• Aucun résultat trouvé

Efficacité des marchés de bois bruts : économie expérimentale et industrielle

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Efficacité des marchés de bois bruts : économie expérimentale et industrielle"

Copied!
182
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: tel-02815891

https://hal.inrae.fr/tel-02815891

Submitted on 6 Jun 2020

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Charles Bertin

To cite this version:

Charles Bertin. Efficacité des marchés de bois bruts : économie expérimentale et industrielle. Sciences de l’Homme et Société. Université Pierre Mendès-France (Grenoble 2), 2009. Français. �tel-02815891�

(2)

Université Pierre Mendès France Sciences Sociales & Humaines

Thèse pour le doctorat en Sciences Économiques

EFFICACITÉ DES MARCHÉS DE BOIS BRUTS.

ÉCONOMIE EXPÉRIMENTALE ET INDUSTRIELLE.

Présentée et soutenue publiquement le 04 février 2009 par

Charles Bertin

Directeur de thèse : M. Bernard Rueux

Membres du Jury

M. Vianney Dequiedt Professeur à l'Université d'Auvergne

M. Charles Noussair Professeur à Tilburg University

M. Bernard Rueux Professeur à l'Université Pierre Mendès France

M. Jacques Valeix Oce National des Forêts

Mme Marie-Claire Villeval Directeur de Recherche, CNRS

(3)
(4)

iii

(5)
(6)

v

L'Université ainsi que la Région Rhône-Alpes n'entendent ni approuver ni désapprouver les opinions émises dans cette thèse. Celles-ci doivent être considérées comme propres à

son auteur.

(7)
(8)

vii

Remerciements

Je souhaite tout d'abord remercier Bernard Rueux pour la qualité de son encadrement tout au long de ces trois années passées à GAEL. Attentif à chacune de mes questions, les nombreux conseils qu'il m'a donnés ont été déterminants pour la réalisation de ce travail.

Je tiens à remercier Vianney Dequiedt ainsi que Charles Noussair pour avoir accepté de rapporter ma thèse. Mes remerciements vont aussi à Jacques Valeix et Marie-Claire Villeval qui ont bien voulu siéger dans le jury.

Les travaux expérimentaux présentés dans le quatrième chapitre de cette thèse sont le fruit d'un travail commun avec Daniel Llerena. Je le remercie sincèrement d'avoir collaboré avec moi sur ce projet qui, sans sa participation, n'aurait sans doute pas abouti.

Mon travail s'inscrit au sein d'un contrat de recherche qui a mobilisé de nombreux collaborateurs. Je ne peux malheureusement pas les citer tous, mais je tiens à leur adresser ici mes salutations amicales.

La rédaction d'une thèse nécessite un important travail de relecture. Merci à Eric et Daniel d'avoir accepté de m'aider dans cette tâche. Merci aussi à Jean-Loup qui m'a apporté une aide précieuse pour l'utilisation des outils informatiques nécessaires à la réalisation de mes expériences.

Mes remerciements s'adressent également à l'ensemble des membres de GAEL dont la gentillesse fait de ce laboratoire un lieu où il fait bon travailler.

A Carine, Céline, Laure, Simon et Thuriane ainsi qu'à Ismaël je souhaite exprimer ma profonde reconnaissance pour les nombreux moments passés ensemble et qui ont étés pour moi d'un grand réconfort.

Merci à mes parents ainsi qu'à mes deux petites s÷urs pour leur soutien sans faille tout au long de mes études et des épreuves qui les ont jalonnées.

Enn, je n'aurais jamais eu le courage de mener à bien ce travail sans la présence à mes côtés de Marie. Ton amour m'a porté durant les moments diciles et m'a donné la force dont j'avais besoin. C'est à toi que je dédie ce travail.

(9)
(10)

Table des matières

Introduction 1

0.1 Introduction générale . . . . 1

0.2 Méthodologie utilisée . . . . 3

0.2.1 Enquête terrain . . . . 3

0.2.2 Modélisation des enchères de bois . . . . 4

0.2.3 Expérimentation en laboratoire . . . . 4

0.3 Économies d'échelle . . . . 5

0.3.1 Complémentarités géographiques . . . . 6

0.3.2 Complémentarités et asymétries . . . . 7

0.3.3 Externalités allocatives . . . . 7

0.4 Organisation de la thèse . . . . 8

1 Les Marchés de Bois Bruts 13 1.1 Introduction . . . 14

1.2 La Filière Bois en France : ses acteurs et ses produits . . . 15

1.2.1 Quelques chires . . . 15

1.2.2 L'ore de bois . . . 16

1.2.3 La demande de bois . . . 22

1.2.4 Les produits : . . . 23

1.3 Le Benchmark allemand . . . 27

1.3.1 Acteurs et structuration de l'ore . . . 29

1.3.2 Contrats d'approvisionnement . . . 32

1.3.3 Situation géographique des marchés de bois bruts dans la lière . . 33 ix

(11)

1.3.4 L'information . . . 34

1.3.5 Quelques mots sur les ventes par adjudication . . . 35

1.4 Les enchères de bois publiques en France . . . 35

1.4.1 Pourquoi des enchères pour les bois bruts ? . . . 36

1.4.2 Des lots vendus sous plis au premier prix . . . 37

1.5 Discussion . . . 41

2 Enchères Simultanées vs Enchères Séquentielles 43 2.1 Introduction . . . 44

2.2 Modèle et benchmarks théoriques . . . 49

2.2.1 Stratégies d'ore dans l'enchère simultanée . . . 50

2.2.2 Stratégies d'ore dans l'enchère séquentielle . . . 52

2.2.3 Format de l'enchère et paiements espérés des acheteurs . . . 54

2.3 Design Expérimental . . . 58

2.4 Resultats expérimentaux . . . 62

2.4.1 Comportement d'ore de l'acheteur global . . . 62

2.5 Revenu du vendeur et ecience . . . 80

2.6 Conclusion . . . 84

2.7 Annexes . . . 86

2.7.1 Preuve de la proposition 1 . . . 86

2.7.2 Code R . . . 87

2.7.3 Interfaces graphiques expérimentales . . . 87

2.7.4 Instructions . . . 89

3 Enchères Séquentielles avec Externalités 97 3.1 Introduction . . . 98

3.2 Le modèle . . . 101

3.3 Stratégies des acheteurs . . . 102

3.3.1 Stratégie de l'acheteur global dans la première enchère . . . 103

3.3.2 Stratégie de l'acheteur locall2 dans la première enchère . . . 104

3.3.3 Equilibre de l'enchère séquentielle avec externalités allocatives . . . 108

3.4 L'anomalie de déclin des prix . . . 109

(12)

TABLE DES MATIÈRES xi

3.5 Stratégies d'ententes locales . . . 111

3.5.1 Vente unique . . . 112

3.5.2 Ventes répétées . . . 115

3.5.3 Comment éviter l'entente locale ? . . . 118

3.6 Discussion . . . 119

3.7 Annexe . . . 121

4 Enchères Séquentielles Premier vs Second Prix 123 4.1 Introduction . . . 124

4.2 Modèle et benchmarks théoriques . . . 129

4.2.1 Seconde enchère . . . 129

4.2.2 Première enchère . . . 131

4.2.3 Revenu du vendeur . . . 134

4.3 Design expérimental . . . 136

4.4 Résultats expérimentaux . . . 138

4.4.1 Comportements d'ore dans la première enchère . . . 138

4.4.2 Comportements d'ore dans la seconde enchère . . . 147

4.4.3 Prix et ecience . . . 148

4.5 Conclusion . . . 153

4.6 Annexes . . . 154

4.6.1 Interfaces graphiques expérimentales . . . 154

4.6.2 Instructions (traitement second prix) . . . 156

Conclusion générale 159 5.7 Rappel des principaux résultats . . . 159

5.8 Limites de l'expérimentation in lab . . . 161

5.9 Pistes pour de futures réexions . . . 162

Bibliographie 163

(13)
(14)

