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Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit
économique
Axel Liroy
To cite this version:
Axel Liroy. Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique. Droit. Université Côte d’Azur, 2020. Français. �NNT : 2020COAZ0015�. �tel-03121744�
Le tourisme des Antilles françaises
saisi par le droit économique
Axel LIROY
Groupe de Recherche en Droit, Economie et Gestion
(GREDEG UMR 7321 CNRS/UCA)
Présentée en vue de l’obtention du grade de docteur en droit d’Université Côte d’Azur
Dirigée par : M. Patrice REIS et LaurenceBOY † Soutenue le : 17 décembre 2020
Devant le jury, composé de :
M. Justin DANIEL, Professeur de sciences politiques, Université des Antilles
Mme Eva MOUIAL-BASSILANA, Professeure de droit privé, Université Côte d’Azur
M. Jean-Baptiste RACINE, Professeur de droit privé, Université Panthéon Assas Paris II
M. Patrice REIS, Maître de conférence en droit privé, HDR, Université Côte
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
Le tourisme des Antilles françaises saisi par
le droit économique
Jury :
Présidente du jury
Madame Eva MOUIAL-BASSILANA, Professeure de droit privé, Université Côte
d’Azur
Rapporteurs
Monsieur Justin DANIEL, Professeur de sciences politiques, Université des Antilles
Monsieur Jean-Baptiste RACINE, Professeur de droit privé, Université Panthéon Assas,
Paris II
Directeur de thèse
Monsieur Patrice REIS, Maître de conférence en droit privé, HDR, Université Côte
d’Azur
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique
Résumé
Objet à multiples dimensions juridiques – le commerce, la concurrence, la fiscalité,
l’environnement, le salariat, l’urbanisme, les droits et libertés fondamentaux, la valorisation du
folklore et des traditions, la formation, la police, la construction notamment –, le tourisme est le
terrain de synergie d’acteurs et d’activités publics et privés en lien direct ou indirect avec
l’économique. Un lien de subordination ordonnée caractérisé par la privation, relativement
motivée, de l’acteur économique d’un accès libre et direct au marché. C’est l’office du pouvoir
économique public. Aux Antilles françaises, il est l’artisan d’un protectionnisme juridique, irradiant,
variablement éloigné des nécessités économiques par opposition franche à une Caraïbe plus libérale
et lacunaire, aux méthodes distorsives de concurrence, éminemment connectée aux nécessités
économiques. Propulsées dans la modernité du droit par leur nationalité politique et ses corollaires
– il est une identité de droits entre les Antilles françaises, la France continentale et, résolument,
l’Union européenne –, les Antilles françaises sont, au niveau de leur région d’extraction, marginales.
La conjuration, au moins partielle, de leur marginalité et, par ricochet, de celle de leur tourisme
passerait par un changement de paradigme obtenu notamment d’un mouvement de décentration
(« sortir de soi »). Ce dernier tire sa subsistance d’une société devenue mondialisée et
interdépendante exhortant les petites économies au regroupement pertinent. Un mouvement qui,
matériellement confronté à l’ombre menaçante de l’assimilation juridique dans le cas des Antilles
françaises, requiert une fine précision. L’intégration régionale, dont la formule contractuelle –
méthode alternative d’organisation de l’économie –, en ses force, intensité, diversité, flexibilité et
massivité, est la figure de proue, sans prétendre à la panacée, emporte un effet décentriste. Il naît
du contrat économique, plus justement de sa force normative. Porté par l’acteur économique public
– l’Etat et/ou ses démembrements territoriaux –, le traité ou l’accord international vise notamment
la conduite de politiques communes telle qu’en matière environnementale, les optimisation et
fluidité circulatoires – des personnes, des biens, des services –, la réduction des écarts de
développement, la protection de la concurrence. Porté par l’acteur économique privé – l’exemple
des parties à un contrat de franchise –, sous couvert de la poursuite de la satisfaction d’intérêts
particuliers, il organise des rapports d’économie confinant au transfert de technologie, au partage
de marque, au renforcement de l’offre et de la demande, à la diminution du coût de la vie par la
réalisation d’économie d’échelle, de gamme notamment. Maîtrisé, l’effet décentriste de l’intégration
régionale pourrait, dans une certaine mesure, constituer un outil efficace pour une économie
durable du tourisme des Antilles françaises en marge ou, quand cela est possible, en alternative aux
procédés traditionnels.
Mots-clés : tourisme ; Antilles françaises ; protectionnisme juridique ; intégration
régionale ; contrat
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
French West Indies Tourism, Understood by Economic Law
Abstract
Subject to a legal multidimensionality – including commerce, competition, taxation, environment, wage system, urban
planning, fundamental rights and freedoms, police, folklore and customs valorisation, education, construction –,
tourism synergizes public and private activities that are more or less closely related to economics. An ordered
subordinate relationship creating barriers, although relatively justified in principle, to direct and free access to trade,
frustating the economic player. It is the role of the economic public power. In the French West Indies, it produces a
legal protectionism, radiant, variably distant from an economic basis versus a Caribbean more liberal and incomplete,
that uses irrevocably distorting effect methods at a regional level, notably connected to economic needs. Propelled in
current law practices in regard to their political nationality and inferences – there is a legal filiation between the
French West Indies, France and, definetely, the European Union –, across the Caribbean, the French West Indies
are marginal. A paradigm shift taken from a decentring movement (“to go out of oneself”) – earns its livelihood from
the now globalized and interdependent society urging vulnerable economies to a useful regrouping – which requires
surgical-like precision facing the threatening shadow of the French West Indies’ legal identity. This would lead to
averting, at least in part, their marginality and, by ricochet, the marginality of their tourism approach. Regional
integration, whose contractual formula – an alternative organisational method of the economy – is the figurehead by
its force, intensity, diversity, flexibility, and bulkiness, while nowhere near to the panacea, has a decentring effect. It
originates from the economic agreement, more accurately from its normative force. Contracted by the economic public
entity – the State and/or its territorial dismemberments –, the treaty or international agreement notably refers to the
conduct of common policies (e.g. environmental matters), circulatory fluidity and optimization (persons, goods,
services), to reducing disparities in development, to protecting competition. Contracted by the private economic player
– e.g. the parties to a franchise agreement –, under the guise of pursuing satisfaction of individual interests, it organises
economic relations verging on knowledge transfer, co-branding, stimulating supply and demand, decreasing the cost of
living through having economies of scale, of scope among other things. If mastered the decentring effect of the regional
integration could represent an effective tool for a sustainable economy of the French West Indies’ tourism to a certain
extent in the margin of (or, when possible, alternatively to) traditional processes.
Keywords : Tourism ; French West Indies ; Legal Protectionism; Regional Integration ;
Agreement
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
Hommage à Laurence BOY
Laurence, j’ai été votre tout dernier étudiant-chercheur.
Dès le début de votre enseignement en Master 2, j’ai senti se poser sur moi votre regard
bienveillant qui s’est imperceptiblement mué en affection réciproque. Elle s’est ensuite matérialisée
par l’intérêt que vous avez accordé à mon travail. Votre soutien sans borne et vos conseils alliés à
votre naturel et votre accessibilité ont été déterminants dans l’orientation de mon cursus et la
réalisation de ce travail. Vous disiez à chacune de vos entrées en cours que j’étais un « soleil » sans
peut être savoir que c’est vous qui me réchauffiez par votre authenticité et votre constante
amabilité. Au moment où je termine ce travail, entamé avec vous, mes pensées vont vers vous et
votre souvenir.
