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Émergence d’une troisième génération de militants et de militantes à la LDHQ, 1980-

1.2 La Ligue des droits de l’homme du Québec après 1970: renouvellement et féminisation du

1.2.4 Émergence d’une troisième génération de militants et de militantes à la LDHQ, 1980-

Au début des années 1980, la majorité des militants et des militantes qui s’impliquaient au sein des structures décisionnelles de la LDHQ et avaient contribué à sa réorientation au début des années 1970 n’y militent plus. La forte mobilité au sein du personnel de la Ligue entraîne un éclatement de la mémoire de la LDHQ. En ce sens cette crise marque un deuxième point de rupture dans le militantisme au sein de la Ligue, dont l’incidence se fait sentir sur le nombre de femmes présentes dans ses instances décisionnelles, tel que démontré dans le Tableau IV78.

78 Nous avons utilisé la même méthode que pour le Tableau I. LDHQ, Liste des membres du conseil

d’administration, 1963 à 1997 [dossier « 24P-162 : 01/1 », fonds de la Ligue des droits et libertés. A.- UQAM].

TABLEAU IV - CONSEIL D’ADMINISTRATION ET CONSEIL EXECUTIF DE LA LDHQ, 1980-1985

Louise Boucher Gilles Tardif Gilles Tardif Gilles Tardif Pierre-François Hébert Claudette Bélanger

Pierre Doray Robert Ward Pierre Doray Pierre Doray Alain Arsenault Louise Boucher

Pierre-Louis Guertin Elisabeth Roussel Fabien Leboeuf Jean-Pierre Legault Gilles Tardif Jean Hénaire Pierre-François Hébert Roger Bilodeau Paul Bélanger Roger Larose Robert Ward Gilles Tardif

Roger Larose Richard Grignon Louise Boucher Jean Hénaire Paule Duchesne

Jean-Pierre Legault Pierre-Louis Guertin

Gilles Tardif Johanne Voghel Gilles Tardif, président Paule Drouin Alain Arsenault Gilles Tardif, président Gérald Mckenzie Marcellin Noel Alain Arsenault, trésorier Suzanne Lamont Hubert Leblanc Gérald Mckenzie, vice-président Francine Tardif Alain Arsenault Claudette Bélanger, conseillère Gérald Mckenzie Hélène Péloquin Hélène Péloquin, secrétaire Hubert Leblanc Pierre Poupart Jocelyne Lamoureux, coordonnatrice Marcellin Noel Pierre Poupart Hubert Leblanc, trésorier

Hélène Péloquin Paule Drouin Johanne Voghel Francine Tardif Jocelyne Lamoureux, coordonnatrice

Suzanne Lamont Gilles Tardif Suzanne Clavette, recherchiste

Jean-Claude Bernheim, ODD Gérald Mckenzie Paule Drouin Gérald Mckenzie, président Gérald Mckenzie Pierrette Bélisle Gérald Mckenzie, président Claire Lavoie Pierre Poupart Robert Couillard Jean Carette Adriana Nunez Jean Carette, vice-président, Marie Thibodeau Suzanne Lamont Jocelyne Lamoureux Robert Couillard Laurence Chambaud Robert Couillard, secrétaire général

Hubert Leblanc Steve Foster Gilles Tardif Gaston M.-Deschênes Gilles Tardif, trésorier

Laurent Chambaud Osvaldo Nunez Esther Désilets Stewart Istvanffy Esther Désilets, conseillère