Introduction

0.1 Introduction générale

L'ecacité d'une lière de production dépend très fortement des ux aussi bien phy- siques qu'informationnels qui circulent en son sein. An que les diérents agents écono- miques qui la composent soient à même d'assurer une parfaite adéquation entre l'approvi- sionnement amont et la demande aval, il est essentiel que les mécanismes de coordination qui gouvernent ces ux soient ecaces. Si tel n'est pas le cas, la performance économique, que ce soit en terme de qualité, de coûts ou de délais, des entreprises engagées dans l'ac- tivité industrielle concernée, est grandement menacée. Pour être eciente une lière de production doit donc veiller à l'optimalité des instruments qui administrent les relations qu'entretiennent les entités autonomes qui la constituent.

Ainsi, confrontés à un problème récurrent de compétitivité, les acteurs du secteur forestier français s'interrogent sur l'inecience des marchés de bois bruts. Ceux-ci, situés en amont de la lière, assurent le transfert des bois en provenance des forêts vers les industries de première transformation (scieries, panneautiers, papetiers). Jugés archaïques par une partie des entreprises aval, ces marchés par lesquels transite la quasi totalité de leur approvisionnement, sont régulièrement désignés comme la cause principale du manque de compétitivité français. Dans son rapport La Forêt : une chance pour la France1Jean-Louis Bianco indique à ce sujet :

Pour accroître la compétitivité de la lière [bois] il est indispensable d'accé- lérer fortement la modernisation des modes de vente.

Bien que de nombreuses réexions et expérimentations aient été conduites dans ce sens

1. Rapport de M. Jean-Louis Bianco, La Forêt : une chance pour la France, 1998, page 72.

1

(15)

(notamment au sein de l'Oce National des Forêts (ONF)), la position exprimée par M.

Bianco reste aujourd'hui encore largement partagée.

À l'heure actuelle, environ 80% des bois bruts publics commercialisés par l'ONF sont vendus grâce à un mécanisme d'enchère sous plis au premier prix. Si l'amélioration des marchés amont peut accroître l'ecacité de la lière dans son ensemble, il est légitime de s'interroger sur l'optimalité de ce mode de vente compte tenu de l'environnement dans lequel il s'inscrit. Quelles modications l'Oce National des Forêts doit-il apporter à l'institution de marché qu'il emploie ? Quels impacts auront de telles modications sur le revenu perçu par les propriétaires forestiers ? Telles sont les questions que nous nous proposons de traiter dans cette thèse.

Pour ce faire, nous eectuons tout d'abord un diagnostic de la situation française an d'évaluer la responsabilité eective du marché de bois bruts dans la baisse de compétitivité de la lière. Cette analyse, qui fait l'objet du chapitre 1, nous permet d'identier les intérêts souvent divergeants, des diérents acteurs du secteur forestier. Soutenu par une comparaison avec la lière de bois allemande, ce diagnostic nous permet, en outre, de resituer les problèmes de commercialisation amont au sein d'un ensemble de dicultés plus vaste, concernant la mobilisation de la ressource forestière (notamment privée) selon les besoins de l'aval.

Nous nous proposons ensuite d'identier des procédures d'enchères alternatives, adap- tées aux spécicités de la lière bois mises en évidence dans le diagnostic. Chacune de ces propositions fait l'objet d'une argumentation théorique avant d'être testée par la mé- thode expérimentale. Nous étudions ainsi dans le chapitre 2, l'impact d'un lissage des ux grâce à la vente régulière et simultanée d'un ensemble de lots telle que pourrait l'assurer une plateforme virtuelle. Nous tentons ici de solutionner le problème posé par l'actuelle irrégularité des ventes séquentielles de bois bruts, qui handicape très sérieusement les en- treprises de première transformation. Celles-ci doivent, en eet, être à même aujourd'hui de conjuguer une logique industrielle de ux tendu en aval et une ore de bois ponc- tuelle et incertaine en amont. Par ailleurs, l'organisation de ventes simultanées, diminue les incitations que peuvent avoir certains acheteurs à la constitution d'ententes, comme le démontre le chapitre 3.

Nous abordons également la pertinence d'une modication de la fonction de paiement

(16)

0.2. MÉTHODOLOGIE UTILISÉE 3 au premier prix utilisée lors des enchères publiques. En eet, La vente séquentielle de parcelles forestières, ainsi que la présence d'économies d'échelle réalisables lors de leur exploitation, remet en question, tel que le montre le chapitre 4, l'optimalité d'un méca- nisme d'enchère au premier prix. Compte tenu des structures du marché des bois bruts, une modication du système de paiement peut donc s'avérer avantageuse aussi bien pour l'amont que pour l'aval.

0.2 Méthodologie utilisée

Dans ce travail de thèse nous avons abordé le problème de la commercialisation des bois bruts selon une approche design de marché. Notre étude s'apparente donc à de nombreux travaux précédemment menés en la matière depuis le début des année 90 (voir Roth (2002)) et parmi lesquels gure notamment l'élaboration du design des fameuses enchères FCC2.

Notre démarche scientique a débuté par l'apprentissage des caractéristiques propres à la lière bois grâce à une série d'entretiens sur le terrain. Cette première étape nous a permis d'identier un certain nombre de modications pouvant être apportées au méca- nisme d'enchère utilisé par l'ONF, an de solutionner le problème de compétitivité de la lière. Nous avons ensuite réalisé un travail de modélisation an de mesurer théorique- ment la pertinence des changements ainsi envisagés. Les prédictions de nos modèles ont par ailleurs été testées au moyen d'expérimentations de marchés en laboratoire.

0.2.1 Enquête terrain

An d'évaluer l'ampleur du problème posé par l'inecience du marché des bois bruts et son impact eectif sur la compétitivité de la lière, nous avons utilisé des données qualitatives issues d'entretiens. Ces derniers ont été réalisés avec diérents acteurs de l'in- dustrie du bois aussi bien du côté de la demande que de l'ore (parmi lesquels gurent des élus communaux, des agents de l'ONF, des dirigeants d'entreprises forestières, des responsables de coopératives, des experts forestiers et des propriétaires de forêts privées).

2. Enchères conduites par la Federal Communications Commission (FCC) ayant pour objet l'allocation des licences pour le spectre électromagnétique (voir à ce sujet Milgrom (2004)).

(17)

Les interviews dont nous nous sommes servis et auxquelles nous avons nous-même par- ticipé, ont été conduites dans le cadre du contrat de recherche Mode de vente des bois bruts et ecacité de la lière bois française, mené entre 2005 et 2007 par le laboratoire GAEL. La grande majorité de ces rencontres s'est déroulée dans la région Franche-Comté en raison de sa structure forestière qui est assez proche de celle que l'on peut observer à l'échelle nationale. An de nourrir notre réexion quant à l'amélioration des marchés de bois bruts, nous avons également réalisé un benchmark allemand grâce à la conduite d'entretiens dans le Baden Wurtemberg et la Bavière, sur le modèle de nos interviews francomtoises.

0.2.2 Modélisation des enchères de bois

Les recommandations que nous formulons dans cette thèse et ayant pour vocation d'améliorer l'institution de marché existante, sont soutenues par une analyse théorique.