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
R
EMERCIEMENTS
Nous accomplissons sur cette page un acte autant important que hautement nécessaire. Celui de
remercier tous ceux qui, par leur implication matérielle ou formelle, ont permis l’aboutissement de
ce travail.
Notre gratitude va, en tout premier lieu, à notre directeur de recherche, Monsieur Patrice REIS,
pour la confiance qu’il nous a accordée en acceptant de reprendre la charge malheureusement
laissée par notre défunt directeur originel, Laurence BOY.
Nous tenons également à remercier madame et messieurs les professeurs Eva
MOUIAL-BASSILANA, Jean-Baptiste RACINE et Justin DANIEL de l’honneur qu’ils nous font d’accepter
de compter parmi les membres de notre jury de soutenance.
Nous exprimons notre profonde gratitude au personnel du Pôle Martinique de la bibliothèque de
l’Université des Antilles (BUA), particulièrement Mesdames Patricia Mamès, Francine Gémieux,
Micheline Le Pimpec. Il aura œuvré, durant toutes ces années, à rendre possible notre travail de
recherche par ses flexibilité, disponibilité et bienveillance. Nous ne les oublierons pas.
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
A ma courageuse maman Théodose, surnommée « Pierrette »,
à ceux que j’aime.
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
S
OMMAIRE
A
BREVIATIONS...
IXI
NTRODUCTION... 1
PREMIERE
PARTIE : L’ORGANISATION HETERONOME NORMATIVE DE L’ECONOMIE PAR LA
LOI ENFRANCE, SOURCE D’UN PREJUDICE PAR RICOCHET AU TOURISME DES
ANTILLES
FRANÇAISES... 26
T
ITREI.
L
A MARGINALISATION DE L’
INTERET PRIVE PAR LA PREGNANCE DE LA CONTRAINTE REGLEMENTAIRE... 29
Chapitre 1. La pré-affectation juridique des choix économiques du tourisme ... 30
Chapitre 2. Du faux positif dans l’instrumentalisme du droit ... 113
C
ONCLUSION DUT
ITREI ... 172
T
ITREII.
L
ES UTILITES DE L’
INTERVENTIONNISME ECONOMIQUE DANS LE TOURISME:
UN DIMORPHISME... 173
Chapitre 1. La forme ordinaire de l’interventionnisme économique ... 175
Chapitre 2. La forme extraordinaire de l’interventionnisme économique : une déformation ... 218
C
ONCLUSION DUT
ITREII ... 263
C
ONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE... 264
DEUXIEME
PARTIE :
UNE APPROCHE LIBERALE DE L’ORGANISATION DE L’ECONOMIE DU
TOURISME DES ANTILLES FRANÇAISES A TRAVERS LE PRISME DE L’INTEGRATION REGIONALE... 265
T
ITREI.
U
NE INTEGRATION REGIONALE PAR LA FORCE NORMATIVE DU CONTRAT D’
INVESTISSEMENT ETRANGER DANS LE TOURISME... 269
Chapitre préliminaire – L’économie interne du contrat d’investissement étranger ... 274
Chapitre 1. Du normativisme par la dépendance économique dans le contrat ... 283
Chapitre 2. Du normativisme par l’interdépendance économique dans le contrat ... 315
C
ONCLUSION DUT
ITREI ... 339
T
ITREII.
U
NE INTEGRATION REGIONALE PAR LA FORCE NORMATIVE DU DROIT CONVENTIONNEL REGIONAL:
PLAIDOYER POUR UN TROISIEME NIVEAU D’
INTEGRATION JURIDIQUE DESA
NTILLES FRANÇAISES... 341
Chapitre 1. Les moyens d’un droit régional d’intégration ... 345
Chapitre 2. L’intégration régionale des Antilles françaises, une gageure ... 392
C
ONCLUSION DUT
ITREII ... 480
C
ONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE... 482
C
ONCLUSION GENERALE... 484
BIBLIOGRAPHIE ... 489
INDEX ALPHABETIQUE ... 570
A
NNEXES... 575
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
A
BREVIATIONS
I. OUVRAGES, RECUEILS, REVUES, EDITIONS, CODES ETC.
AFDI
Annuaire français de droit international
Aff.
Affaire
AJ
L’actualité Juridique
AJCA
Actualité Juridique Contrats d’affaires
AJCT
L’actualité juridique : Collectivités territoriales
AJDA
L’actualité Juridique : Droit Administratif
AJDI
L’actualité juridique : Droit immobilier
al.
Alinéa
Anc.
Ancien
APD
Archives de Philosophie du Droit
Art.
Article
Art. cit
Dans un article déjà cité du même auteur
B
Arrêt mentionné au Bulletin d’information de la Cour de cassation
(parution bimensuelle)
BOCCRF
Bulletin officiel de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression
des Fraudes
BRDA
Bulletin rapide de droit des affaires
BS
Bulletin social
Bull.
Publié au bulletin (disponible sur le Site Internet de Legifrance)
c.
Chapitre
Cass. req.
Chambre des requêtes de la Cour de cassation
CCE
Communication Commerce électronique (LexisNexis)
C. civ.
Code civil
CE Ass.
Arrêt de l’Assemblée du contentieux du Conseil d’Etat
CE Sect.
Arrêt de la section du contentieux du Conseil d’Etat
CEPII
Centre d’études prospectives et d’informations internationales
CESEDA
Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile
Cf.
Confer (se référer à)
CGCT
Code général des collectivités territoriales
CGI
Code général des impôts
Ch.
Chambre
Chron.
Chroniques
CMF
Code Monétaire et Financier
Coll.
Collection
Concl.
Conclusions
Cons.
Considérant
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
D
Arrêt diffusé par le Centre national d’information juridique
D.
Recueil Dalloz
Déc.
Décision
dir.
Direction
éd.
Edition
e.g.
Exempli gratia (à titre d’illustration)
F
Formation de jugement restreinte (composée de trois juges de la Cour de
cassation)
fasc.
Fascicule
FP
Formation plénière d’une Chambre de la Cour de cassation
FS
Formation de Section de la Cour de cassation
GAJA
Grands Arrêts de la Jurisprudence Administrative
Gaz. Pal.
Gazette du Palais
HS
Hors-série
I
Arrêt diffusé sur le Site Internet de la Cour de cassation
Ibidem (ou ibid.)
De la même source que dans l’une des références précédentes
Idem (ou id.)
De la même source que dans la référence précédente
i.e.
C’est-à-dire
JA
Juris associations
J-Cl.
JurisClasseur
JCP
JurisClasseur Périodique (La Semaine Juridique)
JCP Adm
La Semaine Juridique – Administrations et Collectivités territoriales
JCP E
La Semaine Juridique – Entreprise et Affaires
JCP G
La Semaine Juridique – Edition générale
JDI
Journal du droit international
JO
Journal officiel
JORF
Journal officiel de la République française
JOUE
Journal officiel de l’Union européenne anciennement dénommé Journal officiel des
Communautés européennes (JOCE)
JT
Revue Juris tourisme (anc. Tourisme & Droit)
L.G.D.J.
Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
LPA
Les Petites Affiches
Obs.
Observations
Op. cit.
Opus citatum (dans un ouvrage déjà cité du même auteur)
P
Arrêt publié au bulletin des arrêts de la Cour de Cassation (parution
mensuelle)
p.
Partie
P.I.E.
Presses Interuniversitaires européennes
Plén.
Plénière
Publ.
Publication
PUF
Presses Universitaires de France
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
R
Arrêt commenté dans le Rapport annuel de la Cour de cassation (parution
annuelle)
RCADI
Recueil des cours de l’Académie de Droit international de La Haye
RCDIP
Revue critique de droit international privé
RDI
Revue de droit immobilier
RDP
Revue du droit public
Rec.
Recueil de jurisprudence administrative (Lebon) ou recueil de la Cour de
justice de l’Union européenne et du Tribunal de première instance ou
recueil de jurisprudence constitutionnelle
Req.
Requête
RFDA
Revue française de droit administratif
RFDC
Revue française de droit constitutionnel
RIDC
Revue Internationale de Droit Comparé
RIDE
Revue Internationale de Droit Economique
RJ com.
Revue de Jurisprudence commerciale
RJDA
Revue de Jurisprudence de droit des affaires
RJE
Revue juridique de l’environnement
RJP
La Revue juridique & politique
RMCUE
Revue du marché commun de l’Union européenne
RPDS
Revue pratique de droit social
RRJ
Revue de la recherche juridique
RTD civ.
Revue trimestrielle de droit civil
RTD Com.
Revue trimestrielle de droit commercial
RTD eur.
Revue trimestrielle de droit européen
RTDF
Revue trimestrielle de droit financier (Thomson Reuters-Transactive)
s.
Section
S.
Sirey, Recueil des lois et arrêts
Sem. Soc. Lamy
Semaine sociale Lamy
SFDI
Société française pour le droit international
Sl
Sans lieu
Slnd
Sans lieu ni date
Spéc.
Spécialement
SSR
Sous-sections réunies du Conseil d’Etat
Suppl.
Supplément
t.
Titre
t.
Tome
v.
Voir
vol.
Volume
II. JURIDICTIONS INTERNATIONALES ET INTERNES
CA
Cour d’appel
Cass. ass. Plén.
Assemblée plénière de la Cour de cassation
Cass. ch. mixte
Chambre mixte de la Cour de cassation
Cass. civ.
Chambre civile de la Cour de Cassation
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
Cass. crim.
Chambre criminelle de la Cour de cassation
Cass. soc.
Chambre sociale de la Cour de cassation
CCI
Cour Internationale d'Arbitrage auprès de la Chambre de Commerce
Internationale
CE
Conseil d’Etat
CEDH
Cour européenne des droits de l’Homme
CIJ
Cour internationale de justice
CIRDI
Centre international pour le règlement des différends relatifs aux
investissements
CJCE
Cour de justice des communautés européennes désormais Cour de justice de
l’Union européenne (le sigle originel sera maintenu pour les arrêts ante Traité
de Lisbonne)
CJUE
Cour de justice de l’Union européenne
Cons. conc.
Conseil de la concurrence
CPJI
Cour permanente de justice internationale (remplacée par la Cour
Internationale de Justice (CIJ)
TC
Tribunal des conflits
TPI
Tribunal de première instance
III. ORGANISATIONS INTERNATIONALES, INSTITUTIONS, DIVERS
ACP
Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
ACP
Autorité de contrôle prudentiel et de résolution
ACS
Association of Caribbean States
AEC
Association des Etats de la Caraïbe
AFD
Agence française de développement
AFNOR
Agence française de normalisation
ALBA
Alliance bolivarienne pour les Amériques
ALENA
Accord de libre-échange nord-américain
AMF
Autorité des marchés financiers
CARICOM
Caribbean Community and common market
CARIFORUM
The Caribbean forum
CARIFTA
The Caribbean Free Trade Association
CCJ
Caribbean Court of Justice
CDEMA
Caribbean Disaster Emergency Management Agency
CDI
Commission de droit international
CEDH
Convention/Cour européenne des droits de l’Homme
CE
Communauté européenne
CECA
Communauté européenne du charbon et de l’acier
CEE
Communauté économique européenne
CGU
Conditions générales d’utilisation
CIP
Conseil en investissements participatifs
CMT
Comité Martiniquais du tourisme
CNRS
Centre national de la recherche scientifique
Code APE
Code activité principale exercée
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
Constitution (la)
Référence à la Constitution du 4 octobre 1958
CRDP
Centre regional de documentation pédagogique
CREDIMI
Centre de recherche sur le droit des marchés et des investissements
internationaux
CRPLC
Centre de recherche sur les pouvoirs locaux dans la Caraïbe
CSME
CARICOM single market and economy
CTIG
Comité de tourisme des îles de Guadeloupe
CTM
Collectivité Territoriale de Martinique
CTRC
Caribbean Trade Reference Centre
CTU
Caribbean Telecommunications Union
DAAF
Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt
DDE
Direction départementale de l’équipement
DEAL
Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement
DFA
Département français d’Amérique
DIREN
Direction régionale de l’environnement
DOM
Département d’outre-mer
DRFA
Département-région français d’Amérique
DRIRE
Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement
DROM
Département-région d’outre-mer
EURATOM
Communauté européenne de l’énergie atomique
EURL
Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée
FCR
Fonds de coopération régionale
FDI
Foreign direct investment
FEDER
Fonds Européen de Développement Régional
FMI
Fonds Monétaire International
IDE
Investissement direct étranger
IFP
Intermédiaire en financement participatif
IEDOM
Institut d’Emission des Départements d’Outre-Mer
INPI
Institut national de la propriété industrielle
INSEE
Institut national de la statistique et des études économiques
ISO
International Standards Organization
LO
Loi organique
Loi NOTRe
Loi portant nouvelle organisation territoriale de la République
NAFTA
North American Free Trade Agreement
OCDE
Organisation de coopération et de développement économiques
OECO
Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECS en anglais)
OECS
Organization of Eastern Caribbean States (OECO en français)
OHADA
Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
OMC
Organisation mondiale du commerce
OMT
Organisation mondiale du tourisme
P.I.B.
