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Oncologie : Article pp.283-284 du Vol.4 n°4 (2010)

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Texte intégral

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Psycho-Oncol. (2010) 4:283-284 DOI 10.1007/s11839-010-0293-z

EXTRAIT DE COMMUNICATION / EXTRACT FROM COMMUNICATION dossier

Psychologue clinicienne dans un réseau de soins palliatifs, j’interviens au domicile de patients lorsque leur maladie, essentiellement un cancer, échappe à tout traitement curatif.

L’équipe est constituée d’un médecin coordinateur, d’une infirmière coordinatrice, d’une assistante sociale et d’une psychologue.

Notre territoire d’intervention, comprenant 12 communes du Nord 92, représente un bassin de population très diversi- fiée et hétérogène tant au plan social que culturel.

Comment affronte-t-on la maladie cancéreuse lorsqu’elle s’ajoute à une problématique psychosociale ?

Comment a-t-on accès aux soins lorsque l’on est migrant et que l’on ne maîtrise pas bien le français ?

Comment mettre sa santé au premier plan lorsque des dettes s’accumulent ? Comment peut-on faire face à sa pro- pre mort avec des antécédents psychiatriques ?

Quelles répercussions ces situations de vulnérabilité entraînent-elles pour le patient et pour ses proches ?

Comment le lieu même du domicile peut-il être investi de par ces problématiques psychosociales complexes ?

Cas clinique

La situation de M. O. nous est signalée en janvier 2010 par l’équipe mobile de soins palliatifs de l’hôpital où il est suivi.

D’origine marocaine, il a 37 ans, est marié et a un petit garçon de quatre ans Malik.

En octobre 2009, lui a été diagnostiqué un adénocarci- nome gastrique d’emblée métastasé (localisations ganglion- naires et osseuses) sur très fortes douleurs dorsales.

Nous rencontrons ce patient à son domicile avec son épouse, 34 ans, en arrêt de travail suite à un cancer de la vessie dit en rémission depuis trois ans. Elle ne sait ni lire, ni écrire le français, ce qui pose problème puisque c’est elle qui gère le traitement antalgique de son mari. Lui-même semble avoir des difficultés à s’exprimer et à comprendre ce qui lui arrive, son épouse mettant cela sur le fait de séquelles d’une grave épilepsie durant son enfance.

Mme évoque la grave dépression qu’elle a traversée après la naissance de leur enfant, qui a juste précédé les premiers symptômes de son cancer de la vessie. A cette période, elle a été dans l’incapacité de s’occuper de Malik, souffrant d’hallucinations visuelles et d’idées de persécution. Plus qu’une dépression majeure, cet épisode m’évoque une proba- ble psychose puerpérale, ayant nécessitée une hospitalisation en service de psychiatrie et un traitement par neuro leptiques.

Ces moments représentent des souvenirs très douloureux pour le couple.

Quelques semaines après l’inclusion de M. O. dans le réseau, elle rechute de son cancer. Devant le pronostic très sombre, Mme est à son tour prise en charge par le réseau.

Dans cette double prise en charge d’un jeune couple, plusieurs éléments vont s’intriquer :

annonce du diagnostic d’un cancer dans un état de

fragilité psychique : dépression évoquant une psychose puerpérale pour Mme et période de deuil pour M.

L. Rolland-Piegue (*)

Réseau SCOP Boucle Nord, 2, rue Gaston-Paymal, Clichy F-92110, France

e-mail : l.rolland-piegue@reseauscop.org

iV – Précarité du domicile à l’épreuve de la maladie et des problématiques psychosociales

insecurity of the home situation confronted by the stress of illness and psychosocial problems

L. rolland-Piegue

© Springer-Verlag France 2010

Mardi 9 novembre 2010/16 h 30 — ATElIER 2

Fragilité psychologique et précarité sociale : impact sur le cancer

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

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284 Psycho-Oncol. (2010) 4:283-284

Mme O. a cumulé décompensation psychiatrique et –

premiers symptômes physiques de sa maladie soma- tique (douleurs ressemblant à une infection urinaire).