Nous utilisons ici la méthodologie propre à la théorie des enchères. Le mécanisme uti- lisé par l'Oce National des Forêts ainsi que ses diérentes alternatives sont modélisés en supposant une structure de l'information privée. En d'autres termes, nous faisons ici l'hypothèse qu'une fois rendue publique, l'information détenue par un joueur sur un lot de bois donné, ne modie pas la valeur que lui attribuent ses concurrents. Nous compa- rons ainsi diérents formats d'enchères en mettant l'accent sur l'aspect multi-unitaire des ventes (plusieurs lots sont vendus les uns après les autres) ainsi que sur les éventuelles complémentarités que peuvent inclure les préférences des acheteurs. Une telle comparaison passe par la caractérisation de l'équilibre Nash-Bayésien du jeu en information incomplète que constitue chaque mécanisme d'enchère. La performance relative d'une institution de marché en termes d'ecience allocative et de revenu est évaluée en comparant ses résultats à l'équilibre avec ceux obtenus au moyen de modes de vente concurrents.

0.2.3 Expérimentation en laboratoire

Comme le signale si justement Alvin Roth, le design d'institutions de marché per- tinentes nécessite l'usage de nouveaux instruments, venant compléter la boîte à outils

(18)

0.3. ÉCONOMIES D'ÉCHELLE 5 analytique traditionnelle des théoriciens3. Dans ce travail de thèse nous avons ainsi eu recours à la méthode expérimentale an de préciser les prédictions de nos modèles théoriques. Celle-ci consiste à créer des situations de marché en laboratoire, de façon à contrôler les variables structurelles et institutionnelles que l'on souhaite étudier. Les don- nées produites par les expériences que nous avons conduites, nous permettent d'observer les comportements individuels des participants. Les stratégies suivies par ces derniers ainsi que les revenus et allocations qui en découlent, sont ensuite comparés à nos benchmarks théoriques an de mesurer le pouvoir prédictif de ces derniers. La démarche expérimentale nous permet donc, dans une certaine mesure, de contrôler l'impact eectif des modica- tions institutionnelles, élaborées en amont de la thèse, sur le comportement d'individus réels.

0.3 Economies d'échelle, complémentarités géographiques et externalités allocatives

Si les parcelles forestières détenues par un acheteur sont susamment proches l'une de l'autre, celui-ci peut réaliser des économies d'échelle lors de l'exploitation des bois.

De telles économies constituent pour l'aval comme pour l'amont, une variable stratégique d'une importance signicative, tel que le souligne le chapitre 1. Leur présence conditionne le comportement des acheteurs lors de la vente des lots de bois : un acteur ayant ac- quis une première parcelle forestière sera, en moyenne, disposé à payer plus cher que ses concurrents pour toute autre parcelle située à proximité de la première. L'ecacité d'une institution de marché doit donc être considérée en tenant compte de ces possibles éco- nomies d'échelle et de leur impact sur la structure préférentielle des acteurs. L'analyse menée dans nos diérents chapitres met ainsi l'accent sur cette particularité structurelle propre aux préférences des agents étudiés. Celle-ci constitue de ce fait un axe de lecture transversal à l'ensemble de notre travail.

3. Roth, A. E. (2002) : The Economist as Engineer : Game Theory, Experimentation and Computation as Tools for Design Economics, Econometrica, Vol. 70, No. 4, page 1342.

(19)

0.3.1 Complémentarités géographiques

Les économies d'échelle réalisables lors de l'exploitation des bois sont assimilables à des complémentarités (ou synergies positives) entre les lots vendus. Celles-ci sont quali- ées par la littérature économique de géographiques (voir Rusco et Walls (1999)). Le fait que les préférences des acheteurs incluent de telles complémentarités modie le jeu d'enchères classique à valeur privée en lui conférant une nouvelle dimension (au sens ma- thématique). La prise en compte de cette dimension supplémentaire remet en question le caractère séquentiel des ventes de l'Oce National des Forêts, comme le montre le cha- pitre 2. Il apparaît, en eet, que la présence de synergies positives entre les lots vendus pose aux acheteurs engagés dans la vente, un problème d'exposition. Un tel problème ap- paraît lorsqu'un individu fait une ore pour un bien supérieure à sa valeur unitaire, dans l'espoir de capturer une éventuelle complémentarité. En se comportant ainsi, cet individu s'expose à des pertes. En eet, s'il ne parvient pas à obtenir le nombre de lots nécessaires à l'exploitation de la synergie, il réalisera alors un prot négatif (voir Plott (1997) et Lle- dyard et al. (1997)). L'impact de ce problème d'exposition sur la stratégie des acheteurs dépend du timing de la vente. Nous expliquons ainsi la supériorité en terme de revenu de l'enchère simultanée sur l'enchère séquentielle mise en évidence par Krishna et Rosenthal (1996), supériorité qui peut motiver l'usage par l'ONF d'un mécanisme simultané.

Le niveau d'exposition des acheteurs est également fonction de la méthode de paie- ment retenue par le vendeur. Actuellement, l'Oce utilise pour ces ventes un mécanisme d'enchère au premier prix dans lequel l'acheteur ayant fait la meilleure proposition pour un lot remporte celui-ci et paie le montant qu'il a oert. Cependant, tel que le montre le chapitre 4, il semble que le degré d'exposition des acheteurs, et avec lui le revenu du vendeur, soit plus élevé lorsque les parcelles sont vendues au second prix. Dans ce cas, le gagnant de l'enchère paie un montant égal à l'ore la plus élevée parmi celles de ses concurrents. La prise en compte des complémentarités géographiques qu'incluent les pré- férences des joueurs remet donc en question non seulement le timing des ventes, mais également la fonction de paiement choisie par l'ONF.

(20)

0.3. ÉCONOMIES D'ÉCHELLE 7

0.3.2 Complémentarités et asymétries

Parce qu'elles ne sont pas exploitables par tous, les complémentarités géographiques que peuvent présenter certains lots, sont à l'origine d'asymétries entre les diérents ache- teurs. Les chapitres 2 et 3 distinguent ainsi deux catégories d'agents. La première de ces catégories regroupe les individus capables de bénécier d'éventuelles synergies. La se- conde, au contraire, rassemble les agents qui ne peuvent proter de la complémentarité de certaines parcelles. Ce type de modèle tente de capturer la dualité qui peut, ou pour- rait, exister entre des acheteurs locaux de taille modeste et des entreprises internationales soucieuses de concentrer leurs activités d'exploitation.

Bien que nous abandonnions dans le chapitre 4 l'hypothèse d'hétérogénéité des ache- teurs, le marché de bois bruts, tel qu'il y est abordé, présente également une source d'asymétrie. La diérenciation des agents ne porte pas ici sur leur capacité à exploiter une éventuelle complémentarité, mais sur l'obtention ou non de celle-ci au cours d'une pre- mière vente. Dans cette seconde approche, les acheteurs sont donc initialement homogènes, puis deviennent asymétriques au cours de la séquence d'enchères par l'intermédiaire des lots complémentaires que certains obtiennent contrairement à d'autres. L'eet de l'asymé- trie, qui apparaît ainsi au cours de la séquence, sur le comportement des individus, dière suivant la fonction de paiement retenue par le vendeur. Le chapitre 4 s'interroge donc sur l'optimalité du mécanisme au premier prix utilisé par l'Oce National des Forêts, compte tenu des asymétries que peuvent générer des complémentarités géographiques entre les lots vendus.