Produit intérieur brut
PLU
Plan local d’urbanisme
POSEIDOM
Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité des
départements français d’outre-mer
PTOM
Pays et territoire d’outre-mer
QPC
Question prioritaire de constitutionnalité
RSE
Responsabilité sociétale (ou sociale) des entreprises
RUP
Régions ultrapériphériques
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
SAMAC
SA Aéroport de Martinique Aimé Césaire
SAS
Société par actions simplifiée
SASU
Société par actions simplifiée unipersonnelle
SELARLU
Société d’exercice libéral à responsabilité limitée unipersonnelle
SEPA
Single euro payment area
SIRET
Système d’identification du répertoire des établissements
SPG
Système des préférences généralisées
TCE
Traité instituant la Communauté européenne
TFUE
Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne
TRB
Traité révisé de Basseterre portant création de l’organisation de l’union
économique des Etats des Caraïbes orientales
TRC
Traité révisé de Chaguaramas instituant la Communauté des Caraïbes, y compris
le Marché unique de la Caricom
TUE
Traité sur l’Union européenne
UE
Union européenne
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
Règles particulières de citation
Dans cet ensemble identifié :
- des liens hypertextes sont insérés pour la plupart des références à des textes juridiques
disponibles en format numérique simplement mentionnés en notes de bas de page à
l’exception des stipulations des Traités révisés de Basseterre (TRB) et de Chaguaramas
(TRC). Au vu de la précarité des outils de diffusion du droit en langue française, ils
renvoient à l’intégralité de la lettre des traités sans possibilité d’isoler les stipulations. Les
liens hypertextes renvoyant aux traités ne seront alors insérés qu’une fois en début de titre
;
- des liens hypertextes sont insérés pour la plupart des références jurisprudentielles
disponibles en format numérique référencées en notes de bas de page ;
- les liens hypertextes sont insérés sporadiquement en cas d’identité des références au regard
de la proximité de leur insertion – de quelques lignes à plusieurs pages – ;
- des renvois sont insérés dans les références aux notes de bas de page, aux développements
ainsi qu’aux annexes (en rouge) en notes de bas de page ;
- des renvois sont insérés aux numéros de pages dans l’index alphabétique ainsi que dans les
références aux thèmes dans la bibliographie thématique.
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
I
NTRODUCTION
Dans un monde où le niveau de vie général des populations tend à s’élever et où une part
croissante accède aux loisirs et au tourisme
1, cette dernière activité, forte d’atouts naturels majeurs,
est essentielle à l’emploi des populations locales et à leur développement
2. Cela est d’autant plus
vrai s’agissant de petits territoires insulaires tels que les Antilles françaises
3aux économies
vulnérables et faiblement diversifiées, au tourisme volatile.
1.
Le tourisme : un indénombrable. Il existe autant de définitions du tourisme qu’il
existe de dimensions touristiques – la croisière, la mémoire
4, la culture, le numérique, la plage, la
nature, le sport, les affaires, la santé, la plaisance, la fiscalité, la plongée sous-marine, le mariage, le
jeu, le shopping, le luxe, le sexe notamment –, de choix politiques de leur développement, d’acteurs
du tourisme. Longtemps cantonné au loisir et à la santé
5, il vise aujourd’hui l’ensemble des « activités
déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en
dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année,
à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans
le lieu visité »
6. Néanmoins, s’il porte les conditions du développement – définition positive –, il
porte, parallèlement, celles de sa rançon – définition négative. Le tourisme emporte nombre
1 En 2017, les flux touristiques mondiaux s’établissaient à 1,32 milliards (Source OMT (URL :
https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284419913, 5 p.) contre 25 millions en 1950 (Source OMT (URL :
https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284419050, p. 2).
2 Il ressort que les ressources du tourisme sont diverses et nombreuses. Elles proviennent aussi bien de la fiscalité,
variable selon les pays, du transport, de l’hébergement, la restauration, les excursions, les activités nautiques, terrestres, aériennes, du marché de la culture, du luxe, du jeu, de l’investissement notamment. H.GODARD ET T.HARTOG,
« Tourisme et développement dans le Bassin caraïbe, un couple complexe », in La Caraïbe, un espace pluriel en questions, Paris,
Katharla, 2011, pp. 24-25. v. notamment, SUKUP,V., Les Caraïbes face aux défis de l’avenir, Paris, France, Publibook, 2011, p. 133 et s. Sur la notion de développement, v. Rapport de la Commission Sud, Défis au Sud, Paris, Economica, 1990, pp. 10-11. Pour une synthèse sur le poids économique du tourisme, v. BRETON,J.-M., Droit et politique du tourisme, Paris, Dalloz, Juris éditions, 2016, pp. 24-29.
3 L’expression « Antilles françaises » désignera la Martinique et la Guadeloupe achipélagique – Basse-Terre
jouxtant Grande-terre, la Désirade et Marie-Galante ôtées des îles du nord (Saint-Martin et Saint-Barthélémy autrefois communes mais qui, après la consultation du 7 décembre 2003, ont évolué en collectivités d’outre-mer placées sous le régime de l’article 74 de la Constitution) – à titre exclusif.
4 « Aborder le tourisme dans son rapport au temps, donc dans son rapport à la conscience du temps : tel est le
propos du tourisme de mémoire. Un temps qu’il est présupposé activer ou réactiver, nourrir et entretenir (…). Le tourisme de mémoire, dans sa lutte contre l’oubli, prend (…) le relais de certaines défaillances institutionnelles et sociales » J.-D.URBAIN, « Tourisme de mémoire, Un travail de deuil positif », in Tourisme de mémoire, Revue Les Cahiers
Espaces, décembre 2003, n° 80, note 2, pp. 5 et 6.
5 JEGOUZO,L. Le droit du tourisme, Paris, L.G.D.J., 2018, p. 10.
6 §1.1 des recommandations concernant le cadre conceptuel du Compte satellite du Tourisme (CST) (2000). V.
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
d’externalités négatives puisqu’il est aussi, dans une certaine mesure, « l’industrie qui consiste à
transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux »
7.
Parmi ces externalités négatives, il est permis d’incorporer le coût environnemental
8– la pollution,
la saturation de l’espace, le mitage des terres agricoles, la concentration de l’activité touristique sur
le littoral, le bouleversement de la biodiversité terrestre et marine notamment –, le coût culturel –
la marchandisation, la réduction et la folklorisation des cultures locales –, le coût social – le tourisme
sexuel – ou encore l’accroissement des risques sécuritaires et sanitaires. Mais, à l’ère d’un monde
mondialisé, le repli sur soi n’est pas la voie empruntée par la masse des entités territoriales. Il cède,
au contraire, la place à l’exigence d’une intelligence du tourisme exhortant à le (re)penser
9– il peut
s’agir de le verdir
10, d’en orienter et maîtriser les flux, de l’éthiser notamment – sans pour autant
l’oblitérer.
2.
Le fait touristique caribéen. Parmi les lieux privilégiés d’épanouissement du tourisme
figure la Caraïbe. Nous entendons la Caraïbe insulaire
11archipélagique. Si, elle reste, dans
7 Jean Mistler cité in « Notes de lecture », Mondes en développement, vol. 157, n° 1, 2012, p. 161. « Le tourisme qui
participe à des degrés divers à la recomposition de ces territoires exacerbe des défis sociaux, économiques et environnementaux considérables » O. DEHOORNE ET J.M. FURT, « Le tourisme dans les îles : contextualiser le projet
territorial », Etudes caribéennes, n° 23, Décembre 2012, §6.
8 V. notamment, DESSE M. ET SAFFACHE P. Les littoraux antillais : des enjeux de l'aménagement à la gestion durable, Paris,
Ibis Rouge Éditions, 2005, 116 p. ; O. DEHOORNE, « Le tourisme dans les Caraïbes. Logiques régionales et enjeux
environnementaux », Téoros, vol. 26, n° 5, 2007, pp. 179-205 ; M.DESSE, « Pression anthropique et dégradation des littoraux
haïtiens : l'exemple du golfe de la Gônave », Les Cahiers d’Outre-Mer, 219, 2002, pp. 325-344 ; O.DEHOORNE ET P.
