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Les semis débutent dès les premières pluies. Les semis, la culture et les récoltes se font de façon artisanale et ne nécessitent pas beaucoup d’efforts physiques mais la coïncidence avec les travaux champêtres et les nombreuses tâches ménagères ne facilitent pas les choses. Les femmes utilisent une bonne partie pour la consommation familiale parce que le but du jardin de case est avant tout d’apporter un complément alimentaire. Une autre partie des récoltes est conservée par déshydratation pour la saison sèche. Finalement, seule une petite partie est vendue ou troquée contre d’autres produits en cas de besoin. Les jardins de case, à cause de la faiblesse des récoltes, ne rapportent pas beaucoup d’argent aux femmes. Ce sont plutôt les activités non agricoles qui leur apportent des revenus pour faire vivre leur famille et s’occuper de leurs besoins personnels. Par manque d’espace, des femmes de Touba font du jardinage dans les cours ou dans certaines maisons en construction. En plus de ces tâches, les femmes s’occupent de l’entretien des animaux de la famille.

1-3-3 Dans l’élevage du petit bétail

En dehors des cultures, les femmes pratiquent aussi un élevage de “case”. Les femmes possèdent en général de petits ruminants constitués essentiellement de chèvres et de moutons. Comme il est indiqué sur le site du laboratoire genre de l’IFAN, au niveau national la situation des femmes dans l'élevage est mal connue et elles sont très peu prises en charge par les politiques et programmes de développement. C'est pourtant le secteur dans lequel elles ont le plus accès aux ressources. Les femmes sont propriétaires de cheptel à des échelles intéressantes qui justifient que les politiques leur prêtent plus d'attention, notamment pour le petit ruminant où elles sont propriétaires de près de la moitié du cheptel (47%), comme le montre la figure qui suit.190 Cette situation s’explique par le fait que ce type de bétail est plus accessible pour les femmes.

189 Ibid., page 146.

190 Site du laboratoire genre et recherche scientifique de l’IFAN. Disponible sur http://www.sengenre-ucad.org/test3/index.php?option=com_content&view=article&id=71&Itemid=91

129 Figure 9: Répartition du cheptel par catégorie et par sexe

Source : Laboratoire genre et recherche de l’IFAN

Les femmes élèvent aussi de la volaille. Le gros bétail (bovins surtout et les chevaux) qui appartient généralement aux hommes, n’est pas très présent dans les villages wolof, Les femmes qui possèdent des bovins sont en général soit des peul, soit des serer, et ce sont les plus âgées pour lesquelles les bovins représentent surtout un moyen de thésauriser. En effet, pour ces femmes serer, mourir sans laisser un héritage à leurs descendants est une honte, et certains d’entre elles préfèrent léguer leur richesse plutôt que de l’utiliser pendant leur vie. En général, ce sont les femmes et les enfants qui se chargent des soins apportés aux animaux (abreuvement, alimentation, etc.). Les soins aux animaux restent une tâche essentiellement réservée aux femmes et aux enfants. Dans les maisons, beaucoup d’hommes se croisent les bras et laissent les autres faire presque tout le travail. Certains se comportent même comme des « rois ».

En certaines périodes de l'année, lorsque le peu de pâturage disparaît, les femmes confient leur bétail au berger peul moyennant une petite rétribution en nature ou en espèce. Le berger est souvent rémunéré à raison de 150 F Cfa par animal. Dans certains villages, les populations qui regroupent leur bétail, se cotisent pour payer le salaire mensuel d’un berger qui commence à partir de 15 000 F Cfa en moyenne.

L’alimentation du bétail constitue un réel problème pour les populations. L'élevage est plus développé dans le département de Mbacké qui est le plus proche de la zone sylvo-pastorale (Ferlo). Rappelons que l’extension continue de la CR de Touba s’est faite aux dépens des terres de transhumance des Peul. L'étude de la situation économique et sociale de la région de Diourbel en 2008 note cette disparité de la répartition du cheptel par département. (Voir figure ci-dessous: Répartition du cheptel).

130 Figure 10: Répartition du cheptel selon l’espèce et le département en

2007

Source : Agence Nationale de la démographe et de la Statistique191

Dans ce tableau pour toutes les espèces confondues, sauf les porcins, le département de Mbacké dépasse de loin les autres départements de la région. “Cette situation est tout à fait

prévisible, puisque Mbacké abrite la cité religieuse de Touba et demeure proche des zones de pâturage. Par ailleurs, c’est le département le mieux équipé en ouvrages hydrauliques”192

. En effet 35,7% des forages de la région de Diourbel, se trouvaient dans le département de Mbacké qui regroupait en plus 45% des parcs à vaccination. en 2007. Le passage fréquent des femmes peul vendeuses de lait à Touba et des troupeaux de bétail témoignent de la vitalité de l’élevage dans ce département.

Les activités agricoles qui se déroulent principalement en saison humide et sous le soleil ardent, prennent beaucoup de temps aux femmes qui exécutent les tâches manuelles les plus pénibles. Avec l'absence de plus en plus longue des hommes du terroir, le temps et l’effort consacrés dans les champs par les femmes deviennent de plus en plus importants. Devant cette situation quels additionnels ressources et revenus disposent les hommes et les femmes pour faire marcher la maison ?

191 (REPUBLIQUE DU SENEGAL. Ministère de l'Economie et des Finances. ANDS., 2010, p. 44). Situation

économique et sociale de la région de Diourbel. (année 2009). Dakar: ANDS, 157 p.

192 Ibid. p. 43. 0 50000 100000 150000 200000 250000 300000 350000 Bambey Diourbel Mbacké

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