0.3.3 Externalités allocatives

Sous l'hypothèse de complémentarités géographiques, au cours d'une séquence d'en- chères, l'allocation d'un premier lot va modier le prot espéré ex ante pour les lots suivants de l'ensemble des acheteurs engagés dans la vente. En eet, comme nous l'avons précisé précédemment, un agent ayant acquis une première parcelle forestière attribuera en moyenne une valeur plus élevée que ses concurrents, à toute autre parcelle située à proxi- mité de la première. En revanche, si cet agent n'a pas remporté le lot considéré, sa valeur pour les suivants sera en moyenne plus faible que celle attribuée par le vainqueur. Par

(21)

conséquent, les individus participant à la vente sont soumis à des externalités allocatives, dénies par la théorie économique comme les eets indirects d'un transfert de propriété (voir le survey de Jehiel et Moldovanu (2005)). La prise en compte de telles externalités nous permet dans le chapitre 3 de réinterpréter l'équilibre de l'enchère considérée dans le chapitre 2. Nous montrons alors que la présence d'externalités peut générer une structure incitative propice à la constitution d'entente locale. Autrement dit, l'externalité supportée par les entreprises de taille modestes, incapables d'exploiter les complémentarités géogra- phiques, incite ces dernières à conclure un accord collusif, améliorant leur compétitivité face à leurs concurrents internationaux. An de contrer la constitution d'une entente lo- cale, le chapitre 3 suggère une modication de la temporalité des ventes. En eet, comme nous le montrons, un mécanisme d'enchères simultanées est, dans ce cas, socialement plus ecace qu'un système séquentiel.

0.4 Organisation de la thèse

Le premier chapitre présente les acteurs et produits de la lière bois, tout en resi- tuant la responsabilité eective des marchés amont, dans les problèmes de compétitivité que connaît aujourd'hui ce secteur industriel. Il tente par ailleurs d'identier des pistes d'améliorations (majoritairement structurelles) en comparant la lière française à son ho- mologue allemande. Nous montrons ainsi que bon nombre de dicultés inhérentes à la lière française sont évitées par nos voisins Bavarois et du Baden Wurtemberg grâce à l'utilisation massive de contrats d'approvisionnement. De tels produits étant à l'heure ac- tuelle peu disponibles en France, les problèmes ainsi résolus par l'Allemagne doivent dans notre cas, trouver une réponse dans l'amélioration des marchés amont. Dans cette optique, le chapitre 1 explore le mécanisme d'enchère utilisé par l'Oce National des Forêts et par lequel transite la majorité des bois publics français. Nous identions ainsi ses caractéris- tiques qui font aujourd'hui débat au sein de la profession et qui, selon nous, peuvent faire l'objet d'une amélioration. Parmi celles-ci notre attention se porte tout d'abord sur le timing séquentiel des ventes, dont l'étude fait l'objet du chapitre 2.

Au cours des ventes de bois bruts menées par l'Oce National des Forêts, les lots sont vendus séquentiellement. Par ailleurs, les diérentes parcelles de bois sur pied mises

(22)

0.4. ORGANISATION DE LA THÈSE 9 en vente peuvent présenter comme nous l'avons vu, des complémentarités dites géogra- phiques : il est plus protable pour un acheteur d'exploiter des parcelles qui sont proches l'une de l'autre. Cette caractéristique propre aux lots commercialisés par l'Oce peut remettre en question la pertinence d'un mécanisme séquentiel. En eet, dans un modèle théorique d'enchères sous plis, Krishna et Rosenthal (1996) ont montré que lorsque la complémentarité entre les biens vendus était susamment importante, une vente simul- tanée génère des revenus plus élevés qu'une vente séquentielle. Dès lors, une modication du timing de l'enchère peut s'avérer protable pour l'Oce ainsi que les communes. Par ailleurs, comme l'indique le chapitre 1, les ux de l'amont vers les industries de première transformation sont trop irréguliers pour que celles-ci puissent sereinement faire face à leur demande aval. Il semble donc pertinent d'envisager un lissage des ux grâce à la vente régulière et simultanée d'un ensemble de lots, telle que pourrait l'assurer une pla- teforme virtuelle. Le chapitre 2 explore donc l'impact attendu d'une modication de la temporalité des enchères publiques. Pour cela, nous montrons tout d'abord que la dié- rence de revenu constaté théoriquement par Krishna et Rosenthal est liée au problème d'exposition, auquel sont confrontés les acheteurs. Comme nous l'avons souligné ci-avant, un tel problème intervient lorsqu'un acheteur fait une ore pour une parcelle supérieure à sa valeur unitaire, dans l'espoir de capturer une éventuelle complémentarité. Nos résultats théoriques sont ensuite testés par le biais d'expériences en laboratoire.

Les données que nous obtenons ne conrment pas la présence d'une diérence dans le comportement d'exposition des acheteurs, entre l'enchère simultanée et l'enchère sé- quentielle, ceci quelque soit le niveau de complémentarité géographique. De plus, nous ne notons aucune diérence de revenu entre les deux mécanismes (ce qui, en soi, n'inrme pas notre hypothèse première d'une relation entre l'exposition des sujets et le revenu ranking de Krishna et Rosenthal). L'introduction de l'aversion au risque nous permet cependant d'observer que, conformément aux prédictions théoriques, le degré d'exposition des individus décroît lorsque leur coecient d'aversion augmente. L'eet de l'aversion au risque sur le comportement d'ore est, par ailleurs, plus saillant dans le mécanisme simul- tané. Cette sous-exposition engendrée par l'aversion au risque apparaît dans nos données comme une source d'inecience : les acheteurs ne faisant pas une ore susante pour cap- turer la complémentarité, celle-ci leur échappe alors qu'il aurait été plus ecace qu'elle

(23)

leur revienne.

Au vue des données expérimentales présentées dans le chapitre 2, il semble que les revenus générés par un mécanisme d'enchères multi-unités, soient peu sensibles à la tem- poralité de ce dernier. La simultanéité des ventes n'en demeure pas moins intéressante pour l'ONF ainsi que les communes, comme le montre le chapitre 3. Dans ce dernier, nous nous interrogeons à nouveau sur la pertinence d'un timing séquentiel pour les enchères de bois bruts. Pour ce faire, nous reprenons le modèle d'enchères séquentielles avec com- plémentarités, présenté dans l'article de Krishna et Rosenthal (1996) et discuté au cours du chapitre précédent. Nous montrons qu'un acheteur qui valorise uniquement le second bien, subit une externalité allocative dont l'ampleur dépend de l'identité du gagnant de la première enchère. Cet acheteur est dès lors incité à participer à la première enchère.

Nous caractérisons le nouvel équilibre qui émerge dans ce cas et analysons les implications éventuelles de telles externalités dans l'anomalie de déclin des prix (mise en évidence par Ashenfelter (1989)). Nous discutons ensuite la pertinence d'un mécanisme séquentiel en présence de biens complémentaires. Pour cela, nous supposons un environnement en in- formation complète et étudions les stratégies suivies par les acheteurs ainsi que l'ecience des allocations qui en découlent. Nous montrons alors que l'enchère séquentielle peut voir émerger des stratégies d'ententes locales, impliquant les acheteurs incapables d'exploiter d'éventuelles complémentarités géographiques. An de contrer de telles pratiques, l'ONF peut avoir recours à un mécanisme de ventes simultanées dont la temporalité réduit les incitation à la collusion.