SAFFACHE, « Le tourisme dans les îles et littoraux tropicaux : ressources et enjeux de développement », Etudes caribéennes, n° 9-10,
Avril-Août 2008 ; O.DEHOORNE,P.SAFFACHE ET D.AUGIER, « Tourisme, écotourisme et stratégies de développement dans la
Caraïbe », Etudes caribéennes, n°6, Avril 2007 Contra V. DUVAT, « Mondialisation touristique et environnement dans les petites
îles tropicales », Les Cahiers d'Outre-Mer, vol. 236, n° 4, 2006, pp. 513-539.
9 V. notamment LOGOSSAH,K. ET SALMON, J.-M. (Dir.), Tourisme et développement durable, Actes du Colloque du
CEREGMIA, Schoelcher, 25-26 septembre 2003, 422 p. ; J. ARGAILLOT, « Nouveaux tourismes caribéens : expériences et
conséquences », Etudes caribéennes, n° 31-32, Août-Décembre 2015 ; J.-M. BRETON, « Paradigme d’écotourisme et
sociétés traditionnelles en mutation : le cas de l’outre-mer français », Téoros, 23-2, 2004, pp. 54-60 ; « Tourisme alternatif et développement durable dans la Caraïbe », Téoros, 26-1, 2007, pp. 46-51 ; ; « L’écotourisme : une problématique conflictuelle pour des politiques innovantes », in Breton, J.-M. (Dir.), L’écotourisme, un nouveau défi pour la Caraïbe ?, Paris, Karthala-Crejeta,
2001, pp. 13-32 ; A.CLAYTON, “A policy Framework for Sustainable Development of the Tourism Industry”, in Jayawardena, C. (ed), Caribbean tourism. Visions, Missions and Challenges, Kingston, Miami, Ian Randle Publishers, 2005, pp. 20-30 ;
O.DEHOORNE,F.NICOLAS ET P.SAFFACHE, « Pour un tourisme durable dans la Grande Caraïbe », Études caribéennes, n°
3, Décembre 2005 ; L. DUPONT, « Le tourisme est-il aujourd’hui sur une trajectoire de développement durable à la Guadeloupe ?
Nécessité de concilier compétitivité, productivité et durabilité », Études caribéennes, 43-44, Août-Décembre 2019 ; P.MCHARDY,
“Planning for Sustainable Tourism Developement in the Caribbean”, in id., pp. 31-57.
10 v. notes précédentes.
11 « l’insularité est (…) d’abord et avant tout une notion et un constat géographiques » G.VIRASSAMY, « L’entreprise
entre insularité et mondialisation », in Virassamy, G. (Dir.), L’entreprise insulaire. Moyens et contraintes, Paris,
L’Harmattan, Travaux du C.E.R.J.D.A., vol. 3, 2004, p. 10. Pour une approche alternative de la notion d’insularité, v. J.-L.ALBERT, « Les collectivités territoriales et l’entreprise insulaire », in id., p. 86. Dans la Caraïbe, elle désigne trente Etats et
pays dont dix-sept placés « sous tutelle ». Pour une cursive présentation des îles de la Caraïbe et de leur rapport au tourisme, v. BESSIERE, S., Le tourisme des Antilles françaises : le défi de la concurrence caribéenne, Paris, L’Harmattan, 2010, pp.
19-142. On parlerait même d’hypo-insularité dans le cas de la Martinique et de la Guadeloupe. L’hypo-insularité procède de la réduction des distances entre une île et son territoire de rattachement par le développement des moyens
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l’imaginaire collectif alimenté par l’œuvre cinématographique, médiatique notamment, un parangon
du tourisme de masse ainsi que du luxe et constitue une destination de choix pour la communauté
internationale, quoique en constante évolution
12, elle a, au fil du temps, perdu de son attrait au
profit de ses concurrents tropicaux asiatiques, pacifiques, indiens et des grands polarisateurs
historiques de tourisme à l’image de la France continentale, l’Espagne, la Chine
13qui concentrent
les ressources ainsi que les méthodes d’organisation du tourisme.
3.
L’hétérologie caribéenne. La Caraïbe est un archipel cocotier aux trousseaux
touristiques hétéroclites
14satisfaisant variablement aux exigences d’une clientèle internationale,
aujourd’hui expérimentée, au pouvoir d’orientation économique important – les destinations ainsi
que leurs opérateurs économiques vivent sous la menace constante d’une sanction par l’économie
15matériellement décuplée par l’enflure quantitative et qualitative des technologies de l’information
et de la communication. Il en va ainsi, notamment, de la qualité de l’accueil, la qualité du service, la
qualité de la bouche, la qualité infrastructurelle de l’hébergement de séjour notamment, de l’offre
d’activités, de la prise en charge du risque sanitaire et sécuritaire, du respect des droits de l’homme.
Un hétéroclisme aux sources plurielles, prodromique des saisie et place spécifiques du tourisme
dans l’économie de ces territoires
16et expliquant, dans une certaine mesure, les disparités régionales
dans son appréhension. Il existe une forte disproportion entre les îles caribéennes comme en
témoignent les chiffres de la fréquentation touristique internationale des Antilles françaises en
2016
17– respectivement cinq cent dix-neuf mille en Martinique et cinq cent quatre-vingt mille en
Guadeloupe – et de ceux de leurs concurrentes directes
18– un million cent deux mille à Aruba,
de transports, de communication à distance notamment. Sur le concept d’hypo-insularité, v. T.NICOLAS, «
“L’hypo-insularité”, une nouvelle condition insulaire : l’exemple des Antilles françaises », L’Espace géographique 2005/4 (Tome 34), p.
330.
12 Source OMT (URL : https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284419913, p. 5). 13 Source OMT (URL : https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284419913, p. 15 et s.).
14 “(It) is one of the most geopolitically complex regions in the world. Its countries range from among the largest to the smallest, the
richest to the poorest and the most to the least developed” Fanning cité in BERRY,D.S. Caribbean Integration Law, op. cit., p. 16. Parenthèses ajoutées.
15 L’exemple du boycott.
16 Source OMT (URL : https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284419913, p. 17).
17 Ces chiffres sont apparus modestement boostés en dépit du renforcement de l’offre de transport aérien en
2015 avec la Norwegian airline – compagnie aérienne low cost –, qui, jusqu’en 2019 (année d’annonce du retrait de la compagnie aérienne), par la pratique de tarifs concurrentiels, démocratisait l’accès aux destinations françaises à la clientèle nord-américaine, au pouvoir économique important, à raison de quelques rotations hebdomadaires par tranche de six mois. Nota bene : Nous n’apprécierons pas les résultats des années 2017 et 2018 biaisés par l’effet
d’aubaine résultant de la réalisation du risque cyclonique en septembre 2017 (l’Ouragan Maria) occasionnant le détournement des lignes de croisière au profit de la Martinique et de la Guadeloupe notamment.
18 Nota bene : Si, indépendamment des chiffres des flux touristiques internationaux, classant, somme toute, en
bonne position les îles de Martinique et de Guadeloupe, chaque île caribéenne est une concurrente potentielle. Leurs concurrentes directes, en termes de captation de la masse touristique, restent Aruba, les Bahamas, la Barbade, Cuba,
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deux millions cent quatre-vingt-deux mille à la Jamaïque, trois millions sept cent trente-six mille à
Porto Rico, cinq millions neuf cent cinquante-neuf mille à la République Dominicaine
19.