Elle a le sentiment que ces derniers ont été négligés ou du moins pas considérés sérieusement par ses méde- cins de par ce contexte psychiatrique ;

M. O. est

endeuillé de son père, qui vient de décéder d’un cancer lorsque les premiers symptômes se mani- festent. Il va attendre de ne plus pouvoir endurer des douleurs intenses pour consulter, la tristesse de la perte de son père étant au premier plan à ce moment-là et occultant tout le reste. Ces douleurs auraient-elles pu être prises en compte plus tôt en dehors de ce contexte ? Monsieur aurait-il consulté plus tôt ?

prise en charge médicale et psychosociale du couple

complexe :

de par leur maladie et les traitements lourds qu’elle –

implique, le couple n’est pas dans la disponibilité psychique, intellectuelle et physique de mener à bien la vie administrative quotidienne. Ces obligations communes à tous, si elles ne peuvent être remplies, ont des conséquences psycho sociales et financières importantes.

difficultés linguistiques et culturelles

– : barrière de

la langue compliquant l’observance des traitements notamment antalgiques. De plus, le couple ne demande pas facilement l’aide d’une tierce personne par peur de

«déranger» et également par pudeur. Seul Monsieur a de la famille en France et leur présence est fluctuante.

De ce fait, ils expriment un sentiment d’isolement.

présence d’un

enfant de quatre ans qui extériorise une souffrance psychique (colères, conduites à risques, impos- sible séparation d’avec sa mère…) source de beaucoup d’inquiétudes pour ses parents quant à son devenir.

Notre travail d’équipe a été de soutenir ces parents dans les différentes possibilités envisageables. Il n’est évidemment pas simple d’aborder cette question, aussi bien d’un point de vue social que psychologique, entre le respect de la temporalité des parents/patients et la réalité médicale.

En juin 2010, M. décède dans son service hospitalier de Référence. Sa famille a été très présente les jours qui ont précédé son décès et les jours qui ont suivi.

Mme doit suivre une chimiothérapie plus contraignante devant l’avancée de sa maladie.

Elle et son enfant sont maintenant confrontés à la perte nécessitant un soutien au quotidien en lien avec l’hôpital, les services de l’enfance de la ville, la Sécurité sociale, le CMP…

Quelle place tenir en tant que psychologue dans cette situation extrême au domicile ?

Depuis le début, Mme a tout de suite formulé le souhait qu’on se rencontre régulièrement à son domicile, ressentant le besoin d’avoir un temps pour elle en dehors des consulta- tions mensuelles chez son psychiatre (suivi régulier depuis sa dépression).

Nous nous voyons donc en moyenne une fois par semaine chez elle, en s’adaptant à son planning de chimiothérapie et à son état physique.

Nous avons essayé de nous voir le plus possible lorsque son mari était en hôpital de jour et son fils à l’école devant la petite taille de leur domicile et donc pas de place pour s’isoler. Cela n’a pas toujours été possible, et ces temps de parole ont été parfois investis également par son mari, qui a pu formuler quelque chose de son inquiétude pour leur ave- nir, mais aussi par la voisine, personne de confiance de leur entourage proche, très touchée par cette famille (elle-même gravement malade).

Malik voit régulièrement une psychologue travaillant pour et financée par le réseau au domicile. Notre équipe est en lien régulier avec cette psychologue.

M. n’a jamais souhaité rencontrer un psychologue, mais semblait rassuré que sa femme et son fils en rencontrent chacun une.

Le domicile nécessite une souplesse d’adaptation pour permettre l’émergence de la parole en sachant que même si les proches ne sont pas là physiquement lors de l’entretien, tout rappelle leur présence (vêtements abandonnés sur une chaise, jouets, photos…).

De plus, le réel, le concret du quotidien au domicile ne peuvent être mis de côté même en temps que psycholo- gue. Entendre ce réel permet de créer un lien de confiance essentiel, point de départ d’un travail d’élaboration autre.

Par exemple, il m’est arrivé de me soucier du contenu du réfrigérateur de Madame O. devant sa grande fatigue physi- que et la présence de Malik. Cela nous a permis d’évoquer ensemble le fait que la maladie « attaque » son rôle de mère et s’accompagne d’un fort sentiment de culpabilité.

Mais jusqu’où aller ? Comment faire en sorte que ce domi- cile soit suffisamment sécurisé pour que cela « tienne » mal- gré la fragilité de l’équilibre ?

Comment conjuguer avec le réel sans qu’il interfère dans ce travail d’élaboration psychique ?

Comment rester dans le cadre d’un soutien de profes- sionnel dans l’intimité de ce domicile et la dureté de cette situation ?

Cet accompagnement montre la complexité et l’intrica- tion des problématiques psychosociales autour de la prise en charge purement médicale au domicile, nécessitant un accom- pagnement pluridisciplinaire riche et complémentaire.

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

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