Si les chapitre 2 et 3 s'intéressent principalement aux problèmes inhérents à l'organi- sation séquentielle des enchères de bois bruts, le quatrième et dernier chapitre s'attache, quant à lui, à l'étude de la fonction de paiement utilisé par l'Oce. Celui-ci assure la vente des bois via un mécanisme d'enchères séquentielles au premier prix. Or, il a été démontré par Jeitschko et Wolfstetter (2002) ainsi que par Jofre-Bonet et Pesendorfer (2005), qu'en présence de biens complémentaires, une enchère séquentielle au second prix pouvait s'avé- rer plus rémunératrice qu'une vente au premier prix. Par ailleurs, comme nous l'indiquons dans le premier chapitre, l'usage d'un mécanisme premier prix peut être à l'origine d'un fort sentiment d'aléa, mal vécu par les acheteurs. Ce quatrième chapitre s'intéresse donc à l'optimalité de la fonction de paiement choisie par l'ONF ainsi qu'à l'alternative que

(24)

0.4. ORGANISATION DE LA THÈSE 11 constitue l'enchère au second prix. Pour ce faire, nous utilisons une version simpliée du modèle de Plum (1992) an de calculer explicitement l'équilibre de l'enchère séquentielle asymétrique au premier prix. L'asymétrie observable lors de la séquence d'enchère est ici déterminée par l'attribution d'un premier objet qui vient perturber l'homogénéité des acheteurs dans les ventes suivantes. Nos prédictions théoriques sont testées expérimen- talement. Les données ainsi obtenues inrment la supériorité du mécanisme second prix lorsque les biens vendus sont complémentaires. Un tel résultat s'explique notamment par la sur-représentation des sujets averses au risque lors de nos sessions expérimentales. Par ailleurs, nous remarquons dans le traitement second prix, un eet d'ancrage autour de la stratégie de truthfull bidding (consistant pour un sujet à orir le signal qu'il a reçu).

Cet eet réduit fortement le niveau des ores observées pour des biens complémentaires dans un mécanisme second prix par opposition à l'enchère premier prix.

(25)
(26)

Chapitre 1

Les Marchés de Bois Bruts 1

Résumé

Dans ce premier chapitre nous présentons les acteurs et produits de la lière bois, tout en resituant la responsabilité eective des marchés amont, dans les dicultés que connaît aujourd'hui ce secteur industriel. Nous tentons par ailleurs d'identier des pistes d'amé- lioration (majoritairement structurelles) en comparant la lière française à son homologue allemande. Enn, nous exposons le mécanisme d'enchères utilisé par l'Oce National des Forêts et par lequel transite la majorité des bois publics en France. Nous présentons ses caractéristiques qui font aujourd'hui débat au sein de la profession et qui pour certaines, ont motivé le travail qui fait l'objet des chapitres suivants.

1. La majorité des observations qui nourrissent le présent chapitre sont le fruit d'entretiens réalisés dans le cadre du contrat Mode de vente des bois bruts et ecacité de la lière bois française, et auxquels ont également participé Francis De Morogue (AFOCEL), Vianney Dequiedt (GAEL), Alexis Garapin (GAEL), Daniel Llerena (GAEL), Stéphane Robin (GATE) et Bernard Rueux (GAEL). L'étude du cas allemand fait suite à une série d'entretiens auxquels ont contribué Daniel Llerena, Stéphane Robin et Fabian Kesicki (IER).

13

(27)

1.1 Introduction

La majeure partie des acteurs de la lière bois considère que le manque d'ecacité dont elle soure actuellement est le fait d'un mauvais fonctionnement de ses marchés amont.

S'il est vrai que ce dernier n'est pas exempt de défauts, ceux-ci ne sauraient expliquer à eux seuls la perte de compétitivité de ce secteur industriel. En eet, cette baisse de compétitivité est également imputable à certaines caractéristiques structurelles de l'ore de bois.

An de mieux mesurer la responsabilité eective du marché de bois bruts dans les dicultés que connaît la lière, ce premier chapitre s'attache tout d'abord à la présenta- tion de ses diérents acteurs et produits. L'objectif n'est pas ici d'en dresser un portrait exhaustif, mais bien plutôt de mettre en évidence les particularités de chaque catégorie d'agents. Certaines d'entre-elles, comme le manque de professionnalisme des propriétaires privés, peuvent, au même titre que le fonctionnement des marchés amont, expliquer la mauvaise santé de l'industrie forestière française.

Ce chapitre tente également d'identier des pistes d'amélioration (majoritairement structurelles) par l'étude des diérences qui distinguent la lière bois française de son ho- mologue allemande. L'Allemagne commercialisant la majorité de ses bois via des contrats d'approvisionnement, l'enseignement principal d'une telle comparaison, hormis le fonc- tionnement de ces ventes par contractualisation, concerne, comme nous le verrons, la stratégie associative adoptée par les pouvoirs centraux pour fédérer l'ore privée.

Le mécanisme d'enchères actuellement utilisé par l'Oce National des Forêt et par lequel transite la majorité des bois publics français est présenté en n de chapitre. Nous identions ici un certain nombre de pratiques qui font aujourd'hui débat au sein de la lière. Certaines d'entre-elles ont motivé les études qui constituent les chapitres suivants.

Les informations sur lesquelles s'appuie notre analyse sont issues d'entretiens réalisés avec diérents acteurs de l'industrie forestière (responsables communaux, agents de l'ONF, dirigeants d'entreprises forestières . . .), dans le cadre du contrat de recherche Mode de vente des bois bruts et ecacité de la lière bois française. La majorité de ces rencontres ont été réalisées dans la région Franche Comté dont la structure forestière (nature des essences et distribution de la propriété) est assez proche de celle observée au niveau

(28)

1.2. LA FILIÈRE BOIS EN FRANCE : SES ACTEURS ET SES PRODUITS 15 national. Par ailleurs, les conclusions de l'analyse francomtoise ont été conrmées par des entretiens nationaux. Les informations utilisées pour l'élaboration du benchmark allemand ont été recueillies de manière similaire. Notre enquête s'est ici bornée à la Bavière et au Baden Wurtemberg dont les caractéristiques forestières sont proches de celles constatées en France.

Ce chapitre est organisé de la manière suivante. La section 2 présente les acteurs et produits concernés par le marché de bois brut. La section 3 tente d'identier des divergences entre la lière française et son équivalent allemand et la section 4 décrit les enchères de l'Oce National des Forêts. La section 5 conclut le chapitre.

1.2 La Filière Bois en France : ses acteurs et ses pro- duits

Dans cette section, nous identierons les principales caractéristiques des diérents acteurs et produits de la lière ainsi que l'organisation structurelle de l'ore et de la demande de bois brut. Nous soulignerons par ailleurs les dicultés rencontrées par chaque catégorie d'agent ainsi que les solutions que peuvent apporter une amélioration du marché.

1.2.1 Quelques chires2

Avec 15.3 millions d'hectares de forêts soit 28% de sa surface totale, la France est l'un des premiers pays forestiers d'Europe. Les essences recensées sont diverses avec toutefois une majorité de feuillus (63.3% contre 36.7% de résineux). La distribution de la propriété forestière française se distingue par la part importante des acteurs privés qui détiennent 73.4% de la ressource. L'État (10.3%) ainsi que les communes (16.3%) se partagent la sur- face restante. Largement majoritaire, la forêt privée est par ailleurs extrêmement morcelée avec 35% des surfaces détenues inférieures à 10 hectares. Un tel morcellement constitue un véritable problème pour la mobilisation des bois.

L'industrie forestière française compte près de deux mille entreprises de plus de vingt salariés et trente cinq mille de moins de vingt salariés. Elle emploie environ deux cent

2. AFOCEL 2005

(29)

soixante dix mille personnes et génère un chire d'aaire avoisinant les quarante milliards d'euros.