Porto Rico, La République Dominicaine, Les Bahamas, Cuba, la Jamaïque notamment n’ont
plus le souci de leurs attractivité
20et compétitivité
21touristiques. Un tourisme essentiellement
spécialisé dans la masse ou le luxe toujours plus recrudescent. Il est particulièrement favorisé par
des offres plus attractives – aux Bahamas, les îles privées, les casinos de Nassau, l’hôtel Atlantis à
Paradise Island – et plus accessibles – les resorts au all-inclusive de Punta Cana en République
Dominicaine –, par des symboles régionaux à portée internationale – tout le monde connaît le
cigare roulé sur la cuisse d’une cubaine ou les accords embrumés du reggaeman Bob Marley de la
Jamaïque. Si évoquer un défaut de symboles régionaux, facteurs de tourisme, en Martinique et en
Guadeloupe, serait en soi une aberration
22, il est, dès l’origine, une multitude de handicaps,
conjoncturels et/ou structurels, portant à rendre illusoire leur capacité compensatoire voire
concurrentielle.
4.
La comorbidité française. Les disparités caribéennes sont une réalité comme est à
géométrie variable l’attractivité des territoires. Aux Antilles françaises, autrefois considérées comme
une destination haut de gamme – elles ne sont toutefois jamais parvenues à concurrencer les géants
les îles Vierges américaines, la Jamaïque, Porto Rico, la République Dominicaine. Sur « les îles concurrentes des Antilles françaises », v. notamment, BESSIERE, S., Le tourisme des Antilles françaises : le défi de la concurrence caribéenne, op. cit., p. 337 et s.
19 Source OMT, ibid.
20 « L’attractivité peut se définir comme la capacité à attirer et à retenir les activités, les populations et les
entreprises dans un pays. Elle se rapporte à la performance économique. Elle a deux faces : une face offensive pour développer de nouvelles activités sur des marchés en expansion, et une face défensive pour sauvegarder les productions locales par rapport à des produits étrangers » E.DEVOUE, « Attractivité et compétitivité des pays de la Caraïbe », in Kiminou,
R. (Dir.), Économie et droit des affaires de la Caraïbe et de la Guyane : contribution à la connaissance des droits et des économies de la Caraïbe et de la Guyane, Paris, Publibook, t.1, 2008, p. 23.
21 « La compétitivité est la capacité (d’un pays) à faire face à la concurrence et à occuper une position forte sur un
marché. La compétitivité d’un pays est fondée sur ses performances en matière d’échanges extérieurs, d’amélioration du niveau de vie et du bien-être social. C’est la capacité d’un pays à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale » Id. Italiques ajoutés.
22 E.g. l’industrie d’un rhum labellisé « Appellation d’origine contrôlée » (AOC), connu comme étant le meilleur
au monde, le Ti’ Punch, le Gwoka de la Guadeloupe inscrit au patrimoine mondial de l‘Unesco, une musique écoutée dans le monde entier incarnée notamment par Kassav’, le Carnaval, le Tour des Yoles Rondes, la route du Rhum, la littérature (Aimée Césaire, Maryse Condé) notamment.
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
caribéens
23–, s’il existe une volonté, forte, de développement du tourisme
24, les postes d’inhibition
sont nombreux. En effet, les activités et services touristiques bien que palpables par le touriste d’un
jour, n’apparaissent pas, somme toute, conformes aux standards internationaux du point de vue
des niveaux de gamme, variété, disponibilité, accessibilité. Ils donnent à voir une faible
compétitivité touristique
25ressortie d’une basse intelligence touristique choisie ou subie.
Choisie, elle se caractérise par la spécialisation dans un tourisme de masse balnéaire – ce
qui les place en concurrence directe avec les îles non seulement caribéennes mais aussi
23 V. notamment, G.CAZES, « Le développement du tourisme à la Martinique », Cahiers d'outre-mer, n° 83 – 21e année,
Juillet-septembre 1968, pp. 225-256. « L’Outre-mer français n’a pas anticipé ni même su s’adapter (aux) évolutions socioéconomiques en proposant des produits nouveaux répondant aux attentes de la clientèle (…) » FELZINES,C., Le
tourisme, perspective d’avenir de l’outre-mer français, Paris, Rapport du Conseil économique et social, 2007, p. 25. Italiques
ajoutés.
24 Exempli gratia : l’édition par Contact-entreprises – une association à but non lucratif ayant vocation à la
promotion de l’entreprise et des entrepreneurs martiniquais –, dans une démarche prospective et prescriptive, d’un opuscule produit de la réflexion d’acteurs d’horizons divers visant à renforcer l’attractivité de la Martinique (URL :
http://www.contact-entreprises.com/wp-content/uploads/2017/05/MartiniqueAttractiveV5.pdf).
25 LDUPONT, « Analyse empirique de la relation entre tourisme et compétitivité : l’exemple des Antilles françaises », Etudes
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caribéennes – ; un transport – terrestre, maritime
26, aérien
27notamment – inadapté
28; une faible
concurrence fiscale et bancaire ; une faiblesse du marketing et de la communication
29; une
faiblesse de l’accueil
30; la pratique de prix prohibitifs ; un faible niveau de maîtrise des
langues étrangères – l’anglais, pourtant langue mère du tourisme, compris. Elle se caractérise
également par la multiplicité du risque – institutionnel
31, social
32notamment – ; l’insuffisante
26 Les Antilles françaises disposent d’un système embryonnaire de navettes maritimes dont l’essentiel du trafic de
passagers s’épanouit dans une quasi-monoliaison (IEDOMGUADELOUPE, Rapport annuel, Paris, 2017, p. 106). Il
consiste en le transport de point à point de passagers sur de courtes – liaisons domestiques – ou de moyennes ponctuelles – liaisons inter-îles – distances. Pour aller plus loin, v. COPETRANS, Rapport final sur l’analyse de la desserte
inter-îles en Guadeloupe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), août 2010, pp. 10-57).
