’octaèdreS4et le groupe du dodécaèdre et de l’ico-saèdreA5.

V.1.4. SurfaceX0(7)

Nous explicitons maintenant le casN=7. Il s’agit d’abord de déterminer un domaine fondamental pour l’action du groupeΓ0(7). Pourγa b

c d

Š dans SL(2,R), on a la formule bien connue

Imγ(z) = Imz

|c z+d|2 (z∈H). (V.14) Comme il n’existe qu’un nombre fini de couples(c,d)∈Z2 tels que le module|c z+d|soit inférieur à une constante donnée, on voit que toute orbite deΓ0(7)surHcontient un pointz ∈Hdont la partie imaginaire est maximale, c’est-à-dire tel que|c z+d|¾1 pour toutγa b

c d

Š∈Γ0(7).

Toute orbite deΓ0(7)rencontre donc l’ensemble D0= \

d∈7Z/

{|z+d/7|¾1/7} ∩ {|Rez|¶1/2}. L’inégalité|Rez|¶1/2 se déduit du fait que la translation

t :τ7→τ+1

est un élément deΓ0(7). Grâce aux rotationsr12−1

7−3

Šetr2−2−1

7 3

Š, l’ensemble D0 se ramène au domaine fondamentalD de la figure V.2.

Celui-ci est pavé par huit translatés deD(1)parΓ(1)et l’imageΓ0(7)de Γ0(7)dans PSL(2,Z)est un sous-groupe d’indice 8, doncDetD0sont des domaines fondamentaux pourΓ0(7). On voit enfin (fig. V.2) queX0(7)est de genre 0 avec 2 pointes (0 et∞) et queΓ0(7)est engendré parr1,r2et la translationt qui réalisent les identifications permettant d’obtenirX0(7).

7. Il utilise en fait les€a b

c d

ŠSL(2,Z)avecb0(modN), ce qui revient au même.

0 1/2

!1/2 r2 r

t

1

FIGUREV.2. Domaine fondamental pourΓ0(7)

Proposition V.1.3. — L’expression ξ=

∆(τ)

∆(7τ) 1/6

= 1 q

Y

n=1

1−qn 1−q7n

4

(V.15) fournit une coordonnée rationnelle sur X0(7).

Démonstration. — La deuxième égalité est une conséquence de l’égalité (voir[Ser1970]) :

∆ = (2π)12q Y

n=1

1−qn24

.

On vérifie ensuite comme pourj(7τ)que∆(7τ)est modulaire pour Γ0(7), doncξ6M0(7)). Par suite on aξγ=χ(γ)ξpour toutγ∈Γ0(7), oùχest un caractère du groupeΓ0(7)à valeurs dans les racines sixièmes de l’unité. MaisΓ0(7)est engendré part,r1etr2. On aξt =ξ(car ξ s’exprime uniquement avec des puissances entières deq) et on aχ(r1) = χ(r2) =1 car ces rotations ont un point fixe dansH: le caractèreχ est donc trivial. Enfin, comme∆est holomorphe et ne s’annule pas dansH (voir § V.1.2),ξne peut prendre les valeurs 0 et∞qu’aux pointes. Vu que X0(7)n’a que deux pointes, la fonctionξest nécessairement de degré 1.

En particulier le sous-groupe deΓ(1)laissantξinvariante estΓ0(7).

V.1.5. L’invariant modulaire comme fonction surX0(7)

Nous pouvons maintenant déterminerjcomme fonction deξen suivant la méthode utilisée par Klein dans[Kle1878b, II §14]. On obtient :

Proposition V.1.4. — j= 1

ξ72+13ξ+49)(ξ2+245ξ+2401)3.

Démonstration. — Posons j = ϕ(ξ)/ψ(ξ), fraction rationnelle de de-gré 8 en ξ. L’équation j = ∞a une racine simple enξ = ∞ – corres-pondant àq = 0 – et une racine d’ordre 7 enξ = 0 (voir éq. (V.15) et fig. V.2) ; on peut donc prendreψ(ξ) =ξ7. De même,ϕa 2 racines triples et 2 simples etϕ−1728ψa 4 racines doubles (éq. (V.10) et fig. V.2). De plusψest un polynôme unitaire carj(q)admet un pôle simple de résidu 1 enq =0. Les conditions énoncées suffisent à déterminerϕ de façon unique. En effet posons ϕ = U V3 etϕ−1728ψ = W2U, V etW sont des polynômes unitaires de degrés respectifs 2, 2 et 4 ; de plusU, V,W etξsont 2 à 2 premiers entre eux. Le « déterminant fonctionnel » ϕ0ψψ0ϕest alors un polynôme unitaire de degré 14 divisible à la fois parξ6V2etW, doncϕ0ψψ0ϕ=ξ6V2W. Cette relation donneW en fonction des coefficients deU etV; le report dansU V3−1728ξ7=W2 conduit à l’expression dejannoncée.

L’involution de Fricke transformeξenξ0(τ) =ξ(−1/(7τ)). Elle induit un automorphisme involutifσde la surfaceX0(7), doncξ0est une fonc-tion homographique involutive deξ. On aj=F(ξ)etj0=F0). Les deux pointes deX0(7)constituent la fibre commune de j et j0 au-dessus de l’infini et sont échangées parσ, d’oùξξ0=C. De mêmeσéchange les racines simples deF=0 (images des centres der1etr2, voir fig. V.2, reliés parz1z2=−1/7), lesquelles vérifientj =j0=0 :ξ2+13ξ+49=0 doit im-pliquerξ02+13ξ0+49=0, d’oùC=49. Finalement l’involution de Fricke est donnée par

ξξ0=49. (V.16)

D’après (V.1.4), on a aussi j = (ξ02+13ξ0+49)(ξ02+5ξ0+1)30. C’est l’expression obtenue par Klein dans[Kle1878b]pourJ =j/1728.

Pour la suite, il est important de décrire la fibre de j :X0(7)→CP1 qui est un intermédiaire essentiel dans le paramétrage deC4. Écrivons comme plus haut J en fonction deξ0, c’est-à-dire J0 en fonction deξ, soit encore

J0−1= 1

123ξ4+14ξ3+63ξ2+70ξ−7)2. (V.17)

Aux points−1/7τet(τ+k)/7 (k =0, . . . , 6), la fonctionJ0prend la même permuta-tion s’explicite facilement à partir de (V.15).

Posons maintenant q1/2 = eiπτ, ∆1/2 = (2π)6q1/2Q

n=1(1−qn)12. Comme J −1 = 27g32/∆ (voir équation (V.9)), les racines carrées des solutions de (V.18) sont au signe près solutions de

w8+14w6+63w4+70w2−63g3w/∆1/2−7=0. (V.19) Elles s’expriment à l’aide de±ξ1/2,ξ1/2=q−1/2Q

n=1(1−qn)2(1−q7n)−2. Le signe est déterminé par le comportement du premier membre de (V.19) quandq tend vers 0. Sachant que limq→0(g3) =280ζ(6)[Ser1970,

V.2. Comment Klein paramètre sa quartique

Dans le document Uniformisation des surfaces de Riemann (Page 164-169)