1.2.2 L'ore de bois

Il existe deux catégories d'acteurs bien distinctes au sein de l'ore de bois bruts. La première, bien organisée, regroupe l'Oce National des Forêts et les communes, qui gèrent respectivement les bois domaniaux (10,3% de la surface forestière française) et communaux (16,3%). La seconde, qui soure fortement d'un manque de structuration, rassemble les propriétaires privés (qui détiennent quant à eux 73,4% de la surface forestière) ainsi que les organismes qui tentent de les fédérer : les coopératives et les experts forestiers.

L'ore publique

Les Communes : Les communes forestières françaises sont caractérisées par une impor- tante hétérogénéité. Elles dièrent tout d'abord de par la surface forestière qu'elles pos- sèdent. Ainsi, certaines d'entre elles se désintéressent de leur forêt parce qu'elle représente un revenu potentiel marginal. D'autres au contraire, sont particulièrement concernées par la valorisation de leur bois qui peut représenter jusqu'à 25% de leur budget annuel. Par ailleurs, la forêt est, par nature, un bien multifonctionnel : économie du bois, tourisme, chasse. . . Les diérentes hiérarchisations de ces fonctions faites par les maires ainsi que les politiques communales qui en découlent, constituent un élément de diérentiation supplémentaire.

L'intervention de l'Oce National des Forêts permet en partie de gommer cette hété- rogénéité grâce à la mise en ÷uvre de plans de gestion qui homogénéisent l'organisation des activités de sylviculture et par le contrôle qu'il exerce sur les ventes de bois commu- naux. En eet, bien qu'elle en assure la gestion, la commune cone la commercialisation de la majeure partie de ses bois à l'ONF qui vend ainsi aussi bien des lots domaniaux que communaux. Les communes conservent cependant une certaine lattitude décisionnelle au cours de ces ventes par l'intermédiaire du prix de retrait. Bien que la commercialisation de leur bois soit le fait de l'Oce, c'est aux maires de xer le prix minimum au dessous duquel le lot ne sera pas accordé. Il semble néanmoins que la majorité des élus abandonne

(30)

1.2. LA FILIÈRE BOIS EN FRANCE : SES ACTEURS ET SES PRODUITS 17 cette tâche aux bons soins de l'ONF. Par ailleurs, les communes ont, depuis l'année 2005, la possibilité de vendre elles-mêmes une partie de leur bois en gré à gré. Pour qu'elle puisse se réaliser, ce type de transaction doit cependant être avalisé explicitement par l'Oce.

L'activité de négoce, longtemps souhaitée par les communes, leur est donc désormais per- mise. La mise en marché des bois ainsi vendus semble toutefois assez peu concurrentielle.

Cette faiblesse est par ailleurs mal vécue par l'aval qui craint des stratégies d'écrémage, l'amont réalisant ainsi un tri arbitraire parmi les diérents acteurs de la demande.

Il est à noter qu'il existe (tout du moins en Franche Comté) une volonté de regroupe- ment communal (syndicat intercommunal, communauté de communes. . .) autour d'axes stratégiques communs orant la possibilité d'une action durable dans le temps. Cette question de durabilité est par ailleurs un enjeu non négligeable pour les communes, dont les politiques de gestion forestière doivent être capables, pour être ecaces, de résister au turnover des maires. De plus, ces derniers sont bien conscients que de tels regroupe- ments permettent de concentrer l'ore et d'obtenir ainsi un plus grand pouvoir de marché, utile dans leur nouvelle activité de négoce lors des ventes de gré à gré. En outre, l'associa- tion de communes forestières favorise la réalisation d'économies d'échelle grâce à la mise en commun d'équipements forestiers.

La question de l'ecacité des marchés de bois bruts constitue pour les maires, un véritable dilemme. En eet, un meilleur fonctionnement de ces derniers pourrait accroître sensiblement les revenus communaux et eacer un sentiment de valeur résiduelle : la plupart des communes ont l'impression d'être les dernières servies par l'activité de la lière. Cependant les maires sont conscients que l'inecacité qui caractérise aujourd'hui les marchés de bois bruts constitue une protection à la faveur de l'activité locale. Ces derniers redoutent en eet, pour des raisons électorales évidentes, que l'amélioration de l'ecacité des marchés favorise l'arrivée d'acteurs étrangers, capables de s'approprier les stocks de bois communaux, au détriment de la demande locale. La position des maires à l'égard d'une possible amélioration des marchés de bois bruts est donc le résultat d'un douloureux arbitrage.

L'Oce National des Forêts : L'Oce National des Forêts assure à la fois les fonc- tions de sylviculteur, vendeur (pour les bois communaux et domaniaux) et exploitant. Il

(31)

lui est souvent reproché par l'aval de favoriser, pour les bois domaniaux, l'activité syl- vicole au détriment de ses responsabilités commerciales. Il est vrai que nous avons pu constater, au cours des diérents entretiens que nous avons réalisés, une certaine disparité entre les diérentes directions régionales de l'Oce pour ce qui est de l'appréciation de la commercialisation des bois. La politique de gestion d'une parcelle donnée est le fruit d'un arbitrage entre l'optimisation de la sylviculture d'une part et l'optimisation des revenus issus de sa vente d'autre part. Le rapport de force entre ces deux objectifs varie d'une région à l'autre. Dans la région Centre pour ne citer qu'elle, l'ONF apporte une attention toute particulière à la valorisation de ses bois sur le marché. Cette ecacité commerciale est imputable à la nature du produit : le chêne de Tronçais (notamment pour la fabri- cation de merrain3) est à la vente de bois ce qu'un Gevrey-Chambertin est au marché viticole. Cet arbitrage en faveur de la commercialisation des lots dans la région Centre est cependant loin d'être partagé avec les autres directions régionales.

En sa qualité de vendeur exclusif pour les lots publiques, l'Oce National des Forêts joue un rôle clé dans l'amélioration de l'ecacité du marché des bois bruts. Cependant, s'il a conscience de son inuence, l'Oce semble réticent à assumer un éventuel leadership.

Avant de discuter l'intérêt d'un tel leader en amont de la lière bois, il convient de rappeler ce que l'analyse économique qualie par ce terme. Selon nous, un leadership est une façon non-coercitive d'imposer une stratégie commune à un ensemble d'agents, ceci an d'atteindre des objectifs partagés. L'agent qui assume cette fonction est qualié de leader.

Pour l'instant il n'existe pas véritablement de leader au sein de la lière bois française, bien qu'une majorité d'acteurs aie conscience qu'un tel type d'agent puisse remédier au manque d'harmonisation dont soure la lière. Certains d'entre eux, majoritairement des acheteurs, laissent entendre que ce rôle devrait être assumé par l'ONF. Cependant cette volonté n'est pas partagée par l'Oce qui s'accorde avec certains maires pour renvoyer cette responsabilité du côté de la demande. En eet selon eux, un leadership aval serait capable d'imposer une standardisation des bois, nécessaire à une amélioration de la qualité des transactions. Il n'en demeure pas moins cependant, que la modernisation des modes de ventes ne saurait aboutir sans une complète participation de l'ONF, qui fait déjà gure de référence pour les ventes privées.

3. Bois préparé pour la fabrication de tonneaux.

(32)

1.2. LA FILIÈRE BOIS EN FRANCE : SES ACTEURS ET SES PRODUITS 19 Comme nous l'avons déjà signalé, l'Oce organise les ventes de bois communaux et domaniaux et, si les prix de retrait des lots des communes peuvent être xés par les maires, ces derniers abandonnent souvent cette tâche aux agents de l'Oce. Dans de telles conditions, les acheteurs reprochent à l'ONF une position exagérément dominante.