Marcellin Noel Raymond Johnston

1984 1985

Conseil d'administration Conseil exécutif

Membres du Conseil d'administration et du Conseil exécutif: 1980-1985

Conseil d'administration Conseil exécutif

1980 1981

1982 1983

Dès 1980, le renouvellement des officiers s’impliquant au sein du conseil d’administration de la LDHQ connaît une forte baisse. Composé d’une vingtaine de membres en 1978, ce nombre passe à onze officiers en 1980, nombre qui reste stable par la suite. Ce tournant semble également affecter la présence de femmes au sein des instances officielles de la LDHQ qui redeviennent temporairement très minoritaires, situation qui s’améliore toutefois en 1982-1983 où on atteint presque la parité. Exception faite de Johanne Voghel et Lucie Laurin cependant, les nouvelles militantes ne tentent pas de relancer la défense des droits des femmes79. L’Office des Droits des Femmes (ODF) n’est

pas remis sur pied et aucun comité n’est créé pour prendre sa relève. Il faut dire que le début des années 1980 reste une période difficile pour la Ligue et les activités des militants et des militantes demeurent quelque peu ralenties. L’énergie des officiers du conseil d’administration et du conseil exécutif est avant tout dédiée à la relance de la Ligue qui est toujours affectée par une importante crise financière à laquelle s’ajoutent divers conflits internes. Le début des années 1980 est une période difficile. La LDHQ continue de fonctionner malgré les conflits qui perdurent à l’interne entre le conseil d’administration et

79 Johanne Voghel et Lucie Laurin publieront une étude sur le viol avec l’appui de la LDHQ au cours de cette

période. Nous l’aborderons davantage dans le troisième chapitre de ce mémoire. Cf. Johanne Voghel et Lucie Laurin, Viol et brutalité : tout ça pour un peu de pouvoir, Montréal, Québec/Amérique, 1983, 264 p.

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certains comités80.Les nouveaux militants actifs au sein des instances décisionnelles de la

Ligue tentent de tourner la page sur les dernières années. En l’absence d’une ligne directrice claire guidant leurs actions, et malgré leur volonté d’entreprendre une profonde réflexion sur l’histoire de la LDHQ pour cibler une nouvelle orientation, cette dernière semble toujours être sur le point d’éclater.

Malgré tout, le profil général des militants et des militantes ne change pas radicalement. La Ligue continue d’inclure des militants et des militantes appartenant à des milieux professionnels variés (université, monde syndical, journalisme) et d’origines diverses puisqu’on retrouve des immigrants sur le conseil d’administration, notamment Osvaldo Nunez qui entreprend des missions de reconnaissance de la situation des droits et libertés de la personne en Argentine et au Chili au nom de la Ligue. Certains sous-comités créés dans les années 1970 existent toujours, mais certains n’ont pas survécu au tournant des années 1980. D’une part, l’Office de droit des femmes disparaît à la fin des années 1970 et aucun autre sous-comité concerné par la question de la défense des droits des femmes n’est créé. D’autre part, le Comité des droits des handicapés cesse temporairement ses activités. Par ailleurs, certains sous-comités prennent plus d’ampleur. De nouveaux axes de revendication sont privilégiés au détriment de certains autres, notamment en fonction des centres d’intérêt des nouveaux officiers du conseil d’administration et du conseil exécutif. En effet, la défense des droits des autochtones qui commençait à émerger dans les années 1970 à la Ligue occupe désormais une place beaucoup plus importante, situation peu surprenante puisqu’on retrouve Gérald Mckenzie et Anne-Marie Panasuk, plus concernés par ces questions, sur le conseil d’administration et sur le conseil exécutif. Anthropologue de formation, Anne-Marie Panasuk s’est notamment intéressée aux enjeux

80 Parmi les exemples les plus notables, notons le conflit opposant la LDHQ à un de ses comités à l’interne,

soit l’Office des Droits des Détenus (ODD). Ce conflit prend racine dans une déclaration d’un des principaux responsables de l’ODD, Jean-Claude Bernheim, à l’effet que l’ODD serait pour l’abolition des prisons. Cette déclaration entraîne une coupure des subventions que Centraide octroie à la LDHQ depuis plusieurs années et remet l’association dans une posture financière précaire. Cette crise mène à un examen des relations entre l’ODD et la LDHQ. Plusieurs membres sont d’avis que les relations entre le conseil d’administration et ce sous-comité sont tendues depuis plusieurs années, notamment en raison de la mauvaise foie et des exigences de certains militants-tes de l’ODD qui sont contre le fonctionnement de l’association et iraient jusqu’à saboter certaines de ses activités. Il sera finalement décidé que la LDHQ et l’ODD se séparent. L’Office des Droits des Détenus continuera de militer sur la scène publique québécoise, indépendamment de la Ligue. LDHQ, Conseil d’administration, 1985 [dossier, « 24P-162 : 02/18 », fonds de la Ligue des droits et libertés. A.- UQAM].

territoriaux touchant les Montagnais81. Quant à Gérald McKenzie, il est administrateur des

comités d’école de Povungnituk et de Ivujivik au moment de son implication à la Ligue82.