27 Aux Antilles françaises, s’il fait montre de signes d’une amélioration, il donne à voir une concentration des flux
sur la liaison Antilles françaises-hexagone (IEDOMMARTINIQUE, Rapport annuel, Paris, 2017, p. 114 ; IEDOM
Guadeloupe, Rapport annuel, op. cit., pp. 108-109). Ces liaisons donnent à voir une concurrence oligopolistique. Le marché se caractérise par un faible nombre d’offreurs avec des prix sensiblement élevés. Même si des aides à la continuité territoriale sont mises en place pour contrepeser l’effet de contention du prix des billets d’avion à l’image du Passeport mobilité à destination des étudiants et jeunes en formation professionnelle, les congés bonifiés à destination des fonctionnaires notamment, la Cour des comptes reconnaît leur « caractère inflationniste sur les tarifs aériens » (COUR DES COMPTES, Le tourisme en outre-mer : un indispensable sursaut, Paris, 2014, p. 417). V. notamment,
BEAUGENDRE,J., La desserte aérienne de l’outre-mer, Rapport d’information n° 1454, Paris, Assemblée Nationale, 2004 ;
DUCHENE,R.,BOLLIET,A.,CHAPULUT,J.-N.,LAYANI,S. ET SOCIE,M., L’optimisation de la desserte aérienne des départements
d’outre-mer, Rapport d'enquête n° 06-042-01 ; n° 06-042-01 ; n° 004592-01, Paris, 2006. S’agissant des liaisons
intra-régionales. Elles sont marginales. L’offre de desserte est réduite et coûteuse en temps et en argent (voir Annexe 1). v. notamment, C.RANELY VERGE-DEPRE, « Transport aérien et territoires insulaires ? : l’exemple des Petites Antilles », Annales de
géographie, 2008/1, n° 659, pp. 97-109 ; C.RANELY-VERGE-DEPRE ET P.ROTH, « L’avion, facteur d’unification du Bassin
caraïbe ? », in Revue trimestrielle sur l’image géographique et les forums du territoire (M@ppemonde), n° 120, Avril 2015. S’agissant des liaisons internationales. La fréquence ainsi que la variété de la desserte aérienne internationale est particulièrement modeste (Source Rapport annuel d’activités de la société aéroportuaire Guadeloupe Pôle Caraïbes, 2015, p. 13) et pour la Martinique (Source SAMAC (2016). Elle se caractérise par une concentration nord-américaine des flux. Des hypothèses de désenclavement subsistent telles que le modèle économique du low cost, la conversion du type aéroportuaire « de point à point » – un vol direct entre la destination et la provenance plus simple en matière de gestion logistique (passagers, bagages, temps d’escale notamment) – en hub à l’instar de San Juan (Porto Rico), de Juliana (Sint Maarten) et de St. John’s (Antigua). Sur ce point, v. OCDE, « Les aéroports : des plaques tournantes
multimodales », Conférence des ministres des transports, 126ième Table ronde (rapport), à Paris les 20 et 21 mars 2003,
p. 85 ; OCDE, “Airline Mergers and Alliances”, Rapport, 1999, p. 66.
28 « selon la théorie des effets structurants, les équipements de transports sont souvent présentés comme des
attracteurs d’activités » C.RANELY-VERGE-DEPRE, « Transports et développement durable dans le Bassin caraïbe : un couple
impossible ? », in La Caraïbe, un espace pluriel en questions, Paris, Katharla, 2011, p. 86.
29 Les modèles bahaméen et insulaire américain (Iles Vierges américaines) : G.A.PRATT, “Tourism Development and
Marketing : Case Studies from The Bahamas, Belize and The US Virgin Islands”, in Jayawardena, C. (ed), Caribbean tourism.
Visions, Missions and Challenges, op. cit., pp. 328-345.
30 N.FABRY, « L’accueil des touristes étrangers en France, un élément essentiel de l’attractivité touristique », JT n° 172/2015,
pp. 20-22.
31 E.g. la gabégie ou la consommation partielle des enveloppes budgétaires européennes notamment, le zèle, la
politisation des dossiers, le traitement long des dossiers occasionnant des « dégagements d’office » en agriculture notamment.
32 Des cessations d’activité ou menaces de cessation d’activité récurrentes favorisées par le droit dévoyé : le droit
de grève (L. 2511-1 du Code du travail), le droit de retrait (Art. L. 4131-1 du Code du travail). On se souvient de la grève généralisée aux Antilles françaises, en 2009, ayant figé l’activité économique pendant plus d’un mois et conduit au déclin de nombreuses entreprises (WILLIAM,J.-C.,RENO,F. ET ALVAREZ,F.(DIR.), Mobilisations sociales aux Antilles.
Les évènements de 2009 dans tous leurs sens, Paris, Karthala, 2012, 364 p.). On se souvient également des multiples conflits
relatifs aux stations-services, ou encore plus récemment, ceux relatifs aux transports publics en Martinique ayant occasionné un ralentissement de l’activité économique des centres économiques et de très fortes perturbations de la
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
coordination des acteurs privés et des politiques ; l’insuffisante variation des produits et
services à valeur ajoutée comme l’illustre la polarisation des efforts dans une « vocation agricole
et sucrière »
33pourtant modeste et consanguine.
Subie, elle se caractérise notamment par la perpétuation de la désuétude et l’insuffisante
diversification du parc hôtelier
34; un taux de change défavorable au dollar ; des charges
d’exploitation
35exorbitantes grevant irrésistiblement l’activité des opérateurs économiques
36;
une empreinte historique très forte
37figeant le vocabulaire et, en conséquence, les idées
38; la
carence de l’investissement étranger
39; …l’écrasement du droit.
vie socio-professionnelle de la population tributaire des transports en commun (à titre d’exemple la commune de Schoelcher n’aura pas été desservie pendant plus de 4 mois).
33 « La vocation agricole et sucrière de la Martinique n’a pas varié d’un pouce depuis Colbert (…) » G. G. MARION,
« Le développement historique de l’entreprise insulaire : La Martinique au XIXe siècle », in Virassamy, G. (Dir.), L’entreprise
insulaire. Moyens et contraintes, op. cit., p. 20.
34 Nota bene : Il est à noter la réticence des établissements bancaires ainsi que la rareté de l’investissement privé
motivées par sa faible rentabilité et l’endettement socio-fiscal des entreprises hôtelières témoignant d’une risquophobie normative.
35 « Les charges d'exploitation sont les dépenses inhérentes à l'exploitation même d'une entreprise. Cela désigne
les dépenses indispensables à la création de richesses produites par l'entreprise. Les principales charges d'exploitation sont généralement les matières premières et les consommations externes (liées aux besoins en énergie, les loyers, la publicité, le transport...). Il s'agira également des frais de personnel, des impôts et taxes (hors IS). Pour être rentable, une entreprise doit avoir des charges d'exploitation largement inférieures aux produits d'exploitation ». Source URL :
https://droit-finance.net. Nota bene : En France – Etat membre de l’UE aux dépenses publiques les plus élevées –,
les prélèvements obligatoires – les impôts (IR, TVA, CSG notamment) et cotisations sociales prélevés par l’Etat, les collectivités territoriales et la sécurité sociale – s’établissent à 48,4 % du PIB. Source Eurostat (2018).
36 Exempli gratia : en 2015, en République Dominicaine, le salaire mensuel d’une femme de chambre s’élève à
194 € pour 44h/semaine travaillées alors qu’en Martinique, il s’élève à 1859 € pour 35h/semaine travaillées. (Source : KPMG).
37 « inconditionnellement, il importe d’admettre ce fait : l’histoire des colonies françaises en Amérique commence
aussi peu en 1848 que celle de la France métropolitaine en 1789 » G. G. MARION, « Le développement historique de l’entreprise
insulaire : La Martinique au XIXe siècle », in Virassamy, G. (Dir.), L’entreprise insulaire. Moyens et contraintes, op. cit., p.