En eet, l'Oce étant organisateur des ventes, il obtient de nombreuses informations nominatives sur les ores faites par les acheteurs et peut s'en servir lors des ventes de gré à gré sur les invendus ou pour xer les prix de retrait dans les ventes suivantes. Par ailleurs, il est parfois reproché à l'ONF de manipuler les prix de retrait en fonction de ses objectifs commerciaux. Parce qu'elle pourrait garantir une plus grande transparence informationnelle, une amélioration du marché de bois bruts permettrait d'eacer de tels soupçons, nuisibles au bon déroulement de la vente.

L'ore privée

Les propriétaires forestiers : Bien qu'hétérogènes de par la taille et la composition des surfaces forestières qu'ils possèdent, les propriétaires privés ont en commun un manque de compétences pour tout ce qui concerne la commercialisation des bois. Cette ignorance est parfois comblée par le recours à des professionnels de la vente, à savoir : les coopératives forestières et les experts forestiers. Cependant, la grande majorité des bois privés (environ 70% en Franche Comté) sont aujourd'hui vendus sur pied en gré à gré, directement par les propriétaires. Les revenus issus de la commercialisation de leurs bois étant marginaux et relativement espacés dans le temps, ces derniers ne voient pas l'intérêt de s'organiser et préfèrent s'en remettre au bouche à oreille , ce qui bien évidemment pose des problèmes en terme d'allocation. Conscients de cette situation, certains scieurs consacrent une partie de leur temps au démarchage des propriétaires, ceci au détriment de leur activité aval. Par ailleurs une part importante des bois privés est commercialisée sur un marché souterrain comme bois de chauage.

Les acteurs de l'ore ont bien conscience que le manque de coordination constitue une source d'inecacité. Ce handicap est particulièrement agrant pour la partie privée de l'ore qui détient à elle seule 70% de la ressource en France. Bien qu'il existe des organisations fédératrices (comme les coopératives) à l'instar de l'ore publique (cf. l'ONF et les communes), celles-ci sont encore peu sollicitées par les propriétaires. Pourtant, le

(33)

manque de compétences forestières dont sourent ces derniers devrait les inciter à se tourner d'avantage vers des professionnels. En eet, les problèmes que posent l'ignorance et le manque de coordination des propriétaires peuvent trouver un début de solution dans le recours à des agents qualiés. Ceux-ci rendent l'ore privée dès lors plus accessible pour les acheteurs. La pertinence d'un tel recours à des intermédiaires est cependant conditionnée par le degré de concurrence qui sévit entre ceux-ci. A l'heure actuelle, il existe deux types d'acteurs pour l'ore privée, qui dièrent de par leurs stratégies de vente et les rapports qu'ils entretiennent avec les propriétaires : les experts forestiers et les coopératives forestières.

Par ailleurs, il est nécessaire de responsabiliser les propriétaires en leur enseignant les bonnes pratiques, indispensables à une gestion durable de la forêt. En eet, les coupes rases représentent environ 80% des revenus qu'un particulier tire de son bois. Il est donc important de pratiquer des coupes d'éclaircie de façon à maximiser la coupe rase. Or la plupart des propriétaires s'inscrivent plutôt dans une logique de court terme en se focalisant sur les gros acheteurs (la trituration) et concentrent donc leur attention sur les coupes d'éclaircie au détriment des coupes rases. Il est donc important de bien former les propriétaires forestiers sur ce point en leur expliquant que le raisonnement ne doit pas porter sur le prix au m3 mais bien plutôt sur le prix à l'hectare.

Les Coopératives forestières : Les coopératives ont vocation à fédérer l'ore des propriétaires privés. Le volume de bois ainsi mobilisé demeure cependant assez faible4 : en Franche Comté par exemple, les coopératives mobilisent 15 à 20% de la ressource forestière privée.

Ces entités fédératrices dièrent assez fortement de par leur mode de fonctionnement.

Certaines (comme les coopératives franc-comtoises) sont composées d'un certain nombre d'adhérents privés. Chaque adhérent achète une part du capital de la coopérative et s'engage à livrer tout ou une partie de sa production dont l'exploitation est laissée à la discretion de l'entreprise. La coopération n'est pas forcément exclusive : les adhérents s'en- gagent pour une certaine durée et certaines surfaces (la production des surfaces forestières

4. Exception faite de la région Aquitaine qui représente à elle seule 80% de la gestion coopérative en France.

(34)

1.2. LA FILIÈRE BOIS EN FRANCE : SES ACTEURS ET SES PRODUITS 21 désignées revient à la coopérative). Les adhérents sont aussi bien des gros propriétaires forestiers que des petits et respectent suivant les cas, plus ou moins leurs engagements.

Par ailleurs, ces coopératives ont la possibilité de travailler avec des tiers non adhérents.

Ces non adhérents sont généralement des communes : dans ce cas les coopératives s'appro- visionnent auprès de l'ONF en achetant en bloc et sur pied de manière à pouvoir contrôler le timing de l'exploitation.

Il existe également des coopératives forestières qui n'exigent pas de la part des proprié- taires, l'acquisition d'une partie de leur capital. Celles-ci peuvent se contenter de fournir simplement un service d'aide à la commercialisation (conseil, estimation des bois. . .). Le propriétaire est libre de mandater ensuite la coopérative pour la vente de ses bois5. Cette seconde catégorie de coopératives insiste particulièrement sur la responsabilisation des agents privés.

Les coopératives fonctionnent quasi-exclusivement sur le mode de contrats d'approvi- sionnement. Ces contrats concernent aussi bien des scieries que des industries de panneaux ou encore de papier. La durée des contrats, le cadençage des livraisons, l'indexation ou les modes de renégociation des prix dièrent d'une organisation à l'autre. C'est parce qu'elle contrôle l'ensemble du processus d'exploitation et de livraison que la coopérative est à même de capter des économies d'échelle. Pour ce faire, certaines n'hésitent pas à réaliser de forts investissements en informatique avec notamment l'acquisition de logiciels de gestion, qui permettent une vision ne du travail à faire, année après année sur chaque parcelle. Une bonne maîtrise du carnet de commande est en eet essentielle an de maxi- miser la productivité des machines. Une telle gestion des bois est parfois mal considérée par certains acteurs publiques, qui craignent que les coopératives sacrient la sylviculture au prot de la rentabilité.

Les experts forestiers : Les experts forestiers mobilisent une partie du bois privé (environs 10% en Franche-Comté). La majorité de ces bois est vendue en gré à gré : l'expert assure l'adéquation entre l'ore de bois issue de son portefeuille de propriétaires et la demande de bois formulée par son portefeuille d'acheteurs. Les experts forestiers ont

5. Ce mode de fonctionnement n'est pas sans rappeler les associations de propriétaires bavaroises que nous aborderons dans une prochaine section consacrée au marché allemand.

(35)

parfois recours à des ventes groupées concentrant l'ore de plusieurs experts avec l'édition d'un cahier de vente commun. Lors de ces ventes, les prix de retrait sont xés par l'expert en accord avec le vendeur. La procédure utilisée est alors quasiment la même que celle de l'ONF.