Cela nous renvoie au postulat présenté en introduction de ce chapitre soutenant que les significations données aux droits et libertés de la personne et les secteurs de revendication privilégiés par la Ligue sont surtout forgées par ses membres, et ses dirigeants-es en particulier. Au début des années 1980, la nouvelle génération de militants et de militantes ne semble plus faire une priorité de la défense des droits des femmes comme ce fut le cas au début des années 1970. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les femmes désertent la Ligue. Il serait par ailleurs intéressant de dépouiller les procès-verbaux des sous-comités au cours des années 1980 et au sein desquels la présence de femmes contribue peut-être à féminiser certaines revendications ou certains axes de lutte. Par exemple, est-il question des femmes autochtones dans le Comité d’aide aux nations autochtones (CANA) qui est le comité le plus actif de la LDHQ à cette période ? Le résumé de ses activités présenté ponctuellement dans les procès-verbaux du conseil d’administration et du conseil exécutif ne le laissent toutefois pas croire.

Au final, la disparition des structures assurant la défense des droits des femmes au tournant des années 1980 met en relief le fait que l’intégration plus marquée des droits des femmes au sein de la Ligue est principalement restée le fait de quelques militantes qui se sont organisées entre elles pour développer un programme d’action au fil des années 1970.

Conclusion: femmes, militantisme et droits de l’« Homme »

Plusieurs auteurs ont souligné que l’invisibilité des femmes dans le langage des droits de l’ « Homme », et la difficile prise en compte de leurs besoins par ce cadre de revendication témoigne d’abord et avant tout de leur absence des instances chargées de les

81 Anne-Marie Panasuk, « La résistance des Montagnais à l’usurpation des rivières à saumon par les Euro-

Canadiens, du XVIIe au XXe siècle », Mémoire de maîtrise, Université de Montréal, 1981, 458 p.

82 LDHQ, Assemblée générale, 2 novembre 1985, [dossier « 24P-162: 03/21 », fonds de la Ligue des droits et

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définir et de les défendre83. Dominique Clément a ainsi démontré, dans un article récent,

que des normes patriarcales ont influencé, dans la deuxième moitié du XXe siècle, les débats entourant la défense des droits et libertés de la personne en Colombie-Britannique où la représentation féminine semble être restée minoritaire. Il cite à ce sujet deux exemples intéressants 84. Dans le premier, il cite le cas de Joseph Katz, membre de la Commission des

droits de la personne de Colombie-Britannique qui déclarait en 1979 lors d’un évènement privé qu’une représentation féminine n’était pas nécessaire au sein de la Commission de Colombie-Britannique, les membres masculins pouvant obtenir un « point de vue féminin grâce à leurs femmes ». Dans le second, il rappelle le cas du ministre de l’éducation de la Colombie-Britannique qui, en 1984, a publiquement invalidé une plainte envoyée à la Commission des droits de la personne de la province par un groupe de femmes dénonçant la discrimination dont elles étaient victimes de la part d’un club de golf qui leur interdisait l’accès au terrain les fins de semaine. Selon le ministre, il s’agissait d’une plainte « frivole ». De l’avis de ce dernier, puisque les hommes travaillent, contrairement aux femmes, il serait normal qu’on leur réserve le terrain certains jours. Le ministre a toutefois ignoré que, dans les années 1980, 52% des femmes travaillent en Colombie Britannique.