19. Il en va de la concentration du foncier, pourtant déterminant dans le destin d’un petit territoire. « (…) le foncier est l’une des clefs de la distribution dans les Antilles. Certains acteurs ont des réserves foncières dues à des avantages historiques » (Avis n° 07-A-06 du 16 juillet 2007 relatif à l’acquisition par la société Cafom du pôle distribution de la
société Fincar dans le secteur de la vente d’équipements de la maison, p. 36, pt. 170. L’abolition de l’esclavage en
Martinique n’a donné lieu à aucun aménagement ni dispositif compensatoire au profit des populations réifiées, au contraire (L. BLERIOT, « La loi d’indemnisation des colons du 30 avril 1849 : aspects juridiques », Revue historique des Mascareignes, n° 2, 2000, pp. 147-161).
38 La « transformation du vocabulaire est le signe d’une profonde évolution des idées » TOUCHARD,J.,BODIN,
L.,JEANNIN,P.,LAVAU,G.E. ET SIRINELLI,J., Histoire des idées politiques, Paris, PUF, 2006, p. 387.
39 Les Antilles françaises, satisfaisant pourtant à la quasi-totalité des indicateurs de gouvernance, sont exclues du
classement des pays caribéens insulaires dans la captation des flux d’investissements directs étrangers. Selon le classement de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), en 2016 et en 2017, les flux d’IDE se répartissent comme suit : en pôle position, la République Dominicaine (2016 : 2,407 milliards ; 2017 : 3,57 milliards US$) ; les Bahamas (2016 : 943 millions ; 2017 : 928 millions US$) ; la Jamaïque (2016 : 928 millions ; 2017 : 888 millions US$) ; Haïti (2016 : 105 millions ; 2017 : 375 millions US$) ; la Barbade (2016 : 230 millions ; 2017 : 286 millions US$) ; Trinidad-et-Tobago (2016 : 24 millions ; 2017 : 374 millions US$) ; Antigua et Barbuda (2016 : 146 millions US$) ; Saint-Vincent-et-les-Grenadines (2016 : 104 millions US$) ; Sainte-Lucie (2016 : 97 millions US$) ; Saint-Christophe-et-Niévès (2016 : 69 millions US$) ; Grenade (2016 : 63 millions US$) ; la Dominique (2016 : 33 millions US$) Source CEPALC (URL :
Axel Liroy | Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique | 2020
5.
Des îles sous perfusion juridique. La Martinique et la Guadeloupe disposent,
pourtant, d’un avantage colossal : celui de leur nationalité politique sublimée puisqu’elles sont,
existentiellement, françaises et européennes – des « appendices continentaux »
40. Cela leur
promettait une existence réelle sur la scène du tourisme international
41. On parle volontiers d’une
identité législative
42régie notamment par l’article 73 de la Constitution qui donne à voir plusieurs
strates non dérogatoires d’une application de plein droit du droit français
43. Un système juridique,
distinct des modèles non indépendants – autonomes – caribéens
44, impliquant un statocentrisme
avancé, avortant toute aspiration à la libre détermination du niveau local, dont les remous sont en
incapacité de mouvementer une économie structurellement semblable au Sud
45; ils l’apathisent.
« Attractivité et compétitivité des pays de la Caraïbe », op. cit., pp. 25-26 ; Rapport 2016-2017 du Global Entrepreneurship
Monitor (GEM).
40 T.MICHALON, « La voie pour les D.O.M. : l’insularité à la carte », in Faberon, J.-Y. et Auby, J.-F. (Dir.), L’évolution
du statut de département d’outre-mer, Aix-en-Provence, PUAM, 1999, p. 218.
41 Les Antilles françaises disposent ainsi d’un accès à un financement important, un PIB élevé (DOLIGE,E ET
VERGOZ,M. Rapport d’information sur les niveaux de vie dans les outre-mer, op. cit., pp. 16-18), un IDH élevé, un accès à des
aides sociales, en principe, tremplin – santé, logement, retour à l’emploi, vacances –, elles disposent d’un droit d’influence (v. Le rapport du Conseil d’Etat sur l’influence internationale du droit français du 19 juin 2001), d’un droit protecteur – une protection juridique de l’investissement étranger, de la concurrence, une protection des droits et libertés fondamentaux, de l’environnement, de la consommation, du travail –, d’un système de protection de la santé inégalé, d’un accès libre et peu coûteux au savoir notamment.
42 J.-Y.FABERON, « La France et son outre-mer : un même droit ou un droit différent ? », Pouvoirs, vol. 113, n° 2, 2005,
pp. 5-19 ; F.LUCHAIRE, « La France d'outre-mer et la République », Revue française d'administration publique, vol. 123, n° 3, 2007, pp. 399-407.
43 L’article 73, par sa flexibilité, permet une individualisation statutaire, v. E.JOS, « Quelques réflexions sur le statut
constitutionnel des DOM/ROM après la révision du 28 mars 2003 », in L’outre-mer à l’épreuve de la décentralisation :
nouveaux cadres institutionnels et difficultés d’adaptation, Paris, L’Harmattan, 2007, pp. 33-34 ; F. MELIN
-SOUCRAMANIEN, « Les collectivités territoriales régies par l’article 73 de la Constitution », Les nouveaux cahiers du Conseil
Constitutionnel , n°35, 2012/2, p. 25). C’est ainsi que la loi du 27 juillet 2011 institue deux collectivités uniques (loi n° 2011-884 du 27 juillet 2011 relative aux collectivités territoriales de Guyane et de Martinique, JORF n° 0173 du 28
juillet 2011, p. 12821, texte n° 2), dont celle de Martinique, satisfaisant alors au quatrième niveau de l’offre statutaire
de l’article 73. « la collectivité unique (dispose) de capacités, de technicités, de moyens plus importants pour exercer des compétences et sera peut-être mieux à même d’en assurer certaines, qui jusqu’alors étaient réservées à l’État » A.
LAGUERRE, « Outre-mer : une collectivité unique...pour quoi faire ? », La Semaine Juridique Administrations et Collectivités
territoriales n° 44, 31 octobre 2011, p. 24, pt. 23. (Italiques ajoutés). v. COINTAT,C., Projet de loi relatif aux collectivités de
Guyane et de Martinique, Paris, Sénat, Commission des lois, n° 467, 2011, p. 22
44 Pour une étude d’ensemble et transversale, v. notamment, DANIEL,J. Les territoires non indépendants de la Caraïbe
à la croisée des chemins : la quête de nouveaux modèles de gouvernance, Rapport établi dans le cadre du programme de recherche
PO n° 31120, Les territoires non indépendants de la Caraïbe, 2014 (URL :
https://hal.univ-antilles.fr/hal-01675024/document), spéc. pp. 9-16.
45 « l’absence de ressources naturelles, la dépendance par rapport à un nombre limité de productions
agro-industrielles dont les coûts de production sont supérieurs à ceux de la concurrence et les conditions de commercialisation moins favorables, la dynamique industrielle manquant d’expérience et affectée par la petite taille des marchés locaux, l’éloignement des grands marchés d’exportation et la médiocrité des marchés d’exportation de proximité » RIPERT,J. L’égalité sociale et le développement économique dans les DOM, rapport au ministre des DOM-TOM,
Paris, La documentation française, 1990, p. 29 et s. v. notamment, DOLIGE,E ET VERGOZ,M. Rapport d’information sur
les niveaux de vie dans les outre-mer, Paris, Sénat, n° 710, 2014. V. également, la rédaction de l’article 349 TFUE en son alinéa premier.