1.2.3 La demande de bois

Les scieries : Les scieurs constituent une population relativement hétérogène. Les scie- ries dièrent beaucoup de par leurs tailles et les essences qu'elles utilisent : résineux ou feuillus. Elles dièrent également de par le marché aval sur lequel elles opèrent, ainsi, beau- coup de scieries feuillues contrairement au résineux sont sur des niches bien distinctes. De ce fait, il existe une grande hétérogénéité dans l'évaluation d'un bois par diérents ache- teurs potentiels, qui en auront chacun un usage diérent. Cette multiplicité des usages constitue par ailleurs un frein à la standardisation des produits.

L'activité des scieries débute, selon les cas, plus ou moins en amont de la lière. En eet certaines d'entre elles assurent l'exploitation des bois voire même font de la prospection (notamment an de trouver du bois privé).

Cette position haute des scieurs au sein de la lière s'explique tout d'abord par des exigences en matière de fraîcheur auxquelles ceux-ci font face. Les scieries doivent en eet conjuguer une logique industrielle de ux tendu en aval et une ore de bois ponctuelle et incertaine en amont. L'achat de bois sur pied, sous réserve de contrôler le timing de l'exploitation permet aux scieurs de tenir cette position délicate, à l'interface de deux cultures organisationnelles radicalement diérentes. Par ailleurs, an d'assurer ses ressources, l'industrie de première transformation se doit parfois d'assumer un travail de prospection, ceci an de mobiliser du bois privé dont la mise en marché est aujourd'hui dicile. Le temps ainsi utilisé entre la gestion de l'exploitation et la prospection, vient s'ajouter à celui requis par la visite des lots vendus par l'ONF. Les coûts associés à ces multiples activités constituent pour les scieurs une charge conséquente qu'une amélioration des marchés de bois accompagnée d'une structuration de l'ore privée, pourraient alléger.

L'industrie de trituration (papetiers et panneautiers) : L'industrie de trituration constitue un groupement d'agents économiques plus homogène (de par leur taille et les

(36)

1.2. LA FILIÈRE BOIS EN FRANCE : SES ACTEURS ET SES PRODUITS 23 produits forestiers qu'ils utilisent) que ne le sont les scieries. Cette industrie utilise des bois de natures diérentes, comme de la sciure, des plaquettes ou encore des grumes voir même du bois recyclé. Une grande partie du bois utilisé sont des produits connexes achetés directement par la trituration aux scieurs. Ainsi, parce qu'elle se positionne principalement pour son approvisionnement sur un second marché, l'industrie de trituration n'est pas directement concernée par l'ecacité du marché des bois brut. Cependant elle n'en est pas moins tributaire.

Même s'ils ne partagent pas leur mode d'approvisionnement (la trituration achètent rarement du bois au cours de ventes ONF), les panneautiers et papetiers ont, tout comme les scieurs, des craintes quant à la disponibilité de la ressource à moyen terme. Ces craintes sont suscitées majoritairement par l'apparition de l'industrie de bois énergie, qui consomme elle aussi des produits connexes.

Le bois énergie : La mise en ÷uvre de la lière bois énergie permet l'utilisation de bois resté jusqu'ici inutilisé (notamment ce que l'on nomme plaquette forestière). La mobilisation d'un tel produit étant assez onéreuse, cette industrie bénécie de subventions qui, semble-t-il, attirent de nouveaux acteurs. Il est à noter que ce type de bois n'est pas le seul utilisable pour la production d'énergie : il est également possible d'utiliser des produits connexes issus des scieries. Dès lors, l'industrie de trituration et la lière bois énergie se trouvent en concurrence pour leur approvisionnement. L'apparition de ce nouvel acteur ne se fait donc pas sans dommages contrairement à ce qui avait été initialement anticipé.

1.2.4 Les produits :

Les bois bruts sont commercialisés sous diérentes formes. Celles-ci tentent chacune à leur manière de satisfaire les exigences de l'amont et l'aval en matière de sécurisation des approvisionnement, de fraîcheur des bois et de facilité de mise en ÷uvre.

Le bloc et sur pied : En France, la grande majorité des bois (entre 70% et 80%) sont vendus en bloc et sur pied. Les lots ainsi cédés sont constitués de parcelles forestières avec des arbres non abattus. Les raisons mises en avant par les diérents acteurs an

(37)

d'expliquer la prédominance de ce système de commercialisation sont multiples.

La tradition tout d'abord est à la faveur de ce type de vente, avec la persistance d'une culture de maquignonnage. Les dicultés d'estimation de la qualité des bois vendus sur pied et d'appréciation du volume de bois vendus en bloc sont, dans l'esprit de certains acteurs, des opportunités non négligeables de réaliser des bons coups . Il semble cependant que les mentalités en la matière sont en train d'évoluer avec, notamment, plus de vente bord de route.

La facilité que peuvent présenter les ventes en bloc et sur pieds pour les vendeurs, constitue un deuxième élément expliquant leur fréquente utilisation. Cet argument est particulièrement pertinent pour expliciter les choix de commercialisation des bois privés : les propriétaires ne souhaitant pas s'embarrasser des problèmes d'exploita- tion de leur bois nécessaires à des ventes bord de route, et ne possédant le degré de compétence susant à l'utilisation d'instruments plus sophistiqués comme l'unité de produit, préfèrent vendre leur bois en bloc et sur pied.

Les contraintes de fraîcheur supportées par les scieurs sont un troisième élément expliquant le recours massif à ce type de vente. Comme nous l'avons déjà précisé, il apparaît en eet qu'une majorité de scieries fait face à une demande de bois frais qui varie plus ou moins fortement suivant la nature du marché aval. La faible fréquence des ventes publiques associée à une telle volatilité de la demande, conduit les scieurs à préférer l'achat de bois sur pied, ceci an de disposer d'un stock important de bois frais. L'exploitation est alors gérée par les scieries, selon les besoins de leurs clients et les délais imposés par le vendeur.

Un dernier élément permet d'expliquer l'importante utilisation des ventes en bloc et sur pied : la présence d'économies d'échelle réalisables lors de l'exploitation des bois (voir Rusco et Walls (1999)). En eet, le coût moyen d'exploitation d'une parcelle est d'autant plus faible que les lots concernés sont proches les uns des autres. Pour l'agent capable de les réaliser, de telles économies constituent une variable stratégique importante. Si les bois sont transformés avant d'être vendus, l'aval perd donc un avantage que lui assure aujourd'hui la vente de produit en bloc et sur pieds.

Références

Documents relatifs

25‐ À  l'échéance  du  présent  placement  garanti,  à  moins  d’instructions  contraires  communiquées  par  AccèsD,  si  le  placement  est  admissible 

Ces méthodes ont été ensuite employées dans les années 50 par d'autres entreprises publiques, comme la Société Nationale des Chemins de Fer fran- çais, et les Charbonnages de

• En termes relatifs, les plus fortes pertes directes d’argent public sont observées dans les projets corrompus liés à la formation (44% du volume du budget perdu dans des

dans l'année, le kilowatt-heure ne coûterait donc guère que 2 centimes aux pompes. Et, dans ces conditions, le mètre cube d'eau montée reviendrait à u n prix suffisamment bas

Cet engagement s'est concrétisé dans la loi de finances initiale pour 2014 par un dispositif comprenant un volet curatif, par la mise en place du fonds de soutien

26‐ À  l'échéance  du  présent  placement  garanti,  à  moins  d’instructions  contraires  communiquées  par  AccèsD,  si  le  placement  est  admissible 

L’absence d’encadrement est derrière le fait que plusieurs acteurs sont dans l’informel par méconnaissance de leurs droits : plusieurs unités informelles

Pour cela, construisons un modèle à deux périodes dans lequel : (i) en première période, les rmes choisissent le niveau de leur variable stratégique : S i et (ii) en deuxième