L’étude du militantisme féminin au sein de la Ligue tend à corroborer les critiques formulées par les chercheurs ayant pointé la faible représentation des femmes dans les instances chargées de développer les normes en matière de droits et libertés de la personne. En effet, quoique les femmes soient plus largement impliquées au sein de la Ligue, et ce dès le tournant des années 1970, elles restent minoritaires au sein des instances décisionnelles, notamment au poste de président. D’un autre côté, on les retrouve en forte majorité dans les postes de gestion et de coordination. Cette situation de subordination aura, on le verra au Chapitre III, un impact direct sur le programme défini par les membres de la Ligue et la place réelle laissée aux droits des femmes. L’analyse de la place des femmes

83 Hilary Charlesworth, « Human Rights as Men’s Rights », Julie Peters et Andrea Wolper, dir., Women’s

Rights, Human Rights : International Feminist Perspectives, New York, Routledge, 1995, p. 104; Rebecca J. Cook, « Women’s International Human Rights Law : the Way Forward », Rebecca J. Cook, dir., Human Rights of Women : National and International Perspectives, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1994, p. 3.; Jan Bauer, « Seul le silence te protégera » : les femmes, la liberté d’expression et le langage des droits de l’homme, Montréal, Centre international des droits de la personne et du développement démocratique, 1996, 108 p.

dans les structures de la Ligue nous permettra ainsi d’évaluer leur impact sur l’importance que les droits des femmes ont à la LDHQ de 1963 à 1985.

Par ailleurs, le portrait des militantes met en lumière la double appartenance politique ou militante de plusieurs d’entre elles qui s’impliquent également au sein de groupes féministes québécois. Après avoir examiné la place des femmes à la Ligue, nous analyserons ainsi un autre élément susceptible d’influencer la manière dont elle traite les droits des femmes, soit ses liens avec le mouvement féministe au cours de la même période.

CHAPITRE II

INFLUENCE DES FÉMINISMES QUÉBÉCOIS SUR LA

LIGUE DES DROITS DE L’HOMME DU QUÉBEC

Dans un mémoire portant sur l’inclusion des femmes au sein de la Ligue française de défense des droits de l’homme, Claire Lescofitt a souligné que bien que la Ligue française ne soit pas officiellement reconnue comme étant féministe, plusieurs de ses prises de position montrent une concordance avec les revendications féministes. Selon la chercheuse, ce phénomène s’expliquerait notamment par les liens étroits que différents groupes féministes entretiennent avec la Ligue française qui soutient, en retour, leurs principaux combats1. Ces liens seraient plus particulièrement le fait des militantes de la

Ligue française qui militent également au Conseil National des Femmes Françaises, à l’Union des Femmes Française ou encore à la Ligue Française pour le Droit des Femmes2.

Dans cette optique, il importe d’analyser plus en profondeur les liens entre la Ligue des Droits de l’Homme du Québec (LDHQ) et les mouvements féministes québécois qui ont pu influencer sa conception des droits des femmes tout au long de la période étudiée, soit de 1963 à 1985. Cela nous permettra également de mieux cibler les réseaux auxquels

1 En effet, entre 1914 et 1940, la Ligue française s’intéresse à diverses luttes féministes, qu’il s’agisse des

conséquences de la Grande Guerre sur la place sociale des femmes, de leur droit au travail, des problématiques liées à la prostitution, du combat en faveur du droit de vote, de la réforme du Code civil, ou même de l’impact de la politique nataliste sur la maternité. En 1914, elle va même jusqu’à consacrer son Congrès annuel au droit de vote municipal des femmes. Claire Lescofitt, « Quel féminisme pour la Ligue des Droits de l’Homme entre 1914 et 1940 ? », Genre & Histoire, 2 (2008), mis en ligne le 16 juin 2008, http://genrehistoire.revues.org/272, consulté le 2 décembre 2012.

2 Dans la première moitié du XXe siècle, on retrouve ainsi Jeanne Schmahl, Adrienne Avril de Sainte-Croix et

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appartiennent les militantes de la Ligue, et qui leur servent également de bassin de recrutement.

La LDHQ voit le jour en 1963, à l’aube du renouveau du mouvement féministe québécois, canadien et international. On parle généralement de l’émergence d’une deuxième vague féministe, souvent associée à un courant plus radical qui remet en question les racines de l’organisation de la vie en société. L’utilisation d’une chronologie divisant l’histoire du mouvement féministe en vagues successives a néanmoins été remise en question par plusieurs chercheuses. Selon Mélissa Blais, Laurence Fortin Pellerin, Ève- Marie Lampron et Geneviève Pagé, cette « typologie pensée en termes de vagues réduit, dévalorise et évacue la complexité ainsi que la diversité des idées qui parcourent l’histoire et l’actualité du mouvement féministe »3. Nous abondons dans le même sens. En effet,

l’histoire du ou des mouvements féministes se caractérise d’abord et avant tout par son hétérogénéité et par la multiplicité des courants idéologiques qui l’ont traversée. Comme l’a notamment souligné Louise Toupin, la tradition intellectuelle et militante du féminisme est variée4. Dans cette optique, l’objectif de ce chapitre est de questionner l’influence de cette

tradition sur l’évolution des revendications et des actions mises de l’avant par les membres de la LDHQ, et plus particulièrement par ses militantes. Il ne s’agit pas de situer le discours développé par la LDHQ dans un courant féministe précis, mais plutôt de faire ressortir les différents courants féministes qui ont fait évoluer la conception des droits des femmes qui y est inscrite.

De la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1980, une multitude de groupes autonomes de femmes émergent au Québec, se réclamant de multiples tendances, identifiant diverses causes de l’oppression des femmes, et prônant des stratégies variées. Au fil des ans, les militants, et surtout les militantes de la Ligue, tenteront de trouver leur

3 Mélissa Blais, Laurence Fortin-Pellerin, Ève-Marie Lampron et Geneviève Pagé, « Pour éviter de se noyer

dans la (troisième) vague: réflexions sur l'histoire et l'actualité du féminisme radical », Recherches féministes, 20, 2 (2007), p. 141. Micheline Dumont adopte la même position. Micheline Dumont, « Réfléchir sur le féminisme du troisième millénaire », Maria Nengeh Mensah, dir., Dialogues sur la troisième vague féministe, Montréal, Éditions du remue-ménage, 2005, p. 62.

4 Louise Toupin, « Les courants de pensée féministe », Version revue du texte Qu'est-ce que le féminisme?

Trousse d'information sur le féminisme québécois des 25 dernières années, dans http://bv.cdeacf.ca/documents/HTML/84258.htm#haut, Bibliothèque virtuelle du patrimoine documentaire communautaire canadien francophone, page consultée le 09/10/2012.

place au sein de ces groupes, à la fois désireux de s’enrichir à leur contact et soucieux de ne pas faire double-emploi avec ces derniers. Préoccupées d’inscrire les droits des femmes dans les priorités d’action de la LDHQ, plusieurs générations de femmes impliquées à la Ligue tentent, bien qu’elles connaissent certaines difficultés, de la situer dans cette mouvance féministe. Les liens concrets développés par les militantes de la Ligue semblent surtout avoir été tissés avec des groupes féministes québécois ; ils n’en restent pas moins influencés par les courants féministes canadiens, français et américains. L’analyse de ces liens entre les mouvements féministes québécois et la LDHQ se révèle d’autant plus pertinente qu’elle permet également de mieux cibler les réseaux auxquels ses militantes appartiennent, et au sein desquels elles peuvent recruter de nouveaux membres. Néanmoins, à certains moments, cette volonté de consolider des liens avec les groupes féministes québécois crée des tensions entre les militants et les militantes impliqués dans les différentes instances de la Ligue. Tous et toutes ne partagent pas la même vision du rôle que la LDHQ devrait jouer auprès des groupes féministes québécois, certains craignant de politiser la Ligue qui devrait rester « neutre ».

2.1 L’impact du féminisme libéral égalitaire sur la LDHQ : pour une